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23/12/2012

Boys don't cry - Les garçons ne pleurent (presque) jamais (M. BLACKMAN)

« Bonne chance pour aujourd’hui. J’espère que tous tes souhaits se réaliseront :-). »

Que feriez-vous si votre ex-copine vous amenait un bébé en vous disant qu’il est de vous et que vous devez vous débrouiller avec lui ?

Dante a dix-sept ans. Il vit seul avec son père et son frère depuis que leur mère est décédée. Brillant élève, il attend les résultats de son admission à l’Université lorsque Mélanie réapparaît dans sa vie. Une ex-petite amie avec laquelle il a couché lors d’une soirée bien alcoolisée. Une fois. La seule et unique fois de sa jeune vie. Et voilà qu’Emma débarque dans la sienne. Et vient tout bouleverser.

Excellent roman, aussi subtil que drôle, Boys don’t cry décrit une situation a priori peu commune qui met en scène une famille ordinaire, avec un père un peu bourru, un jeune frère un peu trop exubérant et une tante un peu trop… tout. Loin d’exploiter les clichés de l’adolescent dépassé, Malorie Blackman a su, avec beaucoup de finesse montrer comment la paternité vous fait passer à l’âge adulte, le rôle de la transmission père-fils et la question de la masculinité.

Peut-on en tant que père se soustraire à ses responsabilités quand on ne les a pas voulu ? Et qu’est-ce que la paternité ? Et la place de l’homosexualité ? Toutes ces questions sont abordées à travers ce très joli roman : le père incarne une autorité à la fois rassurante et exigeante, tout en retenue, Dante ce père qui ne voulait pas l’être et Adam, le jeune frère, un ado à l’aise avec son homosexualité mais qui devoir affronter l’intolérance des autres. Et au milieu de tout cela, tel un ange tombé du ciel, Emma et ses gazouillis, ses couches malodorantes et ses rages de dents.

Parce qu’il plaira autant aux filles qu’aux garçons, parce qu’il permet d’aborder beaucoup de sujets plus ou moins tabous, Boys don’t cry est un livre à lire absolument !

– Quoi ? ai-je craché avec violence.

Ils se sont détournés avec des marmonnements indignés. J'avais envie de tout casser. Ou de frapper quelqu'un. J'avais envie de sauter dans le premier train pour n'importe où et de tout abandonner derrière moi. J'avais envie de m’enfoncer dans un trou noir et d’être englouti à jamais.

C’était comme si j’avais reçu une tonne de briques sur la tête. Il n’y avait pas moyen de s’en sortir.

Quand j’avais acheté mon téléphone, on m’avait fourni une notice.

Quand papa avait acheté l’ordinateur familial, on lui avait fourni un mode d’emploi.

Quand Mélanie m’avait mis Emma sur les bras, je n’avais eu ni manuel, ni explications, ni mise à niveau. Rien.

Je faisais de mon mieux mais si Emma restait avec moi, j’allais devoir subir ces commentaires, condamnations et autres critiques sans arrêt. Et si je ne la gardais pas… Ce serait pareil.

Quoi que je fasse, quelque soient mes efforts, ce ne serait jamais suffisant.

Malorie BLACKMAN, Boys don’t cry – Les garçons ne pleurent (presque) jamais

Milan - Macadam

287 pages – 12,50 €

Paru en 2010

Sélection du Prix des Incorruptibles 2013 – catégorie 3ème- 2nde

 

L’auteur : Après avoir travaillé comme programmatrice informatique, Malorie BLACKMAN se met à écrire pour les enfants et les adolescents. Son premier livre, Not So Stupid, un recueil de nouvelles est publié en 1990. Malorie Blackman devient une auteur à plein temps suite au succès recueilli par son premier roman Hacher qui sort en 1994 et qui est couronné par de nombreux prix. Depuis, cet auteur majeur de littérature jeunesse en Angleterre a signé 50 ouvrages. Auteur à succès, certains de ses livres sont des best-sellers en Angleterre. (Source Ricochet)

Blog de l’auteur (en anglais) : http://www.malorieblackman.co.uk

31/05/2012

Métal Mélodie (M. RIPPERT)

« Lorsque Luce descendit du train, la chaleur lui explosa au visage. »

La vie de Luce, une lycéenne de seize ans, gothique, bascule le jour où sa mère disparaît sans aucune explication. Enfin si : elle part en reportage en Australie. Sauf que le journal n’est pas au courant. Et si, au début, Luce profite de cette tranquillité inespérée, elle se rend vite compte que quelque chose cloche. Sans nouvelles de sa mère,  elle va enquêter auprès de proches et découvrir des secrets bien cachés et la véritable raison de son départ.

Maryvonne RIPPERT a réussi avec ce Métal Mélodie un magnifique roman sur les relations mère-fille. En choisissant d’entamer son roman sur l’absence, celle de la mère, presque indigne d’abandonner son « bébé » pour quelques mois avec les clefs de la maison et un compte en banque pourvu pour faire face aux dépenses du quotidien, elle nous place d’emblée du côté de l’héroïne. Malgré ses défauts, on ne peut s’empêcher d’éprouver de l’empathie pour la petite fille qui a perdu son papa à cinq, et a toujours vécu en cercle fermé avec sa mère qui essayait de la modeler à sa façon. Avec elle, on connaît les premiers émois amoureux, les premières désillusions.

Et puis, l’histoire progresse, et les faces obscures de chacun se dessinent. Les petites désillusions du quotidien, les souvenirs et les regrets. Si j’avais su que je l’aimais tant, je l’aurais aimé davantage, semble dire le texte à la manière de Frédéric DARD. Luce va s’enfonce un peu plus dans le passé de sa mère et découvrir ce qu’elle ne s’attendait absolument à découvrir, et, de là, le roman bascule encore dans une autre dimension, celle d’une résilience.

Le voyage en Espagne va prendre des allures de voyage à la fois picaresque et initiatique et c’est une renaissance que va connaître l’écorchée vive Luce, devenue Luz, toujours Lumière. Et l’écriture dit avec bonheur toute cette reconquête, de réapprentissage de la vie. Jusqu’à la révélation finale.

Roman sur les rapports mère-fille, sur la difficulté d’apprendre à dépasser son passé, sur la question de transmission, Métal Mélodie est un livre extraordinaire, à la fois pudique et audacieux, tendre et brutal, à lire absolument !

Tant que Luce était petite et docile, le système avait fonctionné. La fillette avait croulé sous les attentions, cadeaux, livres, disques, places de concert gratuites que la journaliste recevait au bureau. Et même à présent, sa mère continuait à lui beurrer ses tartines alors que Luce avait 16 ans et des poussières ! Le thermostat des sentiments déréglé, Inès se montrait teigneuse d’un côté, carpette de l’autre. Mais une carpette qui, depuis quelques temps, ne se privait pas de critiquer les goûts de sa fille. Rien ne trouvait grâce à ses yeux. Ni les vagues tentatives culinaires de Luce, ni sa façon de s’habiller, ni ses goûts, ni bien sûr ses amis. A la maison, Bach bataillait ferme avec les flots de musique métal qui s’échappaient de la chambre de l’adolescente. Et jusqu’à présent, personne n’avait gagné.

Luce n’arrivait plus à concevoir qu’elles aient pu partager, un jour, la douceur d’être ensemble, la complicité des sourires, la rondeur plumeuse d’un câlin. Elle avait oublié l’époque où la fillette admirait sa maman par-dessus tout, quand celle-ci opposait le rempart de ses bras en berceau à la dureté du monde, au chagrin, à la mort…

Maryvonne RIPPERT, Métal Mélodie

Macadam – Milan

212 pages – 9,50 €

Paru en 2010

Prix des Incorruptibles 2012 – catégorie 3ème- 2nde

L’auteur : Maryvonne RIPPERT est née en 1953 à Viviers, Ardèche. Elle est mère de deux enfants. Après des études à Montélimar, puis à Aix-en-Provence, en Lettres modernes, elle rejoint L'Express en 1979 comme documentaliste.
En 1994, elle est revenue dans sa région d'origine et s'est installée près de Lyon où elle consacre son temps à l'écriture, et travaille comme formatrice indépendante, animant notamment des ateliers d'écriture et des stages d'animation à la rédaction.

Site de l’auteur : http://rippert.blogspot.fr

Rappel : le magnifique texte de Geneviève BRISAC sur la maternité ici