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23/10/2010

Le Professeur de musique (Y. HASSAN)

images.jpg« Tous les ans, c’était la même histoire. »

Professeur de musique, Simon Klein va effectuer sa dernière rentrée et il en est ravi. En effet, chaque année fut pour lui plus horrible que la précédente. Sans autorité sur les élèves, moqué par ses collègues, il est désenchanté et seule sa femme, Bella, sait lui apporter réconfort et paix. Mais cette année, Simon a pris de nouvelles résolutions : il sera ferme. Pourtant, c’est un petit élève de Sixième qui va le réveiller. Le petit dernier des Choukri, une fratrie qui lui a donné du fil à retordre, est passionné de musique et n’a qu’un rêve : jouer du violon…

Croyant d’abord à un canular, le vieux professeur va s’enfermer dans sa carapace et il faudra tout l’amour, la patience et l’indulgence de sa femme pour l’encourager à sortir de son état dépressif et peut-être enfin faire la paix avec son passé.

En quelques courts chapitres fluides et sensibles, Yaël HASSAN a brossé le portrait d’un homme meurtri par la vie et celui d’un enfant désireux d’échapper au destin qu’on lui a tracé. C’est l’histoire de leur rencontre, de leur apprivoisement mutuel qu’elle décrit avec bonheur et délicatesse. Car mutilés de la vie, les deux le sont à leur manière, porteurs d’un héritage trop lourd pour eux.

Mais c’est aussi le roman de la tolérance, où la musique va jouer le fil conducteur entre le vieux Juif et le petit Musulman. Certes, on pourrait reprocher à l’auteur une vision un peu trop idyllique d’une réalité qui l’est moins, mais son roman est porteur d’un beau message.

Quand Simon rouvrit enfin les yeux, charmé par ce qu’il venait d’entendre pour la énième fois, il eut un léger mouvement de surprise en découvrant la présence de Malik. Il avait failli l’oublier, celui-là, alors que c’était pour lui qu’il était venu. Il se leva pour remettre à sa place le disque emprunté, puis revint auprès de son élève et jeta un œil sur la pochette vide posée sur ses genoux. Du Schubert, remarqua Simon, pas mauvais choix ! Il observa alors le gamin. Les yeux fermés, un sourire accroché à ses lèvres, Malik fredonnait en dodelinant la tête. Son visage trahissait un immense bonheur. Ce n’est pas du cinéma, se dit alors Simon, ce gosse-là aime vraiment la musique !

Yaël HASSAN, Le Professeur de musique.

Casterman Poche

140 pages – 5,50€

Paru en 1997, réédité en 2010

L’auteur : Yaël Hassan est née en 1952 à Paris, passe son enfance en Belgique, finit ses études en Israël, y travaille, puis revient en France quelques années plus tard. En 1997, elle publie son premier roman, Un grand-père tombé du ciel (coll. "ROMAN DIX & PLUS"), d'abord distingué par le prix du roman jeunesse du ministère de la jeunesse et des sports puis par le prix du roman jeunesse du ministère de la jeunesse et des Sports puis par le Prix Sorcière 1998. Viendront ensuite, dans la même collection, Manon et Mamina et Quand Anna riait.

Blog de l’auteur : http://yaelhassan.blogspot.com/

19:00 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : casterman, hassan, juif, musulman, musique, collège | |  Facebook | | |

08/08/2010

J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait (M. LETHIELLEUX)

J'ai quinze ans....jpg« J’ai quinze ans et je ne l’ai jamais fait. Voilà.»

Capucine et Martin sont en troisième. Ils se côtoient tous les jours mais ne se connaissent pas. Pour lui, elle est l’intello, pour elle, il est le schtroumpf.  Elle ne rêve qu’à sa « première fois », déteste ses parents trop étriqués et les autres en général. Lui ne pense qu’à la musique, joue de la basse et se prépare à un premier concert avec son groupe. Le hasard – et leur professeur d’Histoire-Géographie – va finalement les rapprocher.

Roman à deux voix, celle de la jeune fille et celle du garçon, qui joue sur les typographies, J’ai quinze ans et je ne l’ai jamais fait n’est pas ce qu’il paraît. Loin de détailler la vie sexuelle des adolescents, il expose au contraire ce délicat moment du « homard », pour reprendre l’expression de Françoise Dolto, ce temps où l’on offre aux autres une carapace d’indifférence alors que tout explose à l’intérieur, et que les sensations sont démultipliées à la puissance dix.

Si le roman de Maud LETHIELLEUX peut agacer, notamment au début, avec son héroïne qui ne cesse de se regarder le nombril en fantasmant une hypothétique vie sexuelle – la sienne et celle des autres – il devient très vite prenant et finit par vous emporter complètement dans ce tourbillon, vous retournant jusqu’à la fin, à la fois inattendue et délicate.

D’où je suis c’est pratique, il suffit que je me cale contre le mur et je peux observer tous les élèves de derrière. Ils sont tous concentrés. Sauf celle qu’est juste derrière moi, la seule plus nulle que moi, qui s’admire dans son miroir. A côté d’elle, l’intello vérifie son devoir avec une tête d’enterrement. Elle est toujours comme ça, l’intello : quand elle rend une copie, on pourrait penser qu’elle a tout foiré, mais quand la prof lui rend le devoir corrigé, elle fait l’indifférente qui savait qu’elle aurait au moins dix-huit.

Maud LETHIELLEUX, J’ai quinze ans et je ne l’ai jamais fait.

Éditions Thierry Magnier

201 pages – 9 €

Paru en 2010

L’auteur : Maud Lethielleux est musicienne et metteur en scène. Elle a parcouru le monde, de l’Asie à la Nouvelle-Zélande. Elle a publié Dis oui Ninon chez Stock en 2009, puis D’où je suis, je vois la lune, son deuxième roman.  J’ai quinze ans et je ne l’ai jamais fait est son premier roman pour la jeunesse.

Site de l’auteur : http://maudetlesmots.free.fr