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23/07/2012

Une robe couleur du temps - Au palais de Marie-Antoinette (B. TURETSKY)

« Louise est seule dans la forêt. »

En ce moment, le quotidien de Louise est plutôt déprimant : son père au chômage, elle doit dire adieu au projet de voyage à Paris proposé par la lycée. Pour une fashionista comme Louise, c’est un cauchemar ! Alors, pour se changer les idées, elle décide de retourner dans la boutique des Fashionistas Voyageuses, espérant dénicher LA robe pour la soirée de Brooke. Mais cette fois, c’est dans son cours d’histoire que Louise va se retrouver projetée : en plein XVIII° siècle, à Versailles, au côté de la jeune princesse Marie-Antoinette, pas encore reine…

Voyage dans le temps, belles robes (et ravissantes illustrations pour appuyer le propos), la recette qui a fait le charme et le succès du premier sont ici reprises à l’identique. Cependant, Bianca TURETSKY parvient à enrichir son propos et le développer en étoffant les personnages autour de Louise ; la crise économique qui vient s’immiscer dans ce volume fait écho à la crise que connut la France dans les années 1770 et offre un effet de miroir intéressant.

Il est d’ailleurs à noter que le voyage dans le temps n’intervient qu’au premier quart du livre, laissant l’intrigue contemporaine prendre ses marques. Ce qui apporte un peu de sel à l’histoire cette fois-ci, c’est la connaissance qu’a Louise de l’histoire de Marie-Antoinette et de sa fin tragique et qu’elle ne peut donc s’empêcher de souffrir du décalage entre la très jeune femme et le peuple français, le mettant d’ailleurs en parallèle avec son attitude un peu « enfant gâtée » parfois.

Enfin, on appréciera les nouvelles pistes proposées par la fin du livre, en ce qui concerne la possibilité qu’il existe d’autres voyageuses et certaines plus proches d’elle que Louise ne l’aurait supposé ! Une robe couleur du temps – Au palais de Marie-Antoinette reste une lecture tout à fait divertissante, intéressante et pleine de fraicheur.

- Le Metropolitan Museum of Art adorerait mettre la main sur cette fabuleuse robe, haleta Glenda.

Elle était coupée dans un délicat satin vert d’eau, de la couleur des boîtes de chez Tiffany’s. Le corsage en ruché s’ajustait sur une superbe jupe longue à crinoline, décorée de deux panneaux drapés qui ressemblaient à des rideaux de scènes retenus par des glands dorés. Son décolleté plongeant était bordé de dentelle blanche et d’un galon bleu vif entrelacés, qui soulignaient également le bas de la robe dont la longueur couvrait les pieds. La dentelle décorait aussi les manches trois-quart avec un plissé parfait, agrémenté d’un ruban de soie fixé par une grosse broche en diamant sur chaque bras. Une rangée de minuscules nœuds rose pâle en décorait le devant de haut en bas. La robe rigide tenait droite toute seule.

Bianca TURETSKY, Une robe couleur du temps – Au palais de Marie-Antoinette.

Hachette

278 pages – 13,90€

Titre original : The Time-travelling Fashionista at the palace of Marie Antoinette  – Paru en 2012

Traduit en Français en 2012

Feuilleter un extrait : http://fr.calameo.com/read/00000004630677395d220

L’auteur : Bianca TURETSKY est une jeune Américaine qui se définit comme auteur, exploratrice, rêveuse et obsédée de mode vintage. Une Robe couleur du temps – A bord du Titanic était son premier roman, Une Robe couleur du temps – Au palais de Marie-Antoinette est le second.

Site internet de l’auteur (en anglais): http://timetravelingfashionista.com

21/07/2012

Les Poisons de Versailles (G. RESPLANDY-TAÏ)

« Un halo glacé enveloppe la petite troupe qui s’achemine à travers le parc, et les visiteurs qui s’approchent, soudés en un seul bloc pour mieux se protéger des morsures de la bise, ressemblent à des pantins maladroits à la démarche titubante. »

Nous sommes à Versailles, en 1672. Sur le chantier de son futur palais, Louis XIV est indifférent au sort des ouvriers qui se tuent à la tâche, comme à celui d’un jeune jardinier retrouvé assassiné dans le potager de La Quintinie. Pourtant, le poison rôde à la Cour du roi de France et nul ne sait de qui viendra le châtiment,  de La Montespan, experte en drogues en tout genre ou plutôt des Catalans révoltés contre l’insupportable gabelle, et que le roi a brisés et humiliés. Car un ruban à leurs couleurs, sang et or, a été retrouvé entre les doigts de la victime… Parmi tous ces illustres personnages, Vauban, Molière, Agnès, la jeune suivante de la reine, cache son passé : n’est-elle pas la seule rescapée de ce massacre qui impliquait des dragons du roi ? Et que penser d’une mystérieuse herbe, recherchée par le roi pour apaiser ses fièvres ?

Un peu complexe à première vue, Les Poisons de Versailles se révèle très vite un passionnant roman policier qui sait habilement utiliser la trame historique (et la parfaite connaissance qu’a l’auteur de cette époque) pour rendre vivante une période historique souvent figée dans le faste de l’absolutisme. Ici, Louis XIV se révèle un souverain encore jeune (il a trente-quatre ans), empêtré dans ses soucis domestiques, des problèmes de santé et un territoire qui est encore en train de se structurer. Ajoutons à cela son amour des arts et sa curiosité botanique, et vous aurez une bonne idée de souverain décrit dans le roman.

En parallèle se dessine la narratrice de cette histoire, Agnès Sola-Massuch, jeune catalane qui a vu l’assassinat de toute sa famille, excepté son frère Esteban, et qui ne cesse de redouter la vengeance de ce dernier, de retour en France. Son amitié avec Suzon, une domestique de Madame de Montespan, permet d’offrir en miroir aux fastes versaillais la condition du petit peuple à la même époque. Sa voix sait prendre ses distances avec les faits et les gens et favorise l’immersion du lecteur dans cette histoire confuse mais dont les fils se démêleront peu à peu.

Guillemette RESPLANDY-TAÏ a su jouer avec beaucoup de brio de ce point de vue interne et offre une fin de roman particulièrement intéressante. De surcroît, Les Poisons de Versailles permettent de côtoyer un Molière affaibli par la maladie mais créant son ultime pièce, un La Quintinie, jardinier en chef qui n’a de cesse de réussir des miracles, ce qui en fait une délicieuse lecture, érudite mais jamais pédante.

 J’ai été bien éduquée, mon père était un riche éleveur qui avait eu les moyens, et surtout l’intelligence, de me laisser profiter des leçons données à mon frère Esteban par un précepteur venu de Camprodon. Je sais ainsi lire et écrire, parler en catalan, en castillan et même en français malgré un terrible accent qui me faisait rouler les « rrr » et dont je n’arrivais pas à me débarrasser jusqu’à mon arrivée à la Cour mais que je sais aujourd’hui parfaitement dissimuler, tant les moqueries et agaceries de mes camarades à ce propos m’ont fait souffrir.

Ce sont mes talents de guérisseuse que la reine recherche. Aurait-elle peur ? De qui, je ne le sais pas encore, mais le poison rode à la Cour du roi de  France.

Guillemette RESPLANDY-TAÏ, Les Poisons de Versailles

Gulf Stream

215 pages – 12,50€

Paru en 2011

L’auteur : Docteur en pharmacie, Guillemette RESPLANDY-TAÏ est passionnée par la botanique dont elle fait l’un de ses thèmes favoris pour ses romans jeunesse, en particulier la série des « Thomas L’Aristoloche » aux éditions Le Pommier. Elle est également l’auteur de nouvelles et de récits historiques aux éditions Montalant et Nouveau Monde. Elle a choisi de réunir ses deux passions pour Les Poisons de Versailles.

07/05/2010

Une Robe pour Versailles (J. ALBRENT)

Une robe pour Versailles.jpg« C'est magique, songea Ariane, le souffle coupé, en entrant pour la première fois à Versailles. »

Ariane a quatorze ans. Orpheline, elle a été recueillie par sa tante Blanchette, qui a repris, par autorisation spéciale, la boutique de tailleur de son défunt mari. Cette dernière espère bien voir sa fille Elise à la tête de sa boutique et n'hésite pas à la mettre en avant... même lorsqu'il s'agit de recueillir les lauriers que mérite Ariane. C'est ainsi que par dépit, la jeune fille va devenir la troupe de la compagnie de Molière.

Petit livre facile à lire, destiné aux filles de onze-douze ans, cette Robe pour Versailles nous fait pénétrer moins dans le fameux palais que dans les coulisses de la troupe de Molière. C'est ainsi que Jeanne ALBRENT nous fait assister aux démêlés de Molière avec la Compagnie de Jésus, qui s'acharnera contre son Tartuffe, tâchant par tous les moyens de le faire interdire. La vérité historique est un peu malmenée mais le récit est plaisant et la jeune Ariane tout à fait charmante.

Molière ! Intimidée, elle se mit à trembler. Ainsi, c'était là l'acteur dont parlait tout Paris, celui qui ne reculait devant aucun scandale, devant aucune provocation. Et la jeune fille qui s'était toujours pourquoi Molière fascinait tant - il n'était, après tout, qu'un comédien - eut soudain l'impression de comprendre. C'était ces yeux noisette, pétillant d'intelligence et de malice. Cette démarche souple et sportive. Ce rayonnement, ce charisme qui émanaient de lui quand il déambulait avec une incroyable aisance sur les planches.

Jeanne ALBRENT, Une Robe pour Versailles.

Le Livre de Poche Jeunesse

285 pages - 5,50 €

Paru en 2010

L'auteur : née en 1987, Jeanne ALBRENT poursuit actuellement ses études de théâtre au Royaume-Uni. Sa passion pour l'histoire, les spectacles et la mode, lui a inspiré Une Robe pour Versailles.