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16/08/2010

Biture express (F. AUBRY)

Biture express.jpg« Quelque chose frôle mon visage.  C’est métallique, c’est glacé, qu’est-ce que ça peut être ? »

Depuis dix ans, tous les étés, Sarah et sa famille se retrouvent au camping de la Kabylie, dans le sud de la France. Là, tout le monde se connaît, les parents ont vu grandir les enfants des uns et des autres, on s’amuse, on bronze, on fait la fête. Tous les soirs. Les parents partent ensemble et les enfants ont le camping pour eux. Et les bouteilles.

Sarah, comme la plupart de ses amis, fait la fête tous les soirs. Et boit. Beaucoup. Cela fait un an que cela dure et chaque matin ou presque de cet été, elle se réveille plus amnésique que la veille pendant que sa petite sœur de treize ans assiste, impuissante, à ce carnage. Et qu’elle la « couvre », lavant les vêtements qui empestent le vomi…

Aussi provoquant dans son titre que dans son histoire, Biture express est un récit-miroir car il renvoie chacun à quelque chose qu’il a pu vivre, de près ou de loin.  C’est une réalité presqu’anodine que dépeint Florence AUBRY : l’été, les apéros festifs qui s’éternisent, les parents qui ne voient pas leur enfants grandir, l’aveuglement généralisé de tous.  Car c’est  toujours « aux autres » que cela arrive, jamais à soi, jamais chez soi. Jusqu’au drame.

L’auteur joue habilement des points de vue pour faire percevoir la réalité de la situation : celui de Sarah, celui de Gaby, sa sœur, celui de Lucas, l’amoureux de Sarah à la lourde histoire. Si son roman n’est pas pesant ou moralisateur, c’est qu’il n’accable personne, pas plus qu’il ne défend l’un ou l’autre. Chacun a toujours ses bonnes raisons pour faire ce qu’il fait. Mais ce que décrit parfaitement Florence AUBRY, c’est l’implacable enchaînement de circonstances qui peut mener à la catastrophe.

Biture express est un roman que l’on « descend » d’un trait, mais dont on ne sort pas indemne. C’est une lecture salutaire. Et édifiante.

L’alcool a pénétré mon sang, directement. J’entends moins bien. Je vois moins bien. Je me sens moins tout. Moins triste moins vulnérable. Je me sens plus. Plus belle plus drôle plus forte. C’était une bonne idée finalement, ce verre obligé. Plus triste plus amoureuse. Je voudrais qu’il soit là. Je m’en fiche qu’il ne soit pas là.

Et soudain c’est fini le ni oui ni non et on y va, tout le monde se lève, on décolle, on part, on bouge. Je voudrais un dernier verre, avant la route. Je n’ai pas envie que l’effet se dissipe. Je veux rester où l’alcool m’a emmenée. Tout y est doux. Il n’y a pas d’angles là-bas. J’y suis bien. Même le chagrin y est doux.

Florence AUBRY, Biture express.

Mijade

192 pages – 8 €

Paru en 2010

L’auteur : née à Besançon, Florence Aubry y a fait toutes ses études : licence de lettres modernes et licence de sciences du langage, puis elle intègre une licence de géographie, jusqu’au DEA. Florence Aubry a passé ensuite le Capes de documentation et sa première affectation a été un collège de la Somme où elle restera cinq ans avant de rejoindre le Languedoc Roussillon. Elle est professeur documentaliste en collège et habite actuellement un petit village à quelques kilomètres de Narbonne.

Un autre extrait "Nous, c'est pas pareil".

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