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27/06/2012

Moi, Ambrose, roi du scrabble (S. NIELSEN)

« Le jour où j’ai failli mourir, le ciel était d’un bleu vif et lumineux – ce qui nous changeait agréablement de la pluie, si fréquente ici, à Vancouver. »

Ambrose passe auprès de tous pour le looser complet : allergique aux cacahuètes, il est surprotégé par sa mère qui l’élève seule, le père d’Ambrose étant décédé quelques mois avant sa naissance. Depuis, Irène se consacre à son fils, l’étouffant de son amour et le coupant du reste du monde. Après un incident au collège, elle décide de le déscolariser, pour son plus grand désespoir. Jusqu’à ce qu’il fasse la connaissance du fils de leurs voisins, un jeune homme bien peu fréquentable…

Une fois encore (après Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ?) Susin NIELSEN aborde le sujet des relations familiales, et une fois encore elle fait mouche. Cette histoire d’amitié entre un adolescent asocial et un ex-taulard toxico est attachante, amusante et pleine de confiance en l’humanité. Avec Cosmo, Ambroise va se dégager peu à peu de l’emprise maternelle qui, si aimante qu’elle soit n’en est pas moins étouffante, et être enfin confronté à une figure masculine qu’il va pouvoir superposer à celle de ce père idéalisé, dont Ambrose chérit l’unique photo.

Ambrose est le narrateur de cette histoire et lui apporte un ton naïf et rafraîchissant, sans toutefois sombrer dans l’angélisme. C’est très drôle – qu’il s’agisse des vêtements d’Ambrose comme des répliques de Cosmo –, souvent bien vu – la difficulté pour une mère célibataire d’élever un fils tout en travaillant et cherchant à retrouver une vie sociale –, et plein de chaleur humaine – car la famille Economopoulos est d’une générosité à toute épreuve.

Original, touchant, amusant, on passe un excellent moment de lecture avec ce Moi, Ambrose, roi du scrabble. Ah, au fait, pourquoi le scrabble ? Parce que c’est par lui que tout va changer…

Nous avons contourné la maison pour ne pas tomber nez à nez avec maman. Mais alors que nous étions dans le jardin de derrière, je l’ai vue qui entrait chez nous.

- Oh, non, j’ai gémi. Il ne faut pas qu’elle me voie comme ça, elle flipperait trop.

Cosmo n’a pas dit un mot. Il m’a simplement fait entrer chez lui. Ses parents étant absents, je suis allé dans leur salle de bains me débarbouiller et retire la terre de mes coudes écorchés. Cosmo est même retourné au collège chercher mon pull afin que je puisse le remettre sur le tee-shirt et que maman ne se rende compte de rien. Je lui ai tu qu’il avait appartenu à mon père, et que si je l’avais perdu, je m’en serai voulu toute ma vie.

Quand je suis sorti de la salle de bain, Cosmo était au salon, devant la télé.

- Encore merci, lui ai-je dit.

Il n’a pas levé les yeux de l’écran.

- Tu devrais apprendre à te défendre.

Là, je n’ai pas su quoi répondre. Comment apprend-on à se défendre ? Ma mère ne pouvait pas me payer des cours de karaté, de boxe ni de quoi que ce soit du même genre, et même si elle avait pu, elle ne m’aurait jamais laissé y aller, de peur que je prenne un coup. Ce qui est légèrement paradoxal, quand on y pense. (…)

C’est seulement plus tard que j’ai pris conscience que je n’avais pas du tout eu peur de Cosmo. Je n’avais pas songé un seul instant qu’il allait me tuer, que j’étais seul en haut avec lui, et il n’avait pas tenté de faire les choses dégoutantes contre lesquelles ma mère me mettait en garde depuis es années, à savoir : a) toucher mon pénis, ou b) me faire toucher le sien.

A vrai dire, pour un criminel, il avait l’air plutôt sympa.

Susin NIELSEN, Moi, Ambrose, roi du scrabble

Hélium

200 pages – 13,90€

Titre original : Word Nerd  – Paru en 2008

Traduit en Français en 2012

L’auteur : Susin NIELSEN fait partie de la nouvelle génération d'auteurs canadiens pour la jeunesse. Elle a écrit plusieurs romans et travaille aussi pour la télévision. Elle vit à Vancouver.

Site de l’auteur : http://www.susinnielsen.com

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