Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/06/2011

Le Signe de K1 - Le Temps des Tsahdiks (C. GRATIAS)

« Notre frère Yehuya s’est « effacé » à son tour ce matin. »

An 2322, les hommes s’effacent peu à peu, sans explication. Jusqu’à la vérité : les « pionniers » ont été manipulés. Envoyés sur Terre en 2020 pour préserver la survie des peuples futurs, ils découvrent que le virus envoyé propage la violence et que le président Tubal-K ne cherche qu’une chose : se protéger, lui et sa caste, et tuer « l’Ancêtre », à l’origine de la lignée des K2 et K3.

Curieux résumé, à la limite de l’incompréhensible ainsi dit, Le Signe de K1 – Le Temps des Tsahdiks est la suite de Le Signe de K1 – Le Protocole de Nod et la plupart des personnages du premier volume se retrouvent dans le second. Il est néanmoins tout à fait possible le second sans avoir pris connaissance du premier, chaque livre formant un tout et le second explicitant les développements du premier.

Claire GRATIAS a écrit un roman tout à fait passionnant, à la fois complexe et limpide. Complexe car sa construction est extrêmement subtile, jouant sur la chronologie, les allers-et-venues dans le temps, et ménageant à chaque chapitre ou presque un rebondissement inattendu. Et limpide cependant car la narration déroule son fil avec fluidité, les personnages sont extrêmement bien construits, avec beaucoup de finesse, et l’on s’attache à leur destin avec une angoisse mêlée d’espoir.

Le Signe de K1 – Le Temps des Tsahdiks ouvre une réflexion particulièrement intéressante sur notre société actuelle, ses dérives et ses limites. Roman de science-fiction, roman fantastique, avec ses voyages dans le temps et autres pouvoirs paranormaux, mais aussi roman de société, avec les thèmes de la manipulation politique des populations laissées dans l’ignorance par ses dirigeants, et roman d’amour enfin, Le Signe de K1 – Le Temps des Tsahdiks a tout pour plaire à différents publics.

- Mes jours sont désormais comptés, Menadel.

Le vieil homme ressentit une vive émotion. Cependant, pas un trait de son visage ne tressaillit.

- Que cherchaient-ils ? demanda-t-il calmement.

- Ils ont réussi à décoder l’iris de mes yeux, puis à partir de là, grâce à leurs connaissances extrêmement poussées en biométrie, ils sont remontés dix générations en arrière et ont reconstituer la signature iridienne de mon ancêtre. Celui qui vivait au XXIème  siècle…

- Vous voulez dire… l’Ancêtre ?

Oui. Grâce à son IrisCode, ils sont désormais en mesure de l’identifier. (…)

- Que comptez-vous faire, Commandeur ? demanda-t-il en rouvrant les paupières.

- Nous n’avons pas le choix : nous devons le trouver avant eux. Nous devons sauver l’Ancêtre.

Claire GRATIAS, Imago.

Soon - Syros

336 pages – 15,90€

Paru en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748510614

L’auteur : Née un an après "Les Tontons flingueurs", Claire GRATIAS ignorait alors que ce chef-d'œuvre deviendrait un jour son film culte. À cette époque, la télévision était en noir et blanc et ne proposait que deux chaînes. Restait la lecture. Elle s'y adonna avec ferveur. Sa deuxième grande passion était le cirque. C'est probablement ce qui la conduisit à rejoindre pour un temps le grand corps malade de l'Instruction Publique alors rebaptisée Nationale Éducation, où elle exerça durant quinze patientes années au cœur même de la cage aux fauves, sous les regards admiratifs de spectateurs frémissants d'angoisse et de compassion. Jusqu'au jour où elle se rappela cette sage maxime de l'oncle Fernand : « Quand la protection de l'enfance coïncide avec la crise du personnel, faut plus comprendre, faut prier… » Et elle s'enfuit nuitamment avec un trapéziste volant. Après un atterrissage forcé sur le toit d'une maison d'édition, elle décida de se reconvertir dans l'écriture (« Ah ! si c'est une œuvre… »). Depuis, elle rencontre régulièrement de gentils lionceaux gavés de télévision pour parler avec eux de livres noirs et blancs…

02/05/2011

0.4 (M. LANCASTER)

« Quand Danny Birnie nous a raconté qu’il avait hypnotisé sa sœur, on l’a tous pris pour un fou.»

Kyle Straker est un adolescent anglais de quinze ans et demi. Il vit avec sa famille dans une petite ville d’un millier d’habitants, Millgrove. Ses amis, il les connaît depuis l’enfance et la vie à Millgrove se déroule sans heurs ni surprise. Jusqu’à ce fameux jour du concours d’amateurs où Danny Birnie a décidé de faire un numéro d’hypnose. Mais lorsque les quatre volontaires sont revenus à eux, tour avait changé…

Audacieux, palpitant, inquiétant, terrifiant, le roman de Mike A. LANCASTER est tout cela à la fois. On suit avec angoisse l’errance des quatre « 0.4 », ces « laissés-pour-compte » qui n’étaient pas là au moment où il le fallait et ont échappé au bouleversement qui a touché tous ceux qui les entourent. Au mieux, ils sont devenus invisibles à leurs yeux, au pire, traqués par des « vestigivores ». C’est dans une dimension parallèle qu’ils sont entrés, un univers marqué par une inquiétante étrangeté.

La narration est tout à la fois dynamique et pleine de subtilité : c’est la voix de Kyle que l’on entend, enregistrée sur les vieilles cassettes de Dire Straits de son père (!), parfois interrompue lorsqu’il s’agit de changer de face, voix encadrée par celle d’un narrateur qui se présente comme l’éditeur, et entrecoupée de notes visant à expliciter le monde de Kyle – notre monde – comme le vestige d’une civilisation perdue. L’histoire se déroule tambour battant, jonglant avec les rebondissements et jouant des rapports humains entre les quatre « survivants ».

0.4 est un roman qui ouvre sur une intéressante réflexion sur notre monde et la place de l’homme, sur le divin et sur la dématérialisation de notre société, à travers les personnages de deux adolescents, fille et garçon, dans lesquels bon nombre de lecteurs pourront se reconnaître et s’interroger. Un roman qui donne le vertige…

- Ça vous fait penser à quelque chose ? l’ai-je questionné.

- Je suis facteur, a-t-il déclaré.

J’ai cru qu’il était retombé dans sa crise de folie, mais il a continué :

- Ces dernières années, on a observé de gros changements dans le type d’objets qu’on livre. Certains de ces changements sont frappants : beaucoup plus de colis en provenance d’eBay ou d’Amazon ; beaucoup moins de cartes postales… les gens s’envoient directement des photos numériques.

« Mais le plus triste, c’est la disparition de la correspondance personnelle. A cause des nouvelles technologies, les gens ne s’en échangent plus comme autrefois. Ils ont le téléphone portable, les e-mails, Facebook et Twitter. On ne s’envoie plus de lettres, aujourd’hui ; on clique sur une souris et l’interlocuteur reçoit le message dans l’instant.

- Cette histoire a un rapport avec nous ? a grogné Kate avec impatience.

- Le rapport, c’est que si on veut entrer en contact avec une seule personne, on peut encore éventuellement lui envoyer une lettre. Un vrai bout de papier, concret, tangible. Mais si on veut se mettre en contact avec tout le monde et tout de suite…

- … on le fait numériquement, a complété Lily.

Mr Peterson a approuvé d’un signe de tête.

- Electroniquement, a-t-il confirmé. Par ordinateur.

- Une invasion numérique, ai-je murmuré. Mais quelle forme est-ce que ça pourrait prendre ?

- Mystère, a-t-il répondu. Pourquoi pas quelque chose qui ressemble à ce qui se passe aujourd’hui ?

Mike A. LANCASTER, 0.4.

Blast - Nathan

255 pages – 13,90 €

Titre  original : 0.4 – Paru en 2011 – Traduit en français en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092531723

L’auteur : Mike LANCASTER est né à Huntingdon, près de Cambridge. Sa passion pour la science-fiction est née très tôt de ses lectures des Voyages de Gulliver, de la Guerre des mondes, de Voyage au centre de la Terre, de séries comme Doctor Who, Quatermass et Star Trek et des films produits par Gerry ANDERSON. Il vit à Cambridge avec sa femme, ses enfants et toute une ménagerie.

Il travaille actuellement à une suite de ce roman : 1.4.

Site de l’auteur (en anglais) : http://www.mikealancaster.com

01/05/2011

Imago (N. LE GENDRE)

« - Dun, arrête-toi un peu, souffla Shin, les deux mains cramponnées sur son ventre tendu. »

Neï est une K’awil, un peuple premier qui vit retiré du monde  après un mystérieux cataclysme qui a décîmé une partie de la population terrestre. Elle s’apprête à passer son imago, le rite de passage des K’awils pour devenir adulte, quand elle est frappée par un drame : sa sœur et son mari ont été tués par un K’tioni, un tigre monstrueux aux dents de sabre, et c’est à elle que revient la charge de s’occuper de leur nouveau-né, une petite fille. Dans cette société clanique et matriarcale, c’est Néï qui doit devenir la chef du clan des armuriers et faire son éducation. Mais elle découvre bientôt que des T’surs, les hommes blancs, se sont introduits sur leur territoire, rompu le pacte établi des décennies plus tôt.

Imago est un roman touffu, étrange et passionnant. Evoluant dans un monde exotique et fabuleux, il raconte une histoire à la fois futuriste et archaïque. Curieux miroir de notre société actuelle, lui en offrant un reflet presque inversé à travers cette civilisation menée par les femmes, c’est également une réflexion sur notre planète et les raisons qu’ont les hommes de la détruire.

Nathalie LE GENDRE a construit des personnages forts, attachants et déterminés, qu’ils soient féminins ou masculins, et le lecteur, une fois familiarisé avec les noms et coutumes étranges a priori, les suit avec bonheur et les regarde évoluer en parfaite empathie.

Le style est précis, la narration nerveuse et dynamique, les descriptions éclairent à bon escient sans jamais ralentir le fil de l’histoire, tous ces éléments font d’Imago un excellent moment de lecture.

Les sept clans qui composaient le peuple K’awil possédaient chacun une spécialité, mais chaque membre devait être polyvalent, tout particulièrement les hommes qui évoluaient dans cette société matrilinéaire. Dès qu’ils s’unissaient, ils intégraient le clan de leur épouse et devaient donc s’adapter à n’importe quel foyer.

Neï trotta sur la corniche qui séparait les maisons troglodytiques du vide, puis descendit jusqu’à la petite cascade qui dévalait vers un arbre tordu dont les racines baignaient dans une piscine naturelle. Là, elle s’aspergea la nuque, se frotta les bras, les mains, les pieds – sa peau très mate luisait sous le soleil déjà puissant -, puis lissa ses cheveux vers l’arrière. Elle n’avait qu’une hâte : achever la dernière étape de l’Argynnis, le rite du papillon, qui lui permettrait d’entrer dans le monde des adultes, et ne plus avoir à enrouler sa chevelure sur sa tête en une savante coiffure. Cet ultime rite s’appelait l’imago.

Nathalie LE GENDRE, Imago.

Soon - Syros

246 pages – 14,90€

Paru en 2011

L’auteur : Nathalie LE GENDRE est l’auteur de plusieurs romans de science-fiction (Dans les larmes de Gaïa, Mosa Wosa…) récompensés par de nombreux prix littéraires. Elle a une relation toute particulière avec ses personnages et n’hésite pas à puiser directement dans son vécu pour rendre leurs émotions plus crédibles. Ses romans lui ressemblent : ils ont la liberté, la vie et l’humain comme moteur.

Site de l’auteur : http://www.nathalielegendre.fr

20:42 Publié dans Science-fiction | Lien permanent | Tags : syros, soon, le gendre, primitif, matriarcat | |  Facebook | | |

11/07/2010

Eden en sursis (J.A DEBATS)

EdeN en sursis.jpg« Lorsqu’en s’éveillant Cléone vit la planète EdeN s’inscrire au centre de l’écran principal, elle sut qu’elle avait trop dormi. »

Cléone est une Indépendante. Seule aux commandes de son vaisseau de plus en plus vétuste, le Quetzal, la jeune fille de quinze ans mène la vie précaire des prospecteurs de minerais de l’espace. Elle n’est pas seule : son IA, Draco, veille sur elle comme elle a veillé sur les treize générations de Cartell avant elle. Elles s’entendant comme chien et chat, la vieille IA ayant toujours plus de mal à voir sa « petite » grandir…

Or une collision avec une météorite va faire basculer leur vie. A l’intérieur de la capsule de survie qu’elles ont pris pour une météorite se trouve un jeune homme grièvement blessé. Et contre l’avis de Draco, Cléone va le recueillir, se trouvant pour le coup entraînée dans un monde dont elle se tenait loin jusqu’à présent, où il est question d’écologie, d’intérêts financiers et de grosses multinationales.

Jeanne-A DEBATS a réussi un joli roman d’aventures, plein de rebondissements et d’humour. La situation un peu « cliché » du début (la jeune fille, le jeune homme, tout les sépare, que va-t-il se passer ???) s’efface assez vite au profit d’une intrigue complexe mais prenante, où le lecteur, même non averti de SF, s’y retrouvera sans souci. Et l’on se prend à attendre la suite des aventures de Cléone et Eara…

Elle avait découvert – ou réappris, elle ne savait plus – que DeltaGen exploitait un nombre hallucinant de brevets biologiques. Apparemment, l’entreprise avait réussi à posséder un bon tiers des génomes végétaux terrestres. Par exemple, les tomates. On ne pouvait pas manger une tomate dans les cinq Quadrants de la fédération sans verser des royalties à DeltaGen, car les semences artificielles sortaient toutes de ses usines.

Jeanne-A DEBATS, EdeN en sursis.

Soon - Syros

359 pages – 15,90€

Paru en 2009

L’auteur : née en Aquitaine, où elle est retournée après trente années en région parisienne, Jeanne-A DEBATS écrit et enseigne dans la Sud-Ouest. Passionnée de SF, elle écrit des nouvelles couronnées de nombreux prix et s’est lancée dernièrement dans la littérature de jeunesse avec EdeN en sursis.

Son blog : http://jeanne-a-debats.fantasyblog.fr

Jeanne-A DEBATS évoquant la sortie de son roman sur son blog : C'est ma première tentative en jeunesse et, passées mes premières angoisses métaphysiques (Tin ! je réussirai jamais à finir ce truc !), je suis plutôt contente du résultat et de l'exercice.

EdeN est sans prétention, j'ai seulement cherché à raconter une "bonne" histoire de sf  (enfin j'espère), pas super originale mais qui pulse et qui embarque sans angoisse et à l'aventure sur "d'autres mondes étranges aux frontières de l'inconnu pour trouver du nouveau" comme disait l'autre aux petites oreilles pointues*.

Et puis surtout, je me suis bien amusée. (http://jeanne-a-debats.fantasyblog.fr/post/198/3289)

12:00 Publié dans Science-fiction | Lien permanent | Tags : sf, debats, adolescence, écologie, soon, syros | |  Facebook | | |

30/03/2010

Uglies (S. WESTERFELD)

Uglies.jpgTally Youngblood a quinze ans. Depuis qu'elle est adolescente, elle vit à Uglyville, la ville des « mochetés », ne retrouvant ses parents qu'au moment des vacances. Elle attend avec impatience le jour de ses seize ans, car elle pourra enfin subir l'opération qui va changer sa vie et faire d'elle une « Pretty », une de ces filles magnifiques, aux traits réguliers, aux yeux pailletés et au corps parfait. Elle n'aura plus qu'à songer qu'au bonheur de savourer cette existence.

Sauf que... Tally va faire la connaissance, à quelques jours de son anniversaire, d'une autre Uglie, comme elle destinée à être opérée. Et que Shay va lui ouvrir les yeux sur une autre vérité...

Le roman de Scott WESTERFELD réussit la prouesse d'être à la fois passionnant et réflexif. Il propose une histoire bien menée, avec des personnages attachants, et dresse un tableau qui est un miroir de notre société en même temps qu'une vision d'anticipation. Car on ne peut que reconnaître notre société dans cet univers futuriste qui combat la laideur, vise à l'uniformisation dans l'harmonie  et rejette la vieillesse. Et on ne peut que frémir à la perspective de ce qui nous attend : un monde aseptisé, respectueux de la nature, ne désirant que notre bonheur mais sans nous en laisser le choix.

A l'école, on apprenait qu'il existait un certain genre de beauté que chacun était en mesure de constater. De grands yeux et des lèvres pleines comme chez un enfant ; une peau claire et lisse ; des traits symétriques ; ainsi que mille autres petits détails. Des éléments caractéristiques très recherchés, qu'on ne pouvait s'empêcher de voir. Au terme d'un million d'années d'évolution, le cerveau humain les avaient assimilés en tant que normes esthétiques.

Les grands yeux et les lèvres pleines proclamaient : Je suis jeune et vulnérable, il n'y a rien à craindre de moi et vous avez envie de me protéger. Le reste du corps disait : Je suis sain, je ne risque pas de vous transmettre une maladie. Et quels que soient les sentiments n ressentis à l'égard d'un Pretty, une part de chacun pensait toujours : Si nous avions des enfants, eux aussi seraient sains. Je veux cette belle personne...

C'était biologique, assurait-on à l'école. On ne pouvait qu'y croire lorsqu'on voyait un visage comme celui-là. Un beau visage.

Scott WESTERFELD, Uglies.

Pocket Jeunesse

432 pages - 13,50€

Titre original : Uglies - Paru en 2005 - Traduit en français en 2007

L'auteur : Scott WESTERFELD est né au Texas. Compositeur de musique électronique pour la scène, concepteur multimédia et critique littéraire, il vit entre New York et Sidney.

Il est l'auteur de cinq romans de SF pour adultes, dont L'I.A. et son double, déjà paru en France, et le space opera en deux parties paru aux éditions Pocket : Les Légions immortelles et Le Secret de l'Empire.

Scott WESTERFELD écrit également pour les jeunes adultes : Uglies (suivi de Pretties, Specials et Extras), Midnighters et Peeps, roman sur les vampires.

Un autre extrait : "Spagbol"