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14/08/2011

Ma rencontre avec Violet Park (J. VALENTINE)

« Le bureau de la compagnie de taxis se trouvait en haut d’une ruelle pavée, bordée de part et d’autre de rangées de maisons basses. »

Lucas SWAIN est un adolescent de quinze ans qui vit à Londres avec sa mère, sa grande sœur et son petit frère. Leur père, Pete, brillant journaliste, a disparu un beau jour avant la naissance de Jed, le petit dernier, les laissant dans le doute, l’expectative, l’angoisse et la colère. Lucas avait dix ans à l’époque,  il se souvient de bribes de son père, qu’il tente de faire revivre en portant ses vêtements et affectant son allure.

Mais une rencontre va tout changer : celle de Violet Park. Ou plus exactement de l’urne contenant ses cendres, abandonnées dans un taxi. De fil en aiguille, cette Violet va mener Lucas beaucoup plus loin qu’il ne l’aurait cru…

Ce premier roman de Jenny VALENTINE est une petite merveille de subtilité. A travers un fil conducteur presque farfelu, il nous amène à explorer la psychologie adolescente, les rapports parents-enfants, la relation à la mort, tout en conservant fantaisie et humour.

Ma rencontre avec Violet Park évoque presque avec légèreté des faits graves, lourds, et plonge dans les secrets de famille absolument inattendus. Roman d’apprentissage qui voit le héros devenir (presque) adulte et apprenant à vivre avec les failles et les parts d’ombres des siens, roman d’amour aussi puisque Lucas va vivre sa première vraie histoire, roman familial enfin, car Jenny VALENTINE dépeint avec beaucoup de sensibilité les rapports entre petits-enfants et grands-parents.

Écrit à la première personne, Ma rencontre avec Violet Park saura toucher filles et garçons par ses préoccupations et sa manière de traiter les choses et les gens.

Il y a une minute encore, ces pensées ne m’étaient jamais venues à l’esprit, et maintenant, j’étais vraiment et sincèrement préoccupé par ce que pouvait être la vieillesse, quand on est coincé à Londres, où tout le monde bouge plus vite que vous, et où la chose la plus simple peut vous prendre toute la journée.

C’était à cause d’elle. Je sais que c’était à cause d’elle, de ma vieille dame, de celle qui était morte et qui se trouvait dans l’urne.

Je me revois assis là, sur la colline, tandis que les cerfs-volants traversaient l’air avec un bruit cinglant derrière moi, me demandant soudain si nous n’étions pas en train d’avoir une sorte de conversation, elle et moi. Une vieille dame morte, du haut de son étagère, essayait de m’apprendre qui étaient les gens de plus de soixante ans. C’était une sensation agréable, à fleur de peau, comme celle qu’on ressent lorsqu’on écoute un super morceau de musique, qu’on plane un peu et qu’on est assis à côté de quelqu’un de très attirant.

Jenny VALENTINE, Ma rencontre avec Violet Park.

Ecole des Loisirs - Médium

231 pages – 11€

Titre original : Finding Violet Park  – Paru en 2007 – Traduit en français en 2010

L’auteur : Pour rien au monde, Jenny VALENTINE ne renoncerait à l’une de ses activités. Le jour, elle vend des produits bio dans le  magasin d’alimentation qu’elle vient d’ouvrir dans une bourgade du Pays de Galles. Le soir, une fois ses enfants couchés, cette jeune auteur, épouse du musicien Alex VALENTINE, écrit des romans. Et cela lui réussit plutôt bien.
Son premier livre, Ma rencontre avec Violet Park, s’est vu décerner en 2007 le Guardian Children’s Fiction Price.

10/08/2011

Apparitions - Un Pied dans la tombe (N. M. ZIMMERMANN)

« Peter ferma les yeux et pressa le Livre contre sa poitrine. »

Peter Klast a quinze ans. Depuis dix ans, il vit avec le fantôme de Maya, sa sœur jumelle, morte dans un accident qu’il a plus ou moins provoqué. Car Peter est médium ; il communique avec les morts et sa vie n’en est que plus difficile. Enfin intégré pour la première fois, dans le pensionnat St Gabriel, il va à nouveau être confronté à une situation qui risque de menacer le nouvel équilibre qu’il a tenté de se construire.

Une première partie assez lente, qui part dans tous les sens et où le lecteur peine un peu à se retrouver, puis une seconde partie menée tambour battant, tels sont les ingrédients du roman de N. M. ZIMMERMANN. Son héros, à la manière de celui de Sixième Sens, voit les morts et, d’une certaine manière, prévoit les drames à venir. Faire reposer cette situation sur un adolescent de quinze ans, complexé depuis toujours par sa sœur décédée, plus brillante, plus intelligente que lui, permet de mener une intrigue pleine de rebondissements, où les individus ne sont pas ce qu’ils devraient – ou paraissent – être.

Le fouillis des histoires multiples, des voix différentes qui interviennent dans Apparitions – Un  Pied dans la tombe s’organise peu à peu et compose une histoire qui tient en haleine le lecteur jusqu’au bout, le laissant pantelant, et avide de connaître la suite, la fin étant (très) ouverte.

Jouant avec les peurs ancestrales, la notion de remords, le rapport ambigu que chacun entretient avec la mort, N. M. ZIMMERMANN propose une histoire à la fois violente et sensible, très fine dans l’observation des rapports familiaux et leur dégradation quand survient l’irréparable. A réserver aux adolescents à partir de treize ans, cependant.

- S’il trouvait un jour le moyen de vivre normalement, qui lui en voudrait d’essayer ?

Elle tourna le dos à Caelan, faisant mine d’examiner un livre.

- Mais je ne le laisserai pas faire, ajouta-t-elle d’une voix sourde. Je l’empêcherai de m’abandonner. Il se sentirait trop coupable de ne pas avoir réussi à me sauver pour me désobéir.

- Coupable ? répéta Caelan. Tu veux dire, pour ton accident ?

- Je m’en souviens bien, tu sais. Je n’avais que six ans, mais c’est comme si ça s’était passé hier.

Elle se tut un instant et ferma les yeux. Peter était demeuré là si longtemps, immobile au bord du lac, avant de partir en courant chercher de l’aide.

- Si Peter ne m’avait pas obligée à sortir, je ne serais pas tombée dans le lac, et si je n’étais pas restée tout ce temps dans l’eau, je ne serais pas morte. Je le sais et Peter le sait. Alors même s’il déteste ce don  et qu’il ne peut supporter ma vue, il continuera de vivre avec jusqu’à la fin de ses jours.

N. M. ZIMMERMANN, Apparitions – Un Pied dans la tombe.

Nathan

435 pages – 13,50€

Paru en 2011

Note : Un premier volume, Apparitions – Le Couloir aux esprits, a été publié chez Nathan en 2010

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092525852

L’auteur : Corrompue dès son plus jeune âge par la lecture de Dracula, N. M. ZIMMERMANN s’engagea rapidement dans l’étude poussée des sciences criminelles et des créatures étranges. Ayant cohabité quelques temps avec les vampires qui lui inspirèrent la série Edencity, parue aux éditions Milan, elle ne passionna ensuite pour les fantômes qui hantent son appartement .

Elle vit actuellement avec trois trolls, deux lapins-garous, et une vicieuse colonie de Code pénal. Très occupée par l’étude des techniques ancestrales lui évitant de se faire dévorer pendant la nuit par ses nouveaux amis, elle continue cependant d’écrire pendant son temps libre – pas qu’elle ait du temps libre, mais elle fait comme si.

Site internet : http://fr-fr.facebook.com/pages/Apparitions/397331955638

23:47 Publié dans Fantastique | Lien permanent | Tags : nathan, adolescent, médium, mort, collège, crime | |  Facebook | | |

22/07/2010

Quatre soeurs (M. FERDJOUKH)

Quatre soeurs.jpg« Parfois, Enid aurait aimé avoir moins de soeurs. »

Enid est la benjamine des sœurs Verdelaine. Elle a neuf ans, vit avec ses quatre sœurs dans la Vill’Hervé depuis que leurs parents sont décédés dans un accident de voiture et évolue dans un univers peuplé de TOCS  (dix-sept pas séparent la maison de l’arrêt d’autobus), de personnages aussi étranges  qu’une chauve-souris, un écureuil, un fantôme musicien ; elle parle aussi régulièrement à ses parents, qui ont la manie de surgir n’importe quand. A part ça, c’est une petite fille tout à fait normale, heureuse, malicieuse, peste à ses heures. Parce que la vie n’est pas facile quand on est la dernière…

Hortense quant à elle est l’avant-dernière des filles Verdelaine. Elle a onze ans, passe son temps à lire et à écrire son journal. Mais son rêve secret, c’est de devenir actrice. Heureusement, une rencontre inattendue avec Muguette en haut d’une falaise va décider de son destin…

Bettina, c’est la peste. Quatorze ans, la seule des cinq sœurs à avoir SA salle de bain, qu’elle occupe à longueur de temps (quand elle ne lit pas Futile ou qu’elle ne regarde pas le deux-centième épisode de Cooper Lane), elle ne se déplace jamais sans ses deux inséparables copines (Béhotéguy et Denise). Mais quand elle va rencontrer – enfin- l’amour, il ne ressemblera pas à ce qu’elle attendait…

Enfin l’été verra l’épanouissement de la plus effacée des sœurs, la plus dévouée et… la plus passionnée : Geneviève. Celle qui lave plus blanc que blanc, celle qui ressemble à Marilyn Monroe quand elle met des talons, celle qui pratique la boxe thaï en faisant croire qu’elle fait du baby sitting. Seize ans, un petit boulot de vendeuse de glace pour l’été et un premier grand amour au parfum du danger…

Difficile de résumer l’esprit qui règne dans ce roman : tour à tour profondément ancré dans le quotidien et subitement filant vers la fantaisie la plus débridée. L’univers est celui de tout le monde : c’est celui de l’enfance, de cette époque où l’on se régalait des aventures du Club des Cinq (et Enid sait à merveille, à l’instar de son illustre homonyme, nous entraîner dans des souterrains et des puits enfouis), où l’on chantait à tue tête devant Peau d’Âne préparant sa galette et regardant sortir le poussin de l’œuf cassé, mais c’est aussi celui du chagrin et de la perte (les cinq sœurs Verdelaine ont perdu deux ans plus tôt leurs parents dans un accident d’automobile).

Les noms sont improbables, les situations cocasses, Malika FERDJOUKH semble avoir un sérieux penchant pour les bras-cassés, les fêlés qui, comme le dit si bien Anna Gavalda, « laissent passer la lumière » et l’on ressort de cette lecture avec un large sourire aux lèvres et l’envie d’ouvrir sa porte pour laisser entrer le soleil.

- Est-ce que je peux dire encore un truc ? réclama Enid. La deuxième chose que je préfère, c’est quand je dis que je m’appelle Julia.

Charlie parut scandalisée.

- Tu as honte de ton prénom ? celui que ta mère et ton père t’ont choisi pour la vie ?

- La vie, c’est long.

- Vous savez bien que c’est le hasard s’ils m’ont appelé Enid.

C’était vrai. Dans la chambre de la clinique où Mme Verdelaine exhibait fièrement son nourrisson anonyme, M. Verdelaine énumérait le dix millième prénom du Dico des Prénoms. Aucun ne leur plaisait. Lucie Verdelaine avait alors formulé une espèce de vœu :

- Le premier prénom de fille qui sera prononcé dans cette chambre sera celui de ce bébé sans nom.

Il s’écoula quelques heures et quelques visites durant lesquelles Lucie et Fred épièrent phrases et paroles. Elle avait eu quelques sueurs froides lorsqu’on lui apporta le dernier best-seller de Myrtille trouvé. Mais le prénom ne fut pas prononcé.

Arriva le moment où Charlie, qui passait voir sa mère en sortant du lycée, alluma la télé à la seconde où un homme braillait sur l’écran : « j’en parlerai à Enid, ma femme. » Il s’agissait d’un film avec Jerry Lewis et Dean Martin. Lucie avait regardé Fred. Et vice-versa. En chœur ils avaient lancé :

Charlie, voici ta sœur Enid !

Charlie n’avait pas été étonnée outre-mesure. Elle-même devait son prénom à l’héroïne de L’ombre d’un doute. La boucle se bouclait.

Malika FERDJOUKH, Quatre sœurs.

Médium – Ecole des loisirs

608 pages – 19,50 €

Paru en 2010

NB : quatre romans portant chacun le nom d’une des sœurs ont été publié en 2003 et sont désormais réunis en un seul.

L’auteur : Malika Ferdjoukh est née à Bougie, en Algérie, en 1957. Elle vit à Paris et a travaillé dans un hôpital d'enfants avant de se lancer dans l'écriture. Elle écrit des romans pour la jeunesse, ainsi que des scénarios pour la télévision.

Un autre extrait : le mille-feuilles de petits-beurre aux spéculoos