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18/06/2013

Le Pays à l'envers

« Pablo n’arrivait pas à dormir. »

IMG_0411.JPGPablo, dont le père est uruguayen et la mère française, a toujours vécu en Uruguay. Il ne connaît pas le pays de sa maman. Alors ses parents l’envoient en vacances chez son grand-père maternel, Papilou, et sa femme, Mamina, tout au bout de la pointe bretonne, sur l’île d’Ouessant. Mais il n'est pas facile pour Pablo de se sentir chez lui sur cette île venteuse et accidentée, où les maisons sont petites et le beurre salé…

Après L’Heure des chats, Myriam GALLOT poursuit le fil de ses histoires sensibles, mettant en scène de jeunes enfants à la frontière des autres, un peu décalés, un peu différents. Ici son héros, plus jeune que ne l’était sa précédente héroïne Elise, doit affronter une situation bien lourde pour un garçonnet de sept ans : quitter ses parents et son pays, à l’autre bout du monde, pour découvrir une famille qu’il ne connaît pas et qui ne le connaît pas vraiment non plus.

Même si de part et d’autre les bons sentiments sont là, la maman voulait que son fils fasse la connaissance de « son » île et de son père, les grands-parents font tout pour qu’il s’adapte, il reste néanmoins un petit garçon qui a perdu tous ses repères et pleure chaque soir dans le grand lit de bois qui l’effraie tant.

Raconté tout en finesse, un peu plus languissant parfois que L’Heure des chats, car plus dans l’intériorité, Le Pays à l’envers est un roman délicat et doux-amer.

Mamina ne connaissait pas Torres Garcia. Ni avec un "r" ni avec deux. Elle était incapable de prononcer ce nom comme Pablo.

La maîtresse leur avait expliqué que c'était un peintre. Selon l'Amérique du Sud n'était pas en bas. Il n'y avait pas de haut et de bas dans l'univers. Les Européens avaient créé les cartes et décidé que l'Amérique du Sud serait en bas, parce qu'ils se croyaient supérieurs. Torres Garcia avait redessiné l'Amérique du Sud en la faisant pivoter. L'Uruguay, perché sur les épaules du Brésil, dominait l'humanité.

La maîtresse leur avait dit qu'ils pouvaient être fiers d'être uruguayens. Fiers de vivre en Amérique du Sud.

Imitant  Torres Garcia, Pablo avait retourné sa mappemonde au mur de sa chambre, à Montevideo. L'Uruguay était passé en haut. La France en bas. L'énorme corps de l'Afrique menaçait de l'écrabouiller sous sa carrure massive. Seul un petit filet bleu nomme Méditerranée protégeait encore le pays de sa mère.

Il s'était entraîné à écrire à l'envers : YAUGURU. Si ça marchait pour les pays, pourquoi ça ne marcherait pas pour les mots ?

Myriam GALLOT, Le pays à l’envers.

Tempo Syros

107 pages – 6€

L’auteur : née à Saint Etienne il y a un peu pus de trente ans, Myriam GALLOT habite Lyon depuis 2003, après avoir vécu tour à tour à Paris, à Stuttgart en Allemagne, et dans la campagne ardéchoise. Études scientifiques, puis bifurcation vers les Lettres avec l’Agrégation de Lettres modernes, elle n’a
jamais cessé d'écrire, même si elle a mis longtemps avant de proposer ses textes à la publication.

Enseignante dans un lycée de la banlieue lyonnaise, elle se consacre de plus en plus à l'écriture, sous toutes ses formes : nouvelles, mais aussi poésie, récits pour la jeunesse, articles et traductions (pour le magazine Books).

Blog de l’auteur : http://lemeilleurdesmondes.blogs.courrierinternational.com

09:36 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : syros, tempo, gallot, enfant, déracinement | |  Facebook | | |

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