15/08/2014
Comment tomber amoureux... sans tomber
« C’est une journée chaude, trop chaude, aussi bleue dans le ciel que dans l’âme. »
Annabelle a décidé que son coeur était hors service et sous les ordres exclusifs de son cerveau. En terminale S, rien n’existe en dehors de son travail. Et pas question pour elle de se limiter à l’obtention du bac, il faut qu’elle soit la meilleure.
Les garçons ? De simples copains. Et ce n’est pas Samuel, le fils de l’ambassadeur des États-Unis parachuté dans sa classe, qui y changera quelque chose. Annabelle est d’accord pour consacrer deux heures par jour à parler français avec lui, à condition qu’il ne la ralentisse pas dans sa course vers l’excellence.
Annabelle est ambitieuse et passionnée, comme les autres femmes de la famille. Sa mère, Lulu, est obsédée par ses recherches universitaires. Sa grand-mère, Marguerite, ne lâchera pas ses fourneaux avant d’obtenir la deuxième étoile pour son restaurant. Elles risquent toutes trois de tomber de haut, de très haut. De tomber… amoureuses !
- Je n'aurais jamais pu imaginer une situation pareille : mes parents si unis qui se séparent, le dîner chez mon père sans ma mère, l’impossibilité d'inviter mes deux parents au déjeuner de ton grand-père, et le fait que j'aurai même problème pour les réconcilier le jour de mon mariage.
- Tu te maries quand ?
- Pas tout de suite.
- Avec qui ?
- Avec un homme.
- Un homme comment ?
- Un homme drôle, qui aime lire, habité d'une gentillesse profonde, un homme qui m'aime. Et qui parle très bien le français.
- Je suis éliminé alors.
- Un homme français !
- Xénophobe ?
- C'est plus facile de ne pas être obligé d'expliquer qui on est. Et toi, tu te maries avec qui ?
- Une créature de rêve, une beauté parfaite, blonde, élégante, bien habillée, bien coiffée, avec des talons hauts et des sous-vêtements transparents sur de gros nichons.
- Je suis éliminée alors ? Et si elle est, avec tout ça, bête et méchante ?
- Je l'apprivoiserai. Et si ton mec français qui parle si bien le français est en fait une brute silencieuse ?
- Je le ferai parler.
Avec ce ton qui n’appartient qu’à elle,Susie MORGENSTERN propose ici un roman tout à fait original, racontant l’amour depuis ses prémices sur trois générations. Adoptant une voix à la fois intime et ironique, elle se plaît à se camper derrière ses personnages pour mieux épier leurs petits travers et leurs grandes émotions et ainsi nous les rendre proches, presque complices.
Il faut accepter d’entrer dans cet univers, et persister après les premières pages, qui peuvent dérouter, pour apprécier toute la saveur de ce joli roman.
Susie MORGENSTERN, Comment tomber amoureux… sans tomber
Ecole des Loisirs
302 pages – 16 €
Paru en 2014
L’auteur : Tout le monde le dit, écouter parler Susie MORGENSTERN est un vrai bonheur tant son verbe est chaleureux et sa joie de vivre communicative. S’ils ne l’ont pas rencontrée, les enfants et les adolescents ont souvent lu et adoré ses livres. Elle les a divertis, éveillés à tous les sujets qui les concernent, l’école, la famille, l’amour, la sexualité, la nourriture!, avec humour, fantaisie et générosité. Car ce que Susie a su conserver, c’est cet esprit d’enfance qui, dans bien des cas, console de tous les maux. Américaine née dans le New Jersey, Susie MORGENSTERN vit à Nice où elle a enseigné l’anglais à la faculté de Sophia-Antipolis jusqu'en 2005. Ses livres ont remporté une ribambelle de prix, notamment Lettres d’amour de 0 à 10, qui a lui seul en a obtenu une vingtaine. C’est à quatre mains qu’elle a écrit Terminale ! tout le monde descend, avec sa fille Aliyah, Margot Mégalo et Privés de bonbecs avec sa fille Mayah. Après avoir fêté le 18 mars 2005, au Salon du livre de Paris, "Soixante ans, soixante livres!" comme elle se plaît elle-même à le dire, elle poursuit sa carrière de globe-trotter-porte-parole de la littérature pour la jeunesse...
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22/12/2011
La Fourmilière (J. VALENTINE)
« J’ai aperçu une fille, une gamine. »
Sam a dix-sept ans. Il a fui sa petite ville de la province anglaise pour faire table rase d’un passé dont il n’est pas fier et est en rupture. Arrivant à Londres, il v s’installer au 33, Georgiana Street. Un immeuble délabré, un quartier peu engageant et un propriétaire peu regardant sur le choix de ses locataires, du moment qu’ils règlent leur électricité et leur loyer chaque semaine.
Chacun a sa vie, mais c’est ici qu’elles vont se croiser, s’emmêler et s’immiscer les unes dans les autres…
Avec ce deuxième roman après Ma Rencontre avec Violet Park, Jenny VALENTINE poursuit sa veine presque « gavaldesque » et enrichit sa galerie de portraits un peu fêlés de l’intérieur, un peu différents, un peu à part. Dans cette « fourmilière », se croisent une vieille dame un peu trop envahissante, une petite fille perdue par une mère qui refuse d’en être une, deux ou trois individus un peu louches, et ce garçon venu de la campagne.
Alternant les points de vue de Sam et de Bohémia, l’auteur nous offre une jolie galerie de portraits et les regards tour à tour naïfs et lucides de deux narrateurs ajoutent au charme de l’ensemble. On pourra regretter une narration un peu lente, des situations un peu tirées par les cheveux parfois, mais La Fourmilière a le charme un peu bringueballant des vieilles guimbardes, qui vont leur chemin sans se soucier du regard des autres.
A Londres, j’aimais les choses qu’ils auraient voulu que j’aime. J’aimais le fait que tout aille vite, que tout change.
J’aimais les inconnus, et particulièrement l’idée d’en être un.
J’aimais que tout ce dont on a besoin se trouve à portée de main, au bout de la rue, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
J’aimais qu’on puisse se rendre presque partout à pied.
J’aimais les graffitis, les poubelles et les odeurs de huit différents fast-foods qui se mélangent dans chaque rue. (…)
J’aimais le fait de ne pas avoir à penser à ce que j’avais laissé derrière moi et dans quel pétrin je m’étais fichu.
Et pourtant, si j’avais eu le courage d’appeler, si j’avais pu partager mes impressions sur cette idée de venir d’un endroit et de vivre dans un autre, ce n’est pas ce que je leur aurais dit.
Jenny VALENTINE, La Fourmilière.
École des Loisirs - Médium
231 pages – 11€
Titre original : The Ant Colony – Paru en 2009 – Traduit en français en 2011
L’auteur : Pour rien au monde, Jenny VALENTINE ne renoncerait à l’une de ses activités. Le jour, elle vend des produits bio dans le magasin d’alimentation qu’elle vient d’ouvrir dans une bourgade du Pays de Galles. Le soir, une fois ses enfants couchés, cette jeune auteur, épouse du musicien Alex Valentine, écrit des romans. Et cela lui réussit plutôt bien.
Son premier livre, Ma rencontre avec Violet Park, s’est vu décerner en 2007 le Guardian Children’s Fiction Price.
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14/08/2011
Ma rencontre avec Violet Park (J. VALENTINE)
« Le bureau de la compagnie de taxis se trouvait en haut d’une ruelle pavée, bordée de part et d’autre de rangées de maisons basses. »
Lucas SWAIN est un adolescent de quinze ans qui vit à Londres avec sa mère, sa grande sœur et son petit frère. Leur père, Pete, brillant journaliste, a disparu un beau jour avant la naissance de Jed, le petit dernier, les laissant dans le doute, l’expectative, l’angoisse et la colère. Lucas avait dix ans à l’époque, il se souvient de bribes de son père, qu’il tente de faire revivre en portant ses vêtements et affectant son allure.
Mais une rencontre va tout changer : celle de Violet Park. Ou plus exactement de l’urne contenant ses cendres, abandonnées dans un taxi. De fil en aiguille, cette Violet va mener Lucas beaucoup plus loin qu’il ne l’aurait cru…
Ce premier roman de Jenny VALENTINE est une petite merveille de subtilité. A travers un fil conducteur presque farfelu, il nous amène à explorer la psychologie adolescente, les rapports parents-enfants, la relation à la mort, tout en conservant fantaisie et humour.
Ma rencontre avec Violet Park évoque presque avec légèreté des faits graves, lourds, et plonge dans les secrets de famille absolument inattendus. Roman d’apprentissage qui voit le héros devenir (presque) adulte et apprenant à vivre avec les failles et les parts d’ombres des siens, roman d’amour aussi puisque Lucas va vivre sa première vraie histoire, roman familial enfin, car Jenny VALENTINE dépeint avec beaucoup de sensibilité les rapports entre petits-enfants et grands-parents.
Écrit à la première personne, Ma rencontre avec Violet Park saura toucher filles et garçons par ses préoccupations et sa manière de traiter les choses et les gens.
Il y a une minute encore, ces pensées ne m’étaient jamais venues à l’esprit, et maintenant, j’étais vraiment et sincèrement préoccupé par ce que pouvait être la vieillesse, quand on est coincé à Londres, où tout le monde bouge plus vite que vous, et où la chose la plus simple peut vous prendre toute la journée.
C’était à cause d’elle. Je sais que c’était à cause d’elle, de ma vieille dame, de celle qui était morte et qui se trouvait dans l’urne.
Je me revois assis là, sur la colline, tandis que les cerfs-volants traversaient l’air avec un bruit cinglant derrière moi, me demandant soudain si nous n’étions pas en train d’avoir une sorte de conversation, elle et moi. Une vieille dame morte, du haut de son étagère, essayait de m’apprendre qui étaient les gens de plus de soixante ans. C’était une sensation agréable, à fleur de peau, comme celle qu’on ressent lorsqu’on écoute un super morceau de musique, qu’on plane un peu et qu’on est assis à côté de quelqu’un de très attirant.
Jenny VALENTINE, Ma rencontre avec Violet Park.
Ecole des Loisirs - Médium
231 pages – 11€
Titre original : Finding Violet Park – Paru en 2007 – Traduit en français en 2010
L’auteur : Pour rien au monde, Jenny VALENTINE ne renoncerait à l’une de ses activités. Le jour, elle vend des produits bio dans le magasin d’alimentation qu’elle vient d’ouvrir dans une bourgade du Pays de Galles. Le soir, une fois ses enfants couchés, cette jeune auteur, épouse du musicien Alex VALENTINE, écrit des romans. Et cela lui réussit plutôt bien.
Son premier livre, Ma rencontre avec Violet Park, s’est vu décerner en 2007 le Guardian Children’s Fiction Price.
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16/07/2011
Aggie change de vie (M. FERDJOUKH)
« A droite, il y avait les éclats de voix qui venaient de l’auberge. »
Aggie a quatorze ans et vit de rapines, toujours flanquée de son fidèle ami Orin et de son chien, Mister Bone. A eux trois, ils ont un numéro d’escroquerie bien rôdé. Jusqu’à ce que les trois amis rencontrent Pemberton Rushworth, qui va proposer à Aggie de changer radicalement sa vie.
Drôle de roman que celui de Malika FERDJOUKH ! On y retrouve son univers et ses thèmes de prédilection favoris (l’amitié, l’entraide, la débrouillardise, la marginalité) mais mêlé à un réseau de références littéraires, très prégnant et cependant s’intégrant parfaitement à l’histoire. Il y a de l’Eliza Doolittle dans Aggie, même si l’histoire se déroule à Boston et non à Londres, que ce soit par son franc-parler ou par l’irruption d’un pygmalion…
Avec des personnages attachants, une intrigue joliment troussée, Malika FERDJOUKH propose avec ce roman une lecture aisée et pleine de rebondissements. Et mention spéciale à la couverture, qui fleure bon l'enfance...
- Comment as-tu atterri chez les Hume ? interrogea-t-il à brûle-pourpoint.
Elle plissa le front avec un bref arrêt de mastication.
- Comment qu’vous savez que c’est pas eux, mes parents ?
- Je me suis renseigné.
Entre pain, jambon et bouillon, elle raconta :
- Ils m’ont gardée à ma naissance. Ma mère, Ginnie Barrie, était servante chez eux. Ils la faisaient bosser dur. C’est Poodlespring, le laitier, qui m’a raconté. Même enceinte, elle devait laver la maison de haut en bas, les escaliers, la cour, porter les seaux… A l’accouchement, c’elle qui était lessivée ! L’avait plus de forces. C’est c’qu’il m’a raconté, Poodlespring. Alors,elle est morte, juste quand moi j’suis née, elle avait plus d’souffle…
Malika FERDJOUKH, Quatre sœurs.
Neuf – Ecole des loisirs
95 pages – 8,50 €
Paru en 2010
L’auteur : Malika FERDJOUKH est née à Bougie, en Algérie, en 1957. Elle vit à Paris et a travaillé dans un hôpital d'enfants avant de se lancer dans l'écriture. Elle écrit des romans pour la jeunesse, ainsi que des scénarios pour la télévision.
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13/04/2011
Trouville Palace (M. FERDJOUKH)
« C’est aux alentours de 17 heures, devant les viennoiseries de mme Bezzerides, que je me suis rendu compte que je devenais champignon. »
Parce qu’il a contracté la scarlatine et que ses parents ne peuvent s’en occuper, Maurice va être hébergé chez la vieille tante acariâtre de la famille qui n’aime que son chien Michel. Mais sous ses dehors bourrus, tante Willa se révèle tout à fait surprenante, caustique, généreuse et surtout, habitant un lieu fantastique : un ancien palace normand.
On retrouve dans ce court roman les thèmes de prédilection de Malika FERDJOUKH, les relations familiales, les lieux qui ont une âme, la fantaisie qui vient animer le quotidien. Cette fois, elle y ajoute une petite pointe de fantastique qui relève l’ensemble et apporte beaucoup de charme à cette lecture.
Les deux personnages vont s’apprivoiser, se reconnaître, se trouver à travers des portraits sans fioritures excessives mais toujours justes. Maurice, le narrateur, raconte l’histoire d’un ton alerte et plein d’humour, non dénué toutefois de sensibilité, et la vieille tante acariâtre lui renvoie la balle avec brio.
Trouville Palace fleure bon les vacances au bord de la Manche, les pêches pantalon relevé et… dites, à propos, vous préférez Deauville ou Trouville ?
Elle freina au pied d’une vaste chose en pierre blanche flanquée de deux tours, échouée en fond de plage comme un cachalot. Tout en haut de la façade, une grande conque en éventail clamait en lettres citron : Trouville Palace.
- Tu vis à l’hôtel ? dis-je, surpris.
- C’était un hôtel. Il y a très longtemps. Maintenant, c’est devenu une résidence.
Il en restait la porte à tambour en bois, le haut miroir doré du grand hall marbré, le tapis à ramages rouges. Les portes avaient encore leur numéro d’origine. Les couloirs étaient fort longs, formaient des angles, vous donnaient l’impression d’être Pinocchio dans le ventre de la baleine. Sous nos pas, le parquet craquait comme des vertèbres, tressautait comme s’il avait le hoquet.
Malika FERDJOUKH, Trouville Palace.
Neuf – Ecole des Loisirs
68 pages – 8 €
Paru en 2010
L’auteur : Malika FERDJOUKH est née en 1957 à Bougie en Algérie. Ce qui explique le « h » final à son nom (quand on l'oublie, elle a horreur de ça!), et sa collection de chandelles. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance. Elle a séché quelques films à la Cinémathèque pour suivre des cours à la Sorbonne. On peut dire qu'elle est incollable sur le cinéma américain, ses dialogues fameux et ses distributions pléthoriques, du western au polar noir, mais son genre adoré reste la comédie musicale dont elle est capable de chanter à tue-tête les airs les plus improbables. Elle écrit des séries pour la télévision. Elle a publié plusieurs romans pour la jeunesse.
17:38 Publié dans Fantastique | Lien permanent | Tags : ferdjoukh, école des loisirs, normandie, adolescent, relation enfant-grand-parent | | Facebook | |