22/02/2015
Je m'appelle LIVRE et je vais vous raconter mon histoire (J. AGARD)
« Je m’appelle LIVRE et je vais vous raconter mon histoire. »
Quand Livre raconte sa propre vie, c’est une histoire de plus de 5000 ans qui commence !
Des tablettes sumériennes à l'arrivée de l'e-book, Livre présente avec beaucoup d'humour son autobiographie. Et sa vie se lit comme un roman ! Les vingt petits chapitres se savourent comme des friandises : Livre nous apprend qu'il a eu sa période rock and roll pendant des siècles, que grâce aux Romains il a eu un dos en bois, que les moines l'ont enluminé au Moyen Âge, qu'il a un faible pour la lettre "P" -celle qui "évoque tant de bons moments de sa vie" : papyrus, parchemin, papier, presse d'imprimerie, poche, publication… et aussi qu'il a une capacité de résistance et un vrai sens de la famille avec son frère, e-book !
Du vieil anglais boc, bois de hêtre, le « bouquin » passe en revue ses différentes métamorphoses, truffe son discours de citations et d’illustrations noir et blanc, et offre une très jolie mise en abîme de ce qu’il est, sans céder aux lamentations de la modernité :
Quand j’étais tablette d’argile,
n’étais-je minéral ?
Quand j’étais papyrus,
n’étais-je pas végétal ?
Quand j’étais parchemin,
n’étais-je animal ?
Pourquoi m’inquiéterai-je
de devenir digital ?
John AGARD, Je m’appelle LIVRE et je vais vous raconter mon histoire
Nathan
Paru en 2015 - 144 pages – 13,90 €
L’auteur : né en 1949 en Guyane, John Agard est poète, romancier, auteur pour enfants et il vit aujourd'hui en Grande-Bretagne.
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La vie au bout des doigts (O. CHARPENTIER)
« La surveillante de nuit passa dans le dortoir, un sifflet aux lèvres et une lampe à la main. »
Novembre 1913. Après plusieurs année de pensionnat, Guenièvre, quatorze ans, est une jeune fille rejetée et mal dans sa peau. Certains la traitent de sorcière... Seule l'amitié de Pauline, qui l'ouvre aux réalités de son époque, illumine son existence.
Un jour, elle est recueillie par sa grand-mère et apprend la vie à la campagne dans un vieux manoir en ruine mais entourée aussi de l'affection de Perpétue, la fidèle cuisinière, et du bel Edmond, bientôt mobilisé. La Belle Époque bascule alors dans la Grande Guerre et la vie de chacun, hommes, femmes, enfants, s'en trouve bouleversée. Guenièvre devra se battre, elle aussi, à l'arrière, pour survivre au quotidien, percer le secret de sa famille et se découvrir elle-même…
Magnifique roman sur une jeune fille sensible, différente et qui, quoique peu épargnée par la vie, va peu à peu se reconstruire et s’ouvrir aux autres, La Vie au bout des doigts est également une grande fresque historique qui apporte un regard décalé sur la première guerre mondiale, celui de « ceux de l’arrière », les civils, les femmes, les enfants.
Situant une partie de son histoire non loin du front, Orianne CHARPENTIER apporte un peu de lumière à tous ces anonymes qui vécurent eux aussi dans leur chair cette guerre atroce. Mêlant réel et littérature, elle fait s’entrecroiser Guillaume Apollinaire et Victor Hugo (par le biais de sa domestique…), don de guérisseuse et lettres de poilus, et réussit un très beau roman.
Poétique, sensible, subtil, mais également profondément humaniste, La Vie au bout des doigts est une très belle lecture.
- Est-il possible, finit-elle par murmurer, est-ce qu’il est possible de provoquer le mal juste parce qu’on dit qu’on le veut ?
Elle se tenait près de Mlle Campan dans le salon de dessin et elle tentait de dessiner les reflets des eaux en contrebas. Le jeune femme haussa les sourcils, observa son élève, lui prit la mal.
- Non, non, bien sûr que non, cela n’est pas possible. Quel que soit ce qui vous tourmente, vous n’êtes coupable de rien.
Guenièvre l’écouta de toute son âme. Mais elle ne la crut pas.
A partir de ce jour-là, elle eut définitivement peur de tout ce qu’elle éprouvait. Et cette peur demeura encore, même après que le fleuve eut regagné son lit, au mois de mars.
Orianne CHARPENTIER, La Vie au bout des doigts
Scripto - Gallimard
Paru en 2014 - 416 pages – 14,50 €
Paru en 2012 en poche – 6,90 €
L’auteur : Née en 1974 à Saigon, pendant la guerre du Vietnam, Orianne CHARPENTIER a passé son enfance au Maroc, puis dans un petit village de Normandie. Après des études de lettres et une école de journalisme, elle a collaboré à des journaux culturels et des magazines destinés à la jeunesse. Elle est aujourd’hui journaliste free lance. Elle a gardé des lectures de ses douze ans (Verne, Kessel ou Dumas) le goût des voyages –ce qui l’a menée au Québec, à Djibouti, en Mongolie, au Kirghizstan, et dans quelques pays d’Europe.
Une interview de l’auteur : http://www.pagedeslibraires.fr/dossier-594/un-don-miraculeux.html?osa=506d3d2522607534dfed978dfca02d0cec80383a
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Ne t'arrête pas (M. GAGNON)
« Lorsqu’elle se réveilla, la première chose qui frappa Noa Thorson, c’est qu’elle avait froid aux pieds - ce qui était bizarre, vu qu’elle dormait toujours en chaussettes. »
Noa se réveille sur une table d'opération, une cicatrice en travers de la poitrine. Elle ne sait pas où elle est, comment elle est arrivée là, ni même pourquoi elle a été opérée. Alors elle prend la fuite. Les tueurs à ses trousses confirment vite ses soupçons : rien de tout cela n'est légal.
La jeune fille, hacker talentueuse et solitaire, vit depuis plusieurs années en marge de la société et pense pouvoir semer facilement ses poursuivants. Elle se trompe : pour la première fois de sa vie, si elle veut survivre, Noa a besoin d'aide. Car elle est la clé d'un terrible secret. Et ceux qui la traquent n'ont aucune intention de la laisser s'échapper.
Une intrigue haletante, une narration menée tambour battant, une héroïne solitaire et déterminée, mais également très touchante, Ne t’arrête pas saura séduire un public adolescent déjà amateur d’Harlan COBEN par exemple…
Noa eut l’impression que la boule de panique qu’elle était parvenue à contenir depuis qu’elle s’était réveillée sur la table d’opération était en train d’exploser. Son coeur battait à tout rompre, lui rappelant l’incision dans sa poitrine. Elle tenta de maîtriser sa respiration saccadée mais elle tremblait de partout. Elle recula au fond de sa chaise en essayant de retenir les sanglots qui montaient.
Pourquoi s’acharnaient-ils à la poursuivre ?
Michelle GAGNON, Ne t’arrête pas
Nathan
400 pages – 16,90 €
Titre original : Don’t turn around – Paru en 2012 – Traduit en Français en 2015
L’auteur : Michelle GAGNON est née en 1971 et est américaine. Elle est auteur de romans policiers et Ne t’arrête pas est son cinquième roman et le premier d’une trilogie.
Site internet de l’auteur (en anglais) : http://www.michellegagnon.com
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07/02/2015
La Malédiction Grimm (P. SHULMAN)
« Il neigeait fort. De gros flocons collants me glissaient dans le cou, car il manquait un bouton au col de mon manteau. »
Elizabeth s’ennuie au lycée. Sur les conseils de son professeur préféré, elle se présente pour un emploi de bibliothécaire. Après un entretien étrange, la voilà engagée. Or, elle s’aperçoit que le Dépôt n’est pas une bibliothèque ordinaire : aucun livre à l’horizon, uniquement des objets…
Ce gros « pavé » de plus de cinq cents pages mêle avec bonheur magie et petites réalités quotidiennes, joue avec les clichés du conte de fées tout en les accommodant à la sauce vingt-et-unième siècle. l’héroïne, Elizabeth, est la laissée-pour-compte, celle que son père délaisse après son remariage au profit de sa nouvelle famille, celle qui enchaîne les corvées, et… celle qui va devenir, à sa grande surprise, l’héroïne d’un véritable conte de fées.
La narration est menée tambour battant et c’est d’ailleurs le reproche que l’on pourrait faire à cette histoire : laisser de côté certains personnages ébauchés pour ne se concentrer que sur les principaux, néanmoins, on ne boudera pas son plaisir avec cette malédiction Grimm, palpitante à souhait !
Puis il prit une profonde inspiration.
- La collection Grimm est l’une des Collections Spéciales du rayonnage 1 – sans doute la plus spéciale de toutes, m’expliqua-t-il. Le fonds initial est parvenue à la bibliothèque en 1892/100 sous forme de legs de la part de Friedhilde Hassenpflug, une petite nièce de Jacob et Wilhelm Grimm.
- Je les connais ! Je viens d’écrire une dissertation à leur sujet pour Monsieur Mauskopf.
- Tu connais donc aussi leurs recueils de märchen, des contes populaires et des contes de fées. Mais ils n’ont pas recueilli que des histoires. Ils ont aussi rassemblé une quantité considérable d’objets.(…)
- Quel genre d'objet collectionnaient-ils ?
- Des choses qui sont mentionnées dans les märchen.
- Que voulez-vous dire ? Les pantoufles de Cendrillon, par exemple ?
- Des choses comme ça, oui.
Décelai-je une pointe de mélancolie dans la voix du Docteur Rust ?
- Nous n'avons pas les vraies pantoufles de Cendrillon, mais c'est l'idée, nuança-t-il.
Je fus soulagée d'entendre que le docteur Rust n’était pas assez fou pour prétendre que le dépôt abritait les véritables pantoufles de Cendrillon. S'il avait dit cela, il aurait vraiment beaucoup exagéré.
- Qu’avez-vous alors ? m’enquis-je.
- Oh, des fuseaux, de la paille, des haricots, des larmes. Un cercueil de verre. Un oeuf en or, entre autres… Les Grimm étaient des collectionneurs sérieux et méthodiques. Bien entendu, au fil des ans, nous avons ajouté à la collection quantité d’objets liés à d'autres contes de fées et folklores. Je suis particulièrement fier de notre fonds français – nous possédons le meilleur après les Archives Extraordinaires de Paris.
Polly SHULMAN, La Malédiction Grimm
Bayard Jeunesse
Paru en 2014 - 510 pages – 15,90 €
L’auteur : Polly SHULMAN vit à New York. Diplômée de Yale, en section maths, elle est aujourd’hui auteur et chroniqueuse dans des journaux tels que le New York Times et Science. Quand elle était lycéenne, elle travaillait dans la grande bibliothèque publique de New York, et avait la clé du département des documents rares….
Site internet de l’auteur (en anglais) : http://pollyshulman.com
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