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31/05/2010

Teen Song (C. DESMARTEAU)

teen_song.jpg« C'est ma tante qui m'a offert ce carnet.  »

Elle a quinze ans, va au collège et griffonne tout le temps. Sur tout. Et elle est passionnée par Led Zeppelin, un groupe « pas vraiment de son âge ». Ses parents sont divorcés et elle vit avec sa mère et son beau-père. Elle adore son petit frère de trois ans, « qui sent bon le bébé », et déteste son  « collège de curé » où sa mère l'a inscrite pour échapper à la ZEP. C'est l'histoire d'une adolescente de son temps, avec ses doutes et ses enthousiasmes, ses révoltes et ses expériences.

Il y avait « Teen spirit » de Nirvana, voici « Teen song » de Claudine DESMARTEAU. Mêmes riffs nerveux, mêmes ruades dans les brancards, même révolte qui brûle tout, même esprit en ébullition. Dessins comme griffonnés  nerveusement, mots qui sortent comme ils seraient prononcés, le roman de Claudine DESMARTEAU sent l'authenticité et c'est une vraie bouffée de jeunesse qui vous saisit à sa lecture.

Bien sûr, la langue n'est pas toujours châtiée, bien sûr la syntaxe se joue des codes, mais la vérité est là, et les idées aussi. Loin de faire un roman à la gloire d'une « fan », l'auteur dessine des instantanés de vie d'une adolescente de son temps, avec son iPod et ses angoisses face à la crise. Claudine DESMARTEAU a su trouver le ton juste, sans jamais qu'il paraisse artificiel ou forcé, et le vecteur de la musique de Led Zep' pour dire tout ce que son héroïne ne parvient pas à retranscrire avec ses mots à elle. C'est un admirable témoignage sur l'adolescence, celle d'une ado sans problèmes  a priori, sinon celui de devoir grandir...

J'ai 15 ans et je massacre les petits airs pourris qu'on doit apprendre à la flûte à bec. Je chante faux, je suis nulle en maths et je sais pas ce que je veux faire plus tard. Ce que j'aime, c'est écouter de la musique et dessiner. Je me rappelle plus quand j'ai commencé, mais je dessine et je gribouille tous les jours. Mais gribouilleur, c'est pas un métier sérieux.

Je veux pas faire un métier sérieux, comme médecin ou informaticien ou chimiste ou avocat ou pharmacien ou commercial. Alors j'angoisse.

Claudine  DESMARTEAU, Teen Song.

Albin Michel

190 pages - 12,50€

Paru en 2009

L'auteur : Claudine DESMARTEAU est une illustratrice et auteur française qui a suivi des études d'arts appliqués, puis travaillé dans plusieurs agences de publicité. Elle a commencé ensuite à dessiner pour la presse  en parallèle (Le Nouvel Observateur, Les Inrocks).

Une interview de l'auteur : http://www.ricochet-jeunes.org/invites/invite/23-claudine-desmarteau

Site internet : http://claudine.desmarteau.perso.sfr.fr

28/05/2010

Percy Jackson - La Bataille du labyrinthe (R. RIORDAN)

« Je n’avais vraiment aucune envie de faire exploser une école de plus pendant les grandes vacances. »

Et pourtant… Percy joue décidément de malchance : il va rencontrer de nouveaux monstres, encore inconnus au bataillon, les empousas. Avant de retrouver la colonie des Sang-Mêlés et de repartir pour de nouvelles aventures, à la poursuite de Minos dans le labyrinthe de Dédale. Parallèlement à cela, Nicolas Di Angelo s’enfonce dans le monde de la nuit, tandis que Grover poursuit sa quête du dieu Pan et va découvrir quelque chose de terrible pour notre monde…

Un volume plein de multiples rebondissements que ce quatrième tome des aventures du fils de Poséidon. Une fois de plus, les intrigues se ramifient, les personnages s’étoffent, les liens se font et se défont et le compte à rebours s’accélère : à la fin de ce volume, Percy fête ses quinze ans et n’est plus qu’à un an de la fameuse malédiction.

Le personnage de Nicolas Di Angelo se distingue particulièrement de l’ensemble. Esquissé dans le tome précédent, il prend ici de l’ampleur, s’affirmant en parallèle du personnage de Percy, comme un contre-point à la fois énigmatique et touchant. Énigmatique de par ses origines et son histoire, que lui-même ignore en partie, et touchant à cause de sa jeunesse et de sa solitude. Enfin, Rick RIORDAN profite de son livre pour délivrer un message « écologique » via le dieu Pan, message qui ne pourra que toucher les jeunes lecteurs.

Mais mon nom, Pan… à l’origine, il signifiait « campagnard ». Le savais-tu ? Et puis, au fil des ans, il en est venu à signifier « tout ». L’esprit de la nature doit se répartir entre vous tous, maintenant. Tu dois le dire à tous ceux que tu rencontres : si vous voulez trouver Pan, faites vivre son esprit en vous. Recréez la nature sauvage, par petits bouts, chacun dans votre coin du monde. Vous ne pouvez pas compter sur quelqu’un d’autre, pas même sur un dieu, pour le faire à votre place.

Rick RIORDAN, La Bataille du labyrinthe.

Wiz – Albin Michel

410 pages – 13,50 €

Titre original : The Battle of the Labyrinth – Paru en 2008 – Traduit en français en 2010

L’auteur : né en 1964, Rick Riordan a d’abord suivi des études musicales pour devenir guitariste. C’est pourtant en littérature anglaise et en histoire qu’il sera diplômé. Après quinze ans d’enseignement, il se consacre à l’écriture. Ses romans policiers pour adultes lui ont valu trois des prix littéraires américains les plus prestigieux.

Site internet (en anglais) : http://www.rickriordan.com/

Rappel : le tome 1, Le voleur de foudre ; le tome 2, La Mer des monstres ; le tome 3, Le Sort du Titan ; le tome 4, La Bataille du labyrinthe ; le tome 5, Le Dernier Olympien.

26/05/2010

La saga Mendelson - Les Insoumis (F. COLIN)

La saga Mendelson T2.jpg« Mi-novembre 1929, deux semaines seulement après le terrible krach boursier qui va plonger le pays dans une crise économique sans précédent, David Mendelson est de retour à New York, sans sa femme mais avec ses deux fils, alors âgés de quatre ans. »

Désormais chef de famille, David MENDELSON poursuit son itinéraire : journaliste à New York, il va notamment « couvrir » l’enlèvement du bébé Lindbergh tout en s’occupant de ses deux fils, Walter et Ralph, orphelins depuis le décès tragique de leur mère. De son côté, sa sœur, restée à los Angeles, va elle aussi continuer sa vie. Divorcer, puis se remarier, avoir deux autres enfants. C’est désormais à cette deuxième génération que l’on va s’intéresser, se penchant sur cette jeunesse des Fifties, pas si insouciante que cela.

Autre temps, autre histoire, nous sommes désormais en plein dans le vingtième siècle, sa frénésie et ses excès. Les personnages sont plus nombreux, les temps et les lieux également, mais Fabrice COLIN a su conserver une trame narrative forte, autour du personnage de son désormais patriarche David. Curieusement, la grande histoire s’efface un peu au profit de la familiale. Hormis les conséquences de la crise de Vingt-Neuf et la Seconde Guerre mondiale, l’intrigue se concentre davantage sur les heurs et malheurs des Mendelson ; reste néanmoins une poignante évocation de la Shoah à travers le personnage de Batsheva et de son escapade européenne.

Fabrice COLIN, fidèle à sa technique narrative polyphonique, la développe encore dans ce volume : cette fois-ci, outre les entretiens avec les membres de la famille, les extraits de journaux intimes (toujours plus nombreux), les photos, ce sont désormais des extraits de romans qui sont insérés dans sa trame, apportant un effet d’écho toujours plus éclairant pour l’ensemble. La complexité des personnages enfin permet de relancer régulièrement l’action sans jamais lasser le lecteur, qui passe de l’un à l’autre avec bonheur.

Il sourit : « Bah, nous autres, les Mendelson, devons avoir cela dans le sang. L’exil, l’insoumission. Au fond, et malgré l’irrépressible besoin de changement qui nous taraude, nous voulons toujours la même chose : être là où l’histoire se construit. Je suppose que tu as longuement réfléchi ? »

Ralph sourit à son tour. « Bien sûr que non. »

Fabrice COLIN, La Saga Mendelson – tome 2 : Les Insoumis.

Seuil

294 pages – 16,50€

Paru en 2009

La Saga Mendelson : Les Exilés (T1)Les Insoumis (T2)Les Fidèles (T3)

L’auteur : Né en 1972, Fabrice COLIN est un auteur prolifique et reconnu de Fantasy. Il a publié de nombreux romans, romans graphiques, BD et nouvelles en jeunesse et en adulte. Il a été primé pour : Le Cycle d'Arcadia : Vestiges d'Arcadia, prix Ozone 1999 (Meilleur roman de fantasy francophone). Dreamericana, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman français). CyberPan, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman jeunesse)

Site internet : http://dreamericana.free.fr/fabricecolin.htm

17:41 Publié dans Historique | Lien permanent | Tags : fabrice colin, mendelson, juif, 20ème siècle, usa, seuil | |  Facebook | | |

18/05/2010

La Douane volante (F. PLACE)

La douane volante.jpg« La Bretagne, c'est ce grand bout de granit qui termine la France, à l'extrême pointe du continent : Finis Terrae, disent les savants.  »

En 1914, Gwen a quatorze ans. Ne sachant que faire de cet adolescent maladif et souffreteux, sa mère le place chez le vieux Braz, un rebouteux, qui va lui transmettre son savoir. Mais le vieux Braz va mourir et bientôt, la charrette noire de l'Ankou viendra chercher Gwen pour l'emmener dans un étrange pays, où règne la Douane volante, où la langue est ancienne, où Gwen l'Egaré va se révéler un guérisseur recherché.

Étrange roman que celui de François PLACE. Initiatique, onirique, inquiétant, le récit est tout à la fois. A la suite de Gwen, narrateur de son histoire, nous pénétrons dans un monde qui n'est ni tout à fait le même, ni tout à fait différent du nôtre, où les passions sont toutes aussi violentes mais où les frontières semblent anéanties. C'est un monde dont on ne sort pas. Mais d'ailleurs, comment y est-on entré ?

La mer est omniprésente, s'immisçant jusque dans les canaux de ses villes que l'on devine du Nord, la déliquescence aussi, les vapeurs d'alcool, il est très difficile de se repérer dans cet ouvrage unique : car derrière  cet univers trouble comme à travers une vitre de verre dépoli, on devine notre monde bouleversé, celui de la Grande Guerre de 14-18 et ses « jardins de fer », « comme si l'étoffe du temps pouvait se déchirer ».

François PLACE dit avoir voulu retrouver l' « atmosphère hollandaise du XVIIe : une terre plate, un monde rural » : il a placé son héros au cœur d'une toile où il le regarde apprendre à s'en désengluer. Est-on dans le rêve, dans la réalité ? Lui-même affirme avoir voulu « retrouver des visions du monde qui ne [soient] pas seulement rationnelles ». Son roman peut déranger le lecteur de quinze ans et plus dans ses repères traditionnels, mais il mérite cependant que l'on s'y plonge.

On allait cueillir des plantes avant l'aube. Il appelait ça les « simples », et moi je trouvais ça compliqué. Il en prenait une dans ses grandes mains noueuses, il la nommait de sa voix caverneuse, il frottait une feuille, la portait à son nez, et m'enjoignait de retenir son odeur. Il m'obligeait à distinguer chaque partie, à compter les pétales ou les lobes, à en goûter la sève. Il me faisait déterrer des racines, les nuits de pleine lune, qu'il fallait faire bouillir, ou bien réduire en poudre. On faisait aussi des choses un peu moins propres, avec des vers, des larves de ceci ou de cela qui se tortillaient sur du gros sel avant de finir broyées dans un mortier. Lui, rien ne le dégoûtait, sauf la connerie des hommes, selon ses propres mots.

François  PLACE, La Douane volante.

Gallimard Jeunesse

334 pages - 13,50€

Paru en 2009

L'auteur : François Place, né en 1957, a étudié à l'école des arts et industries graphiques Estienne à Paris, avant de travailler comme illustrateur, d'abord pour la publicité, puis pour l'édition jeunesse. En 1992, il passe à l'écriture de fiction avec un premier album remarqué «Les derniers géants», couronné par de nombreux prix. Son atlas imaginaire, «L'Atlas des géographes d'Orbæ», qui explore ving-six pays cartographiés comme des lettres de l'alphabet, est paru en trois tomes, entre 1996 et 2000. Il a reçu également plusieurs prix, dont un à la foire internationale de Bologne et un prix spécial «sorcières» décerné par les libraires jeunesse. Son dernier album, «La fille des batailles», a reçu le baobab du salon du livre de Montreuil. Ses albums parlent de l'ailleurs, des voyages, de la rencontre. Comme illustrateur, il a collaboré avec des auteurs comme Michael Morpurgo, Erik Lhomme, Timothée de Fombelle. Il a également travaillé pour le site internet jeunesse du musée du Louvre. En janvier 2010 est paru son premier roman «La Douane volante».

15/05/2010

Mes deux Allemagne (A.C. VOORHOEVE)

Mes 2 Allemagne.jpg« Vous permettez, mademoiselle  ? Vous paraissez si triste ! Toute seule dans votre coin... »

Hambourg, 1988. Lilly vit avec sa mère, Rita, et le compagnon de cette dernière, un Français prénommé Pascal. L'histoire familiale est rocambolesque : Rita est une transfuge de l'Allemagne de l'Est ; pour le père de Lilly, Jochen, décédé alors qu'elle n'était qu'un bébé, Rita a abandonné sa sœur à Iéna et choisit la fuite sans fuite sans retour. De cette sœur qui l'a recueillie à la mort de leurs parents, elle n'a plus que des souvenirs et quelques photos qu'elles échangent par delà le mur...

Mais Rita souffre d'un cancer  et c'est lors de ses funérailles que Lilly  va enfin faire la connaissance de cette fameuse sœur, Léna. Dès lors, elle n'aura plus de cesse que d'aller la rejoindre, à l'Est...

C'est un temps que les « moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » qu'évoque ce formidable roman tout en subtilité. Sa construction complexe, les implications historiques et politiques pourraient décourager le lecteur or il n'en est absolument rien ! S'ouvrant au début des années 2000, il procède par retours en arrière qui s'imbriquent à l'intérieur des uns des autres pour constituer une histoire poignante, troublante et dérangeante à la fois.

Poignante car on suit tout le travail de deuil de la jeune fille et l'on partage sa quête désespérée pour reconstituer ce qui a été brisé des années plus tôt, troublante car le roman d'Anne Charlotte VOORHOEVE interroge sur les valeurs qui constituaient les deux blocs, Est et Ouest de jadis, impérialisme et communisme, et dérangeante enfin car l'on découvre que rien n'est anodin et que chaque geste, même le plus évident, peut avoir des conséquences dramatiques. Les lecteurs à partir de quatorze ans ne pourront qu'apprécier, à condition d'avoir une certaine connaissance politique et historique du vingtième siècle (le programme d'Histoire de troisième...).

De même que tous ceux de ma génération, j'ai grandi dans une Allemagne divisée en deux pays distincts, appartenant chacun à un bloc différent. Je savais qu'un conflit larvé opposait l'Est et l'Ouest depuis la dernière guerre, que les fusées soviétiques étaient braquées sur nous et que les roquettes américaines les tenaient en respect. Mais je ne me posais pas de questions. Du moment que le pays dans lequel je vivais, la RFA, était du bon bord !

Anne C. VOORHOEVE, Mes Deux Allemagne.

Bayard Jeunesse

348 pages - 11,90 €

Titre original : Lilly unter den Linden - Paru en 200 - Traduit en français en 2009

L'auteur : Anne Charlotte VOORHOEVE est née en 1963, en Allemagne. Après des études de sciences politiques, d'histoire et de littérature comparée, elle a été journaliste et éditrice. Depuis 2000, elle se consacre à l'écriture de romans.