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24/08/2011

Le Sourire de ma mère (M. SELLIER)

« La Loire coule en bouillonnant dans son lit de sable trop grand, charriant des eaux couleur de ciel, de fiel et de foin, ses eaux vives de printemps, entre les berges crayeuses, entre les îlets où se nichent les oiseaux, à l’aplomb du château d’Amboise puissamment ancré sur son éperon rocheux. »

Catarina a quinze ans. Pour tous, elle est « la simple », parce qu’elle ne parle pas, ne semble pas toujours comprendre ce qu’on lui dit et que tout semble glisser sur elle. Mais voilà que le destin va la faire entrer comme servante au château de Cloux, dernière demeure de Léonard de Vinci. Et qu’elle va vivre la dernière année du vieil homme fatigué mais néanmoins toujours clairvoyant.

Très joli roman, Le Sourire de ma mère – Une année avec Léonard de Vinci met en scène le Génie et une jeune fille un peu différente qui va, grâce à l’artiste, se découvrir et trouver sa place. Roman historique, roman intimiste, Marie SELLIER raconte à la fois l’histoire d’une jeune fille à la Renaissance et l’histoire d’une œuvre d’art, en filigrane, cette Joconde dont elle aborde le mystère sans toutefois trop en dire.

Des chapitres courts, une narration aisée, des personnages bien campés, ce Sourire de ma mère saura séduire les amateurs d’art comme les amateurs d’Histoire, et tous ceux qui auront d’en savoir plus sur cette jeune fille qui croit reconnaître sa mère dans « la dame » assise et imperturbable. Alternant les points de vue des différents personnages, chacun se glissera aisément dans l’histoire et y trouvera son bonheur.

Elle a toujours été différente, Caterina. Lorsque sa mère était vivante, on l’entendait parfois proférer quelques paroles de ce souffle rauque qui ne semble pas lui appartenir. Mais à sa mort, elle s’était tue. Plus un mot, tout au plus un chantonnement. Alors, on avait pris l’habitude de faire comme si elle n’existait pas.

Qu’importe ce qu’elle ressent – fatigue, douleur, gaieté ou tristesse ! Caterina est celle qui est toujours là, qui ne rechigne pas à la besogne et obéit aux ordres qu’on lui lance à voix trop forte : « Va ! Lave ! Coupe ! Tranche ! Balaie ! » L’impératif régit sa vie sans qu’aucune ombre ne vienne jamais troubler ses traits réguliers.

Marie SELLIER, Le Sourire de ma mère.

Nathan Poche Histoire

150 pages – 4,90€

Paru en 2011

L’auteur : Marie SELLIER a été journaliste pendant plusieurs années, dont dix ans chez Bayard Presse jeune, avant de passer du côté de l'édition. Voilà maintenant plus de quinze ans qu'elle explore, en direction des enfants, un champ vaste comme le monde, l’ART sous toutes ses formes, avec un enthousiasme qui ne se dément pas.Cela se traduit par plus de quarante livres, quatre collections (L’Enfance de l’Art et Mon petit musée aux éditions de la Réunion des musées nationaux, Des mains pour créer aux éditions Paris-musées et Entrée libre aux éditions Nathan) et cinq films pour la télévision.

Un entretien chez Ricochet : http://www.ricochet-jeunes.org/invites/invite/43-marie-se...

Site de l’auteur : http://www.la-charte.fr/sites/marie-sellier

13/08/2010

Ne plus vivre avec lui (E. KAVIAN)

Ne plus vivre avec lui.jpg« Tu dirais quoi, si je te demandais de pouvoir vivre ici ? »

Parce qu’elle en a assez de cette garde alternée qu’elle subit depuis ses treize ans, parce qu’elle n’en peut plus d’être une semaine sur deux la baby-sitter attitrée de ses petites sœurs, celle qui nourrit tout le monde et fait tourner les machines à laver, Sylvia a décidé de vivre désormais chez sa mère à plein temps. Et parce qu’il a accepté avant de décéder peu après, Sylvia se reproche sa décision…

Le roman d’Eva KAVIAN restitue admirablement le bouleversement que représente le décès d’un proche : chagrin, culpabilité, incompréhension et impossibilité à imaginer la  vie sans lui. Toute la subtilité de Ne plus vivre avec lui réside dans son ambivalence : Sylvia ne pare pas son père de toutes les qualités, ainsi  qu’a l’habitude de le faire l’amnésique mémoire des vivants, au contraire, elle cherche tous les moyens d’atténuer son chagrin en empilant les reproches. Mais cela ne marche pas. Car en creusant toujours plus loin dans sa douleur, elle va faire émerger un « autre » père, un homme, tout simplement, avec ses défauts, ses faiblesses, ses angoisses et… ses qualités.

Histoire d’une reconstruction, l’héroïne va « faire son deuil » durant les presque deux cents pages du roman. Livre-fouillis au début, qui semble compresser les mots après les avoir fait sortir par saccades, puis qui va progressivement trouver sa voie, comme Sylvia va trouver les signes qui vont l’aider à continuer. Paradoxalement, c’est en se plongeant dans les rites funéraires en Asie, dernier livre lu par son père, que la jeune fille va retrouver le goût de vivre, en paix avec le souvenir des défunts. C’est le texte écrit qui va la guider sur le chemin de la renaissance.

Dur, sensible, avec des mots qui sonnent justes sans pleurnicherie,  ce roman ne pourra que toucher les grands adolescents (à partir de quinze ans), qu’ils aient ou non connu pareille épreuve initiatique pour entrer dans l’âge adulte.

J’ai envie de crier c’était mon père et vous me l’avez volé ! Vous avez sucé sa force, son temps, son énergie, mais vous avez oublié qu’il avait une famille ! Ça ne vous pas traversé l’esprit, ça ? Faites le calcul et dites-moi qui, selon vous, va payer l’addition, pour tout ce que le saint homme des bois vous a apporté ? Savez-vous que je faisais tourner une lessive pendant qu’il réparait votre clôture, savez-vous que pendant qu’il donnait des cours particuliers à vos enfants je devais faire mes devoirs toute seule ? Savez-vous qu’il avait tout prévu pour son décès, mais qu’il n’était pas foutu de remplir le frigo quand nous arrivions chez lui pour une semaine ? Mon Dieu, Papa, d’où me vient toute cette rage ? Je ne pourrais pas pleurer, comme tout le monde ?

Eva KAVIAN, Ne plus vivre avec lui.

Mijade

192 pages – 8 €

Paru en 2009

L’auteur : Née en 1964 en Belgique, Eva Kavian anime des ateliers d'écriture depuis 1985.

Après quelques années de travail en hôpital psychiatrique, une formation psychanalytique et une formation à l'animation d'ateliers d'écriture, elle a fondé l'association Aganippé, au sein de laquelle elle anime des ateliers d'écriture, des formations pour animateurs, et organise des rencontres littéraires.

Elle a reçu en 2004 le prix Horlait-Dapsens, décerné par l'Académie des Lettres pour son travail dans le secteur des ateliers d'écriture.

Complément : une fiche d’exploitation pédagogique de Ne plus vivre avec lui, est disponible sur le site du Prix des Lycéens allemands : http://www.institut-francais.fr/prixdeslyceens/spip.php?rubrique2

15:04 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : mijade, adolescence, mort, deuil, kavian, renaissance | |  Facebook | | |