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29/01/2013

Hercule, attention travaux ! (E. TREDEZ)

« Je m’appelle Hercule et je suis nouveau à l’école Théo-Jasmin. »

Hercule a un prénom qui rime avec « ridicule », et il le sait bien ! Alors, pour se faire des amis dans sa nouvelle école, il est prêt à tout. Même à réaliser les douze travaux que le héros dont il porte le nom a menés avant lui ! Mais où trouver une hydre, un dragon, un chien à trois têtes ? Pas facile d'être un héros !

Dans l’esprit des romans de cours de récré, les mésaventures d’Hercule et les situations cocasses où il se retrouve entraîné plairont aux plus jeunes… tout en leur faisant réviser la mythologie !

– Arrêtez ! J'ai une idée ! s’est-il écrié. Puisque le nouveau s’appelle Hercule, pourquoi on ne lui ferait pas faire douze travaux à lui aussi ?

Entre parenthèses, maintenant, je sais pourquoi Hercule a dû accomplir ces travaux tous plus infaisables les uns que les autres. Un jour, frappé de folie par la déesse Junon, qui le déteste, il a commis un crime horrible : il a massacré sa femme et ses enfants ! Alors, pour se racheter, il a accepté d’effectuer douze travaux pour le compte de son cousin, le roi Eurysthée.

Emmanuel TREDEZ, Hercule, attention travaux !

Nathan

160 pages – 5 €

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092540688

L’auteur : Né à Paris en 1968, Emmanuel TREDEZ vit à Cachan, à quelques kilomètres de la capitale, avec sa femme et ses deux enfants. Depuis une douzaine d’années, il a la chance d’exercer deux métiers formidables : éditeur de livres documentaires jeunesse dans une grande maison d’édition et auteur de romans pour enfants. En tant qu’auteur, il aime tout particulièrement jouer avec les mots, comme dans Le Cachalot nage dans le potage, La carotte se prend le chou ou L’araignée est une fine mouche, trois polars parodiques parus chez Nathan.

18:42 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : nathan, trédez, mythologie, humour | |  Facebook | | |

Une vie ailleurs (G. ZEVIN)

« La fin a été rapide, et elle n’a pas souffert. »

Liz Hall, quinze ans, vient de mourir dans un accident de vélo. Elle se retrouve sur Ailleurs, un lieu où les défunts rajeunissent jusqu'à redevenir bébés avant de repartir dans le grand cycle de l'humanité... Pour Liz, qui rêvait d'atteindre enfin ses seize ans, le choc est brutal. Car elle n'a aucune envie de rajeunir. Ce qu'elle voulait, c'était décrocher son permis de conduire. Entrer à la fac. Connaître le grand amour. Il va pourtant lui falloir faire le deuil de son ancienne vie sur Terre avant de trouver un sens à cette nouvelle existence...

Étonnant roman que cette Vie ailleurs : sur un sujet a priori abracadabrantesque, un bateau qui emmène les morts sur une île, les fait rajeunir, avant de les renvoyer sur terre se réincarner, Gabrielle ZEVIN produit un roman plein de charme, de tendresse et de poésie. Son héroïne, quoique morte, est restée l’adolescente un peu butée qu’elle était ante mortem et en fait voir de toutes les couleurs à ceux qui l’accueillent dans ce nouvel « ailleurs » où elle n’a pas demandé à venir.

Il lui faudra faire le deuil des choses qu’elle ne connaîtra jamais vivante, mais accepter de les découvrir une fois morte, avec cet angle un peu biaisé de passer sur des traces qui ont déjà été faites. Les relations humaines ne sont pas moins complexes parce qu’on est passé de l’autre côté et il faut apprendre à vivre (!) avec la souffrance d’avoir laissé ceux que l’on aimait dans la douleur, renoncer à vouloir les consoler (au risque de tout empirer…) et accepter de les voir continuer leur vie sans nous.

Regorgeant de jolies trouvailles, ainsi, sur Ailleurs, on n’exerce pas de métier mais on a une « vocation », on parle avec les chiens, présentant des personnages secondaires aussi attachants que l’héroïne, Une vie ailleurs est un très joli roman.

Lise avait été heureuse. C'était extraordinaire… Pendant tout son séjour sur terre, elle ne s'était pas considérée comme quelqu'un de particulièrement heureux. Comme beaucoup de gens de son âge, elle avait été sujette à des sautes d’humeur et à des coups de cafard dont elle trouve aujourd’hui les raisons totalement stupides : elle n’avait pas été la coqueluche du lycée, elle n’avait pas de petit ami, son frère lui tapait parfois sur le système, et elle avait des taches de rousseur. A de multiples égards, elle avait vécu comme si elle attendait que toutes les choses bien arrivent : habiter seule, aller à la fac, conduire une voiture. Aujourd’hui, Liz voir enfin la réalité en face. Elle avait été heureuse. Heureuse, heureuse, heureuse. Ses parents l’avaient aimée ; sa meilleure amie avait été la fille la plus compréhensible et la plus merveilleuse du monde ; le lycée avait été facile ; son frère n’avait pas été si abominable que ça ; son carlin s’était plu à dormir à côté d’elle dans le lit ; et puis, oui, elle était même passé pour jolie. Jusqu’à une semaine plus tôt, sa vie s’était déroulée sans la moindre anicroche. Son existence avait été heureuse et simple, et maintenant cette existence était terminée.

Gabrielle ZEVIN, Une vie ailleurs

Albin Michel - Wiz

320 pages – 14,20 €

Paru en 2012 en poche – 6,90 €

L’auteur : Gabrielle ZEVIN vit à New York. Elle a travaillé comme scénariste. Elle est l'auteure de et Je ne sais pas pourquoi je t'aime (Wiz, 2009) et La Mafia du chocolat (Wiz, 2012).

10/01/2013

Swing à Berlin (C. LAMBERT)

« Wilhelm Dussander terminait son solo au piano quand il vit les hommes en noir entrer dans le club. »

Tandis que la guerre s'enlise en 1942, les Allemands commencent à sentir que l'issue ne sera pas victorieuse. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, cherche alors un moyen de remonter le moral de la population. Et quoi de plus joyeux que le jazz ? Mais, considéré comme une « musique dégénérée » ou « musique de nègres », il est interdit par le régime. Le ministre va donc ordonner que l'on crée un groupe de « musique de danse accentuée rythmiquement », un jazz qui valoriserait les thèses aryennes. C’est le vieux pianiste Wilhelm Dussander, à la retraite depuis que les membres juifs de son groupe ont été arrêtés, qui est choisi pour mener à bien cette tâche. S'il estime que la politique n'est pas l'affaire des musiciens, il n'a jamais aimé les nazis. Pourtant, lorsque Goebbels le sollicite, Dussander n'aura d'autre choix que d'accepter...

Sur un sujet complètement méconnu, Christophe LAMBERT réussit un roman plein de charme et de gravité. On succombe avec bonheur à l’énergie de ces « quatre en or », on s’émeut de leur maître, Dussander, on s’indigne du traitement réservé aux plus fragiles dans l’Allemagne nazie et, peu à peu, avec le groupe, on découvre une partie de la vérité sur ce régime.

L’habileté de la narration consiste à donner des personnalités (et des opinions politiques) très différentes à chacun, mais toutes ont leur légitimité et leur justification. Et le message n’en est que plus fort quand la réalité, brutale et violente, va surgir. Chacun des garçons est attachant, présentant ses failles et ses espoirs. Quant au personnage du chef d’orchestre, il est profondément humain, humaniste, et offre un contraste saisissant avec l’employé du Reich qui les surveille en permanence.

Un autre point fort du texte, c’est le fait d’avoir mêlé petite et grande histoire ; car l’histoire de cet orchestre va devenir réelle lorsque Sophie Scholl et la Rose Blanche vont venir croiser leur chemin, pour le meilleur, mais aussi le pire…

Intelligent, subtil, extrêmement bien documenté, Swing à Berlin est à recommander !

– On n’a toujours pas de nom pour notre groupe, fit remarquer Ruppert.

– Je verrais bien quelque chose comme les fils du Reich, dit Herman.

Les fils du Reich ? Pouffa Thomas. Waouh, ça donne drôlement envie de swinguer, dis donc ! Et pourquoi pas Les Valeureux Descendants de Thor pendant que tu y es ?

– Je suis fier de mes origines.

Max soupira :

– Moi aussi. La question n'est pas là. Il faut quelque chose qui incite à danser, à s’amuser, quoi !

Faussement sérieux, il ajouta :

– Un truc du genre Le grand Max Stachowiack et son orchestre.

Thomas grogna en balançant son polochon sur la tête de son camarade. Les deux autres éclatèrent de rire.

– Le jazz, ça brille de mille feux, comme un cuivre, intervint Ruppert. On pourrait l’appeler Die Goldenen Vier : les quatre en or !

Die Goldenen Vier, répéta Max. Ouais, ça sonne bien ; ça me va !

– A moi aussi, dit Thomas.

– Moui, ça peut aller, maugréa Herman.

Trois coups retentirent, frappés à la porte.

– Il est plus de minuit, les garçons ! fit la voix d’Elsa. Terminées, les discussions !

Chacun se tourna sur le flanc ou sur le ventre, enfonçant son visage au creux du polochon.

Die Goldenen Vier, murmura Max, avec un sourire. Les mecs, avec un nom pareil, on va casser la baraque !

Christophe LAMBERT, Swing à Berlin.

Millezime - Bayard

286 pages – 12,50€

Paru en 2012

L’auteur :

Christophe LAMBERT (non, pas l’acteur !) est né en 1969 en région parisienne. Il a suivi des études de cinéma, réalisé plusieurs courts-métrages, travaillé pour la télévision (M6) et dirigé des ateliers vidéo dans les collèges. Il vit actuellement de sa plume.
Dès son premier roman de science-fiction, La Nuit des mutants (1997), dont l’action a pour cadre un bagne orbital, il obtient le Prix Ozone. Depuis, il a publié une quarantaine de romans en littérature jeunesse, parmi lesquels un impressionnant roman-catastrophe, Titanic 2012 (1999), un roman historique sur la guerre de 14-18, L’Or et la boue (2002), Infaillible ! (2007), etc.
Son goût pour les romans d’anticipation sociale en a fait un pilier de la collection « Autres Mondes » chez Mango, avec des romans comme Clone connexion (2002), Petit Frère (2003) ou encore La Loi du plus beau (2004).
Il a récemment effectué une percée remarquée en littérature adulte avec Zoulou Kingdom (2007), Le Commando des Immortels (2008), Vegas Mytho (2010) et surtout La Brèche (2005), qui a remporté un beau succès, et en littérature pour young adults avec Le Dos au mur (2008).
La force de Christophe Lambert est d’intéresser tous les publics, les jeunes comme les moins jeunes, avec des romans à l’écriture cinématographique, dynamiques et intelligents.

Blog de l’auteur : http://lambear.canalblog.com