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29/03/2012

Le béton qui coule dans nos veines (L. SCHAACK-G. HAMEL)

nathan,backstage,adolescent,new york,hip hop« Prince G a repéré depuis quelques jours cette ouverture discrètement découpée à la cisaille par d’autres graffeurs. »

New York, 1991, dans le Bronx. Prince G., un jeune graffeur renommé, meurt écrasé par un métro dans un dépôt où il était en train de peindre. L'enquête de police conclut à un suicide. Mais cette réponse ne satisfait pas ses proches et dix ans plus tard, Prince G est toujours dans les mémoires…

Roman Hip Hop de la collection backstage, ce Béton qui coule dans nos veines se révèle un document tout à fait passionnant sur la culture Hip Hop autant qu’un roman presque policier qui explore en revenant en arrière différents aspects de la vie de ce prince G, un jeune Costaricain talentueux. Ce roman, divisé en cinq parties (cinq tracks) présente cinq points de vues différents, depuis ceux des meilleurs amis jusqu’au conducteur du métro.

Le kaléidoscope ainsi formé permet de retracer l’histoire de ce jeune homme et de son entourage tout en appréhendant cette culture Hip Hop avec ses codes et ses figures. L’intérêt de cette narration éclatée est également de faire prendre conscience de l’évolution de chacun des survivants, de leur chemin parcouru dans la vie, avec en filigrane cette question : sont-ils restés fidèles à la mémoire de PRINCE G ?

S’il peut sembler un peu obscur initialement, avec son langage « des rues » et ses références musciales, Le Béton qui coule dans nos veines est un vrai roman d’apprentissage.

Bref, les graffeurs du Bronx, de Harlem ou de Brooklyn étaient en train d’inventer un nouvel et fascinant alphabet. Leurs lettres ressemblaient à des créatures vivantes, organiques, avec des jambages, des bosses, des flèches, des points, des personnages, des boucles… Elles étaient molles, bulbeuses, transparentes, fondues les unes dans les autres ou en 3D… Au fur et à mesure que la technique évoluait, de simples marqueurs à la bombe aérosol et au pochoir, elle inventait ses propres règles. Les graffeurs et leur crew passaient du wagon à la rame entière, en allant toujours plus loin dans l’appropriation de la zone graphique. C’est là que je me suis dit que quelque chose d’important se passait. Pile au moment où la Ville a décidé de lancer la guerre du graffiti. Vous vous souvenez de ça ?

Laurence SCHAACK – Goulven HAMEL, Le Béton qui coule dans nos veines.

Backstage - Nathan

240 pages – 10,50€

Paru en 2012

Feuilleter les premières pages : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092532140

Les auteurs :

Laurence SCHAACK est auteure de romans adultes et jeunesse et de documentaires pour enfants. Elle a également été journaliste radio et de presse écrite pendant quinze ans.

Goulven HAMEL est musicien rock, journaliste pigiste, auteur de plusieurs romans. Il enseigne également l’histoire de la musique.

17:03 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : nathan, backstage, adolescent, new york, hip hop | |  Facebook | | |

28/03/2012

Guerre Et si ça nous arrivait ? (J. TELLER)

« Et si, aujourd’hui, il y avait la guerre en France… Où irais-tu ? »

Imaginons : c’est la guerre – non pas en Irak ou en Afghanistan, quelque part très loin, mais en France, chez nous. L’Union européenne et ses démocraties se sont effondrées et des régimes nationalistes et impérialistes ont vu le jour. Depuis des années, Français, Anglais et Scandinaves se battent. La plupart des villes sont détruites, l’économie est dévastée, et on ne se sent plus en sécurité nulle part. Ceux qui en ont les moyens fuient vers le Proche-Orient, comme le protagoniste de cette histoire, jeune français de quatorze ans. Celui-ci tente avec sa famille de commencer une nouvelle vie dans un camp de réfugiés situé en Égypte. Les conditions de subsistance sur place sont déplorables. Ses parents n’ayant pas encore obtenu d’autorisation de séjour, le jeune homme ne peut ni aller à l’école, ni apprendre la langue locale, l’arabe, ni trouver du travail. Il prend très vite conscience de son statut de citoyen de « troisième zone », et fait l’expérience de l’exclusion et de la haine raciale. Il n’a alors plus qu’une envie : rentrer chez lui, dans son pays, à la maison. Mais où est-ce désormais ?

Court roman se présentant sous la forme d’un passeport européen, le livre de Janne TELLER joue sur le renversement de perspective : et si nous, habitants de confortables régions protégées, devenions des réfugiés politiques ? Fuir, s’exiler puis apprendre à survivre dans un pays étranger où l’on ne maîtrise pas la langue. Voir sa famille de déchirer, s’effriter et se déliter. Devoir renoncer à tout ce qui devait être notre vie avant.

En choisissant de raconter à la deuxième personne, Janne TELLER s’adresse directement à chacun d’entre nous et son roman a d’autant plus de force et d’efficacité qu’il contrait le lecteur à se poser de vraies questions. Celles du choix notamment.

Destinés aux lecteurs à partir de douze ans, ce Guerre Et si ça nous arrivait ? est redoutablement efficace.

Tu as un enfant toi aussi, avec Carine. Et tu devrais être heureux. Ce n’est pas le cas. Ta vie n’est pas du tout ce qu’elle aurait dû être. Elle t’a été volée pour une autre, une autre vie qui n’est vraie ni ici ni là-bas. Vous n’avez jamais eu assez d’argent pour que tu rattrapes tes années d’études perdues. Tu n’en as d’ailleurs plus envie, gêné par la conscience de ton infériorité par rapport aux étudiants de ton âge.

Janne TELLER, Guerre Et si ça nous arrivait ?

Les Grandes Personnes

30 pages – 7,90 €

Titre original : Hvis der varkrig in Norden  – Paru en 2002– Traduit en Français en 2012

L’auteur : Janne TELLER, romancière et essayiste, née à Copenhague en 1964 , est issue d'une famille d'origine allemande et autrichienne.  Son premier roman, L'Ile d'Odin (Actes Sud 2003), une saga contemporaine du fanatisme religieux et politique, est paru au Danemark avec grand succès en 1999. Rien (Editions du Panama 2007), un roman existentiel pour les adolescents, a devenu un Bestseller international et a reçu plusieurs Prix internationaux, le francophone Prix Libbylit 2008 inclus. Europa (Gyldendal, 2004) est un roman qui interroge le sens de l'histoire à travers les épreuves de la guerre de Bosnie et de l'amour contre-Européen, et son nouveau roman, Venez, se concerne l'art et les éthiques. 
 Janne TELLER, qui a également publié des essais et d'histoires courtes, comme l’ouvrage en forme de  passeport Guerre: et si ca nous arrivait? - est membre du comité rédactionnel du magazine intellectuel Lettre Internationale. Son œuvre, qui a souvent suscité la controverse, a reçu de nombreuses récompenses, et est traduit en 18 langues. 
Diplômée en macro économie, elle a vécu et travaillé dans beaucoup de pays du monde entre autres à Dar-es-Salaam, Maputo et New York. En 1995, elle abandonne un poste à l'O.N.U. pour se consacrer entièrement à la littérature. Janne TELLER partage son temps entre New York et Copenhague.

Site de l’auteur : http://www.janneteller.dk/?Fran%E7ais

21/03/2012

Instinct 3 (V. VILLEMINOT)

« Tim sut précisément à quel moment ils entrèrent clandestinement sur le territoire des Etats-Unis. »

Cinq mois après le tragique dénouement de Lausanne, les enfants de McIntyre se sont réfugiés dans la maison de Tim à Missoula, Etats-Unis. Ils sont recherchés par la police et tentent de retrouver la paix dans la clandestinité pendant qu’en Europe, des morts étranges se produisent dans les Alpes. Dépressif depuis la mort de son père adoptif, Shariff va les entraîner à nouveau en enfer…

Troisième et dernier opus de la trilogie, Instinct 3 renoue avec ce qui a fait le succès du premier (et que le deuxième avait un peu perdu) : suspense implacable, violence bestiale et réflexion sur nature et culture. Ce sont désormais deux conceptions  qui s’opposent : ceux qui laissent libre cours à leur instinct de sauvagerie et ceux qui tentent de le museler. Plus question d’expériences, les fauves sont lâchés. Et cela saigne. Beaucoup.

Le couple formé par Flora et Tim se précise et s’installe, il mûrit, ayant désormais un rôle de presque adultes et donc de parents face à Shariff, l’adolescent éternel. C’est donc sur eux qu’il reportera ses souffrances et sa rébellion, les amenant une fois de plus à agir contre leur nature. Pour le reste, Flora est toujours la catwoman-hacker de génie, Tim celui qui cherche à en savoir plus sur les circonstances de la mort de ses parents  et de son frère et Shariff mettra beaucoup de temps avant de revenir le brillant samouraï qu’il a été.

Ce troisième volume approfondit le personnage de Tim, celui par qui tout avait commencé, en l’emmenant à la recherche de lui même dans les tentes de sudation d’Amérique du Nord, et il est à noter que l’auteur propose deux fins : la première, refusée par l’éditeur, est consultable sur Facebook, et elle offre une perspective tout à faite différente du roman, le rendant plus puissant encore. On quitte finalement cette trilogie avec une impression de mains qui se croisent enfin, apaisées, et presque à s’ouvrir sur autre chose…

Il s’était perdu, parce qu’il n’était rien sans eux. Les livres.

Les livres étaient sa famille, son autre famille, plus ancienne, plus précise, plus patiente et exigeante encore que Ronald McIntyre, bien davantage que Flora et Tim, quoiqu’il pût aimer quelqu’un plus que Flora et Tim. La Bibliothèque était son milieu, son biotope, dont il avait besoin et le nourrissait, l’oxygénait, étanchait sa soif, l’abritait, de même qu’il avait besoin d’un aquarium d’eau salée l’autre moitié de son temps. Il avait quitté cette bibliothèque le jour du conseil élargi lorsque le samouraï, armé de son pistolet automatique, avait retourné la situation à lui tout seul. Depuis, Paul avait consommé sa trahison, Matthew était mort, son père était mort, Kate était morte, la Bibliothèque de l’Institut avait brûlé, avec, dérisoires,  fichées dans son plafond calciné, effondré, quelque part parmi les poutres enchevêtrées, trois balles qui avaient sans doute fondu et dont le métal témoignait qu’un gamin avait tenu tête, le dernier, aux prédateurs.

Vincent VILLEMINOT, Instinct 3.

Blast - Nathan

350 pages – 15,50€

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092528372

rappel : Instinct 1 et Instinct 2

Page Facebook du roman : http://fr-fr.facebook.com/pages/Instinct-par-Vincent-Vill...

Interview de l’auteur : http://blog.nathan/jeunesse

L’auteur : Vincent VILLEMINOT a une quarantaine d’années et vit dans les Alpes françaises où il a d’ailleurs situé l’action de son roman. Ancien professeur d’écriture au Caire et ancien journaliste, il est désormais écrivain à plein temps.

11/03/2012

Brise-glace (J-P. BLONDEL)

Friedrich.jpg« Je regarde par la fenêtre la pluie qui s’abat sur la cour du lycée. »

Solitaire, secret, renfermé, Aurélien tente d’être le plus transparent possible dans sa classe. Tout le contraire de Thibaud, « avec un d », le populaire, le champion des amis sur Facebook, le bienveillant aussi. Car Thibaud s’est donné une mission : être le brise-glace d’Aurélien et le faire sortir de sa léthargie volontaire. Pour cela, il va le faire entrer dans son monde, un monde inattendu…

A son habitude, Jean-Philippe BLONDEL propose un personnage d’adolescent prisonnier de lui-même et du regard des autres. A la différence que, cette fois-ci, son héros a réellement vécu une expérience traumatisante et que Brise-Glace va être le récit d’une résilience. A travers une histoire d’apprivoisement progressif, les deux garçons vont se découvrir et partager une passion pour un mode d’expression contemporain : le slam. C’est par le slam qu’Aurélien va enfin briser sa glace et laisser fondre ses digues.

Mais Brise-Glace n’est pas pour autant un roman où la musique est omniprésente, c’est bien plutôt une ode à l’écriture, « c’est en écrivant que je me reconstitue », à l’amitié, à la maladresse aussi car, en voulant aider, on blesse parfois, et à l’égoïsme aussi, dans le sens salutaire du mot : se retrouver soi pour mieux aller vers l’autre. Le style est fluide, presque limpide, et l’écriture coule de source, comme cette vie retrouvée.

Je ferme les yeux, mais je sens sa présence. A l’intérieur de moi, c’est un festival de sentiments contradictoires. De l’inquiétude, de la fierté, de la rage, de la gratitude. C’est comme ça, les yeux fermés sur le lit de l’infirmerie, que je tente d’expliquer, à voix basse. D’expliquer que je me sens comme ce mec, en haut de la montagne, depuis quelques temps ; je ne veux pas regarder en arrière, mais devant, ça m’effraie aussi, alors je reste là, tout au bord du précipice, je joue avec l’idée de me jeter dans le vide et de trouer les nuages, mais je ne le fais pas parce qu’il y a une partie de moi qui a vraiment envie de vivre, de vivre des trucs extraordinaires, de vivre à pleins poumons, simplement, je ne sais pas comment faire.

Jean-Philippe BLONDEL, Brise-glace.

Acte Sud Junior

110 pages – 10 €

Paru en 2011

L’auteur : Jean-Philippe BLONDEL est né à Troyes, en 1964. Il est marié, a deux enfants et enseigne l’anglais dans un lycée de province depuis bientôt vingt ans. Il a aussi un vice – il aime lire. Pire encore, il aime aussi écrire. Il a publié de nombreux romans.

Un dossier sur l'auteur à télécharger.

10/03/2012

Le Carnet rouge (A. HEURTIER)

« Une sonnerie me vrille les tympans. »

Marie a seize ans. Elle vit dans la banlieue lilloise avec sa mère, Anne, qui travaille de nuit à l’hôpital. Leurs rapports n’ont pas toujours été faciles. Mère célibataire, Anne a toujours refusé sur sa famille et ses origines népalaises et c’est seule et malgré elle que Marie a tenté de se trouver une identité. Mais un jour, un mystérieux vieil homme va faire irruption dans sa vie et la bouleverser…

A travers un roman qui présente toutes les caractéristiques, à première vue, du roman pour adolescentes : une héroïne rebelle, amoureuse d’un bellâtre qui ne la voit pas tandis qu’elle s’épanche avec son meilleur ami, en conflit avec ses parents, Annelise HEURTIER a réussi un roman tout en chausse-trappe, qui nous fait voyager du nord de la France à Katmandou. En découvrant ce qu’elle a toujours rêvé de savoir, Marie va découvrir aussi ce qu’elle n’imaginait absolument et qui va bouleverser son petit univers douillet et bien rangé.

Le Carnet rouge est un roman qui dévoile un aspect des traditions népalaises tout à fait dérangeant pour nous, celui des Kumaris, ces petites filles choisies à trois ans et enlevées à leur famille afin d’incarner la déesse, traitées comme telle, puis abandonnée brutalement à l’apparition de leurs premières règles. « A la première goutte de sang versé, la déesse m’avait abandonnée pour s’incarner dans une autre petite fille qu’on adulerait à ma place ». Livrées à elles même, incapables de se prendre en charge, ce sont souvent des destinées tragiques. Et c’est ce que raconte ce roman, à travers deux voix, celle de Marie, l’adolescente d’aujourd’hui, et celle de Sajani, la narratrice du cahier rouge.

Cette alternance permet d’adhérer complètement au récit, de découvrir des coutumes et une civilisation inconnue – merci au lexique – et de suivre l’évolution de la jeune fille qui doit apprendre à vivre avec une réalité qui n’est pas celle qu’elle aurait souhaitée.

Vif, curieux, parfois insolent voire dérangeant, ce Carnet rouge est une lecture enrichissante à de nombreux points de vue.

- Pourquoi maintenant ? Pendant seize ans, je ne vous intéresse pas et puis, un matin, vous vous levez en vous disant : « Tiens, après les courses au supermarché, si on débarquait dans la vie de notre petite-fille ? » Et d’abord, comment saviez-vous que j’existais ?

- On ne savait pas, on espérait.

Il me tend un petit carnet rouge, recouvert de papier lokta.

- Prends. C’est pour toi.

Ses yeux se voilent. Je le regarde sans comprendre.

- Sajani est morte il y a quelques mois. Un cancer. Elle pensait que si elle avait des petits-enfants, ils voudraient peut-être en savoir plus sur leurs origines. Elle caressait l’idée de rester vivante dans la tête de quelqu’un d’autre. Comme… comme dans une vraie famille.

J’ouvre le cahier. Sur la première page, deux petites phrases écrites en lettres régulières sur du papier brun.

Je suis Sajany Shakya, douzième Kumari royale de Katmandou. Et, quoi qu’il se passe, je le resterai toute ma vie.

Annelise HEURTIER, Le Carnet rouge.

Feeling - Casterman

192 pages – 12€

Paru en 2011

L’auteur : Annelise HEURTIER est l’auteure d’une dizaine d’ouvrages pour la jeunesse dont Le Carnet rouge et La Fille aux cheveux d’encre, chez Casterman.

Blog de l'auteur : http://histoiresdelison.blogspot.com