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13/04/2011

Trouville Palace (M. FERDJOUKH)

« C’est aux alentours de 17 heures, devant les viennoiseries de mme Bezzerides, que je me suis rendu compte que je devenais champignon. »

Parce qu’il a contracté la scarlatine et que ses parents ne peuvent s’en occuper, Maurice va être hébergé chez la vieille tante acariâtre de la famille qui n’aime que son chien Michel. Mais sous ses dehors bourrus, tante Willa se révèle tout à fait surprenante, caustique, généreuse et surtout, habitant un lieu fantastique : un ancien palace normand.

On retrouve dans ce court roman les thèmes de prédilection de Malika FERDJOUKH, les relations familiales, les lieux qui ont une âme, la fantaisie qui vient animer le quotidien. Cette fois, elle y ajoute une petite pointe de fantastique qui relève l’ensemble et apporte beaucoup de charme à cette lecture.

Les deux personnages vont s’apprivoiser, se reconnaître, se trouver à travers des portraits sans fioritures excessives mais toujours justes. Maurice, le narrateur, raconte l’histoire d’un ton alerte et plein d’humour, non dénué toutefois de sensibilité, et la vieille tante acariâtre lui renvoie la balle avec brio.

Trouville Palace fleure bon les vacances au bord de la Manche, les pêches pantalon relevé et… dites, à propos, vous préférez Deauville ou Trouville ?

Elle freina au pied d’une vaste chose en pierre blanche flanquée de deux tours, échouée en fond de plage comme un  cachalot. Tout en haut de la façade, une grande conque en éventail clamait en lettres citron : Trouville Palace.

- Tu vis à l’hôtel ? dis-je, surpris.

- C’était un hôtel. Il y a très longtemps. Maintenant, c’est devenu une résidence.

Il en restait la porte à tambour en bois, le haut miroir doré du grand hall marbré, le tapis à ramages rouges. Les portes avaient encore leur numéro d’origine. Les couloirs étaient fort longs, formaient des angles, vous donnaient l’impression d’être Pinocchio dans le ventre de la baleine. Sous nos pas, le parquet craquait comme des vertèbres, tressautait comme s’il avait le hoquet.

Malika FERDJOUKH, Trouville Palace.

Neuf – Ecole des Loisirs

68 pages – 8 €

Paru en 2010

L’auteur : Malika FERDJOUKH est née en 1957 à Bougie en Algérie. Ce qui explique le « h » final à son nom (quand on l'oublie, elle a horreur de ça!), et sa collection de chandelles. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance. Elle a séché quelques films à la Cinémathèque pour suivre des cours à la Sorbonne. On peut dire qu'elle est incollable sur le cinéma américain, ses dialogues fameux et ses distributions pléthoriques, du western au polar noir, mais son genre adoré reste la comédie musicale dont elle est capable de chanter à tue-tête les airs les plus improbables. Elle écrit des séries pour la télévision. Elle a publié plusieurs romans pour la jeunesse.

31/08/2010

Trop moche pour toi (E. WILWERTH)

Trop moche pour toi.jpg« Un coup de fil pour moi ? Ah ?

Je m’arrache à ma sieste, à ma couette, à ma chambre-cocon.»

Pervenche est une adolescente mal dans sa peau, dépressive et boulimique, qui a l’habitude de se cacher tout le temps : elle se cache dans des vêtements informes, elle se cache derrière des cheveux sales, elle se cache derrière une insensibilité de façade. A l’opposé de Zoa, sa grand-mère paternelle, fantasque, exubérante, pleine de vie et de couleurs. Et cette justement cette grand-mère qui va lui proposer de l’accompagner avec elle en Turquie. Voyage cauchemardesque ? oui, jusqu’à ce que Zoa disparaisse…

Étonnant roman qui raconte la mue d’une jeune fille, Trop moche pour toi mérite que l’on dépasse ce titre un peu cliché. En choisissant de confronter deux femmes qui sont aux antipodes l’une de l’autre, Evelyne WILWERTH livre un joli plaidoyer pour la différence quelle qu’elle soit, physique ou sociale. En moins de cent cinquante pages, l’auteur va brosser le portrait de deux écorchées vives à leur manière et va entraîner la plus belle sur la voie de la guérison.

Le ton peut surprendre, voire déranger au début, car les points de vue alternent, même si domine celui de Pervenche, et le style est un peu haché, comme essoufflé. Mais il s’apaise au fil du texte, comme s’apaise l’héroïne, et l’on termine cet itinéraire d’une jeune fille en construction avec beaucoup de plaisir.

Nous sommes sur la Passerelle à Liège, j’ai plus ou moins cinq ans, je suis mince et pas vilaine, je souris, je suis fière d’être enlacée par mon père, je souris peut-être aussi à ma mère, je ne l’appelais pas Plastique à l’époque ! Mes parents avaient plus de temps, on riait ensemble, pourquoi ça s’est peu à peu déglingué, parents de plus en plus pris par la spirale du boulot, puis tensions entre eux, et moi, j’ai dû compenser par quelques sucreries, j’ai gonflé, plastique observait l’évolution avec des yeux froids, méprisants, dégoûtés, on s’est moins parlé, la bouffe a pris beaucoup de place, a pris toute la place.

Évelyne WILWERTH, Trop moche pour toi.

Mijade

140 pages – 9 €

                                                                                                                            Paru en 2007

L’auteur : Évelyne WILWERTH est née à Spa (Belgique). Licenciée agrégée en philologie romane‚ elle a enseigné le français pendant neuf ans avant de s’investir totalement dans l’écriture. Elle écrit des romans‚ des nouvelles‚ des pièces de théâtre‚ des essais‚ pour un public adulte et pour les jeunes. Depuis 1993‚ elle anime des ateliers d’écriture en Belgique et en France.

Site : http://users.skynet.be/evelyne.wilwerth