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03/03/2013

Dark Eyes (W. RICHTER)

« Valentina se réveilla et découvrit Mme Ivanovna qui lui pressait doucement l’épaule. »

IMG_0089.JPGNée en Russie, Wally a été adoptée enfant par une riche famille new-yorkaise. Aujourd’hui l’adolescente de seize ans, rebelle et futée, a coupé les ponts avec sa famille et vit dans les rues de New York de larcins divers. En tombant par hasard sur des documents ayant trait à ses origines, Wally éveille l’attention d’un homme sans foi ni loi réputé pour sa sauvagerie : Alexei Klesko, un truand russe sur le chemin duquel les cadavres s’amoncellent. Le seul coup d’avance qu’a Wally est un détail d’importance : l’homme ignore qu’il est son père…

« Ochee chornya », les yeux noirs. C’est le point commun entre Valentina, devenue Wally, et Alexei Klesko, la brute qui va se révéler être son père biologique. Autre point commun entre les deux, l’opiniâtreté. Car la petite orpheline russe adoptée par deux riches américains ne se fera jamais à sa cage dorée et va chercher à tout prix à en sortir, n’hésitant pas à blesser ceux qui lui sont proches.

Sur une trame a priori assez simpliste, une pauvre petite fille riche en rupture avec sa famille et devenue punkette, William RICHTER entremêle une histoire complexe de mafia russe, de recherche identitaire, et mène tout cela à un rythme effréné, qui tient le lecteur en haleine d’un bout à l’autre. On regrettera tout au plus quelques ficelles un peu grosses, quelques personnages laissés sur le côté (en réserve d’une suite ?), ainsi le frère de Valentina, mais on passe un excellent moment avec cette lecture !

Est-ce possible, se demanda Wally, de vouloir désespérément quelque chose toute sa vie sans en avoir conscience ? C'est ce qu'elle avait ressenti en lisant la première phrase de sa mère : j'avais toujours espérer qu'un jour nous pourrions nous étreindre comme une mère et une fille.

Wally aussi éprouvait ce besoin, et maintenant plus que jamais. Elle avait toujours cru être l’enfant non désirée de parents qui s’étaient débarrassés d’elle. Or, la lettre était la preuve du contraire. La petite Valentina avait été chérie.

Un détail lui traversa l’esprit. Claire n’avait jamais expliqué le choix du prénom Wallis, mais à présent, cela semblait évident : Wally était le diminutif de Wallis, et Vally, celui de Valentina, en russe. Cela se prononçait presque pareil. Pour Claire, cela avait été un moyen de lui offrir une douce continuité entre son identité russe et son identité américaine, de lui épargner une transition trop brusque. Si minime fût-il, Wally appréciait ce geste de la part de sa mère adoptive. Elle savait que Claire l’aimait et avait tout fait pour qu’elle puisse s’adapter le mieux possible à une nouvelle culture.

William RICHTER, Dark Eyes.

Albin Michel - Wiz

368 pages – 15€

Titre original : Dark Eyes  – Paru en 2012 – Traduit en Français en 2012

L’auteur : William RICHTER est scénariste à Hollywood. Il travaille régulièrement pour HBO, et a remporté un Emmy Award pour la série Band of Brothers. Dark Eyes est son premier roman.

17:28 Publié dans Policier | Lien permanent | Tags : albin michel, wiz, richter, adolescente, mafia, russie, adoption | |  Facebook | | |

12/02/2013

Dans la nuit blanche et rouge (JM. PAYET)

« Dix fois elle avait essayé, et dix fois elle avait renoncé. »

les grandes personnes,payet,russie,révolution,communisme,adolescentePétrograd, février 1917. Dans une Russie épuisée par des années de guerre, où grondent la famine et le mécontentement, où sévit la police secrète du tsar, la comtesse Tsvetana Kolipova, dix-sept ans, rêve d’un monde qu’elle voudrait plus juste et moins arbitraire. Contribuant à une revue clandestine, la jeune fille découvre bientôt un secret familial qui va balayer ses repères et, avec eux, les vestiges d’un empire qui vit ses derniers instants. Des contreforts de l’Oural à la Sibérie Occidentale, des premières émeutes populaires à l’exécution sommaire des Romanov, Tsvetana cherchera ainsi à retrouver la trace de sa demi-sœur, Natacha, dont tout la sépare, à mettre la main sur un étrange bijou aux vertus surnaturelles pour lequel certains seraient capables de tuer et, surtout, à rejoindre Roman Vrabec, ce jeune homme sans âge dont le destin semble irrémédiablement lié au sien…

Traversé de part en part par un souffle épique, le roman de Jean-Michel PAYET est absolument captivant : qu’il s’agisse de la reconstitution historique, aussi pointue que fidèle, des personnages, humains, très humains, trop humains, ou encore de cette intrigue tout à fait particulière, aux frontières du fantastique, le lecteur est emporté dans un tourbillon dont il ne pourra s’arracher qu’une fois tournée la dernière page. Et encore, car on ne peut qu’implorer de connaître la suite…

Son héroïne est aussi jolie qu’audacieuse, intelligente et pleine d’empathie pour les autres, militante sans être manichéenne, et c’est à sa suite que l’on s’engouffre dans cette révolution russe, en priant pour qu’elle retrouve son bel inconnu, voleur à ses heures, danseur à d’autres, mais toujours mystérieux, et le fameux bijou...

Il y a du Maurice LEBLANC chez Jean-Michel PAYET, dans cette manière de mêler la petite et la grande histoire, l’humour et la noirceur humaine,  le romantisme et la nécessité, souhaitons-lui donc qu’à la manière de ce dernier, il nous réserve de nouvelles aventures de cette jolie comtesse Tsvetana Kolipova. En attendant, cette saga romanesque époustouflante est à lire absolument !

Tandis que la comtesse retouchait son maquillage et que Katia avait retrouvé une amie, Tsvetana éprouva un brusque sentiment de solitude. Elle se dévisagea dans un miroir, comme surprise de se découvrir entourée de ces femmes qui représentait tout ce contre quoi elle luttait. Cependant, presque malgré elle, elle contemplait les fourreaux, les diadèmes, les rangées de diamant, et toutes ces tenues audacieuses qu'on avait réussi à faire venir de Paris malgré la guerre qui paralysait l'Europe. En comparaison, elle mesurait encore combien sa robe paraissait datée.(…) Comprimée par son corset, la jeune fille ne se reconnaissait pas dans cette silhouette élégante, cette taille affinée et ce buste épanoui. D’étudiante en uniforme, elle se découvrait jeune aristocrate et cela la troublait. Ce n'était pas seulement la robe qui la faisait comtesse, mais surtout dix-sept années d’éducation et d’évolution dans ce monde privilégié. Elle imaginait qu’une paysanne de son âge, parée de la même tenue, n’aurait peut-être pas eu les mêmes gestes et le port qui vont avec. C’était d’ailleurs pour cela aussi qu’elle se battait. Pour que tous ceux qui mettaient pied sur cette terre aient les mêmes chances de goûter au plaisir de la vie. Comtesse, l’était-elle? Le serait-elle réellement un jour ? Elle l’ignorait et, surtout, elle ne savait pas si elle le souhaitait.

Jean-Michel PAYET, Dans la nuit blanche et rouge.

Editions Les Grandes Personnes

512 pages – 18€

Paru en 2012

L’auteur : JEAN-MICHEL PAYET est né en 1955 et vit tout près de Paris. Architecte, illustrateur et écrivain, il est notamment l’auteur de  Ærkaos  et de Mademoiselle Scaramouche aux Éditions des Grandes Personnes, et des séries Blue Cerises et 2065, parues chez Milan.

Blog de l’auteur : http://jean-michelpayet.hautetfort.com