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01/12/2010

Le Bout du monde (L. LE BORGNE)

« Salut, on se connecte ?

Mon nom est Mullowill, mais peu importe qui je suis. »

Parce qu’il s’ennuie sur sa planète aseptisée, parce qu’il vit seul avec sa mère depuis le décès de son père, parce qu’il a quinze ans, Nash fait des bêtises ; et la plus grave le condamne à effectuer des travaux d’intérêt public dans un monde primitif, sauvage et protégé, celui de Toy.

Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu : la navette s’écrase et Nash se retrouve unique survivant du crash. Recueilli par les habitants, il va devoir s’accoutumer à ce mode de vie primitif, où l’on ne connaît ni l’électricité ni l’existence d’autres planètes dans l’univers. Mais ces primitifs le sont-ils vraiment ?

C’est un étonnant roman que nous livre Loïc Le Borgne : brassant poésie et science-fiction, il célèbre un hymne aux beautés de notre planète et à l’urgence d’en prendre soin. Néanmoins il n’y a rien de pesant, de didactique ou de technique dans son livre : l’histoire complexe semble couler de source et l’on se laisse entrainer sans effort sur les chemins de Toy.

La narration entremêle la chronologie, surtout au début, joue des différentes voix pour mieux s’adresser au lecteur, et s’appuie sur le poème d’Arthur RIMBAUD, « Le Bateau ivre »,  pour dérouler son fil. Mais ce réseau de références ne doit pas pour autant rebuter car il n’est que le moyen pour édifier une histoire où la nature est célébrée, où l’esprit est libre et où l’imagination est reine. Le Bout du monde devrait toucher tous les lecteurs, filles ou garçons, à partir de treize ans.

- Tya, dit-il, avant de jeter le sac sur son épaule. Si tu savais ce que j’ai vu !

Elle pose un doigt sur ses lèvres.

- Chut, dit-elle. Tu m’apprendras un jour, mais pas encore. Tu veux savoir ce que je crois ?

- Oui.

- Je crois que nous rampons sur cette terre comme des chenilles, mais qu’en réalité nous sommes des papillons. Nous n’en avons pas conscience, jusqu’à ce que nous arrivions dans le pays profond. Est-ce que je suis loin de la vérité ?

Il l’embrasse en songeant au poisson multicolore et au serpent qui volaient dans l’écume.

- Non, murmure-t-il, tu en es proche.

Loïc LE BORGNE, Le Bout du monde.

Soon – Syros

340 pages – 16,20€

Paru en 2010

L’auteur : Né en 1969 à Rennes, Loïc Le Borgne est, depuis 1993, journaliste dans un quotidien de presse régionale, dans l'ouest de la France. Il vit à La Ferté-Bernard, dans la Sarthe. Marié, père de deux petites filles, il a écrit plusieurs romans toujours ancrés dans la littérature imaginaire (science-fiction, fantastique, thriller). Ecrire est une passion ancienne : il a achevé son premier roman de science-fiction en classe de sixième. Ses thèmes de prédilection : l'écologie, les énigmes scientifiques, la quête de la terre promise, les voyages.

Sa jeunesse en Bretagne lui a inspiré le roman Je suis ta nuit. Loïc Le Borgne est attiré par les vastes horizons. On retrouve le continent africain dans Le sang des lions. Il apprécie aussi les récits des grands voyageurs de la Renaissance, des pirates et coureurs des mers qui prirent le large à l'époque des Grandes Découvertes, et qui ont largement inspiré le cycle d'Eden.

Une interview de l’auteur sur son site : http://www.loicleborgne.com/LBDM/Bonus/interview.php

Site Internet : www.loicleborgne.com

15/08/2010

La Face cachée de Margo (J. GREEN)

La face cachée de Margo.jpg« Voilà comment je vois les choses, tout le monde a droit à son miracle. »

Quentin termine sa dernière année du lycée. Pas très sportif, plutôt « intello », il appartient au clan de ceux qui ne sont pas populaires, les souffre-douleur qui rasent les murs pour éviter d’attirer sur eux les foudres des vedettes. Tout le contraire de Margo, la star du lycée. Voisine de Quentin, ils partagent également un secret enfoui dans leur enfance. Depuis, ils se côtoient, de loin. Jusqu’au soir où Margo va faire irruption dans la chambre de Quentin pour l’entraîner dans une expédition nocturne qui va le faire changer à jamais.

Roman initiatique, roman qui signe la fin de l’adolescence, La Face cachée de Margo tourne autour du personnage à la fois fascinant et agaçant de la fameuse Margo Roth Spiegelman. Ni toute à fait la même, ni toute à fait une autre, elle semble pivoter sur elle-même pour offrir à chacun la facette de ce qu’il a envie de voir. Quentin ne fera pas exception, choisissant de se mirer dans le miroir qu’elle lui tend pour devenir ce qu’il a toujours rêvé d’être : plus fort, plus audacieux.

Choisissant de confier la narration à son personnage masculin, John GREEN propose un récit qui ressemble à un périple vers la connaissance et l’âge adulte. Des poèmes de Walt WHITMAN tissent un réseau de fils qui permettront à Quentin de parvenir à la vérité sur Margo, une vérité où réalité et littérature s’entremêlent pour brosser un tableau d’une certaine adolescence, celle de lycéens américains dans leur banlieue douillette, celle – aussi – des séries américaines qu’affectionnent les adolescents de tous pays.

Une remarque : pourquoi n’avoir pas conservé le titre original de Villes de papier, beaucoup plus représentatif du roman que cette Face cachée de Margo ?

Voilà ce qui est laid dans cette ville, a-t-elle dit. D’ici, on ne voit pas la rouille ni la peinture écaillée ni je ne sais quoi, en revanche on peut dire avec certitude ce qu’elle est. Voir à quel point elle est factice, même pas assez solide pour être en plastique. C’est une ville de papier. Mais regarde là, Q. Regarde toutes ces impasses, ces rues qui tournent sur elles-mêmes, toutes ces maisons construites pour ne pas durer. Tous ces gens de papier vivant dans leur maison de papier, brûlant l’avenir pour avoir chaud. Tous ces gosses de papier buvant la bière qu’un clochard est allé acheter pour eux à l’épicerie en papier du coin. Tous atteints de possessite aiguë. Toute chose aussi fine que du papier, aussi fragile que du papier. Et les gens, idem. Ça fait dix-huit ans que je vis ici et je n’ai jamais rencontré personne qui s’intéresse vraiment aux choses importantes.

John GREEN, La Face cachée de Margo.

Scripto – Gallimard

390 pages – 14€

Titre original : PaperTowns – Paru en 2009 – Traduit en français en 2009

L’auteur : John GREEN est un écrivain américain qui a grandi en Floride avant de partir étudier dans l’Alabama. Il a été commentateur sur la radio nationale NPR et critique pour le «New York Times» et a écrit pour plusieurs magazines. Diplômé de l'université en 2000, il a travaillé comme aumônier dans un hôpital pour enfants. C'est là que l'envie lui est venue d'écrire pour les adolescents un roman sincère sur le désir de transgresser les règles et sur l'expérience de la perte. Il vit actuellement à New York avec sa femme. Après Qui es-tu Alaska ?, son premier roman publié en français, La Face cachée de Margo est son troisième roman, mais le second traduit.

Site internet : http://johngreenbooks.com