Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/10/2015

Les Cartographes - La Sentence de verre (S.E. GROVE)

« Le jour où le nouvel Occident ferma ses frontières fut le plus chaud de l’année, et celui où le cours de la vie de Sophia Tims changea à jamais lorsqu’elle perdit toute notion du temps. »

IMG_0058.JPGSophia vit à Boston, en Nouvel Occident. Depuis huit ans, lorsque ses parents explorateurs ont disparu en mission, elle est élevée par son oncle Shadrack, le plus célèbre cartographe de Boston. Mais voilà qu'il est brutalement kidnappé… La jeune fille s'élance alors sur ses traces. Elle n'a qu'une piste : une mystérieuse carte de verre accompagnée d'un message, que Shadrack est parvenu à lui laisser. Avec son nouvel ami Théo, elle va traverser terres, mers… et se confronter à des mondes complètement différents. 

Dans ce monde bouleversé, les Etats-Unis sont au XIXe siècle, le Groenland est plongé dans la Préhistoire, l'Afrique du Nord est revenue au temps des Pharaons… Quelle est la carte qui permettra de réunifier le monde en une seule et même époque ?

Voici un roman qui m’a laissée un peu perplexe. Certes il est fondamentalement passionnant, riche, documenté, voir érudit, et il est animé d’un souffle qui vous emporte durant une bonne partie de la lecture. Cependant… j’avoue avoir été un peu étourdie par la masse des informations dévoilées - et avoir un peu lâché le fil aussi…- un peu déroutée par le personnage de Sophie, qui se comporte comme une jeune fille de seize-dix-sept ans alors qu’elle n’en a que treize, et un peu déçue par la fin qui « sent » trop la suite, avec cette lettre qui nous ramène finalement au point de départ (je n’en dis pas plus).

Les Cartographes est donc une belle lecture, à réserver aux bons lecteurs de 12-16 ans (et non, comme le suggère l’éditeur, aux 9-13 ans) prêts à entrer dans un univers aussi dense qu’original.

— En fait, tous ces objets sont des cartes ?

— Exactement, répondit son oncle, le regard brillant. Pour nous, le terme évoque essentiellement des dessins sur du papier ; des lignes, des mots, des symboles… (Sophia hocha la tête.) Mais en vrai, il en existe une multitude de forme et de taille ; et ailleurs, elles n'ont rien à voir avec les nôtres. Ma théorie, reprit-il, c'est que tes parents se sont égarés, car ils ne pouvaient déchiffrer les cartes de l'Âge dans lequel ils se trouvaient. Ils pouvaient en reconnaître quelques unes, mais ils se reposaient sur celles de papier pour retrouver leur chemin n'importe où. Tout comme moi d'ailleurs. (Il lui adressa un clin d'œil .) Si mon hypothèse est correcte, il y a des endroits où tu ne peux tout simplement pas t'orienter sans carte locale, ce qui nécessite différentes connaissances. Ainsi que du talent ; cela demande un ajustement mental pour lire et écrire des cartes autrement que sur les feuilles de papier.

Sophia le considéra avec émerveillement. 

— Tu veux dire que toi, tu sais en faire ? Tu en fabriques ?

— C'est même la raison d'être de cette pièce, répondit-il. On peut en créer sur presque n'importe quoi : pierre, bois, terre, sable, métal, tissu, cuir, verre… voire sur un bout de savon, une miche de pain. Chaque cartographe a ses spécialités, qui dépendent de son origine géographique, temporelle et culturelle. Et certaines personnes, comme moi, tentent d’élargir leur savoir aux méthodes étrangères.

S. E. GROVE, Les Cartographes - livre 1

Nathan

411 pages – 17,90 €

Titre original : Mapmakers Book 1 : The Glass Sentence – Paru en 2014 – Traduit en Français en 2015

L’auteur : S. E. GROVE est historienne et nourrit une passion pour les voyages. D'ailleurs, depuis son enfance passée à sillonner l'Amérique Latine et les États-Unis, elle n'est jamais restée plus de deux ans au même endroit !

Elle vit actuellement dans la région de Boston, où elle espère battre son record de stabilité. Pour elle, l'Histoire n'est jamais qu'une autre façon de voyager, dans le temps comme dans la vie d'autres personnes…

La sentence de verre, qui mêle ses deux passions, est son premier roman.

Site internet de l’auteur (en anglais) : http://segrovebooks.com/dir/

14:54 Publié dans Fantastique | Lien permanent | Tags : adolescente, aventure, fantastique, voyage, histoire | |  Facebook | | |

24/08/2013

La Dernière Petite Enveloppe Bleue (M. JOHNSON)

« C’était encore ce moment de la journée. Le moment de regarder fixement cette question, ces deux lignes noires sur une page blanche. »

IMG_0571.JPGGinny Blackstone pensait avoir vécu la plus grande aventure de sa vie l'été de ses dix-sept ans. Treize petites enveloppes bleues, léguées par sa tante adorée avant de mourir, l'avaient envoyée à la découverte de l'Europe et d'elle-même, seule avec son petit sac à dos. Treize... moins une, qui avait disparu avec le vol de son sac. Quelques mois plus tard, Ginny reçoit un mystérieux message d'Angleterre : un certain Oliver a récupéré la fameuse enveloppe. Sa dernière aventure l'attend, de Londres à Paris, d'Amsterdam à Dublin, cette fois accompagnée d'un ex, d'un futur et d'une rivale...

Si le premier volume des aventures de Ginny se déroulait tambour battant, cette suite est loin d’être aussi palpitante. Maureen JOHNSON reprend les recettes qui ont fait le succès du premier : une héroïne un peu gaffeuse, des personnes loufoques, des voyages, mais la magie a disparu. Ne reste plus qu’une bande d’adolescents montés en graine, souvent insupportables et un peu vains.

- On ferait mieux d’y aller, dit-il en remettant la carte dans poche.

- Sérieusement, tu n’es pas… sérieux ?

- Je suis on ne peut plus sérieux. Si tu étais tombée sur quelqu’un d’autre, tu ne serais même pas au courant de tout ça. En échange, je t’aiderai à recomposer l’œuvre d’art. De toute façon, tu viens de me dire que tu te fichais de l’argent, alors quel est le problème ?

- Et si je refuse ?

- Alors je rentre chez moi.

- Et la lettre ?

- Demeurera perdue. A toi de choisir.

Maureen JOHNSON, La Dernière Petite Enveloppe bleue.

Scripto – Gallimard

330 pages – 13,50€

Lire un extrait : http://flipbook.cantook.net/?d=http%3A%2F%2Fwww.edenlivres.fr%2Fflipbook%2Fpublications%2F27917.js&oid=41&c=&m=&l=&r=&f=pdf

Titre original : The Last Little Blue Enveloppe – Paru en 2011 – Traduit en français en 2013

L’auteur : Maureen Johnson est née et a grandi à Philadelphie, en Pennsylvanie. Enfant, Maureen lisait sans arrêt, comme beaucoup de lecteurs qui finissent par écrire. Elle a étudié la dramaturgie et l'écriture romanesque à l'Université de Columbia. Avant de pouvoir vivre de sa plume, elle a pratiqué bon nombre de petits boulots de New York à Londres en passant par Las Vegas. Elle vit aujourd'hui à New York avec son mari.
Treize petites enveloppes bleues, son quatrième roman pour adolescents, était le premier publié en France. Suite Scarlett, le second est paru en 2010.

Site internet : www.maureenjonhsonbooks.com

02/03/2013

La Guerre des épices (F. LAMY)

IMG_0092.JPG« Le sommeil, ce soir-là, ne voulait pas venir. »

1771, dans l’océan Indien, au temps des comptoirs et des rivalités coloniales : à bord de L’Hirondelle, le capitaine de Villemort quitte Port Louis et les côtes de ce qui deviendra l’île Maurice pour accomplir une mission secrète aux confins du Pacifique : voler aux Hollandais des plants de girofle et de muscade dans le seul endroit au monde où on les trouve : les Moluques. Benjamin, jeune botaniste de seize ans, fait partie de cette expédition qui regroupe savants, cartographes en quête d’épices et de terres lointaines. Le voyage n’est pas de tout repos et, tandis que tempête, tremblement de terre, combat naval se succèdent, Benjamin découvre qu’il y a un traître à bord…

A travers son héros de seize ans, botaniste passionné, Florence LAMY nous fait découvrir l’épopée des voyages scientifiques au XVIII° siècle. C’est le moment où la cartographie se met en place et où les épices sont autant de denrées précieuses et recherchées. Car si ces voyages favorisent la connaissance de « l’Autre » dans ses façons de vivre, de croire et de gouverner, ils sont aussi l’occasion d’agrandir le territoire, d’augmenter les royaumes européens et trouver de nouvelles matières premières.

La Compagnie des Indes françaises était en concurrence directe avec ses homologues anglaise et hollandaise et la guerre sur les mers était sans merci, comme le montre un des épisodes du livre. Cependant, si instructif qu’il soit, La Guerre des épices se révèle également un passionnant roman d’aventures où le héros montrera sa valeur autant que son grand cœur. On se laisse transporter avec bonheur à ses côtés, à bord de l’Hirondelle.

Le jeune garçon avait encore du mal à réaliser ce qui lui arrivait. Et pourtant, depuis déjà quatre jours, il voguait sur la mer, passager d’une frégate de la Compagnie des Indes française, perdu quelque part au milieu de l’Océan Indien ! Lui qui, un an auparavant, habitait encore dans un immeuble de la rue des Saints-Pères, en plein cœur de Paris… Aurait-il pu imaginer un jour qu’il partirait vivre à des milles et des milles de cet endroit familier où il avait grandi ?

Florence LAMY, La Guerre des épices.

Oskar Edition

136 pages – 12,95€

Paru en 2012

L’auteur : Florence LAMY a longtemps vécu sur les bords de la Méditerranée, à Marseille, avant que les hasards de la vie ne la conduisent en région parisienne, puis sur les bords de Loire, où elle vit toujours aujourd’hui. Professeur de Lettres à la retraite, elle se consacre désormais pleinement à l’écriture.

Blog de l’auteur : http://florencelamy.blogspot.fr

31/08/2010

Trop moche pour toi (E. WILWERTH)

Trop moche pour toi.jpg« Un coup de fil pour moi ? Ah ?

Je m’arrache à ma sieste, à ma couette, à ma chambre-cocon.»

Pervenche est une adolescente mal dans sa peau, dépressive et boulimique, qui a l’habitude de se cacher tout le temps : elle se cache dans des vêtements informes, elle se cache derrière des cheveux sales, elle se cache derrière une insensibilité de façade. A l’opposé de Zoa, sa grand-mère paternelle, fantasque, exubérante, pleine de vie et de couleurs. Et cette justement cette grand-mère qui va lui proposer de l’accompagner avec elle en Turquie. Voyage cauchemardesque ? oui, jusqu’à ce que Zoa disparaisse…

Étonnant roman qui raconte la mue d’une jeune fille, Trop moche pour toi mérite que l’on dépasse ce titre un peu cliché. En choisissant de confronter deux femmes qui sont aux antipodes l’une de l’autre, Evelyne WILWERTH livre un joli plaidoyer pour la différence quelle qu’elle soit, physique ou sociale. En moins de cent cinquante pages, l’auteur va brosser le portrait de deux écorchées vives à leur manière et va entraîner la plus belle sur la voie de la guérison.

Le ton peut surprendre, voire déranger au début, car les points de vue alternent, même si domine celui de Pervenche, et le style est un peu haché, comme essoufflé. Mais il s’apaise au fil du texte, comme s’apaise l’héroïne, et l’on termine cet itinéraire d’une jeune fille en construction avec beaucoup de plaisir.

Nous sommes sur la Passerelle à Liège, j’ai plus ou moins cinq ans, je suis mince et pas vilaine, je souris, je suis fière d’être enlacée par mon père, je souris peut-être aussi à ma mère, je ne l’appelais pas Plastique à l’époque ! Mes parents avaient plus de temps, on riait ensemble, pourquoi ça s’est peu à peu déglingué, parents de plus en plus pris par la spirale du boulot, puis tensions entre eux, et moi, j’ai dû compenser par quelques sucreries, j’ai gonflé, plastique observait l’évolution avec des yeux froids, méprisants, dégoûtés, on s’est moins parlé, la bouffe a pris beaucoup de place, a pris toute la place.

Évelyne WILWERTH, Trop moche pour toi.

Mijade

140 pages – 9 €

                                                                                                                            Paru en 2007

L’auteur : Évelyne WILWERTH est née à Spa (Belgique). Licenciée agrégée en philologie romane‚ elle a enseigné le français pendant neuf ans avant de s’investir totalement dans l’écriture. Elle écrit des romans‚ des nouvelles‚ des pièces de théâtre‚ des essais‚ pour un public adulte et pour les jeunes. Depuis 1993‚ elle anime des ateliers d’écriture en Belgique et en France.

Site : http://users.skynet.be/evelyne.wilwerth

15/08/2010

La Face cachée de Margo (J. GREEN)

La face cachée de Margo.jpg« Voilà comment je vois les choses, tout le monde a droit à son miracle. »

Quentin termine sa dernière année du lycée. Pas très sportif, plutôt « intello », il appartient au clan de ceux qui ne sont pas populaires, les souffre-douleur qui rasent les murs pour éviter d’attirer sur eux les foudres des vedettes. Tout le contraire de Margo, la star du lycée. Voisine de Quentin, ils partagent également un secret enfoui dans leur enfance. Depuis, ils se côtoient, de loin. Jusqu’au soir où Margo va faire irruption dans la chambre de Quentin pour l’entraîner dans une expédition nocturne qui va le faire changer à jamais.

Roman initiatique, roman qui signe la fin de l’adolescence, La Face cachée de Margo tourne autour du personnage à la fois fascinant et agaçant de la fameuse Margo Roth Spiegelman. Ni toute à fait la même, ni toute à fait une autre, elle semble pivoter sur elle-même pour offrir à chacun la facette de ce qu’il a envie de voir. Quentin ne fera pas exception, choisissant de se mirer dans le miroir qu’elle lui tend pour devenir ce qu’il a toujours rêvé d’être : plus fort, plus audacieux.

Choisissant de confier la narration à son personnage masculin, John GREEN propose un récit qui ressemble à un périple vers la connaissance et l’âge adulte. Des poèmes de Walt WHITMAN tissent un réseau de fils qui permettront à Quentin de parvenir à la vérité sur Margo, une vérité où réalité et littérature s’entremêlent pour brosser un tableau d’une certaine adolescence, celle de lycéens américains dans leur banlieue douillette, celle – aussi – des séries américaines qu’affectionnent les adolescents de tous pays.

Une remarque : pourquoi n’avoir pas conservé le titre original de Villes de papier, beaucoup plus représentatif du roman que cette Face cachée de Margo ?

Voilà ce qui est laid dans cette ville, a-t-elle dit. D’ici, on ne voit pas la rouille ni la peinture écaillée ni je ne sais quoi, en revanche on peut dire avec certitude ce qu’elle est. Voir à quel point elle est factice, même pas assez solide pour être en plastique. C’est une ville de papier. Mais regarde là, Q. Regarde toutes ces impasses, ces rues qui tournent sur elles-mêmes, toutes ces maisons construites pour ne pas durer. Tous ces gens de papier vivant dans leur maison de papier, brûlant l’avenir pour avoir chaud. Tous ces gosses de papier buvant la bière qu’un clochard est allé acheter pour eux à l’épicerie en papier du coin. Tous atteints de possessite aiguë. Toute chose aussi fine que du papier, aussi fragile que du papier. Et les gens, idem. Ça fait dix-huit ans que je vis ici et je n’ai jamais rencontré personne qui s’intéresse vraiment aux choses importantes.

John GREEN, La Face cachée de Margo.

Scripto – Gallimard

390 pages – 14€

Titre original : PaperTowns – Paru en 2009 – Traduit en français en 2009

L’auteur : John GREEN est un écrivain américain qui a grandi en Floride avant de partir étudier dans l’Alabama. Il a été commentateur sur la radio nationale NPR et critique pour le «New York Times» et a écrit pour plusieurs magazines. Diplômé de l'université en 2000, il a travaillé comme aumônier dans un hôpital pour enfants. C'est là que l'envie lui est venue d'écrire pour les adolescents un roman sincère sur le désir de transgresser les règles et sur l'expérience de la perte. Il vit actuellement à New York avec sa femme. Après Qui es-tu Alaska ?, son premier roman publié en français, La Face cachée de Margo est son troisième roman, mais le second traduit.

Site internet : http://johngreenbooks.com