Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/02/2012

Au nom du Père, du Fils et de John Lennon (L. SCHAACK-G. HAMEL)

« Quand j’ai rencontré Cornelius Caine, je rentrais juste d’un concert dans la ville de High Wycombe, pas très loin de Londres. »

Celui qui prononce ces mots, c’est Chris, un des multiples narrateurs de cette histoire. Lui, c’est un mods, un prolo, dont la route va croiser un soir celle d’un gosse de riche, Cornelius Caine, un jeune aristocrate bègue et névrosé qui se morfond dans un collège huppé jusqu’à ce que sa grand-mère Théodora l’en extirpe. Elle va charger sa nièce Alice, une jeune londonienne mannequin à ses heures, de l’initier à ce « swinging London » qui débute. Cornélius va alors rencontrer les Beatles et notamment le plus imprévisible d’entre eux, John Lennon, avec qui il va nouer une drôle de relation…

« Roman Pop Sixties », tel est sous-titré cet étonnant Au nom du père, du fils et de John Lennon qui nous fait entrer, à la suite du jeune Cornelius Caine, dans l’univers des Beatles, de Bob Dylan et des Rolling Stones. C’est tout un pan de l’histoire de la musique qui défile sous nos yeux, mais avec personnages qui ne sont pas encore des légendes, seulement de jeunes adultes un peu trop vite poussés en graine.

Si la peinture de ce Londres de 1964-1965 est remarquablement bien restituée, on s’attache surtout au personnage de Cornélius, pauvre petit garçon riche, fils d’un soldat américain reparti retrouver sa famille en 1945) et qui ne cesse de se chercher. Affligé d’un handicap – il est bègue – trop grand, trop long, il va devenir photographe, guidé par sa passion de la musique rock. Autour de lui gravite une galerie de personnages représentative de l’époque, pauvres et riches mêlés, mannequins et garagistes, managers et musiciens ratés, qui chacun à leur tour prenne la parole pour donner leur version des faits.

Cela donne un sympathique roman, bien rythmé (c’est la moindre des choses), qui restitue la fraîcheur et la naïveté de cette époque, cette manière de croire que tout était possible et que le monde appartenait à ceux qui voulaient le changer.

Historique et musical, pop et « in », ce Au nom du père, du fils et de John Lennon est aussi instructif que divertissant.

Je ne sais pas si les gens s’en rendent vraiment compte, mais c’est une telle aubaine de pouvoir vivre sa jeunesse dans l’Angleterre de 1964 !

Il me suffit de regarder comment tous ces jeunes gens sont vêtus aujourd’hui. La métamorphose est flagrante lorsqu’on se promène dans Londres. Il y a quelques mois encore, les hommes d’affaires s’habillaient comme des hommes d’affaires, les ouvriers comme des ouvriers et les ménagères… eh bien, comme de vieilles ménagères ! Tout était bien rangé, étiqueté depuis des lustres. Les femmes étaient des femmes, et les hommes, des hommes. A présent, tout se mélange et se confond. Et je me régale… Cela fait tant d’années que je me bats pour que tombent les barrières qui séparent les sexes ! Les jeunes garçons se maquillent les yeux, les filles se coupent les cheveux. Plus vous avez l’air androgyne, plus vous êtes « in », comme dit cette génération… Les jeunes mods qui travaillent dans les usines sont plus élégants que les paris du Royaume. Les dactylos sont plus à la mode que les riches héritières.

Laurence SCHAACK – Goulven HAMEL, Au nom du Père, du Fils et de John Lennon.

Backstage -

240 pages – 10,50€

Paru en 2012

Feuilleter les premières pages : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092528679

Les auteurs :

Laurence SCHAACK est auteure de romans adultes et jeunesse et de documentaires pour enfants. Elle a également été journaliste radio et de presse écrite pendant quinze ans.

Goulven HAMEL est musicien rock, journaliste pigiste, auteur de plusieurs romans. Il enseigne également l’histoire de la musique.

17/02/2012

L'Ecole est finie (Y. GREVET)

« Les tronçonneuses, les débroussailleuses et les taille-haies seront en promotion durant toute la semaine dans tous les magasins Jardins et Maisons. »

Nous sommes en 2028 et, depuis la Grande Crise du début du XXIème  siècle, rien n’est plus pareil : les enfants de pauvres, dès le CP, travaillent en alternance dans des entreprises car leurs parents ne peuvent pas payer les frais de scolarité des écoles ordinaires ; ils n’ont plus de maître, mais un « démonstrateur pédagogique » et portent l’uniforme de l’entreprise. Ils commencent tôt le matin et finissent tard le soir, essayant d’être le plus efficace possible pour rapporter à leurs parents des bons d’achat qu’ils échangeront avec ceux d’autres entreprises…

Après Matin brun de Franck PAVLOFF, L’Ecole est finie d’Yves GREVET s’inscrit dans la droite ligne de ces fables qui n’en sont pas vraiment, petits opuscules invitant à ne pas rester passifs face au présent. Le court – très court (45 pages) – roman d’Yves GREVET fait froid dans le dos par son efficacité et sa lucidité. La société qu’il dépeint, gouvernée par l’argent et constituée d’injustices, où seuls les plus forts – entendre les plus riches – survivent, est d’une troublante actualité et ne peut qu’interroger chacun sur ce qu’il attend pour son avenir et celui de ses enfants.  

Dans ce monde de 2028, on ne sait plus ce qu’est un livre – on ne connaît que les catalogues des magasins – et on doit faire partie des heureux gagnants de la loterie qui auront le droit de se faire soigner les dents. Heureusement, il existe, bien cachées, des lieux de résistance : les « écoles du maquis », où d’anciens instituteurs à la retraite enseignent « comme autrefois » dans l’échange et l’ouverture d’esprit, où l’on apprend l’histoire qui aide à mieux comprendre d’où l’on vient et où l’on arrive. Mais ces écoles sont traquées et les enfants qui les rejoignent doivent couper les ponts avec leurs familles…

Livre sur l’école, bien sûr, mais aussi sur notre société telle qu’elle est et telle qu’elle est en train de devenir, L’Ecole est finie est un livre à lire absolument. Destiné aux enfants à partir de neuf ans, ces derniers y verront une fable de science-fiction là où leurs parents sauront y voir autre chose, plus inquiétant…

(Lila) aussi fait partie des enfants de pauvres qui, dès le CP, travaillent en alternance dans des entreprises parce que leurs parents ne peuvent pas payer les frais de scolarité des écoles ordinaires. Les siens ont choisi l’autre alternative locale, un restaurant de la chaîne Speed-fooding, pour une raison bien simple : le repas de midi y est offert. Mes parents ne voulaient pas que je fasse le même choix. Selon eux, les activités de préapprentissage sont beaucoup moins variées chez Speed-fooding que chez Jardins et Maisons. Moi, je peux être initié au bricolage ou au jardinage quand il n’y a pas de tâche plus urgente à effectuer, Lila, elle, se contente d’apprendre à cuire différentes denrées surgelées, à éplucher des fruits et des légumes transgéniques ou à faire le ménage. Ma mère avait surtout peur que je ne sois sujet au surpoids ou à l’obésité, comme la grande majorité des enfants qui fréquentent cet établissement.

Yves GREVET, L’Ecole est finie.

Mini Syros

45 pages – 3€

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748511871

L’auteur : Yves GREVET est né en 1961 à Paris. Il est marié et père de trois enfants. Il habite dans la banlieue est de Paris, où il enseigne en classe de CM2. Il est l’auteur de romans ancrés dans la réalité sociale. Les thèmes qui traversent ses ouvrages sont les liens familiaux, la solidarité, l’apprentissage de la liberté et de l’autonomie. Tout en restant fidèle à ses sujets de prédilections, il s’essaie à tous les genres. Après Méto, une trilogie de science-fiction, il a signé avec Seul dans la ville entre 9h00 et 10h30 son premier roman d’enquête.

Site de l’auteur : http://la-charte.fr/sites/yves-grevet/

10/02/2012

Ava préfère les fantômes (M. BERNARD)

« La première fois qu’Ava vit Billie Gombrowicz, elle crut qu’elle était morte. »

Depuis ses trois ans, Ava sait qu’elle a un don. Ou plutôt une malédiction : elle voit les morts. Du moins ceux qui reviennent hanter le monde des vivants sous forme de fantômes. Autant dire que ce genre de chose ne vous facilite pas la vie sociale…

Ses parents étant sur le pont de divorcer, Ava a été envoyée passer ses vacances chez son oncle blond et glacial, Vincent Bazire, oncle qu’Ava n’a pas vu depuis ses trois ans et qui vit sur l’île de Jersey. Et qui organise l’exposition d’un trésor viking récemment découvert dans son manoir.  C’est là qu’Ava va faire la connaissance de Billie Gombrowicz.

Avec son air de déjà-vu (le film Sixième Sens utilisait le même procédé), Maïté BERNARD réussit un excellent roman, à la fois drôle, policier, historique et truffé de références – celles au Cluedo ne sont pas les moindres. En choisissant de planter son décor sur l’Île de Jersey, elle nous fait découvrir des lieux enchanteurs et propices aux histoires étranges, aux rencontres inattendues et aux décors superbes. Il y a du Club des cinq explorant l’île de Kernach dans cet Ava préfère les fantômes, des trésors vikings, des morts mal élevés et tout cela forme un ensemble hétéroclite et très joyeux, malgré le sujet qui pourrait ne pas l’être. Car on meurt beaucoup dans ce roman…

Le personnage d’Ava est une jolie variation autour du thème de la différence et de l’acceptation de soi. Complexée, timide, sage pour se faire oublier, elle doit apprendre à gérer cet encombrant don et vivre avec. La rencontre avec une autre « consolatrice » va lui ouvrir de nouvelles perspectives et la réconcilier avec elle même.

Plume alerte, personnages loufoques (dont un Viking farouche mais avide de savoir) et paysages magnifiques, ce Ava préfère les fantômes est une vraie réussite.

… mais elle avait continué à se taire et à observer et elle en était arrivée à la conclusion que, pour rendre tout le monde heureux, il suffisait de cacher ce qu’elle était.

Pour ce faire, la première règle à respecter était de ne surtout pas attirer l’attention. D’élève moyenne, elle était devenue bonne. De sauvage, elle était passée à polie et réservée. Quant à sa nervosité, elle l’avait apprivoisée, puis domptée. Il est difficile de se comporter comme on attend qu’une petite fille se comporte en haut d’un toboggan ou à un goûter d’enfants quand on est seule à voir la vieille femme qui pleure sans larmes au bord du bac à sable ou la fillette qui convoite les gâteaux et les présents alors qu’elle ne fête plus son anniversaire depuis plus d’un siècle, si l’on en juge par le col Claudine, la robe à smocks, les pantalons de dentelle et les souliers vernis qu’elle porte. Difficile mais pas impossible.

Maïté BERNARD, Ava préfère les fantômes.

Syros

288 pages – 14,90€

Paru en 2012

Feuilleter les premières pages : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748511901

L’auteur : Maïté BERNARD est née le 11 septembre 1973 à Nîmes. C’est un écrivain français de romans noirs et de romans de littérature générale. Elle a passé son enfance dans le Sud de la France. À l’adolescence, elle est partie vivre en Argentine, à Buenos Aires. Pendant ses études supérieures, elle a aussi vécu deux ans aux États-Unis, à East Lansing dans le Michigan, et à New York. Depuis dix ans, elle est de retour en France, et travaille comme documentaliste à Versailles. Maïté BERNARD a obtenu le prix du polar 2003 de Montigny-lès-Cormeilles pour son premier roman, Fantômes, paru à la « Série Noire » en 2002. Son roman le plus récent, Monsieur Madone, est paru en 2009 aux éditions Le Passage. Aux éditions Syros, elle est l’auteur de Un cactus à Versailles (2009) et de Trois baisers (2010), tous deux dans la collection « Tempo+ ».

18:08 Publié dans Policier | Lien permanent | Tags : syros, ava, bernard, fantome, mort, jersey | |  Facebook | | |

06/02/2012

Coeur guimauve (C. Cassidy)

« Je ne crois pas aux fantômes. »
Après Cherry Costello dans Cœur cerise, c’est au tour d’une des jumelles Tanberry de prendre la parole pour raconter l’automne des « Filles au chocolat ».  Elle a douze ans, est ravissante mais – et on le découvre à travers ce roman – elle vit dans l’ombre de sa sœur Summer, plus sûre d’elle, plus jolie (pense-t-elle) et plus populaire. Un peu trop rêveuse, férue d’astrologie, d’histoire et de dessin, elle est passionnée de mode vintage et va voir sa vie changer quand elle va découvrir une vieille malle ayant appartenue à une lointaine ancêtre, au début du siècle….
Deuxième volume de la série, les Filles au chocolat, Cœur guimauve offre un nouveau point de vue sur cette famille recomposée. Si le premier tome montrait la découverte de cette nouvelle communauté à travers les yeux de la nouvelle venue, celui-ci nous entraîne dans un autre univers, plus onirique, plus solitaire aussi, et nous fait comprendre que les familles nombreuses, c’est aussi la difficulté de trouver une place qui soit propre à chacune, sans léser les autres.
Après avoir joué au roman « pour filles », Cathy CASSIDY a glissé vers un livre un peu plus intime, où l’on pénètre dans l’univers de la rêveuse Skye, hantée par cette arrière-grand tante rebelle et mystérieuse, qui se serait enfuie, rompant ses fiançailles, avec un gitan et depuis mise au ban de la famille. Portant ses vêtements et tentant de se glisser dans sa vie qu’elle reconstitue peu à peu, Skye va se découvrir elle-même et s’affranchir de cette sœur adorée mais si envahissante malgré elle.
Le ton est un peu moins naïf que dans le premier volume, mais le rythme reste là et ce Cœur guimauve est plus doux-amer que doucereux.
Une demi-heure plus tard, la malle est près de mon lit dans la chambre que je partage avec Summer. Je soulève le couvercle et j’écarte doucement le papier de soie chiffonné. L’espace d’un instant, j’ai l’impression de sentir une légère odeur de guimauve, un mélange de vanille et de sucre. Puis elle disparaît, remplacée par l’odeur triste et poussiéreuse du temps passé. Est-ce que cela venait de la cuisine et des muffins de maman, ou était un reste de parfum oublié depuis longtemps ? Même si je ne suis pas sûre que du parfum puisse survivre autant d’années. Ça doit être mon imagination.


Cathy CASSIDY, Cœur guimauve.
Nathan
300 pages – 14,50 €
Titre  original : Marshmallow Skye – Paru en 2011 – Traduit en français en 2012


L’auteur : Cathy CASSIDY a écrit son premier livre à l’âge de huit ou neuf ans, pour son petit frère, et elle ne s’est pas arrêtée depuis.
Elle a souvent entendu dire que le mieux, c’est d’écrire sur ce qu’on aime. Comme il n’y a pas grand-chose qu’elle aime plus que le chocolat… ce sujet lui a longtemps trotté en tête. Puis, quand une amie lui a parlé de sa mère qui avait travaillé dans une fabrique de chocolat, l’idée de la série « les Filles au chocolat » est née !
Cathy vit en Ecosse avec sa famille. Elle a exercé beaucoup de métiers, mais celui d’écrivain est de loin son préféré, car c’est le seul qui lui donne une bonne excuse pour rêver !
Site de l’auteur (en anglais) : http://www.cathycassidy.com