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11/06/2012

Rock Addict (C.J. SKUSE)

« Pour notre journal local, la mort de mon grand-père a été un « tragique accident qui a tétanisé le centre-ville de Bristol ».

Jody est folle de la rock star Jackson Gatlin, le chanteur des Regulators. À leur concert, elle est au premier rang. Mais quand, prise dans la cohue, elle se retrouve nez à nez avec son dieu dans les coulisses, les événements prennent un tour pour le moins inattendu. Habituée à agir sur des coups de tête irrépressibles (et souvent lourds de conséquence), Jody va kidnapper sa star et avoir ainsi tout le loisir d'observer de très près l'objet de ses fantasmes. Passer de l’autre côté du miroir, en quelque sorte. Et quel miroir…

A la manière de son précédent roman, Mauvais plans, mené tambour battant, C. J. SKUSE reprend les mêmes ficelles mais « délocalise » son histoire dans une petite ville du pays de Galles : reste toujours une héroïne gaffeuse qui n’a pas froid aux yeux et un garçon qui joue les modérateurs, amis n’hésite pas à suivre dans les pires situations. Ici Jody est une jeune écervelée de seize ans qui ne vit que pour sa rock star, oubliant ceux qui l’entourent, et notamment Mac, son meilleur ami, toujours là pour elle. Et pour la fameuse rock star qui va débarquer dans leur vie, auréolée de sa réputation, végétarien (du coup Jody l’est aussi), non fumeur, ayant décroché de la drogue… et qui se révèle drogué jusqu’à l’os !

Cure de désintoxication « à la dure », gestion de l’animal malgré la famille et les journalistes mal intentionnés, Jody va faire l’expérience de la dure réalité. Sans toutefois perdre complètement ses illusions… Car c’est de quoi se moque – gentiment – ce roman : la naïveté de certains fans, la dureté du « star system », le décalage entre paillettes et réalité.

Si le roman se révèle moins réussi que le précédent, plus long et plus répétitif, il offre cependant cette intéressante facette d’un milieu qui continue de faire fantasmer.

- Les paparazzis sont à mes trousses. Il va y avoir des photos.

- Je suis désolée de t’avoir fait endurer tout ça. Je m’étais cogné la tête. Je n’avais pas franchement les idées claires. Je voulais juste passer du temps avec toi. Je pensais que ce serait, je ne sais pas, marrant… ou quelque chose comme ça.

- MARRANT ? Tu sais ce que tu as fait ? Pour qui tu te PRENDS, putain ?

- Je suis juste… une fan.

- Une fan ? Ne me parle pas des fans ! Ces stupides connasses. Je les vois à la sortie des concerts, toutes ces grosses lesbiennes moches qui s’imaginent qu’elles ont envie de moi…

- Hein ? Tu ne sais pas ce que tu dis.

- … qui s’imaginent que si elles mettent assez d’eye-liner, je les remarquerai dans la foule et j’aurai envie d’elles. « Oh, Jackson, moi aussi, je suis une âme en peine. » Conneries. Elles me parlent comme si elles me connaissaient depuis toujours, tout ça parce qu’elles ont lu un livre que j’ai lu. Putain, waouh !

Des larmes roulent sur mes joues. Sa voix se répercute dans ma tête comme une bille à roulettes. Je suis immobile, comme une éponge qui absorbe chaque insulte pour chaque fan qui a attendu toute la journée ou toute la nuit dans le froid. Qui a économisé tout son argent de poche pour acheter son album. Qui a embrassé des affiches de lui le soir. Qui a fugué à cause d’un de ses concerts. Il continue à éructer, à m’asséner coup après coup, à faire voler en éclats la petite bulle d’amour idéal qu’on a toutes bâties.

- … Tout ça parce qu’elles croient que si elles achètent ce porte-clé ou ce cendrier ou ce bonnet des Regulators, elles auront un petit morceau de Jackson à montrer à toutes leurs copines.

C.J. SKUSE, Rock Addict.

Scripto - Gallimard

440 pages – 14,90 €

Titre  original : Rockoholic – Paru en 2011 – Traduit en français en 2012

L’auteur : C. J. SKUSE est née en 1980 à Weston-super-Mare en Angleterre. Elle est éditrice junior chez Chicken House et se consacre à l’écriture de romans pour adolescents. Après Mauvais plans, elle publie son deuxième roman, Rock Addict.

Site de l’auteur (en anglais) : http://ceejaytheauthor.tumblr.com

08/05/2011

Mauvais Plans (C.J. SKUSE)

« Simpson bataillait avec le magnétoscope pour enfiler la cassette, elle était toute genre « J’appuie sur quel bouton déjà ? ».

Paisley et Beau sont jumeaux. A l’âge de six ans, ils sont devenus des célébrités nationales en fuguant pour retrouver leur père alors que leur mère venait de mourir. Retrouvés, ils sont devenus les enfants chéris de l’Amérique, ont été couverts de cadeaux… et récupérés par leur grand-père, une harpie qui ne se remet pas d’avoir été actrice de sitcom. Elle s’est employée à couper tout lien avec leur père, en prison, jusqu’à ce que Beau découvre les lettres qu’il n’a cessé de leur envoyer et apprennent qu’il vient de sortir et cherche à les retrouver.

Mauvais plans est un roman mal élevé, où deux adolescents prennent le pouvoir et décident de se lancer dans une folle cavale afin de retrouver leur géniteur. Las Vegas est leur seul indice et ils vont régler quelques comptes avec leur grand-mère qui n’en veut qu’à leur fortune (amassée grâce à la générosité des téléspectateurs, émus par les « super jumeaux » de six ans et bloquée jusqu’à leur majorité…) avant de partir à l’assaut de cette ville insensée. Maîtrisant les codes de notre société actuelle, c’est en utilisant à nouveau les médias qu’ils vont tenter de parvenir à leurs fins. Pour le meilleur et pour le pire…

Alternant les points de vue de chacun des jumeaux, celui de Paisley, l’insolente, l’indomptable, la rebelle, et celui de Beau, le timide, le complexé, l’intellectuel, la narration est menée tambour battant, ne lançant aucun répit au lecteur qui appréciera l’insolence et la joyeuse vitalité des deux adolescents. Cependant, Mauvais plans n’est pas que cette surface clinquante, c’est aussi un livre qui dit les douleurs de l’enfance, la force des souvenirs – heureux ou malheureux – et la puissance de la fratrie.

Démontrant également le pouvoir des medias et la déroute des esprits qui ne savent plus où ils en sont et font des stars d’individus qui ne le méritent (et le reconnaissent eux-mêmes), C.J. SKUSE ouvre la porte sur une réflexion plus profonde sur une société de l’immédiateté, où seuls comptent le fait de faire parler de soi et de le faire bien.

J’ai secoué la tête.

- Je pige pas. Expliquez-moi la raison de cette filature frénétique ? C’est parce que j’ai un flingue et que YouTube diffuse un montage de nous deux sur une musique de Bon Jovi ?

- En fait, c’est les Who, a corrigé AC/DC.

- Le morceau Baba O’Reilly ? a demandé papa.

- Oui, a dit AC/DC.

- Cool, a dit papa.

« Non mais ce papa, me suis-je dit, à fond avec les jeunes. »

- On veut juste vous aider comme vous nous avez aidés, a dit Fanfare. Vous montrer notre gratitude. S’il te plaît. On pourrait te donner un coup de main pour retrouver Beau.

- Comment ça, on vous a aidés ? Je vous signale qu’on est des voleurs, pas des stars du rock ni des chirurgiens du cœur. On vole les gens pour avoir de l’argent et aller où on veut. C’est tout. On est pas des modèles.

- On veut pas de modèles, a dit Lèvre baguée. On en a ras-le-bol des modèles. Vous êtes ce qui est arrivé de mieux à l’Amérique depuis Bonnie et Clyde. Ça nous donne de l’espoir.

C.J. SKUSE, Mauvais plans.

Scripto - Gallimard jeunesse

335 pages – 13,90 €

Titre  original : Pretty Bad Things – Paru en 2010 – Traduit en français en 2011

L’auteur : C. J. SKUSE est née en 1980 à Weston super Mare en Angleterre. Elle est éditrice junior chez Chicken House et se consacre à l’écriture de romans pour adolescents. Mauvais plans est son premier roman

Site de l’auteur (en anglais) : http://www.facebook.com/prettybadthings