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26/11/2011

Mademoiselle Scaramouche (J-M. PAYET)

« Zinia se réveilla brusquement. »

Lorsque son père, qui l’a élevé seul depuis la mort de sa mère, décède en duel, le monde s’écroule pour Zinia. D’abord parce qu’elle découvre qu’elle n’est pas la fille de celui qui lui a tout appris, ensuite parce qu’elle doit fuir, ayant tué le meurtrier de son père, enfin parce qu’elle va plonger dans des secrets d’état et retrouver des secrets de famille…

Passionnant, mené tambour battant, à l’image de son héroïne intrépide, ce Mademoiselle Scaramouche est un vrai bonheur de lecture. Non content d’offrir un roman historique se déroulant sous le règne de Louis XIV, Jean-Michel PAYET propose un ouvrage de quatre cents pages plein de rebondissements, qui fait découvrir aussi bien les bas-fonds (hôpital psychiatrique, voleurs sans foi ni loi) que les salons de Versailles et les complots des nobliaux. De surcroît, en bon lecteur de T. GAUTIER, il n’oublie pas de nous dépeindre avec beaucoup de réalisme la vie des saltimbanques, à travers la description d’une troupe théâtrale qui accueille son héroïne, devenant Mademoiselle Scaramouche à cette occasion.

Pour autant, ce roman ne s’adresse pas particulièrement aux filles : les personnages masculins sont aussi nombreux que les personnages féminins et la « fanfrelucherie » n’est pas le fort de Zénia. Au terme de l’histoire, c’est une nouvelle aventure qui s’annonce, l’héroïne ayant levé le voile sur ses origines, mais n’étant pas pour autant déterminée à rentrer dans le rang…

Entraînant, dynamique, instructif et divertissant, Mademoiselle Scaramouche est un excellent moment de lecture.

- Pourquoi mes parents, pourquoi mon père ne m’a-t-il jamais rien dit ?

- Parce que pour lui, sans doute, la question ne se posait plus. Tu étais sa fille. Peut-être voulait-il oublier ce qui t’avait conduite auprès de lui.

- Et toi ? N’as-tu rien appris d’autre ?

- Non. Ça ne me regardait pas. Il me suffisait de te voir grandir pour être heureuse. Après la mort de ta mère, maître Jean m’a prise à son service et je me suis occupée de toi, comme tu sais. Jamais je n’ai entendu ni vu quelque chose qui m’aurait renseigné sur cette histoire.

- Alors, tu ne sais pas… qui je suis ?

- Si. Je sais que tu es celle que maître Jean a élevée avec tout son amour. Tu es celle que j’ai bercée petite, que j’ai vu apprendre toutes ces choses qui te font si savante. Tu es celle qui a assimilé le maniement des armes de ton père avec une habileté qui en a surpris plus d’un. N’oublie jamais que, ce que tu es, c’est ce que cet homme a fait de toi.

Jean-Michel PAYET, Mademoiselle Scaramouche.

Editions Les Grandes Personnes

385 pages – 15€

Paru en 2010

L’auteur : JEAN-MICHEL PAYET est né en 1955 et vit tout près de Paris. Architecte, illustrateur et écrivain, il est notamment l’auteur de  Ærkaos,  aux Éditions des Grandes Personnes, et des séries Blue Cerises et 2065, parues chez Milan.

Blog de l’auteur : http://jean-michelpayet.hautetfort.com

SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2011-2012 - CATEGORIE 5°-4°

11/11/2011

Waterloo Necropolis (M. HOOPER)

les grandes personnes,hooper,mort,héritage,londres,angleterre victorienne,adolescente« Serrant contre elle son précieux fardeau, Grace trouva sans grande difficulté l’entrée de la gare.. »

A bientôt seize ans, Grace Parkes vit avec sa sœur Lily, un peu simple d’esprit, dans la plus grande misère. Orphelines, elles ont d’abord été placées dans un orphelinat avant d’être envoyées, adolescentes, dans une institution destinée à les former à un futur métier : domestique pour Lily, institutrice pour Grace. C’est là que l’une et l’autre furent agressées par un mystérieux individu et décidèrent de fuir les lieux, Grace étant enceinte. C’est en cherchant à offrir à son enfant mort-né une sépulture décente que la jeune fille embarqua à bord du Waterloo Express, en direction du cimetière de Brookwood. Ce faisant, elle fit la connaissance d’entrepreneurs de pompes funèbres qui lui proposèrent de devenir pleureuse d’enterrement, arguant de « son beau visage expressif »…

Après La messagère de l’au-delà, La Maison du magicien et Espionne de Sa Majesté, Mary HOOPER replonge dans l’Angleterre historique avec ce Waterloo Necropolis. On y retrouve des thèmes chers à son œuvre, l’omniprésence de la mort, la description de la misère sociale et la dénonciation des  injustices. A travers l’histoire de ces deux orphelines, l’auteur nous offre une peinture à la fois touchante et révoltante de l’Angleterre victorienne. L’histoire se déroule en 1861, au moment de la mort du prince consort et des épidémies londoniennes.

Mais Waterloo Necropolis n’est pas seulement un roman historique, puisqu’il se double d’une intrigue quasi policière où il est question d’un détournement d’héritage et des prémices d’une histoire d’amour. Une fois de plus, l’histoire comme les conditions de vie sont extrêmement dures, une fois de plus, Mary HOOPER met en scène une héroïne déterminée, honnête et travailleuse.

Mais loin d’être moralisateur ou sentimental, son roman est plein de dynamisme, donnant à voir autant qu’il dénonce (la monétisation des sentiments et « l’industrie » de la mort notamment) et on appréciera particulièrement les ouvertures de chapitres qui empruntent à des publicités, des extraits de journaux ou encore le Dictionnaire de Londres de C. DICKENS.

« Vous avez un visage tellement expressif ! dit Mrs Unwin, qui baissa la voix avant de poursuivre. N’avez-vous jamais pensé travailler comme pleureuse d’enterrement ?

Grace la dévisagea, interloquée. Elle voulait se débarrasser de la main de cette femme, mais savait que cela serait fort impoli.

- Vous devez trouver qu’il est peu délicat de ma part de vous parler d’une chose pareille, mais sachez que je suis certaine que vous feriez une parfaite pleureuse professionnelle.

Grace ne répondait toujours pas, tant elle était surprise.

- Vous êtes jeune et paraissez pourtant avoir déjà éprouvé toute la tristesse du monde. Vous seriez une merveilleuse pleureuse ! » Comme Grace continuait à ne pas réagir, la femme poursuivit : « Le marché des pompes funèbres est en pleine expansion, ma chère enfant. Nous avons toujours besoin de visages comme le vôtre. Vous pourriez venir vivre chez nous et faire partie de la famille Unwin. (…) Avec un visage tragique comme le vôtre, vous seriez très demandée pour les funérailles de la haute société. »

 

Mary HOOPER, Waterloo Necropolis.

Les Grandes Personnes

315 pages – 17,50€

Titre original : Fallen Grace  – Paru en 2010– Traduit en Français en 2011

La bande-annonce du livre (en anglais) :

L’auteur : Mary HOOPER qui vit en Angleterre, écrit depuis plus de vingt ans  des romans dont la toile de fond est souvent historique. Elle est entre autres l’auteur de La Messagère de l’au-delà,
paru en 2010 aux Éditions des Grandes Personnes, et d’une trilogie initiée avec La Maison du magicien chez Gallimard.

Site internet de l’auteur (en anglais): http://www.maryhooper.co.uk

SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2012-2013 - CATEGORIE 3°-2nde

31/08/2011

Silence (B. SEVERAC)

« 7h54

Les chiffres du radioréveil se croisent, montent et descendent. »

Lorsque Jules se réveille, il est à l’hôpital. Il sort d’un coma où l’ont plongé deux cachets d’extasy achetés à la sauvette, à un ami d’ami, et avalé pour impressionner une fille. Depuis, il est sourd. Il a quinze ans, il est seul dans sa chambre à ressasser ses idées noires et fâché avec ses parents qui lui reprochent de leur avoir menti et qui ne lui font plus confiance. Quand en plus la police s’en mêle…

Le roman de Benoît SEVERAC est un roman édifiant. Court et brutal comme un coup de poing en pleine poitrine, il n’épargne rien ni personne et surtout pas les bons sentiments. Par son insouciance, le héros s’est condamné et a condamné sa famille à une vie toute autre que celle qu’ils espéraient tous. Et inutile d’attendre une bonne surprise à la fin, tout se passe comme dans la vraie vie. C’est-à-dire souvent mal.

Silence est un roman d’initiation. Un roman où le héros entré adolescent plein d’inexpérience en ressort un peu plus vieux et un peu plus aguerri, mais pas nécessairement plus heureux pour autant. Car c’est le deuil de l’enfance et des illusions  qu’aura dû faire le héros. Apprendre que les amis d’enfance ne sont pas toujours que l’on aurait voulu qu’ils soient – ou qu’ils restent, que les histoires d’amour ne se déroulent pas toujours comme on le voudrait et que les parents ne sont pas toujours les empêcheurs de tourner en rond que l’on croit.

Plutôt court, facile d’accès, Silence est un roman qui se dévore d’une traite et laisse des abîmes de réflexion derrière lui. « On ne cherche pas à te faire culpabiliser. On veut que tu prennes conscience de certaines choses. Il n’y a que comme ça que tu pourras te reconstruire. »

- Je te propose de travailler à partir de cette liste.

Jules met ses sourcils en point d’interrogation.

- Tu remplaces chaque petit plaisir perdu / par un petit plaisir de substitution, / chaque activité devenue impossible / par une activité de substitution possible pour un sourd.

- De substitution ?

- De remplacement. Que tu pourras faire à la place de.

- Par exemple ?

- Ton premier point : écouter de la musique. / Remplace la musique par une autre activité artistique. Quelque chose que tu voudrais explorer. / La peinture, par exemple.

- Beurk.

Damien tourne les paumes des mains vers le ciel et incline la tête, l’air de dire : « Ah, ça, mon gars ! » puis il prend le stylet :

- Il va falloir t’intéresser à des choses nouvelles.

- Ma passion, c’est la musique.

- Tu en entretiendras le souvenir, mais…

Jules n’attend pas que Damien finisse sa phrase :

- Je ne pourrais pas vivre sans musique.

Damien essaie d’écrire aussi vite qu’il peut :

- Il te faudra pourtant.

Benoît SEVERAC, Silence.

Syros – Rat noir

150 pages –11,90€

Paru en 2011

L’auteur : Benoît SEVERAC est romancier et professeur d’anglais à l’École vétérinaire de Toulouse. Il a compris très tard qu’il écrivait depuis toujours. Il s’est trompé en se croyant un temps photographe, il a abandonné le reflex pour le clavier et s’en porte mieux, mais il en a gardé quelque chose : une efficacité dans la description peut-être, une façon de rendre une ambiance par le cadre. Quoiqu’il en soit, ses romans sont toujours très « visuels ». Silence est son premier roman-jeunesse.

Blog de l’auteur : http://benoit.severac.over-blog.com

SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2012-2013 - CATEGORIE 3°-2nde

02/02/2011

Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage (M. MALTE)

« Mercure a le cœur dur. Un cœur de fer. »

Parce que sa petite sœur Juju est malade, Romain vient emménager pour une semaine avec ses parents dans La Maison des Parents. Située en face de l’hôpital où est soignée sa sœur, elle héberge les familles des malades. C’est là qu’il va faire la connaissance d’Alexia, une fille de son âge un peu tête à claque qui en sait plus long que tout le monde sur les médecins et les maladies. Ce qui n’intéresse pas Romain. Lui, sa passion, c’est l’astronomie. Plus tard, il ira dans l’espace, c’est sûr.

Marcus MALTE choisit ici d’aborder un sujet délicat : le cancer des enfants et, surtout, les conséquences sur les proches. A travers ce court roman, il brosse une galerie de personnages qui réagissent tous différemment face à la situation : du déni à la fuite, de la douleur à l’incompréhension, tout y est. Confiant les rênes de la narration à Romain, il joue de la naïveté du point de vue pour des choses toujours justes et pleines de sensibilité.

Son personnage caparaçonné dans sa passion, qui ne supporte pas l’odeur de plus en plus prégnante de l’hôpital, va peu à peu apprivoiser une réalité difficile et grandir en regardant des adultes désorientés. Avec tact, avec délicatesse, mais droit au but, Marcus MALTE réussit ici un livre étonnant, qui touche autant les petits que les grands, même si la lecture à partir de dix ans est à réserver aux enfants matures.

-        Ca t’a plu ?

-        Bof. Pas trop.

-        Ah bon ?

-        J’aime pas les magiciens. C’est toujours des faux.

-        Des faux ?

-        Ouais. Ils font semblant d’avoir des pouvoirs magiques, mais en fait ils n’en ont pas. C’est tout truqué, leurs tours. (…) Si c’était un vrai magicien, il ferait disparaître la maladie plutôt que de faire disparaître des foulards.

-        Et puis quoi encore ? Tu confonds les magiciens avec les médecins. Je te signale que le professeur Hatier n’a rien à voir avec Harry Potter.

-        Ouais, ben, je me demande si c’est pas un faux, lui aussi.

Marcus MALTE, Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage.

Tempo Syros

115 pages – 5,95 €

Paru en 2011

Lire un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748510607

L’auteur : Marcus Malte est né en 1967 à La Seyne-sur-Mer, et il y est resté. Devant la mer. Il a fait des études de cinéma, mais ça n’a pas trop marché. Il a fait un peu le musicien, mais ça n’a pas trop marché. Aujourd’hui il essaie d’écrire des histoires. Un premier roman publié en 1996 au Fleuve Noir, "Le doigt d'Horace". Depuis, une douzaine de romans publiés, et autant de nouvelles, aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Des histoires assez noires, pour la plupart.

Site de l'auteur : http://www.marcusmalte.com

SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2012-2013 - CATEGORIE CM2-6°

21/10/2010

L'Heure des chats (M. GALLOT)

« - Encore ces satanées mobylettes !

L’été, les grands du village sont de retour. »

C’est le dernier été d’Elise avant son entrée en Sixième. Un grand moment, qu’elle appréhende même si elle le sait inéluctable. Car pour Elise, entrer en Sixième signifie quitter le cocon qu’elle connaît depuis toujours, celui de son village, de son école avec ses deux classes, maternelle et primaire, pour devenir interne en ville et ne revenir que le week end et les vacances. Et puis, entrer en Sixième, cela signifie aussi quitter Basile, son amoureux depuis toujours. Parce qu’ils ne seront sans doute pas dans la même classe, parce que l’internat n’est pas mixte et parce que, aussi, Basile grandit et commence à lorgner du côté des « grands »…

En avançant dans son été, Elise va faire la connaissance d’une vieille dame mise à l’index du village pour d’obscures raisons qu’elle va tenter de découvrir et c’est ainsi que ce dernier été sera celui non seulement de la fin de l’enfance mais aussi de l’apprentissage, avec ses moments de joie et de tristesse.

Myriam GALLOT a réussi avec cette Heure des chats une petite merveille de subtilité et de délicatesse. A travers la voix d’Elise, petite fille qui se voit grandir, elle a su dépeindre l’atmosphère d’un village du Sud, loin de tout mais où les enfants sont heureux, brosser une peinture de caractères plus pertinents les uns que les autres, depuis la mère râleuse jusqu’à la nounou consolatrice, et enfin, aborder la question des rapports avec les personnes âgées, ce sentiment d’étrangeté et de rejet qui peut animer les enfants face à ce mystère qu’ils ne comprennent pas toujours.

D’une écriture fluide, enfantine sans être puérile, l’histoire se déroule avec un naturel confondant et c’est à la fois avec émotion et nostalgie que l’on laisse la jeune héroïne à la fin du livre. Un très joli moment de lecture.

Avec Basile, on a toujours été dans la même classe. Il faut dire qu’au village il n’y a que deux classes. Une pour les maternelles. Une pour les primaires.

Mais après cet été, tout va changer. On entre en sixième. Il faudra prendre le car de ramassage scolaire et rester au collège du lundi matin au vendredi soir, à l’internant. Filles et garçons séparés.

On l’a bien vu, les autres enfants du village, une fois partis au collège, ils sont revenus changés. Basile et moi, on a un peu peur et on voudrait bien que l’été dure longtemps, très longtemps. On voudrait rester encore un peu des enfants. Peut-être que, quand on grandira, on cessera de s’aimer ?

Myriam GALLOT, L’Heure des chats.

Tempo Syros

155 pages – 5,95€

Paru en 2010

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748509779

L’auteur : née à Saint Etienne il y a un peu pus de trente ans, Myriam GALLOT habite Lyon depuis 2003, après avoir vécu tour à tour à Paris, à Stuttgart en Allemagne, et dans la campagne ardéchoise. Etudes scientifiques, puis bifurcation vers les Lettres avec l’Agrégation de Lettres modernes, elle n’a
jamais cessé d'écrire, même si elle a mis longtemps avant de proposer ses textes à la publication.

Enseignante dans un lycée de la banlieue lyonnaise, elle se consacre de plus en plus à l'écriture, sous toutes ses formes : nouvelles, mais aussi poésie, récits pour la jeunesse, articles et traductions (pour le magazine Books).

 

Blog de l’auteur : http://lemeilleurdesmondes.blogs.courrierinternational.com/

SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2011-2012 - CATEGORIE CM2-6°