L'Alchimiste (M. SCOTT)

« Qui peut bien porter un pardessus à San Francisco en plein été ? s’exclama Sophie Newman, deux doigts appuyés contre son oreillette Bluetooth.

Josh et Sophie Newman sont deux adolescents bien dans leur époque : ordinateur portable, téléphone, blog… Alors que leurs parents, archéologues, sont partis pour l’été en expédition, ils ont trouvé un job d’été à San Francisco, chez un libraire pour lui, dans un salon de thé pour sa sœur jumelle. Mais tout va basculer lorsqu’un inconnu va faire irruption dans la librairie et réclamer un mystérieux manuscrit : car le patron de Josh va révéler sa véritable identité. Il est l’alchimiste Nicolas Flamel, immortel…

Si ce premier volume des Secrets de l’immortel Nicolas Flamel peut apparaître à première vue comme un joyeux mélange ésotérico-magico-mythologique, il se révèle rapidement un roman absolument passionnant, où l’on va croiser les mythologies celtes, égyptiennes, l’histoire et la légende. Et pourtant, on y croit, et l’on suit sans hésiter les deux jeunes « élus » de la mystérieuse prophétie, deux jumeaux amenés à sauver le monde – ou le détruire.

Michael SCOTT a concentré l’action de cet Alchimiste sur deux jours : 31 mai et 1^er juin. Et il va mener tambour battant une intrigue qui va tour à tour voir la révélation aux deux adolescents de leur destin hors du commun, l’initiation à la magie de Sophie, la destruction d’un royaume des  Ombres et des combats sans merci entre forces millénaires et créatures plus étranges les unes que les autres.

Quoique dense en actions et péripéties, L’Alchimiste est un roman qui se lit sans difficultés et qui plaira aux amateurs d’Harry Potter, aux passionnés de mythologie et… aux stratèges !

Hécate prononça un mot dans une langue qui semblait aussi vieille que l’humanité.

- Oranges, chuchota Josh, qui sentait et goûtait soudain le fruit.

- Non, de la glace, rectifia Sophie. De la glace à la vanille maison.

Elle se tourna vers son frère, qui la regardait avec étonnement.

Sophie était auréolée d’argent. Le halo flottait autour d’elle, scintillant ; quand elle cligna des yeux, ils prirent l’aspect de miroirs plats.

Josh était aussi entouré d’une lumière chaude et dorée. Concentrée autour de sa tête et de ses mains, elle palpitait en rythme avec les battements de son cœur. Ses iris ressemblaient à des pièces d’or.

Sans un mot, Hécate leur lâcha les mains, et aussitôt la lumière s’estompa. La déesse rejoignit Flamel à grands pas, le prit par le bras et s’éloigna du sentier pour lui parler sans que les autres l’entendent.

- Vous avez une idée de ce que ça signifie ? demanda Sophie à la Guerrière.

Sa voix tremblotait et elle avait encore le goût de vanille dans la bouche.

- La déesse a vérifié vos auras.

 

Michael SCOTT, L’Alchimiste, les secrets de l’immortel Nicolas Flamel.

Pocket jeunesse

384 pages – 19 €

Paru en collection poche en 2011 – 7,40€

Titre  original : The Alchemyst – Paru en 2006 – Traduit en français en 2008

L’auteur : Michael SCOTT vit à Dublin. Spécialiste de mythologie et de folklore, il a déjà écrit de nombreux textes de fantasy, d'horreur ou de science-fiction, qui ont remporté un tel succès qu'il est considéré en Irlande comme le « roi de la fantasy ». (Source Ricochet)

Site de l’auteur (en anglais) : http://www.dillonscott.com

Au Bord de la ville (R. FUENTES)

« Podagre était mon meilleur ami. »

Depuis sa naissance, Sylvère vit au bord de la ville, sur un terrain vague où se sont installés ses ancêtres jadis. Au loin, il aperçoit les tours blanches, premier rempart de « la Ville ». Pas question pour « le peuple des cabanes » de rencontrer les deux autres populations. Pourtant régulièrement, des habitants du terrain vague disparaissent, aspirés par cette ville. A commencer par le timide Podagre…

Etrange histoire que ce roman de Roland FUENTES, à mi-chemin entre l’utopie, le fantastique et le réel. Le lecteur ne sait où se situer dans cette histoire où chaque population peut en symboliser d’autres. Comment ne pas penser, par exemple, aux sans-papiers venus émigrer quand on évoque le sort des habitants du terrain vague de retour («  Ce n’est pas votre travail ! Vous êtes un renégat ! Vous avez volé ce travail ! »).

Les deux adolescents héros de l’histoire sont attirés comme des papillons par cette ville étrange et ils s’y sentiront d’autant plus étrangers lorsqu’ils y seront : jamais de gratuité, pas de don, tout doit se monnayer, et les fraudeurs sont impitoyablement traqués. Roland FUENTES restitue très bien ce sentiment de tout puissance qui les gagne face à cette offre de consommation mais, en même, ce désir profond de revenir aux sources.

La priorité est donnée à l’humain, finalement, et c’est toute la leçon de ce Au Bord de la ville, joli message utopiste. Une lecture plutôt facile pour des adolescents de 13-14 ans.

-          Je vais vous parler du travail. Avant toute chose, jeunes gens, il faut conserver un principe très nettement gravé à l’esprit. Celui qui régit chaque action, chaque comportement à la ville :

Tout travail mérite salaire !

Celui qu’on prend en faute de travailler sans demander de rémunération peut être banni. De même, celui qu’on surprend à donner sans rien exiger en retour. Ici, chaque action, et même chaque être humain valent un prix. Les spectacles sont à vendre, les chansons, les histoires, les services, la vue qu’on a par la fenêtre de chez soi. Le prix assure l’équilibre de la ville.

N’ouvrez pas des yeux horrifiés… Les gens d’ici ne sont pas des monstres ! Ils n’obéissent à ces principes que par souci de préserver cet équilibre que leurs ancêtres ont créé.

Roland FUENTES, Au Bord de la ville.

Syros

240 pages – 14,90€

Paru en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748510942

L’auteur : Né à Oran en 1971, Roland FUENTES a passé son enfance en Algérie et sa jeunesse en Provence. Il enseigne l'allemand à mi-temps depuis dix ans et emploie l'autre partie de son temps à écrire des nouvelles, des romans, et, depuis quelque temps, des livres pour enfants.

Site internet : http://rolandfuentes.hautetfort.com

Fablehaven - La Menace de l'étoile du soir (B. MULL)

« Après s’être engouffrée dans la classe avec ses camarades de troisième, Kendra se fraya un chemin jusqu’à sa place. »

Désormais, la fin de l’année scolaire approchant, Kendra et Seth n’ont plus qu’une hâte : rejoindre Fablehaven pour y retrouver leurs grands-parents et explorer le fabuleux domaine. Mais un contretemps vient se manifester en la présence d’un kobold  qui vient infiltrer l’école de Kendra. Et la personne qui va leur venir en aide n’est pas vraiment ce qu’elle prétend être…

Si la magie était omniprésente dans le premier volume de la série (découverte d’un nouvel univers, mise à l’épreuve, prise de connaissance des règles de Fablehaven), l’ambiance est d’emblée plus sérieuse dans ce deuxième tome. Le danger est partout et n’épargne personne. Les grands-parents ont été agressés et ont décidé de préparer sérieusement leurs successeurs : leurs maîtres sont les plus chevronnés dans leur domaine, mais le problème, c’est que l’un d’eux est un  traître…

Cette Menace de l’étoile du soir est plus violent que ne l’était le premier, les combats sont nombreux et les enfants à la hauteur des espoirs posés sur eux. Le personnage de Seth perd de son inconscience juvénile, pour devenir plus solide, moins exaspérant et plus héroïque. Quant à Kendra, elle est définitivement consacrée « féerique » et, à ce titre, jouit d’un statut exceptionnel, quoiqu’un peu lourd à porter parfois. Mais elle a acquis également d’avantage de confiance en elle et est à l’aide dans les rapports aux autres.

L’histoire se déroule tambour battant, ne laissant pas au lecteur le temps de souffler, amis sait toutefois garder un peu d’humour : on ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de ce deuxième volume des aventures de Seth et Kendra.

L’air était nettement plus frais en bas du long escalier qui descendait au sous-sol. La porte en fer, au bout du couloir ténébreux éclairé seulement par la lampe torche de Grand-mère paraissait inquiétante. Au bas de la porte s’ouvrait la petite chatière que les brownies utilisaient – la même qui se trouvait dans la porte de la cuisine, en haut.

- Les brownies entrent et sortent par les cachots ? demanda Seth.

- Oui, répondit Grand-Mère. Au moins une visite chaque nuit, pour voir si on laissé quelque chose à réparer.

- Pourquoi vous ne leur laissez pas faire la cuisine ? voulut savoir Kendra. Ils préparent des plats si délicieux !

- Délicieux, oui, acquiesça Grand-Mère. Mais quels que soient les ingrédients qu’on leur fournit, ils s’arrangent toujours pour faire un dessert.

- Et alors ? Je ne vois pas le problème, rétorqua Seth. Est-ce que les brownies vous ont déjà fait des brownies ?

Grand-Mère cligna de l’œil.

- D’où ces gâteaux tiennent-ils leur nom, d’après toi ? Ce sont ces petits malins qui les ont inventés.

Brandon MULL, Fablehaven, la menace de l’étoile du soir.

Nathan

445 pages – 14,90€

Titre original : Fablehaven – Paru en 2006 – Traduit en français en 2010

A feuilleter : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092525647

Site de la série : http://www.fablehaven.fr

L’auteur : Dès son enfance, Brandon MULL invente des histoires aux univers fantastiques et rêve secrètement de devenir écrivain.
Après avoir gagné la médaille d'or du plus gros mangeur de pudding de son quartier, il habite longtemps sur les flancs d'une colline surplombant une prison. Depuis la naissance de sa troisième fille, il est devenu le golem préposé au ménage et, comme Hugo, il obéit aveuglément à tous les ordres qui lui sont donnés ! Mais pas d'inquiétude, son imagination prolifique lui permet de combiner ses activités d'écrivain et de « golem à tout faire »...

Site internet : http://www.brandonmull.com

La série :

Tome 1 : Fablehaven, le sanctuaire secret

Tome 2 : Fablehaven, la menace de l’étoile du soir

Tome 3 : Fablehaven, le fléau de l’ombre

Tome 4 : Fablehaven, le temps des dragons

Tome 5 : Fablehaven, la prison des démons

Fablehaven - Le Sanctuaire secret (B. MULL)

« Kendra observait le feuillage qui défilait, brouillé par la vitesse, à travers la vitre du quatre-quatre. »

Leurs parents partant en croisière, ce sont les grands-parents paternels de Kendra et Seth qui vont les accueillir chez eux dans leur magnifique propriété. Des jardins superbes, une piscine, un grenier rien que pour eux, une gouvernante et un majordome, l’endroit est idyllique. Si ce n’est un certain nombre d’interdictions formulées par le grand-père. Interdictions que Seth le trop curieux va s’empresser d’enfreindre…

Ce premier volume de la série Fablehaven (qui en comptera cinq) est tout simplement magique, comme l’est le domaine dont le grand-père des enfants est le gardien. Des êtres fabuleux (fées, géants, sorcières, monstres, naïades et satyres) tout droit venus d’imaginaires divers et variés, depuis l’Antiquité jusqu’aux légendes médiévales, viennent cohabiter avec les humains qui acceptent de les voir et de leur permettre de continuer à exister. Car le danger est partout : les puissances maléfiques se tiennent en embuscade.

Brandon MULL propose ici un univers tout à fait original, qui s’écarte des « histoires de sorcières » ou autres « fantasy » : son univers prend racine dans les classiques de la littérature anglaise, qu’il s’agisse de SHAKESPEARE ou de Lewis CARROL et il les revisite avec bonheur. Fablehaven – le sanctuaire secret prône des vertus de respect, d’écoute de l’autre et d’acceptation de la différence, avec la part d’énigme qu’elle peut comprendre.

Les deux enfants forment un couple frère-sœur tout à fait crédible dans leur relation et les adultes jouent à merveille leur rôle d’initiateurs, de guides et… d’empêcheurs de tourner en rond. On referme le livre avec un envie : entrer nous aussi dans ce domaine fabuleux.

Kendra regarda le plat. Buvez le lait. Si Seth faisait un numéro, ses talents d’acteurs avaient été brusquement multipliés par dix. Elle plongea un doigt dans le lait et le porta à sa bouche. Seth avait raison, il était chaud et sucré. Un instant, le soleil lui tapa dans les yeux et elle cligna des paupières.

Elle jeta un nouveau coup d’œil à son frère, qui s’approchait lentement d’un petit groupe de fées qui voletaient. Trois d’entre elles avaient des ailes de papillon, et la dernière des ailes de libellule. Kendra ne put retenir un cri devant ce spectacle incroyable.

Elle regarda à nouveau le lait. Une fée avec des ailes de colibri buvait dans le plat. A  part ses ailes, la fée avait l’air d’une mince jeune femme qui ne mesurait pas tout à fait cinq centimètres. Elle portait une tunique turquoise brillante et avait de longs cheveux noirs. Quand Kendra se pencha plus près, la fée s’éclipsa.

Elle ne pouvait pas réellement voir ça ? Il devait y avoir une explication. Mais les fées étaient partout, scintillant de couleurs vives ici et là. Comment pouvait-elle nier ce qu’elle avait devant les yeux ?

Brandon MULL, Fablehaven, le sanctuaire secret.

Nathan

345 pages – 14,90€

Titre original : Fablehaven – Paru en 2006 – Traduit en français en 2009

Site de la série : http://www.fablehaven.fr

L’auteur : Brandon MULL a travaillé comme comédien, promoteur de films et rédacteur. Il vit au-dessus d'une prison avec ses deux enfants. Fablehaven est son premier roman. Aujourd'hui, grâce au succès de cette série, il se consacre à l'écriture à plein temps. Il visite régulièrement les écoles pour parler de littérature, et promouvoir l'idée que « l'imagination peut vous emmener partout ».

Site internet : http://www.brandonmull.com

La série :

Tome 1 : Fablehaven, le sanctuaire secret

Tome 2 : Fablehaven, la menace de l’étoile du soir

Tome 3 : Fablehaven, le fléau de l’ombre

Tome 4 : Fablehaven, le temps des dragons

Tome 5 : Fablehaven, la prison des démons

L'Île du sommeil (F. COLIN)

« Je me souviens très bien du jour où j’ai failli mourir. »

Les freins de son vélo n’ayant pas été vérifiés, Eelian a un accident qui l’emporte tout droit dans un monde étrange, celui de Noctance, peuplé de créatures extraordinaires et où le temps semble comme dissous. Là, il va vivre un certain nombre d’aventures, jusqu’à la rencontre avec le fameux docteur Mortès, qui va le confronter à un terrible choix…

« Ça parle de la mort, quand même, et c'est presque la matrice de Bal de givre à New York, maintenant que j'y pense », disait Fabrice COLIN il y a quelques temps sur son blog. En effet, L’Île du sommeil se présente comme un conte, mais un conte cruel, qui évoluerait dans un univers à l’anglo-saxonne, celui du Magicien d’oz ou de Tim Burton, avec ses personnages étranges, tout droit sortis d’un imaginaire un peu retors.

Comme dans Bal de givre à New York, l’auteur utilise l’état intermédiaire de coma pour dérouler une histoire à la fois fluide et mouvementée, où les péripéties surgissent dès la fin de la précédente.

La mort est omniprésente, Eelian voit sa famille à sa chevet et est tiraillé entre le désir de les retrouver et celui de rester dans le confortable monde de Noctance et c’est tout ce dilemme qui anime le roman. Destiné à de jeunes adolescents par la forme, L’Île du sommeil peut néanmoins nécessiter une lecture accompagnée.

En tombant dans le coma, j’étais arrivé ailleurs : à Noctance, l’île de mes rêves. Un endroit étrange, plein de dangers et de merveilles. C’est là qu’était ma vie désormais. C’est là qu’étaient mes amis.

Je les avais rencontrés le premier soir. Ils habitaient la forêt, dans une grande cabane perchée au creux des arbres. J’étais venu à eux au hasard, et ils m’avaient accueilli le plus naturellement du monde.

Il y avait le Picancroque, un épouvantail à tête de citrouille, avec un long manteau noir tout déchiré. Malgré ses griffes et son air renfrogné, c’était un ami très calme, pour qui la nature n’avait aucun secret.il savait même parler aux arbres. Il semblait toujours excessivement sérieux : ça devait être qui le rendait si drôle.

Il y avait Oloon : un grand homme-loup au torse velu, le protecteur du groupe. Il était doté d’une force impressionnante, mais c’était un ami avant tout sensible et courageux. Quand on l’embêtait, il retroussait ses babines et se mettait à grogner et à gonfler la poitrine. Habituellement, ça suffisait pour qu’on le laisse en paix.

Enfin, il y avait Marvelle : une grande fée habillée de feuilles, la personne la plus attentionnée et la plus gentille que j’aie jamais croisée. Elle é tait belle à tomber, et aussi fraîche qu’un vent d’été.

Souvent, il me semblait connaître ces trois-là depuis ma naissance. A dire vrai, c’était l’île toute entière qui me donnait cette sensation. Je savais qu’il y avait un volcan, je savais qu’il y avait des pirates, et les criques et les vallées m’étaient parfaitement familières.

Quant aux façons de quitter cet endroit, elles n’étaient pas non plus un mystère : soit je mourais pour de bon, soit…

Fabrice COLIN, L’Île du sommeil.

Castor Poche - Flammarion

160 pages – 6,50€

Paru en 2011

L’auteur : Né en 1972, Fabrice COLIN est un auteur prolifique et reconnu de Fantasy. Il a publié de nombreux romans, romans graphiques, BD et nouvelles en jeunesse et en adulte. Il a été primé pour : Le Cycle d'Arcadia : Vestiges d'Arcadia, prix Ozone 1999 (Meilleur roman de fantasy francophone). Dreamericana, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman français). CyberPan, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman jeunesse)

Site internet : http://fabrice-colin.over-blog.com