02/06/2013
Le Banc (S. KAO)
« Oui, Sybille, j’aimerais que tu me laisses tranquille... »
Le midi, Alex mange incognito dans le parc le repas que lui a préparé sa mère. Mais depuis quelque temps, une main anonyme s’amuse à tracer sur son banc des inscriptions au Tipp-Ex qui le visent directement. « Alex, tronche de nem », « Alex, bol de riz »... Alex est d’origine taïwanaise. Blessé et en colère, il efface chaque nouvelle insulte. Heureusement, son amie Sybille a d'autres idées pour affronter ce problème délicat…
Après La Roue, Sandrine KAO nous fait entendre encore une fois sa petite musique si personnelle, tout en touches délicates et cependant bien ancrée dans la réalité. Ici, c’est au racisme ordinaire que son héros est confronté. A la solitude aussi, car son père est rentré à Taiwan et les a laissés sans nouvelles, sa mère et lui, dans leur quartier asiatique où il se sent chaque jour plus isolé.
Sandrine KAO réussit encore une fois à brosser le portrait d’un très jeune adolescent, à décrire le subtil réseau de liens qui peut se tisser – ou pas – entre collégiens, la montée des sentiments… C’est dépeint avec beaucoup de tendresse et de légèreté, tout en abordant une réalité qui l’est beaucoup moins.
Oui, c’est courant que l’on se moque de moi et de mes traits typés d’Asiatique. Il arrive que des inconnus me ricanent au nez en me traitant de « chinetoque » dans la rue, sans même connaître mes origines. Ou bien ils tirent le coin de leurs yeux, prennent un accent idiot en ânonnant des « ching, chang, chong ». Je les laisse dire, ce ne sont que des abrutis qui s’ennuient. En même temps, avec tout ce qu’on entend aux infos, comment pourrait-on avoir une bonne image des Chinois ? On dit sans cesse qu’à cause d’eux les entreprises sont délocalisées, qu’ils ne respectent pas les droits de l’homme, qu’ils ne protègent pas l’environnement, qu’ils s’enrichissent dans le commerce et son trop nombreux... Ça fait peur. Pourtant, la plupart n’y sont pour rien, victimes d’un gouvernement qui encourage la productivité à tout prix, sans se soucier des inégalités. Et puis, on oublie que les pays occidentaux eux aussi sont passés par là pour se développer. Que la recherche effrénée du profit a de lourdes conséquences, quel que soit le pays.
Sandrine KAO, Le Banc.
Tempo - Syros
96 pages – 6€
Paru en 2013
Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748513523
L’auteur : Née en France en 1984, Sandrine Kao, d’origine taïwanaise, a grandi en banlieue parisienne. Après des études en métiers du livre, elle se tourne vers l'écriture jeunesse et l'illustration. Elle est diplômée de l'École supérieure d'art d'Épinal, ville où elle habite. Après La Roue, Le Banc est son deuxième roman.
Blog de l’auteur : http://sandrinekao.blogspot.com
16:03 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : syros, kao, adolescents, racisme, asie | | Facebook | |
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