15/08/2010
La Face cachée de Margo (J. GREEN)
« Voilà comment je vois les choses, tout le monde a droit à son miracle. »
Quentin termine sa dernière année du lycée. Pas très sportif, plutôt « intello », il appartient au clan de ceux qui ne sont pas populaires, les souffre-douleur qui rasent les murs pour éviter d’attirer sur eux les foudres des vedettes. Tout le contraire de Margo, la star du lycée. Voisine de Quentin, ils partagent également un secret enfoui dans leur enfance. Depuis, ils se côtoient, de loin. Jusqu’au soir où Margo va faire irruption dans la chambre de Quentin pour l’entraîner dans une expédition nocturne qui va le faire changer à jamais.
Roman initiatique, roman qui signe la fin de l’adolescence, La Face cachée de Margo tourne autour du personnage à la fois fascinant et agaçant de la fameuse Margo Roth Spiegelman. Ni toute à fait la même, ni toute à fait une autre, elle semble pivoter sur elle-même pour offrir à chacun la facette de ce qu’il a envie de voir. Quentin ne fera pas exception, choisissant de se mirer dans le miroir qu’elle lui tend pour devenir ce qu’il a toujours rêvé d’être : plus fort, plus audacieux.
Choisissant de confier la narration à son personnage masculin, John GREEN propose un récit qui ressemble à un périple vers la connaissance et l’âge adulte. Des poèmes de Walt WHITMAN tissent un réseau de fils qui permettront à Quentin de parvenir à la vérité sur Margo, une vérité où réalité et littérature s’entremêlent pour brosser un tableau d’une certaine adolescence, celle de lycéens américains dans leur banlieue douillette, celle – aussi – des séries américaines qu’affectionnent les adolescents de tous pays.
Une remarque : pourquoi n’avoir pas conservé le titre original de Villes de papier, beaucoup plus représentatif du roman que cette Face cachée de Margo ?
Voilà ce qui est laid dans cette ville, a-t-elle dit. D’ici, on ne voit pas la rouille ni la peinture écaillée ni je ne sais quoi, en revanche on peut dire avec certitude ce qu’elle est. Voir à quel point elle est factice, même pas assez solide pour être en plastique. C’est une ville de papier. Mais regarde là, Q. Regarde toutes ces impasses, ces rues qui tournent sur elles-mêmes, toutes ces maisons construites pour ne pas durer. Tous ces gens de papier vivant dans leur maison de papier, brûlant l’avenir pour avoir chaud. Tous ces gosses de papier buvant la bière qu’un clochard est allé acheter pour eux à l’épicerie en papier du coin. Tous atteints de possessite aiguë. Toute chose aussi fine que du papier, aussi fragile que du papier. Et les gens, idem. Ça fait dix-huit ans que je vis ici et je n’ai jamais rencontré personne qui s’intéresse vraiment aux choses importantes.
John GREEN, La Face cachée de Margo.
Scripto – Gallimard
390 pages – 14€
Titre original : PaperTowns – Paru en 2009 – Traduit en français en 2009
L’auteur : John GREEN est un écrivain américain qui a grandi en Floride avant de partir étudier dans l’Alabama. Il a été commentateur sur la radio nationale NPR et critique pour le «New York Times» et a écrit pour plusieurs magazines. Diplômé de l'université en 2000, il a travaillé comme aumônier dans un hôpital pour enfants. C'est là que l'envie lui est venue d'écrire pour les adolescents un roman sincère sur le désir de transgresser les règles et sur l'expérience de la perte. Il vit actuellement à New York avec sa femme. Après Qui es-tu Alaska ?, son premier roman publié en français, La Face cachée de Margo est son troisième roman, mais le second traduit.
Site internet : http://johngreenbooks.com
17:44 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : adolescence, usa, green, margo, initiation, voyage, errance, poésie, whitman, scripto, gallimard | | Facebook | |
10/08/2010
En un tour de main (J. WITEK)
« Elle était plutôt jolie, la journaliste.»
Matt est un magicien célèbre. Malgré sa jeunesse, il a remporté une multitude de prix internationaux, fait la Une des magazines et a même sa propre émission de télévision. C’est ce qui va attirer sur lui l’attention d’une jeune journaliste, Isadora, qui va venir l’interviewer. Matt va alors dérouler le fil d’une vie inattendue, celle d’un jeune homme qui n’a pas toujours suivi un chemin très rectiligne mais qui a toujours gagné sa passion intacte.
Construit avec finesse, car alternant la narration directe de Matt et son relais par la journaliste, à la troisième personne, Jo WITEK offre ici un intéressant témoignage sur « la vie d’artiste » et son long cheminement pour y parvenir. Les allers-retours entre passé et présent, loin d’être pesant, apportent dynamisme et finesse à l’histoire, les uns éclairant les autres.
L’histoire de ce gamin orphelin de mère, qui vit d’expédients avec son père et son frère et qui devra s’en affranchir pour avancer, est touchante, morale sans être moralisante, et plaira aux lecteurs à partir de onze ans.
Pour un gamin comme moi, ce musée représentait le paradis terrestre. La plus belle chose qui puisse exister au monde ! reprit-il face à la journaliste tout ouïe. Et ce qui était encore plus merveilleux, c’était le visage de mon père, qui semblait retrouver une jeunesse, un sourire de môme au milieu de ce bric-à-brac de pacotille. En une matinée, je fis la connaissance d’un univers formidable où le moindre détail m’apparut comme une révélation. Ce monde était le mien ! Et tous ces hommes drapés de capes noir et rouge, coiffés d’un haut-de-forme, inventant sans cesse d’incroyables stratagèmes pour épater le spectateur, tous me semblaient proches, intimes, comme des parents, des grands-parents. J’étais certainement né magicien, descendant direct de cette lignée d’hommes aux regards insaisissables et aux sourires en coin.
Jo WITEK, En un tour de main.
Karactère(s) - Seuil
158 pages – 8,50 €
Paru en 2010
L’auteur : Jo Witek est née en 1968 à Puteaux, sur les bords de Seine, qu’elle n’a quitté qu’à l’âge de trente-cinq ans pour s’installer dans l’Hérault avec sa « tribu » de garçons (deux enfants et un mari). A l’âge de treize ans, elle a commencé par se faire renvoyer de chez les bonnes sœurs à cause de dizaines de lettres d’amour et d’amitié retrouvées dans son casier. A partir de cet incident l’expression artistique lui est devenue vitale. Elle a suivi une formation de comédienne et a travaillé comme scénariste ou lectrice pour le cinéma. Aujourd’hui son chemin se dirige vers l’écriture pour les adolescents.
Plus sur l’auteur : http://www.autour-des-auteurs.net/fiches/witek_lengagne.html
11:52 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : witek, magie, prestidigitation, initiation, adolescence, karactère(s), seuil | | Facebook | |