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11/01/2012

L'Etang aux libellules (E. IBBOTSON)

« - Pleurer à ton âge ! s’exclama Tante Hester d’un ton de reproche. Tout de même, à cinquante-deux ans, on ne pleure pas. »

Londres, 1939. La jeune Tally, onze ans, a obtenu une bourse pour intégrer une école dans le Devon. D’abord paniquée à l’idée de quitter son père et ses tantes aimantes, elle va découvrir Delderton, un établissement plutôt progressiste pour son temps qui vise en premier lieu l'épanouissement des élèves. A l’occasion d’un voyage d'échange scolaire avec le petit pays de Berganie, en Europe centrale, l’Histoire va soudain s’accélérer : le roi qui s'oppose à Hitler est assassiné. Son fils est en danger. Menés par Tally, tous vont s’unir pour lui permettre de quitter le continent.

Uchronie sur le principe (un état imaginaire, une situation qui pourrait être), cet Étang aux libellules est un très beau roman humaniste et optimiste, qui évoque la question de la résistance face à l’oppression : c’est parce qu’elle a vu un reportage sur la Berganie, petit pays qui refuse de plier face à Hitler, quand tous les grands d’Europe l’ont fait que Tally a voulu que son école participe au festival organisé là-bas, malgré les dangers encourus. L’attitude des enfants tout au long du livre s’oppose à celle des adultes, faite de concessions, de renoncements et de rigidité au nom d’une tradition qui n’a plus lieu d’être.

On ne peut qu’être touchés par chacun des personnages, depuis ceux des enfants, bien sûr, que ce soit la petite fille de célébrité abandonnée dans son pensionnat au jeune garçon qui aurait voulu « être dans une école normale » et jouer au cricket, jusqu’aux adultes, avec notamment le mystérieux Matteo. Quant à Tally et Karil, ils révèlent chacun à leur manière une maturité impressionnante et pourraient en remontrer à bien des adultes.

L’Etang aux libellules est un récit initiatique, la chronique d’une résistance et la conquête d’une liberté, à la fois individuelle et collective.

- Je ne veux critiquer personne, mais qu’est-ce que cette école exactement ? On parle d’une école progressiste, et je connais le sens du mot progresser – du moins, je pense. Ça veut dire aller d’un endroit à l’autre. Mais où ?

- Ah, c’est une bonne question, répondit le directeur, l’air soudain pensif. Eh bien, nous voulons que les enfants prennent leur vie en main. Qu’ils choisissent ce qui est bon pour eux plutôt qu’on le leur impose.

- Oui, je vois. Mais pour ça, il faut savoir ce qui est bon.

- Et tu ne crois pas que chacun le sait ?

- Si, en général. Mais est-ce que… l’école dans son ensemble ne devrait pas aller d’un endroit à un autre ? Vers un endroit meilleur… puisqu’elle est progressiste ? Enfin, le monde n’est pas très bon, n’est-ce pas, avec la guerre qui arrive et tout ça ?

Daley resta silencieux. L’enfant avait certainement raison en ce qui concernait l’état du monde. Pendant un instant, il vit ce qu’elle voyait : toute l’école s’avançant comme une armée vengeresse du côté du Bien.

Eva IBBOTSON, L’Etang aux libellules.

Nathan

460 pages – 17€

Titre original : The Dragonfly Pool  – Paru en 2008– Traduit en Français en 2011

L’auteur : Née à Vienne en 1925, Eva IBBOTSON a vécu en Angleterre, où elle a rencontré un très grand succès. Elle est célèbre pour ses romans jeunesse, notamment Reine du fleuve et L’Étoile de Kazan, publiés en France. Avec L’Étang aux libellules, elle a remporté le School Library Journal Best Book of the Year 2008. Récemment disparue – en octobre 2010 –, Eva IBBOTSON a reçu un hommage unanime de l’ensemble de la presse anglaise.