21/02/2013
Nos Etoiles contraires (J. GREEN)
« L'année de mes dix-sept ans, vers la fin de l'hiver, ma mère a décrété que je faisais une dépression. »
Hazel a seize ans et elle est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Poussée par sa mère, et bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C’est là qu’elle va rencontrer Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux , l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence…
Il est difficile de parler d'un roman qui, a priori, fait l'unanimité. Et pourtant, il serait dommage de passer à côté de celui-ci pour cette même raison. Nos étoiles contraires, titre français inspiré du Roméo et Juliette de Shakespeare, alors que le titre original empruntait au Jules César du même William, est un roman magnifique, émouvant bien sûr – comment pourrait-il en être autrement avec un sujet pareil – mais jamais larmoyant ou misérabiliste.
Au commencement, il y a un livre : Une Impériale Affliction, d’un certain Peter Van Houten, héritier de la dynastie chocolatière. Livre unique d’un auteur qui se refuse à en écrire d’autres, voire à communiquer sur son livre. Retiré à Amsterdam, alcoolique et misanthrope, il regarde s’entasser autour de lui les sacs de courrier que les lecteurs adressent à son éditeur. Parce que c’est son livre préféré, un livre « particulier, rare et personnel », Hazel va le faire découvrir à Augustus, en échange d’un livre de chasseur de zombies. La passion qu’Augustus à son tour va éprouver pour le roman sera ce qui va les souder plus solidement que n’importe quelle autre chose, cancer compris.
Car c’est toute la force de ce livre que de dire les choses : les héros sont des adolescents, ils sont malades, voire condamnés pour la plupart, ne l’éludent pas, au contraire. Avec un humour presque noir, John GREEN s’empare de toutes les situations, depuis le groupe de parole avec l’animateur qui raconte pour la énième fois son « cancer des couilles » au « Vœu » accordé aux enfants malades pour qu’ils réalisent leur vœu le plus cher. C’est ainsi qu’Augustus va utiliser le sien pour emmener Hazel rencontrer l’écrivain de son cœur et découvrir que les livres sont souvent plus beaux que ceux qui les écrivent, que les héros gagnent à rester de papier.
En accéléré, les deux adolescents vont vivre leur éducation sentimentale, sous le regard de leurs parents, à la fois rassurés de les voir se comporter en ados et terrifiés de les sentir s’envoler. Tout en subtilité, John GREEN évoque la maladie et ses manifestations les plus concrètes, l’ami devenu aveugle, la mort enfin, qui ne viendra pas là où on l’attend…
« La faute, cher Brutus, n’est pas dans nos étoiles Mais en nous-mêmes, si nous sommes des sous-fifres. » Mais quels sous-fifres ! Nos Etoiles contraires est un roman rare, à lire absolument.
– Ton cancer ne disparaîtra pas, Hazel. Mais on a vu les gens vivre pas mal de temps avec le niveau de pénétration de ta tumeur. (Je n’ai pas demandé à quoi correspondait pas mal de temps. J’avais déjà commis l’erreur par le passé.) Je sais que, sortant de soins intensifs, tu n’as pas forcément cette impression, mais pour le moment, le problème de liquide est gérable.
– On ne pourrait pas me transplanter un poumon ? ai-je demandé.
Le Docteur Maria s’est mordu la lèvre.
– Ta candidature à une transplantation ne sera malheureusement pas retenue, a-t-elle expliqué.
J'ai tout de suite compris : ce n'était pas la peine de gâcher de bons poumons pour un cas désespéré. J'ai hoché la tête en efforçant de ne pas montrer que j'étais blessée. Mon père a commencé à pleurer. Je n'ai pas regardé, mais comme plus personne ne parlait, on entendait plus que ses hoquets dans la salle.
Je détestais lui faire du mal. La plupart du temps, je parvenais à oublier cette inéluctable vérité : certes, mes parents étaient heureux de m’avoir auprès d’eux, mais j’étais aussi à moi seule leur souffrance.
John GREEN, Nos étoiles contraires
Nathan
330 pages – 16,50 €
Titre original : The Fault in Our Stars – Paru en 2012 – Traduit en Français en 2013
Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092543030
L’auteur : John Green est né en 1977 à Indianapolis. Il a décidé de devenir écrivain après avoir compris qu’il était « doué pour mentir et rester assis ». Il a gagné le Michael L. Printz Howard pour son premier roman, Qui est-tu Alaska ? Il est l’auteur également de La Face cachée de Margo et du Théorème des Katherine.
Site de l’auteur : http://johngreenbooks.com
Vlog de l’auteur (et son frère) : http://www.youtube.com/vlogbrothers
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02/02/2011
Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage (M. MALTE)
« Mercure a le cœur dur. Un cœur de fer. »
Parce que sa petite sœur Juju est malade, Romain vient emménager pour une semaine avec ses parents dans La Maison des Parents. Située en face de l’hôpital où est soignée sa sœur, elle héberge les familles des malades. C’est là qu’il va faire la connaissance d’Alexia, une fille de son âge un peu tête à claque qui en sait plus long que tout le monde sur les médecins et les maladies. Ce qui n’intéresse pas Romain. Lui, sa passion, c’est l’astronomie. Plus tard, il ira dans l’espace, c’est sûr.
Marcus MALTE choisit ici d’aborder un sujet délicat : le cancer des enfants et, surtout, les conséquences sur les proches. A travers ce court roman, il brosse une galerie de personnages qui réagissent tous différemment face à la situation : du déni à la fuite, de la douleur à l’incompréhension, tout y est. Confiant les rênes de la narration à Romain, il joue de la naïveté du point de vue pour des choses toujours justes et pleines de sensibilité.
Son personnage caparaçonné dans sa passion, qui ne supporte pas l’odeur de plus en plus prégnante de l’hôpital, va peu à peu apprivoiser une réalité difficile et grandir en regardant des adultes désorientés. Avec tact, avec délicatesse, mais droit au but, Marcus MALTE réussit ici un livre étonnant, qui touche autant les petits que les grands, même si la lecture à partir de dix ans est à réserver aux enfants matures.
- Ca t’a plu ?
- Bof. Pas trop.
- Ah bon ?
- J’aime pas les magiciens. C’est toujours des faux.
- Des faux ?
- Ouais. Ils font semblant d’avoir des pouvoirs magiques, mais en fait ils n’en ont pas. C’est tout truqué, leurs tours. (…) Si c’était un vrai magicien, il ferait disparaître la maladie plutôt que de faire disparaître des foulards.
- Et puis quoi encore ? Tu confonds les magiciens avec les médecins. Je te signale que le professeur Hatier n’a rien à voir avec Harry Potter.
- Ouais, ben, je me demande si c’est pas un faux, lui aussi.
Marcus MALTE, Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage.
Tempo Syros
115 pages – 5,95 €
Paru en 2011
Lire un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748510607
L’auteur : Marcus Malte est né en 1967 à La Seyne-sur-Mer, et il y est resté. Devant la mer. Il a fait des études de cinéma, mais ça n’a pas trop marché. Il a fait un peu le musicien, mais ça n’a pas trop marché. Aujourd’hui il essaie d’écrire des histoires. Un premier roman publié en 1996 au Fleuve Noir, "Le doigt d'Horace". Depuis, une douzaine de romans publiés, et autant de nouvelles, aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Des histoires assez noires, pour la plupart.
Site de l'auteur : http://www.marcusmalte.com
SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2012-2013 - CATEGORIE CM2-6°
19:06 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : syros, tempo, malte, cancer, hôpital, enfant, incorruptibles | | Facebook | |