20/10/2013
Cher cousin caché... (D. BRISSON)
« Bonjour Mathilde,
Je m’appelle Emile, Emile Hadrien. »
Émile Hadrien, onze ans et demi, trouve dans sa doudoune de ski le forfait d’une certaine Mathilde Hadrien, née la même année que lui. Il comprend du même coup qu’il a une cousine cachée ! Fâchés de longue date, les parents des deux enfants viennent en effet à tour de rôle dans le chalet familial, en prenant bien soin de s’éviter. Émile glisse un pli « confidentiel-secret » dans une poche de la doudoune… C’est le début d’un véritable jeu de piste à l’intérieur du chalet, où chaque nouvelle lettre se découvrira comme un trésor…
Joli petit roman épistolaire qui se lit très vite, il met en scène deux voix, celle d’Emile et celle de sa cousine Mathilde. A travers leurs lettres, le lecteur va découvrir petit à petit leur personnalité respective, leurs familles, et comprendre le lien qui les unit par delà les querelles familiales. Le ton est alerte, les deux cousins aussi dissemblables qu’il se puisse être et l’amitié réelle. Cher cousin caché… est un très agréable moment de lecture.
Bref, pour répondre à ta question sur le chalet, eh bien, en effet, je crois qu’on est vraiment raccord : on fait "moitié-moitié". Je comprends mieux pourquoi on quitte le chalet le samedi, jamais le dimanche : c’est parce qu’Emile rapplique ! Tout de même, quel choc de savoir que le chalet est partagé entre nos deux familles, que mes parents et moi ne sommes pas les seuls à venir. Je suis là, dans le grand salon, et je regarde tout avec un œil nouveau. Est-ce que tu fais tes devoirs sur la table ronde ou sur la petite rectangulaire ? Est-ce que tu aimes contempler la carte en relief des Alpes ? Est-ce que tes parents t’autorisent à regarder la télé ? Est-ce que tu t’assois près de la fenêtre pendant le repas ? Moi je trouve que c’est la meilleure place : pile face au Mont-Blanc ! Et au petit déjeuner, tu prends le bol avec Lucky Luke ou celui avec Obélix ? Je me rends compte aussi que l’on occupe sûrement la même chambre, c’est la seule avec un lit à une place. Maintenant, je vais faire attention à ne pas laisser mes rêves collés à l’oreiller !
Dominique BRISSON, Cher cousin caché...
Tempo Syros
70 pages – 6 €
Paru en 2013 (première parution en 2006)
L’auteur : Diplômée de l'INTD (Institut national des techniques documentaires) et titulaire d'un DEA d'études cinématographiques et de théâtre, Dominique BRISSON devient journaliste spécialisée avant d'intégrer Textuel, agence de conseil en communication d'entreprise. Auteur-scénariste, elle a conçu les CD-Rom « Louvre, peintures et palais » en 1995, « Musée d'Orsay, visite virtuelle » en 1996, « Tour Eiffel, tours et détours » en 1997, « Trésors des premiers imprimeurs » en 1998. Elle est directrice d'ouvrages comme La fête des bébés (paru en 2000). Pour la jeunesse, elle est l'auteur de documentaires (Gutemberg et l'invention de l'imprimerie en 1998 et Les écoliers au temps de Jules Ferry en 2001) et de romans (Cher cousin caché… en 2006, qui a reçu plusieurs prix, et Gros sur la tomate en 2007, tous deux aux éditions Syros). Depuis 1998, elle participe à la conception de sites web.
Blog de l’auteur : http://dbrisson.uniterre.com/6377
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18/06/2013
Le Pays à l'envers
« Pablo n’arrivait pas à dormir. »
Pablo, dont le père est uruguayen et la mère française, a toujours vécu en Uruguay. Il ne connaît pas le pays de sa maman. Alors ses parents l’envoient en vacances chez son grand-père maternel, Papilou, et sa femme, Mamina, tout au bout de la pointe bretonne, sur l’île d’Ouessant. Mais il n'est pas facile pour Pablo de se sentir chez lui sur cette île venteuse et accidentée, où les maisons sont petites et le beurre salé…
Après L’Heure des chats, Myriam GALLOT poursuit le fil de ses histoires sensibles, mettant en scène de jeunes enfants à la frontière des autres, un peu décalés, un peu différents. Ici son héros, plus jeune que ne l’était sa précédente héroïne Elise, doit affronter une situation bien lourde pour un garçonnet de sept ans : quitter ses parents et son pays, à l’autre bout du monde, pour découvrir une famille qu’il ne connaît pas et qui ne le connaît pas vraiment non plus.
Même si de part et d’autre les bons sentiments sont là, la maman voulait que son fils fasse la connaissance de « son » île et de son père, les grands-parents font tout pour qu’il s’adapte, il reste néanmoins un petit garçon qui a perdu tous ses repères et pleure chaque soir dans le grand lit de bois qui l’effraie tant.
Raconté tout en finesse, un peu plus languissant parfois que L’Heure des chats, car plus dans l’intériorité, Le Pays à l’envers est un roman délicat et doux-amer.
Mamina ne connaissait pas Torres Garcia. Ni avec un "r" ni avec deux. Elle était incapable de prononcer ce nom comme Pablo.
La maîtresse leur avait expliqué que c'était un peintre. Selon l'Amérique du Sud n'était pas en bas. Il n'y avait pas de haut et de bas dans l'univers. Les Européens avaient créé les cartes et décidé que l'Amérique du Sud serait en bas, parce qu'ils se croyaient supérieurs. Torres Garcia avait redessiné l'Amérique du Sud en la faisant pivoter. L'Uruguay, perché sur les épaules du Brésil, dominait l'humanité.
La maîtresse leur avait dit qu'ils pouvaient être fiers d'être uruguayens. Fiers de vivre en Amérique du Sud.
Imitant Torres Garcia, Pablo avait retourné sa mappemonde au mur de sa chambre, à Montevideo. L'Uruguay était passé en haut. La France en bas. L'énorme corps de l'Afrique menaçait de l'écrabouiller sous sa carrure massive. Seul un petit filet bleu nomme Méditerranée protégeait encore le pays de sa mère.
Il s'était entraîné à écrire à l'envers : YAUGURU. Si ça marchait pour les pays, pourquoi ça ne marcherait pas pour les mots ?
Myriam GALLOT, Le pays à l’envers.
Tempo Syros
107 pages – 6€
L’auteur : née à Saint Etienne il y a un peu pus de trente ans, Myriam GALLOT habite Lyon depuis 2003, après avoir vécu tour à tour à Paris, à Stuttgart en Allemagne, et dans la campagne ardéchoise. Études scientifiques, puis bifurcation vers les Lettres avec l’Agrégation de Lettres modernes, elle n’a
jamais cessé d'écrire, même si elle a mis longtemps avant de proposer ses textes à la publication.
Enseignante dans un lycée de la banlieue lyonnaise, elle se consacre de plus en plus à l'écriture, sous toutes ses formes : nouvelles, mais aussi poésie, récits pour la jeunesse, articles et traductions (pour le magazine Books).
Blog de l’auteur : http://lemeilleurdesmondes.blogs.courrierinternational.com
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03/07/2011
Taourama et le lagon bleu (J. TEISSON)
« La fête de Noël est terminée. »
Orphelin de mère, Taourama a été élevé par sa grand-mère en Polynésie. Jusqu’au jour où son père l’a fait venir en France afin qu’il vive avec lui. Il avait alors neuf ans. Trois ans ont passé, il est parfaitement heureux dans cette autre vie, s’entend à merveille avec sa belle-mère, sa demi-sœur et son demi-frère et vient de recevoir un magnifique cadeau de Noël : un billet d’avion pour aller passer ses vacances à Rangiroa, revoir sa grand-mère maternelle et tous ceux qu’il a laissés derrière lui. Vont alors remonter les souvenirs d’autrefois…
Construit en retour en arrière, Taourama et le lagon bleu raconte l’itinéraire d’un enfant à double culture, mi-européen mi-polynésien. Heureux dans sa vie, parfaitement intégré, le cadeau va permettre de faire émerger ce qu’il croyait enfoui au plus profond de lui et qui fait cependant son essence : son attachement à cet autre pays, à ces autres croyances, à cette autre culture.
C’est le récit d’une intégration qui a dû gommer une partie de certaines choses et qui resurgissent soudain. Narrateur de cette histoire, le jeune Taourama est un personnage attachant, soucieux de toujours trouver sa place, se sachant malhabile mais tentant néanmoins de bien faire. Janine TEISSON a su construire une galerie d’adultes autour de lui, souvent bienveillants, mais pas toujours, qui sauront le guider et l’aider dans son cheminement.
Roman d’odeurs, de saveurs, qui exalte la beauté des îles polynésiennes, sans toutefois masquer une certaine réalité, Taourama et le lagon bleu est un roman juste, optimiste et profond.
Mon copain Isidore m’a envoyé la même carte du lagon bleu chaque Noël, avec presque les mêmes mots : « bon Noël, bonjour de tous les amis, à bientôt j’espère. » Il n’a jamais été très bon pour écrire. A Rangiroa, le choix de cartes n’est pas très varié, et le lagon bleu, c’est ce qu’il y a de plus beau. La première fois, en ouvrant l’enveloppe, ça a été comme si on m’avait donné un coup de poing dans la poitrine. Ce bleu, je le reconnaîtrais entre cent mille. C’est dans ce bleu que je flotte quand je rêve de mon atoll. Même Véronique qui comprend tout ne peut imaginer ce que c’est que d’aller dans le lagon, là où on ne voit la terre que comme un fin trait de crayon au loin. On arrête le moteur du bateau. Le lagon est plat. Les nuages se reflètent dans l’eau. Le silence est total. On est suspendu dans le bleu. Le temps s’arrête. Rangiroa, dans notre langue, ça veut dire « Grand Ciel ». Peut-être qu’un jour mes parents, Eloïse et Benoît connaîtront ça. J’aimerais bien.
Janine TEISSON, Taourama et le lagon bleu.
Tempo - Syros
105 pages – 5,95€
Paru en 2011
L’auteur : Janine TEISSON a vécu son enfance au Maroc, sa jeunesse en Côte-d’Ivoire. Parvenue au milieu de sa vie (statistiquement), après avoir été enseignante, éducatrice, clown, couturière, elle s’est lancée dans l’écriture. Sans doute pour continuer à faire rire, réfléchir ou pleurer, à créer de la beauté, à faire des plans, à aller à l’essentiel ou à la fantaisie. Son goût de la diversité s’exprime dans ses livres qui s’adressent aux adultes, aux enfants, aux adolescents. Joie et gravité, cruauté et tendresse et par-dessus tout plaisir d’écrire pour tous publics se mêlent dans ses nouvelles, contes, récits autobiographiques, romans (contemporains, policiers, SF, romans historiques).
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02/07/2011
La Roue (S. KAO)
« Je ne sais pas faire la roue. »
Le drame de la vie d’Elise : elle ne sait pas faire la roue ! Et pourtant, sa vie est loin d’être un long fleuve tranquille : un père qui est toujours en déplacement, une mère qui travaille beaucoup et se repose sur son aînée pour gérer la maison, beaucoup trop, une petite sœur trop brillante (et qui, elle, sait faire la roue), un garçon auquel elle n’ose pas avouer ses sentiments, tout cela pèse sur ses épaules de pré-ado et la « bloque ». Pour faire la roue, il faut se lancer. Alors, Elise va essayer…
Joli roman plein de fraîcheur, La Roue est une chronique de la vie ordinaire, mettant en scène une demoiselle qui grandit et ne parvient pas toujours à s’habituer à tous ces changements. Un peu timide, toujours prête à admirer ceux et celles qui osent, elle s’efface volontiers pour faire oublier ses talents à elle.
Raconté à travers la voix d’Elise, avec un vocabulaire simple et accessible, le roman de Sandrine KAO propose une vision tout à fait pertinente d’un moment-charnière, d’un entre-deux. La narration est vivante, les personnages sont justes et la fin douce, La Roue est un très bon moment de lecture où beaucoup pourront se reconnaître.
Pourtant, si l’on n'avait pas cherché à nous comparer, on m’aurait trouvé plein de qualités. Maman aurait que je faisais un peu de dessin, comme elle, et que j’avais un joli coup de crayon. J’aurais montré quelques croquis et les adultes se seraient exclamés :
- Quelle enfant sage et souriante ! Et c’est une artiste en plus, comme sa maman ! Bientôt, elle nous fera d’aussi beaux tableaux.
Mais il y a ma sœur, alors je passe inaperçue.
Et quand je suis avec Sophie et Élodie, c’est pareil. Je semble insignifiante. C’est sûr qu’avec elles ; ça ne me valorise pas. Les garçons ne remarquent qu’elles.
Quoique, Sophie, on finit par la trouver grande gueule.
Et Élodie, elle est déjà prise, tout le monde le sait.
Alors, quelqu’un pourrait bien se tourner un peu vers moi ?
Sandrine KAO, La Roue.
Tempo - Syros
96 pages – 5,95€
Paru en 2011
L’auteur : Née en France en 1984, Sandrine Kao, d’origine taïwanaise, a grandi en banlieue parisienne. Après des études en métiers du livre, elle se tourne vers l'écriture jeunesse et l'illustration. Elle est diplômée de l'École supérieure d'art d'Épinal, ville où elle habite. La Roue est son premier roman.
Blog de l’auteur : http://sandrinekao.blogspot.com
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02/02/2011
Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage (M. MALTE)
« Mercure a le cœur dur. Un cœur de fer. »
Parce que sa petite sœur Juju est malade, Romain vient emménager pour une semaine avec ses parents dans La Maison des Parents. Située en face de l’hôpital où est soignée sa sœur, elle héberge les familles des malades. C’est là qu’il va faire la connaissance d’Alexia, une fille de son âge un peu tête à claque qui en sait plus long que tout le monde sur les médecins et les maladies. Ce qui n’intéresse pas Romain. Lui, sa passion, c’est l’astronomie. Plus tard, il ira dans l’espace, c’est sûr.
Marcus MALTE choisit ici d’aborder un sujet délicat : le cancer des enfants et, surtout, les conséquences sur les proches. A travers ce court roman, il brosse une galerie de personnages qui réagissent tous différemment face à la situation : du déni à la fuite, de la douleur à l’incompréhension, tout y est. Confiant les rênes de la narration à Romain, il joue de la naïveté du point de vue pour des choses toujours justes et pleines de sensibilité.
Son personnage caparaçonné dans sa passion, qui ne supporte pas l’odeur de plus en plus prégnante de l’hôpital, va peu à peu apprivoiser une réalité difficile et grandir en regardant des adultes désorientés. Avec tact, avec délicatesse, mais droit au but, Marcus MALTE réussit ici un livre étonnant, qui touche autant les petits que les grands, même si la lecture à partir de dix ans est à réserver aux enfants matures.
- Ca t’a plu ?
- Bof. Pas trop.
- Ah bon ?
- J’aime pas les magiciens. C’est toujours des faux.
- Des faux ?
- Ouais. Ils font semblant d’avoir des pouvoirs magiques, mais en fait ils n’en ont pas. C’est tout truqué, leurs tours. (…) Si c’était un vrai magicien, il ferait disparaître la maladie plutôt que de faire disparaître des foulards.
- Et puis quoi encore ? Tu confonds les magiciens avec les médecins. Je te signale que le professeur Hatier n’a rien à voir avec Harry Potter.
- Ouais, ben, je me demande si c’est pas un faux, lui aussi.
Marcus MALTE, Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage.
Tempo Syros
115 pages – 5,95 €
Paru en 2011
Lire un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748510607
L’auteur : Marcus Malte est né en 1967 à La Seyne-sur-Mer, et il y est resté. Devant la mer. Il a fait des études de cinéma, mais ça n’a pas trop marché. Il a fait un peu le musicien, mais ça n’a pas trop marché. Aujourd’hui il essaie d’écrire des histoires. Un premier roman publié en 1996 au Fleuve Noir, "Le doigt d'Horace". Depuis, une douzaine de romans publiés, et autant de nouvelles, aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Des histoires assez noires, pour la plupart.
Site de l'auteur : http://www.marcusmalte.com
SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2012-2013 - CATEGORIE CM2-6°
19:06 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : syros, tempo, malte, cancer, hôpital, enfant, incorruptibles | | Facebook | |