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23/12/2012

Velvet (M. HOOPER)

« Selon Mrs Sloane, Velvet s’était évanouie bien trop souvent, et elle risquait donc fortement de se faire renvoyer de la blanchisserie Ruffold. »

Orpheline dans le Londres des années 1900, Velvet survit tant bien que mal en travaillant dans l’enfer d’une blanchisserie. Lorsque l’occasion lui est donnée de s’occuper du linge de clients fortunés, la jeune fille saisit sa chance et attire l’attention de l’intrigante Madame Savoya, l’un des médiums les plus courus de la capitale. Emménageant à la Villa Darkling aux côtés de Madame et de George, son séduisant assistant, Velvet ne va pas tarder à découvrir les usages et secrets de cet univers fascinant qu’est celui du spiritisme. Elle est pourtant loin de se douter que le danger qui la guette ne vient pas du royaume des morts… 

Une fois de plus Mary HOOPER choisit de mettre en scène une jeune orpheline londonienne, mais elle décale cette fois légèrement l’époque pour installer son histoire au tout début du XXème siècle. C’est dans les salons feutrés de la bonne bourgeoisie qu’elle nous fait entrer, à la suite de la jeune Velvet, pour décrire et raconter cette passion pour le spiritisme qui s’empara des riches londoniens à cette période.

Porteuse d’un lourd secret, lourde de son enfance difficile, la jeune fille est partagée entre sa naïveté et son soulagement d’échapper à sa condition misérable et mettra longtemps à admettre que le monde qui s’ouvre devant elle est loin d’être aussi enchanteur qu’elle l’imaginait.

Une fois de plus, la documentation historique est irréprochable, l’intrigue peut-être un peu plus « fleur bleue », en tout plus optimiste que d’habitude, mais ce Velvet est un très bon moment de lecture.

« Mais toi, n’as-tu jamais envie de tout changer dans ta vie ; de devenir quelqu’un d’autre ?

- Non, pas du tout. Tout ce que je souhaite, tout ce que je veux, c’est de rencontrer  un jeune homme gentil, ayant un métier, de l’épouser et de vivre non loin de chez ma mère et mes sœurs.

- Mais l’année dernière, tu sais, quand on a changé de siècle et qu’on est passés au XXème siècle ? Tu ne t’es pas sentie tout étourdie, tout excitée ? Comme si tu pouvais devenir qui tu voulais ? »

Lizzie la regarda, abasourdie.

« Je ne vois vraiment pas ce que tu veux dire, répondit-elle. Nous autres… eh bien, on travaille dans une blanchisserie ou dans un endroit de ce genre, puis on tombe amoureuse, et, avec de la chance, on se marie vêtue d’une jolie robe de mousseline blanche, brodée de fleurs.

- Lizzie, voyons, il y a autre chose dans la vie.

- C’est vrai. Après, on a un bébé ! dit Lizzie joyeusement. Qui pourrait avoir envie de plus ?

- Moi », répliqua Velvet.

Lizzie secoua la tête avec tristesse, l’air de penser que son amie risquait d’être cruellement déçue.

Mary HOOPER, Velvet.

Les Grandes Personnes

336 pages – 17,50€

Titre original : Velvet  – Paru et traduit en Français en 2012

Sélection du Prix des Incorruptibles 2013 – catégorie 3ème- 2nde

La bande-annonce du livre (en anglais) :

L’auteur : Mary HOOPER qui vit en Angleterre, écrit depuis plus de vingt ans  des romans dont la toile de fond est souvent historique. Elle est entre autres l’auteur de La Messagère de l’au-delà,
paru en 2010 aux Éditions des Grandes Personnes, et d’une trilogie initiée avec La Maison du magicien chez Gallimard.

Site internet de l’auteur (en anglais): http://www.maryhooper.co.uk

11/11/2011

Waterloo Necropolis (M. HOOPER)

les grandes personnes,hooper,mort,héritage,londres,angleterre victorienne,adolescente« Serrant contre elle son précieux fardeau, Grace trouva sans grande difficulté l’entrée de la gare.. »

A bientôt seize ans, Grace Parkes vit avec sa sœur Lily, un peu simple d’esprit, dans la plus grande misère. Orphelines, elles ont d’abord été placées dans un orphelinat avant d’être envoyées, adolescentes, dans une institution destinée à les former à un futur métier : domestique pour Lily, institutrice pour Grace. C’est là que l’une et l’autre furent agressées par un mystérieux individu et décidèrent de fuir les lieux, Grace étant enceinte. C’est en cherchant à offrir à son enfant mort-né une sépulture décente que la jeune fille embarqua à bord du Waterloo Express, en direction du cimetière de Brookwood. Ce faisant, elle fit la connaissance d’entrepreneurs de pompes funèbres qui lui proposèrent de devenir pleureuse d’enterrement, arguant de « son beau visage expressif »…

Après La messagère de l’au-delà, La Maison du magicien et Espionne de Sa Majesté, Mary HOOPER replonge dans l’Angleterre historique avec ce Waterloo Necropolis. On y retrouve des thèmes chers à son œuvre, l’omniprésence de la mort, la description de la misère sociale et la dénonciation des  injustices. A travers l’histoire de ces deux orphelines, l’auteur nous offre une peinture à la fois touchante et révoltante de l’Angleterre victorienne. L’histoire se déroule en 1861, au moment de la mort du prince consort et des épidémies londoniennes.

Mais Waterloo Necropolis n’est pas seulement un roman historique, puisqu’il se double d’une intrigue quasi policière où il est question d’un détournement d’héritage et des prémices d’une histoire d’amour. Une fois de plus, l’histoire comme les conditions de vie sont extrêmement dures, une fois de plus, Mary HOOPER met en scène une héroïne déterminée, honnête et travailleuse.

Mais loin d’être moralisateur ou sentimental, son roman est plein de dynamisme, donnant à voir autant qu’il dénonce (la monétisation des sentiments et « l’industrie » de la mort notamment) et on appréciera particulièrement les ouvertures de chapitres qui empruntent à des publicités, des extraits de journaux ou encore le Dictionnaire de Londres de C. DICKENS.

« Vous avez un visage tellement expressif ! dit Mrs Unwin, qui baissa la voix avant de poursuivre. N’avez-vous jamais pensé travailler comme pleureuse d’enterrement ?

Grace la dévisagea, interloquée. Elle voulait se débarrasser de la main de cette femme, mais savait que cela serait fort impoli.

- Vous devez trouver qu’il est peu délicat de ma part de vous parler d’une chose pareille, mais sachez que je suis certaine que vous feriez une parfaite pleureuse professionnelle.

Grace ne répondait toujours pas, tant elle était surprise.

- Vous êtes jeune et paraissez pourtant avoir déjà éprouvé toute la tristesse du monde. Vous seriez une merveilleuse pleureuse ! » Comme Grace continuait à ne pas réagir, la femme poursuivit : « Le marché des pompes funèbres est en pleine expansion, ma chère enfant. Nous avons toujours besoin de visages comme le vôtre. Vous pourriez venir vivre chez nous et faire partie de la famille Unwin. (…) Avec un visage tragique comme le vôtre, vous seriez très demandée pour les funérailles de la haute société. »

 

Mary HOOPER, Waterloo Necropolis.

Les Grandes Personnes

315 pages – 17,50€

Titre original : Fallen Grace  – Paru en 2010– Traduit en Français en 2011

La bande-annonce du livre (en anglais) :

L’auteur : Mary HOOPER qui vit en Angleterre, écrit depuis plus de vingt ans  des romans dont la toile de fond est souvent historique. Elle est entre autres l’auteur de La Messagère de l’au-delà,
paru en 2010 aux Éditions des Grandes Personnes, et d’une trilogie initiée avec La Maison du magicien chez Gallimard.

Site internet de l’auteur (en anglais): http://www.maryhooper.co.uk

SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2012-2013 - CATEGORIE 3°-2nde

12/12/2010

Espionne de Sa Majesté (M. HOOPER)

9782070632640.jpg« La première moitié de décembre fut très pénible : une petite pluie fine et serrée tombait sans interruption du matin au soir, et il ne semblait jamais faire tout à fait jour. »

Lucy est désormais bien installée dans sa nouvelle vie. Officiellement, elle est la jeune fille s’occupant des petites filles du magicien de la reine, John Dee, et officieusement elle est espionne pour Elizabeth Ière. A nouveau, elle va devoir pénétrer les arcanes de la cour, et à nouveau, elle va se prêter à certaines manœuvres de son employeur, pas toujours très honnêtes. Elle va faire de nouvelles rencontres, qu’elle saura exploiter judicieusement, et en savoir plus sur le mystérieux bouffon de la Reine, ce Tomas qui fait battre son cœur un peu plus vite.

Après La Maison du Magicien, ce deuxième volume des aventures d’une jeune fille décidée à servir sa reine bien-aimée est encore une fois très réussi. Les personnages et le décor étant plantés, Mary HOOPER peut se consacrer à une passionnante description des mœurs à la cour d’Angleterre au seizième siècle tout en ne négligeant pas les petites gens et leurs conditions de vie.

Si naïve et innocente que soit Lucy, l’héroïne, cette dernière n’en est pas moins intéressante par sa capacité à se jouer des situations compliquées et son habileté à toujours retomber sur ses pattes, tel un chat. Elle n’oublie pas d’être romantique, ce qui plaira aux jeunes adolescentes, mais n’en perd pas pour autant sa lucidité et son indépendance. Et l’on appréciera, comme pour le précédent, les pages de la fin du livre, qui distillent recettes de cuisine d’époque et indications sur les événements historiques.

- Dieu soit loué ! intervint Mrs Midge. Elles n’en auront donc vraisemblablement pas pour bien longtemps. Si la reine est venue consulter le Dr Dee, c’est sans nul doute pour savoir quel jour elle doit recevoir l’un ou l’autre de ses prétendants. A moins qu’elle n’ait reçu une proposition de mariage et ne veuille connaître la date la plus propice à ses noces !

- Sûrement pas, fis-je d’une voix étranglée.

- A mon avis, elle ferait mieux de rester célibataire, si elle ne veut pas se retrouver sous la coupe d’un homme. De quelle utilité le mariage peut-il être à une femme aussi puissante que la reine ?

- Elle dit qu’elle est mariée à l’Angleterre, déclara Beth. Mais je ne vois pas comment on peut être mariée à un pays.

Mary HOOPER, Espionne de Sa Majesté

Gallimard Jeunesse

300 pages – 12 €

Titre original : By Royal Command  – Paru en 2008 – Traduit en français en 2010

L’auteur : Mary Hooper est née dans le sud-ouest de Londres, qui sert souvent de cadre à ses romans. La lecture de nouvelles la décide un jour à se lancer dans l'aventure de l'écriture et elle adresse un premier texte à une revue qui le retient pour publication. Mary Hooper n'a dès lors plus cessé d'écrire des romans, qui ont souvent une toile de fond historique. Elle est mariée et mère de deux enfants

Site internet (en anglais) : http://www.maryhooper.co.uk

05/12/2010

La Maison du magicien (M. HOOPER)

maison magicien.jpeg« Je me trouvai un petit emplacement bien net à l’extrémité du pré communal, tout contre la haie d’aubépines. »

Dernière-née d’une famille pauvre, Lucy rêve de quitter la masure familiale pour entrer dans une demeure de l’aristocratie anglaise, ou – pourquoi pas ? – devenir suivante d’Elizabeth Ière, la puissante souveraine. En attendant, elle vit de menus travaux et aide sa mère à coudre des gants. Mais une mésaventure va l’amener à croiser le chemin du Docteur Dee, magicien particulier de la Reine. Et Lucy découvre alors un univers inconnu pour elle…

Mêlant événements réels et totale fiction, Mary HOOPER réussit un joli roman historique, où elle dépeint une jeune fille déterminée à quitter sa condition misérable pour aspirer à de plus hautes ambitions. Moins sombre que La messagère de l’au-delà, plus facile d’accès, l’histoire est l’occasion d’offrir des descriptions précises de la vie quotidienne dans l’Angleterre du seizième siècle, sans toutefois sombrer dans l’austérité. L’héroïne, sensible, curieuse, audacieuse quand il le faut, nous entraîne à ses trousses dans un monde aussi nouveau pour elle que pour nous.

La narration est alerte et bien menée, les personnages attachants, avec une préférence marquée pour ceux de sexe féminin. C’est Lucy elle-même qui conte son histoire, avec une candeur mêlée de naïveté qui séduira sans aucun doute les jeunes filles à partir de douze-treize ans. Ce roman est le premier d’une série qui se poursuit avec Espionne de sa Majesté et ce premier opus est tout à fait convaincant.

J’avançai de quelques pas et, à mesure que mes yeux s’accoutumaient aux ténèbres, je vis qu’il y avait de lourdes tentures suspendues aux fenêtres et que la salle où j’avais pénétrée était aussi vaste qu’une grange. Voilà pourquoi la pâle lueur de ma pauvre chandelle ne parvenait pas à en éclairer l’autre extrémité. Cependant, je distinguai vaguement le mur opposé qui me semblait couvert d’une série de motifs irréguliers. Je pris d’abord ces motifs pour une sorte de peinture murale avant de découvrir, en m’approchant de plus près, qu’il s’agissait d’étagères chargées d’une quantité de livres – une extravagante quantité de livres. Jamais je ne me serais doutée ni n’aurais imaginé qu’il pût en exister autant dans le monde entier. Il faut dire qu’à la maison, nous n’en avions aucun. Le seul et unique livre que j’avais déjà vu était la Bible de l’église.

Mary HOOPER, La Maison du magicien

Gallimard Jeunesse

285 pages – 12 €

Titre original : At the House of the Magician  – Paru en 2007 – Traduit en français en 2008

L’auteur : Mary Hooper est née dans le sud-ouest de Londres, qui sert souvent de cadre à ses romans. La lecture de nouvelles la décide un jour à se lancer dans l'aventure de l'écriture et elle adresse un premier texte à une revue qui le retient pour publication. Mary Hooper n'a dès lors plus cessé d'écrire des romans, qui ont souvent une toile de fond historique. Elle est mariée et mère de deux enfants

Site internet (en anglais) : http://www.maryhooper.co.uk

23/04/2010

La Messagère de l'au-delà (M. HOOPER)

La messagère de l'au dela.jpg« Je me réveille dans une profonde obscurité. »

Angleterre, dix-septième siècle. Une jeune servante de seize ans, engrossée par son maître, a mis au monde avant-terme un bébé mort-né. Dénoncée par les autres employées, elle va être condamnée pour infanticide et pendue. Son cadavre est destiné à l’Université d’Oxford qui doit le disséquer. Pourtant, au moment de porter le premier coup de scalpel, un étudiant va remarquer le tressaillement des paupières de la jeune fille…

Inspiré d’un fait-divers, Mary Hooper a construit une histoire palpitante, qui alterne les points de vue, celui de la jeune fille qui raconte en récit rétrospectif son histoire à la première personne, et celui de l’étudiant bègue et complexé, Robert Matthews, que l’on découvre parmi ses camarades. Les deux récits finiront par converger vers un même point, un même moment.

L’histoire d’Anne Green, c’est l’histoire de Tess d’Uberville deux siècles plus tard, c’est l’histoire de toutes ces jeunes filles trop jolies pour leur condition, trop pures et trop naïves, et qui, trop souvent, en mourront. La subtilité du récit de Mary Hooper nous fait percevoir toutes ces nuances, ces incertitudes de la jeune âme, et toutes, enfin, ses souffrances. C’est un livre difficile avant treize-quatorze ans, mais tout à fait sensible et intelligent.

Il se mit à me courtiser, à tenir des conversations grivoises, toutes choses qu’il avait dû apprendre auprès de ses camarades de classe, et cela me troublait car je ne savais comment y répondre. J’étais bien sûr consciente du fossé gigantesque qui nous séparait – il était le maître et moi la servante -, mais il y avait aussi quelque chose d’enjoué et d’agréable dans son attitude qui me plaisait foncièrement, surtout comparé à la froideur de Mrs Williams et de Susan envers moi.

Mary HOOPER, La Messagère de l’au-delà

Panama

270 pages – 15 €

Titre original : Newes from the dead – Paru en 2008 – Traduit en français en 2008

L’auteur : Mary Hooper est née dans le sud-ouest de Londres, qui sert souvent de cadre à ses romans. La lecture de nouvelles la décide un jour à se lancer dans l'aventure de l'écriture et elle adresse un premier texte à une revue qui le retient pour publication. Mary Hooper n'a dès lors plus cessé d'écrire des romans, qui ont souvent une toile de fond historique. Elle est mariée et mère de deux enfants

Site internet (en anglais) : http://www.maryhooper.co.uk

13:57 Publié dans Historique | Lien permanent | Tags : hooper, messagère, au-delà, panama | |  Facebook | | |