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24/11/2010

La Belle Adèle (M. DESPLECHIN)

« - Tu ne peux pas faire un petit effort ?

Dans mon souvenir, c’est la phrase qui a tout déclenché. »

Adèle est différente. Parmi les filles de sa classe, au collège, elle est la seule qui ne s’intéresse ni aux vêtements ni au maquillage. Une extra-terrestre. Comme Frédéric, son meilleur ami depuis la maternelle. Lui, c’est sa gentillesse son plus gros défaut ; et son côté « intello ».  Le résultat, c’est que les deux sont mis au ban du groupe, malmenés à l’occasion, et que tout le monde trouve ça normal. Jusqu’au jour où les deux amis vont avoir l’idée de se rebeller et de prendre les autres à leur propre piège…

Désormais, ils seront un couple ! Arriveront au collège en se tenant tendrement la main. Resteront discrets sur leur relation, provoquant autant de commérages que d’interrogations. Sauf que le petit couple ne va pas longtemps rester discret.

Une bulle légère, voilà ce que propose Marie DESPLECHIN avec cette Belle Adèle. Le ton est alerte, la narration vive, et les péripéties se déroulent avec fluidité. Ce roman plein d’humour a d’abord été publié en feuilleton à l’initiative de SmartNovel, ceci expliquant cela. Ce qui ne l’empêche pas d’être incroyablement juste quant aux relations des adolescents entre eux et la peinture de cet univers « collégien » extrêmement conformiste et soucieux du regard des autres.

En présentant deux adolescents qui vont finalement jouer le jeu qu’on leur demande, pour mieux s’en détacher, c’est une jolie leçon qu’elle donne aux enfants-adolescents d’aujourd’hui, un peu empêtrés dans toutes ces contradictions qui les assaillent. Tout au plus pourrait-on lui reprocher une fin un peu belle pour être vraie, mais bon, il est parfois bon de rêver un peu...

Un certain nombre de gens, qui d’habitude ne se donnaient même pas la peine de lever la tête pour nous saluer, nous fixaient maintenant avec des yeux de poissons. Leurs regards allaient de nos mains à nos visages, en essayant de trouver une explication raisonnable à ce qu’ils voyaient. Nos sourires passaient pour une manifestation visible de notre nouvelle condition : nous étions transfigurés par le rayonnement de l’amour. Tout cela se déroulait sous un frais soleil de printemps et j’avais le sentiment étrange d’interpréter le premier rôle dans une publicité télévisée pour des chewing-gum.

Enfin, nous sommes arrivés devant la porte du collège. Frédéric m’a lâché la main.

- Je crois que ça suffit. Si on en fait trop, on va perdre notre crédibilité.

Marie DESPLECHIN La Belle Adèle.

Gallimard Jeunesse – Hors-série Littérature

156 pages – 8,50€

Paru en 2010

A lire : une interview de l’auteur pour expliquer sa démarche : http://www.smartnovel.com/video.php?idv=2

L’auteur : Marie DESPLECHIN vit et travaille à Paris. Elle a trois enfants. Auteur de nombreux livres pour enfants et adolescents, comme Verte et Le Journal d'Aurore, elle écrit aussi pour les adultes. La Vie sauve, écrit avec Lydie Violet, a obtenu le Prix Médicis Essai en 2005. Marie DESPLECHIN s'intéresse à de multiples domaines et travaille avec des artistes de différentes disciplines, comme Carolyn Carlson pour la création du spectacle «Le Roi penché». Elle a étudié les lettres classiques et le journalisme et travaille toujours pour la presse.

19/11/2010

Un Endroit où se cacher (J. C. OATES)

un-endroit-ou-se-cacher-10.jpg« Suis allée quelque part et, à mon retour, maman n’était plus là. »

Jenna est l’unique rescapée d’un accident de voiture qui a vu périr sa mère. Lorsqu’elle revient à elle, baignant « dans le bleu » de l’inconscience médicamenteuse, elle est en miettes, physiquement et moralement. Sa famille éclatée se presse autour d’elle et, déjà, elle exprime ce qu’elle veut : ne pas partir vivre avec son père, parti refaire sa vie en Californie et qui les a tant fait souffert, sa mère et elle. C’est donc sa tante Caroline qui va l’accueillir dans sa famille. Changement de maison, de lycée, d’amis, de vie, tout est brutal pour Jenna qui ne parvient pas à s’adapter. Sans compter la douleur, physique et morale, et les calmants auxquels elle n’a bientôt plus droit…

Joyce Carol OATES a réussi avec cet Endroit où se cacher à se glisser dans la peau d’une adolescente meurtrie qui ne parvient pas à saisir les mains qui se tendent. A la fois entourée et très seule, son héroïne se débat entre la tentation du vide et la lucidité qui fait qu’elle se voit agir mais ne peut s’empêcher de se laisser glisser sur la pente dangereuse.

L’écriture est hachée, mêlant monologue intérieur et narration plus classique, mais cependant jamais le lecteur n’est perdu car un fil invisible sous-tend l’ensemble.  Et c’est de cette tension entre le désir de retour vers « le bleu », cet état d’origine, celui où elle retrouverait sa mère, et l’appel de la vie, avec l’amour des siens, qu’elle perçoit ne peut accepter, que naît tout l’intérêt de l’histoire. Roman subtil, difficile parfois, c’est un très beau témoignage du travail de deuil et de résilience.

Ne me parlez pas ne me touchez pas !

Je m’efforce de me rappeler que je l’aime, ma « nouvelle » famille.

Ma tante Caroline et mon oncle, Dwight McCarty. Mes petits cousins Becky et Mikey.

Et ma nouvelle chambre, la chambre d’amis du premier étage, où j’avais coutume de dormir quand maman et moi venions rendre visite aux McCarty. Soudain, alors que je commence à défaire mes bagages et à pendre mes affaires dans le placard, je réalise que la dernière fois que je me suis trouvée dans cette même chambre à défaire ma valise, en août il y a un an de ça, maman était tout près… En train de défaire ses bagages dans sa chambre à elle, peut-être, ou en bas, avec tante Caroline. J’ai reformulé mon souhait, rouge de colère : je veux qu’on me rende ces moments-là !

Le temps présent, je le déteste. Je tremble et j’ai la nausée.

Joyce Carol OATES, Un Endroit où aller.

Wiz – Albin Michel

300 pages – 13,50 €

Titre original : After the Wreck, I picked myself up, spread my wings and flew away – Paru en 2006 – Traduit en français en 2010

L’auteur : Auteur de nombreux best-sellers, Joyce Carol OATES a commencé à écrire à quatorze ans. Elle a publié des romans, des essais, des nouvelles et de la poésie. Son roman  Blonde, inspiré de la vie de Marylin Monroe, a connu un immense succès. Joyce Carol Oates enseigne également la littérature à l'université de Princeton.

Site internet : http://www.harpercollins.com/author/microsite/about.aspx?authorid=7275

01/11/2010

Le Mystère de la tombe Gaylard (M-C. BOUCAULT)

mystère tombe gaylard.jpeg« Comme chaque samedi midi, après les cours, j’étais rentrée directement à la maison. »

Tous les samedis, Sybille a pris l’habitude d’aller nager en sortant du lycée. En y allant, elle a l’habitude de flâner dans les puces de Vanves où elle adore chiner. Mais un jour, ce n’est plus les habituelles babioles qui attirent son œil, bien plutôt un vieil album photo. Comment des gens ont-ils pu se débarrasser ainsi de souvenirs si intimes ? Choquée, elle décide de racheter l’album pour le ramener à ses propriétaires. Mais elle va découvrir une situation qu’elle n’aurait pas imaginée…

Facile à lire, présentant le portrait d’une adolescente à la fois décidée et sensible, Le Mystère de la tombe Gaylard aborde des thématiques moins souvent traitées : celle de relations familiales compliquées, des questions d’héritage, de relations dans la fratrie.

Tout en menant l’enquête pour découvrir le secret de cette « tombe Gaylard », l’héroïne est bien consciente que c’est dans son histoire personnelle qu’elle s’enfonce en parallèle et que, refusant de laisser perdre ces souvenirs, ce sont les siens qu’elle essaie de préserver.

La narration est alerte, à la première personne, presque trop polie pour être celle d’une adolescente de dix-sept ans, mais néanmoins l’ensemble se lit avec facilité, notamment pour les lecteurs peu chevronnés.

L’album immortalisait plusieurs jolies scènes de déjeuner familial avec elles sous le pommier du jardin.

Tous ces moments de vie ne regardaient que nous. Je n’aurais pas du tout aimé qu’un étranger u=y ait accès en consultant l’album de mamie Pierrette. Mais le pire, pour moi, c’était d’imaginer qu’un inconnu le dépouille de nos photos pour les remplacer par les siennes.

Je frémis à cette idée, les larmes me montèrent aux yeux.

Comme pour conjurer le sort, je décidai alors d’acheter l’album de Germaine Turpin. Pour qu’_il ne puisse jamais tomber entre de plus mauvaises mains que les miennes.

Marie-Claire BOUCAULT, Le Mystère de la tombe Gaylard.

Souris noire - Syros

180 pages – 5,95€

Paru en 2010

L’auteur : Diplômée de Lettres, Marie-Claire BOUCAULT a longtemps travaillé dans l’édition comme directrice de collection dans le domaine de la science-fiction (Fleuve noir). Mais quand elle prend la plume, c’est pour raconter des histoires bien ancrées dans notre époque, où le maître mot est le suspense.

Elle est aujourd’hui journaliste d’entreprise.