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22/12/2011

La Fourmilière (J. VALENTINE)

« J’ai aperçu une fille, une gamine. »

Sam a dix-sept ans. Il a fui sa petite ville de la province anglaise pour faire table rase d’un passé dont il n’est pas fier et est en rupture. Arrivant à Londres, il v s’installer au 33, Georgiana Street. Un immeuble délabré, un quartier peu engageant et un propriétaire peu regardant sur le choix de ses locataires, du moment qu’ils règlent leur électricité et leur loyer chaque semaine.

Chacun a sa vie, mais c’est ici qu’elles vont se croiser, s’emmêler et s’immiscer les unes dans les autres…

Avec ce deuxième roman après Ma Rencontre avec Violet Park, Jenny VALENTINE poursuit sa veine presque « gavaldesque » et enrichit sa galerie de portraits un peu fêlés de l’intérieur, un peu différents, un peu à part. Dans cette « fourmilière », se croisent une vieille dame un peu trop envahissante, une petite fille perdue par une mère qui refuse d’en être une, deux ou trois individus un peu louches, et ce garçon venu de la campagne.

Alternant les points de vue de Sam et de Bohémia, l’auteur nous offre une jolie galerie de portraits et les regards tour à tour naïfs et lucides de deux narrateurs ajoutent au charme de l’ensemble. On pourra regretter une narration un peu lente, des situations un peu tirées par les cheveux parfois, mais La Fourmilière a le charme un peu bringueballant des vieilles guimbardes, qui vont leur chemin sans se soucier du regard des autres.

A Londres, j’aimais les choses qu’ils auraient voulu que j’aime. J’aimais le fait que tout aille vite, que tout change.

J’aimais les inconnus, et particulièrement l’idée d’en être un.

J’aimais que tout ce dont on a besoin se trouve à portée de main, au bout de la rue, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

J’aimais qu’on puisse se rendre presque partout à pied.

J’aimais les graffitis, les poubelles et les odeurs de huit différents fast-foods qui se mélangent dans chaque rue. (…)

J’aimais le fait de ne pas avoir à penser à ce que j’avais laissé derrière moi et dans quel pétrin je m’étais fichu.

Et pourtant, si j’avais eu le courage d’appeler, si j’avais pu partager mes impressions sur cette idée de venir d’un endroit et de vivre dans un autre, ce n’est pas ce que je leur aurais dit.

Jenny VALENTINE, La Fourmilière.

École des Loisirs - Médium

231 pages – 11€

Titre original : The Ant Colony  – Paru en 2009 – Traduit en français en 2011

L’auteur : Pour rien au monde, Jenny VALENTINE ne renoncerait à l’une de ses activités. Le jour, elle vend des produits bio dans le  magasin d’alimentation qu’elle vient d’ouvrir dans une bourgade du Pays de Galles. Le soir, une fois ses enfants couchés, cette jeune auteur, épouse du musicien Alex Valentine, écrit des romans. Et cela lui réussit plutôt bien.
Son premier livre, Ma rencontre avec Violet Park, s’est vu décerner en 2007 le Guardian Children’s Fiction Price.

04/05/2011

Le Héros perdu (R. RIORDAN)

« Déjà, avant même de se faire foudroyer, ça n’allait pas très fort pour Jason.»

Lorsqu’il s’est réveillé au fond d’un bus scolaire de l’École du Monde sauvage, Jason n’avait absolument aucune idée de ce qui l’y avait amené. Et ses deux camarades, la jolie Piper et l’espiègle Léo, ont beau lui expliquer qu’ils avaient passé un semestre ensemble, rien n’y a fait. Il a fallu que les trois se découvrent demi-dieux et débarquent à la colonie des Sangs-mêlés pour que les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu. Sans toutefois résoudre les problèmes…

Cette fois, Rick RIORDAN a décide de faire reposer son intrigue non plus sur un mais trois héros.  Percy Jackson a disparu et la Colonie des Sangs-mêlés est sens dessus dessous. Une nouvelle prophétie, de nouveaux héros et surtout, le métissage de la mythologie : désormais, il n’est plus question que de mythologie grecque, mais la mythologie romaine fait son apparition, plus guerrière, plus sauvage, plus inquiétante.

Le Héros perdu est le premier volume d’une nouvelle série, celle des « héros de l’Olympe ». Les péripéties sont toujours aussi foisonnantes et, cette fois-ci, les jeunes héros vont rencontrer Médée, Eole, Midas et devront délivrer Héra. Face à des dieux curieusement silencieux, Jason, Piper et Léo vont apprendre à se connaître et s’accepter, eux qui ont toujours été « différents » aux yeux des autres mortels.

En intégrant la mythologie romaine à sa saga, Rick RIORDAN réussit à donner un nouveau souffle à une histoire qui aurait pu tourner en rond. En mettant en scène des enfants d’Aphrodite et d’Héphaïstos, il met en avant des dieux qui avaient été un peu laissés de côté dans sa première série. Les rebondissements sont toujours aussi nombreux, l’humour est toujours là et on dévore encore une fois avec bonheur cette nouvelle saga, aussi réussie que la précédente.

- Parlons-en maintenant, si vous le voulez bien, dit Jason. Monsieur Chiron, vous m’avez dit que le plus grand danger se préparait. Le dernier chapitre. Vous ne pouvez tout de même pas penser à quelque chose de pire qu’une armée de Titans, dites-moi ?

- Oh, fit Rachel d’une petite voix. Par les dieux. La femme, c’est Héra. Bien sûr. Son bungalow, sa voix. Elle s’est montrée à Jason au même moment.

- Héra ? grogna Annabeth, plus féroce encore que Seymour le léopard. C’est elle qui t’a utilisée ? Et qui a fait ça à Piper ?

- Je crois que Rachel a raison, dit Jason. La femme que j’ai vue avait l’allure d’une déesse. Et elle portait une cape en peau de chèvre. C’est le symbole de Junon, si je ne me trompe ?

- Ah bon ? fit Annabeth avec une moue méfiante. Première nouvelle.

Chiron hocha la tête à contrecœur.

- Si, dit-il, de Junon, l’aspect romain d’Héra, dans son état le plus guerrier. La cape en peau de chèvre était un symbole du soldat romain.

- Héra serait prisonnière ? demanda Rachel. Qui aurait bien pu capturer la Reine des dieux ?

Annabeth croisa les bras.

- Je ne sais pas qui c’est, mais on devrait peut-être le remercier. S’il peut réduire Héra au silence…

- Annabeth, elle fait toujours partie des olympiens, prévint Chiron. A plusieurs égards, c’est elle, le ciment qui unit la famille. Si elle est effectivement prisonnière et en danger, les bases de notre monde risquent d’être ébranlées. La stabilité de l’Olympe, jamais très grande au meilleur des cas, pourrait s’effriter. Et si Héra a demandé à Jason de l’aider…

Rick RIORDAN, Héros de l’Olympe – Le Héros perdu.

Albin Michel - Wiz

565 pages – 13,90 €

Titre  original : The Lost Hero – Paru en 2010 – Traduit en français en 2011

L’auteur : Né en 1964, Rick RIORDAN a d’abord suivi des études musicales pour devenir guitariste. C’est pourtant en littérature anglaise et en histoire qu’il sera diplômé. Après quinze ans d’enseignement, il se consacre à l’écriture. Ses romans policiers pour adultes lui ont valu trois des prix littéraires américains les plus prestigieux. Il est l’auteur de la série Percy Jackson : Le Voleur de feu, La Mer des monstres, Le Sort du titan, La Bataille du labyrinthe et Le Dernier Olympien.

Site internet (en anglais) : http://www.rickriordan.com/

03/05/2011

Instinct 1 (V. VILLEMINOT)

« Depuis qu’ils avaient quitté l’aéroport, dans la voiture de leurs parents, Tim écoutait Ben raconter. »

Timothy Blackhills vient de perdre toute sa famille dans un accident de voiture. Lui, il est le seul survivant et ne se souvient que d’une chose : la sensation d’avoir été un grizzli, ursus arctos horribilis. Et il doit vivre désormais avec cette atroce interrogation : est-il pour quelque chose dans les corps déchiquetés de son frère et de ses parents ? C’est un médecin qui va venir à sa rescousse, le professeur McIntyre, qui va l’emmener dans son institut de recherche. Là, il va rencontrer d’autres gens « comme lui », des anthropes, et partager l’appartement d’un jeune adolescent de douze ans, Shariff, et surtout de la féline Flora…

Instinct 1 est un roman qui se dévore d’une traite et vous laisse exsangue, à bout de souffle en fin de lecture, avide de connaître la suite de cette histoire qui se termine en s’ouvrant sur de nouvelles perspectives. D’emblée, le lecteur est introduit dans un univers fantastique, à la fois réel et complètement délirant, et dans lequel il s’insère sans aucun problème.

Vincent VILLEMINOT s’appuie sur deux éléments en particulier : une construction sans faille et des personnages forts. Le roman est éclaté en de multiples chapitres courts qui rythment la narration et la mènent peu à peu vers son apogée, avant de se conclure en explosion cataclysmique. Les personnages adolescents, tous différents initialement, en âge comme en nationalité, ils vont catalyser les pulsions adolescentes, en prise à des métamorphoses qu’ils ne maîtrisent pas.

La narration est nerveuse, ménageant le suspens tout en dévoilant l’essentiel, et l’humour garde toujours sa place, même aux pires moments, offrant ainsi la « soupape » qui rendrait sinon l’histoire intolérable. Roman « à l’anglo-saxonne », efficace et percutant, Instinct 1 apporte une nouvelle couleur à la littérature de jeunesse, un noir implacable.

Il courait à travers les halliers. Il n’avait pas besoin de ralentir pour suivre l’odeur du sang sur les brisées de l’animal. Le daim était blessé, il perdait beaucoup de liquide vital. Tim savait que c’était un daim, il flairait son odeur, cette saveur si singulière ; il l’avait toujours connue.

Il avait faim.

Il voulait mordre dans cette viande, la trace de l’animal blessé mettait ses nerfs à vif. Il voulait lui sauter dessus, lui briser le dos sous son poids, et sentir la vie sortir de cet animal, avant de la déchirer.

Manger, manger le daim.

Les branches giflaient son visage, les fourrés d’épineux l’écorchaient, il fermait les yeux pour les protéger. Il allait vite, malgré la douleur de ses membres, malgré ses articulations et son épaule blessée dans l’accident.

Courir. Tuer. Manger.

Il entendit le bruit de l’explosion, loin derrière lui – la voiture de ses parents avait dû prendre feu. L’homme avait-il pu sortir les siens ? Il n’eut qu’une brève pensée pour Benjamin Blackhills, pour John et Geneva Blackhills. Une pensée confuse, qu’il aurait voulu moins froide. Étranger à leur sort. C’était trop tard pour eux de toute façon.

Vincent VILLEMINOT, Instinct 1.

Blast - Nathan

386 pages – 13,90€

Paru en 2011

Instinct 2 : la suite, lire ici.

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092023143

Interview de l’auteur : http://www.youtube.com/watch?v=L2iYbSLXEqo

L’auteur : Vincent VILLEMINOT a 39 ans et vit dans les Alpes françaises où il a d’ailleurs situé l’action de son roman. Ancien professeur d’écriture au Caire et ancien journaliste, il est désormais écrivain à plein temps.

12/12/2010

Espionne de Sa Majesté (M. HOOPER)

9782070632640.jpg« La première moitié de décembre fut très pénible : une petite pluie fine et serrée tombait sans interruption du matin au soir, et il ne semblait jamais faire tout à fait jour. »

Lucy est désormais bien installée dans sa nouvelle vie. Officiellement, elle est la jeune fille s’occupant des petites filles du magicien de la reine, John Dee, et officieusement elle est espionne pour Elizabeth Ière. A nouveau, elle va devoir pénétrer les arcanes de la cour, et à nouveau, elle va se prêter à certaines manœuvres de son employeur, pas toujours très honnêtes. Elle va faire de nouvelles rencontres, qu’elle saura exploiter judicieusement, et en savoir plus sur le mystérieux bouffon de la Reine, ce Tomas qui fait battre son cœur un peu plus vite.

Après La Maison du Magicien, ce deuxième volume des aventures d’une jeune fille décidée à servir sa reine bien-aimée est encore une fois très réussi. Les personnages et le décor étant plantés, Mary HOOPER peut se consacrer à une passionnante description des mœurs à la cour d’Angleterre au seizième siècle tout en ne négligeant pas les petites gens et leurs conditions de vie.

Si naïve et innocente que soit Lucy, l’héroïne, cette dernière n’en est pas moins intéressante par sa capacité à se jouer des situations compliquées et son habileté à toujours retomber sur ses pattes, tel un chat. Elle n’oublie pas d’être romantique, ce qui plaira aux jeunes adolescentes, mais n’en perd pas pour autant sa lucidité et son indépendance. Et l’on appréciera, comme pour le précédent, les pages de la fin du livre, qui distillent recettes de cuisine d’époque et indications sur les événements historiques.

- Dieu soit loué ! intervint Mrs Midge. Elles n’en auront donc vraisemblablement pas pour bien longtemps. Si la reine est venue consulter le Dr Dee, c’est sans nul doute pour savoir quel jour elle doit recevoir l’un ou l’autre de ses prétendants. A moins qu’elle n’ait reçu une proposition de mariage et ne veuille connaître la date la plus propice à ses noces !

- Sûrement pas, fis-je d’une voix étranglée.

- A mon avis, elle ferait mieux de rester célibataire, si elle ne veut pas se retrouver sous la coupe d’un homme. De quelle utilité le mariage peut-il être à une femme aussi puissante que la reine ?

- Elle dit qu’elle est mariée à l’Angleterre, déclara Beth. Mais je ne vois pas comment on peut être mariée à un pays.

Mary HOOPER, Espionne de Sa Majesté

Gallimard Jeunesse

300 pages – 12 €

Titre original : By Royal Command  – Paru en 2008 – Traduit en français en 2010

L’auteur : Mary Hooper est née dans le sud-ouest de Londres, qui sert souvent de cadre à ses romans. La lecture de nouvelles la décide un jour à se lancer dans l'aventure de l'écriture et elle adresse un premier texte à une revue qui le retient pour publication. Mary Hooper n'a dès lors plus cessé d'écrire des romans, qui ont souvent une toile de fond historique. Elle est mariée et mère de deux enfants

Site internet (en anglais) : http://www.maryhooper.co.uk

24/11/2010

La Belle Adèle (M. DESPLECHIN)

« - Tu ne peux pas faire un petit effort ?

Dans mon souvenir, c’est la phrase qui a tout déclenché. »

Adèle est différente. Parmi les filles de sa classe, au collège, elle est la seule qui ne s’intéresse ni aux vêtements ni au maquillage. Une extra-terrestre. Comme Frédéric, son meilleur ami depuis la maternelle. Lui, c’est sa gentillesse son plus gros défaut ; et son côté « intello ».  Le résultat, c’est que les deux sont mis au ban du groupe, malmenés à l’occasion, et que tout le monde trouve ça normal. Jusqu’au jour où les deux amis vont avoir l’idée de se rebeller et de prendre les autres à leur propre piège…

Désormais, ils seront un couple ! Arriveront au collège en se tenant tendrement la main. Resteront discrets sur leur relation, provoquant autant de commérages que d’interrogations. Sauf que le petit couple ne va pas longtemps rester discret.

Une bulle légère, voilà ce que propose Marie DESPLECHIN avec cette Belle Adèle. Le ton est alerte, la narration vive, et les péripéties se déroulent avec fluidité. Ce roman plein d’humour a d’abord été publié en feuilleton à l’initiative de SmartNovel, ceci expliquant cela. Ce qui ne l’empêche pas d’être incroyablement juste quant aux relations des adolescents entre eux et la peinture de cet univers « collégien » extrêmement conformiste et soucieux du regard des autres.

En présentant deux adolescents qui vont finalement jouer le jeu qu’on leur demande, pour mieux s’en détacher, c’est une jolie leçon qu’elle donne aux enfants-adolescents d’aujourd’hui, un peu empêtrés dans toutes ces contradictions qui les assaillent. Tout au plus pourrait-on lui reprocher une fin un peu belle pour être vraie, mais bon, il est parfois bon de rêver un peu...

Un certain nombre de gens, qui d’habitude ne se donnaient même pas la peine de lever la tête pour nous saluer, nous fixaient maintenant avec des yeux de poissons. Leurs regards allaient de nos mains à nos visages, en essayant de trouver une explication raisonnable à ce qu’ils voyaient. Nos sourires passaient pour une manifestation visible de notre nouvelle condition : nous étions transfigurés par le rayonnement de l’amour. Tout cela se déroulait sous un frais soleil de printemps et j’avais le sentiment étrange d’interpréter le premier rôle dans une publicité télévisée pour des chewing-gum.

Enfin, nous sommes arrivés devant la porte du collège. Frédéric m’a lâché la main.

- Je crois que ça suffit. Si on en fait trop, on va perdre notre crédibilité.

Marie DESPLECHIN La Belle Adèle.

Gallimard Jeunesse – Hors-série Littérature

156 pages – 8,50€

Paru en 2010

A lire : une interview de l’auteur pour expliquer sa démarche : http://www.smartnovel.com/video.php?idv=2

L’auteur : Marie DESPLECHIN vit et travaille à Paris. Elle a trois enfants. Auteur de nombreux livres pour enfants et adolescents, comme Verte et Le Journal d'Aurore, elle écrit aussi pour les adultes. La Vie sauve, écrit avec Lydie Violet, a obtenu le Prix Médicis Essai en 2005. Marie DESPLECHIN s'intéresse à de multiples domaines et travaille avec des artistes de différentes disciplines, comme Carolyn Carlson pour la création du spectacle «Le Roi penché». Elle a étudié les lettres classiques et le journalisme et travaille toujours pour la presse.