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09/02/2011

Terrienne (J-C. MOURLEVAT)

« Etienne Virgil n’allait pas bien quand il fit la rencontre, au début de l’automne, de cette jeune fille qui s’appelait Anne Collodi.. »

Un écrivain en manque d’inspiration croise un jour sur sa route une drôle de jeune fille, qui a l’âge de sa petite-fille. Anne est à la recherche de sa sœur Gabrielle, disparue le lendemain de son mariage. Etienne Virgil va la laisser au croisement d’un panneau portant l’inscription « Campagne ». Le problème, lorsqu’il va y réfléchir plus tard, c’est qu’il n’a jamais – lui qui est de la région – entendu parler de cette ville. Commence alors une aventure étrange, extraordinaire au plein sens du terme, aux frontières du réel…

Une fois de plus, tout en se renouvelant, Jean-Claude MOURLEVAT réussit un magnifique roman, tout empreint de sensualité, d’amour et de littérature. L’onomastique est essentielle dans Terrienne, soigneusement choisie à partir de « classiques », qu’il s’agisse de Barbe-Bleue, de Pinocchio ou de l’auteur des Bucoliques et des Géorgiques, ramenant ainsi la nature au cœur du roman. Car c’est la vie sous sa forme la plus essentielle qui est finalement au centre du livre , « le trop froid et le trop chaud », « le trop et le pas assez », l’air que l’on respire à pleins poumons.

Opiniâtre et déterminée, la jeune Anne ira au bout de son voyage, au bout de ses forces aussi, mais en reviendra plus riche de tout et bien déterminée à vivre, tout simplement. L’univers qu’elle découvre donne le frisson, car il est à la fois si proche et si loin de nous. Si proche car son aseptisation forcenée évoque tous les principes de précaution dont on nous surprotège, si loin car, dieu merci, on salive encore à l’évocation des spaghettis bolognaise du grand-père et de la quiche lorraine qui donne la nausée aux autres.

Roman fantastique car jouant avec la lisière du monde réel et l’autre, semblable au pire que notre civilisation a pu produire (on pense ici aux cheminées d’incinération dont la fumée étouffe), il amène le lecteur à douter, à frémir, à redouter cette étrange proximité ; mais Terrienne reste également un formidable roman du réel, un hymne à la vie et à ses petits bonheurs, un éloge de l’humain et de sa force.

- Pourquoi m’as-tu appelé ? reprit-il. Je suis vieux. Je ne sais rien faire. Tu ne me connais pas. Nous faisons un couple d’aventuriers complètement à côté de la plaque, tous les deux. Je suis sûr qu’il y avait dans ton entourage au moins cinquante personnes plus compétentes que moi.

- Peut-être.

- Alors ?

- Alors je sais pas… J’ai eu l’intuition que…

- Que quoi ?

- Que vous feriez l’affaire. Que vous seriez la bonne personne. Je vous ai trouvé l’air un peu perdu, dans la voiture. Mais l’air sage aussi. C’était un drôle de mélange. Et puis, votre métier. Je me suis dit que vous seriez peut-être plus familier avec ces choses peu ordinaires.

- J’avais l’air tellement perdu ? demande-t-il.

- Oui. Un peu.

- Ah, bon.

Jean-Claude MOURLEVAT, Terrienne.

Gallimard

390 pages – 16 €

Paru en 2011

L’auteur : Jean-Claude MOURLEVAT est né en 1952 à Ambert en Auvergne, de parents agriculteurs. Il est le cinquième enfant de six (trois frères et deux sœurs).
Il fait des études à Strasbourg, Toulouse, Bonn et Paris et exerce le métier de professeur d'allemand en collège pendant cinq ans avant de devenir comédien de théâtre. Il est notamment l'auteur et l'interprète du clown muet nommé «Guedoulde», spectacle joué plus de mille fois en France et un peu partout dans le monde. Il met en scène de nombreuses pièces de Brecht, Cocteau, Shakespeare…
Depuis 1997, il publie des ouvrages pour la jeunesse. Il écrit tout d'abord des contes, puis un premier roman, La Balafre. Depuis, les livres se sont succédés avec bonheur, plébiscités par les lecteurs, la critique et les prix littéraires.
Jean-Claude MOURLEVAT réside près de Saint-Étienne, avec sa femme et leurs deux enfants.

Site de l’auteur : http://www.jcmourlevat.com

Une interview de l'auteur : http://www.dailymotion.com/video/xgrqc0_une-rencontre-avec-jean-claude-mourl

Un autre extrait : "Mangiate !"

02/02/2011

Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage (M. MALTE)

« Mercure a le cœur dur. Un cœur de fer. »

Parce que sa petite sœur Juju est malade, Romain vient emménager pour une semaine avec ses parents dans La Maison des Parents. Située en face de l’hôpital où est soignée sa sœur, elle héberge les familles des malades. C’est là qu’il va faire la connaissance d’Alexia, une fille de son âge un peu tête à claque qui en sait plus long que tout le monde sur les médecins et les maladies. Ce qui n’intéresse pas Romain. Lui, sa passion, c’est l’astronomie. Plus tard, il ira dans l’espace, c’est sûr.

Marcus MALTE choisit ici d’aborder un sujet délicat : le cancer des enfants et, surtout, les conséquences sur les proches. A travers ce court roman, il brosse une galerie de personnages qui réagissent tous différemment face à la situation : du déni à la fuite, de la douleur à l’incompréhension, tout y est. Confiant les rênes de la narration à Romain, il joue de la naïveté du point de vue pour des choses toujours justes et pleines de sensibilité.

Son personnage caparaçonné dans sa passion, qui ne supporte pas l’odeur de plus en plus prégnante de l’hôpital, va peu à peu apprivoiser une réalité difficile et grandir en regardant des adultes désorientés. Avec tact, avec délicatesse, mais droit au but, Marcus MALTE réussit ici un livre étonnant, qui touche autant les petits que les grands, même si la lecture à partir de dix ans est à réserver aux enfants matures.

-        Ca t’a plu ?

-        Bof. Pas trop.

-        Ah bon ?

-        J’aime pas les magiciens. C’est toujours des faux.

-        Des faux ?

-        Ouais. Ils font semblant d’avoir des pouvoirs magiques, mais en fait ils n’en ont pas. C’est tout truqué, leurs tours. (…) Si c’était un vrai magicien, il ferait disparaître la maladie plutôt que de faire disparaître des foulards.

-        Et puis quoi encore ? Tu confonds les magiciens avec les médecins. Je te signale que le professeur Hatier n’a rien à voir avec Harry Potter.

-        Ouais, ben, je me demande si c’est pas un faux, lui aussi.

Marcus MALTE, Mon Vaisseau Te Mènera Jeudi Sur Un Nuage.

Tempo Syros

115 pages – 5,95 €

Paru en 2011

Lire un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748510607

L’auteur : Marcus Malte est né en 1967 à La Seyne-sur-Mer, et il y est resté. Devant la mer. Il a fait des études de cinéma, mais ça n’a pas trop marché. Il a fait un peu le musicien, mais ça n’a pas trop marché. Aujourd’hui il essaie d’écrire des histoires. Un premier roman publié en 1996 au Fleuve Noir, "Le doigt d'Horace". Depuis, une douzaine de romans publiés, et autant de nouvelles, aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes. Des histoires assez noires, pour la plupart.

Site de l'auteur : http://www.marcusmalte.com

SELECTIONNE POUR LE PRIX DES INCORRUPTIBLES 2012-2013 - CATEGORIE CM2-6°