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25/06/2012

Mon Amie Sophie Scholl (P. Du BOUCHET)

« Je suis dans ma petite chambre. »

Elisa n’a pas vingt ans. Elle est allemande et vit à Munich, en 1943. Avec d’autres étudiants, ils jouent à l’insouciance mais le cœur n’y est pas. Car les amis d’Elisa sont pour la plupart des résistants : Sophie Scholl, son frère Hans et le frère d’Elisa, Thomas, sont les fondateurs de la Rose Blanche, un mouvement antihitlérien. A leurs côtés, Elisa observe, doute, voudrait s’engager mais craint de le faire, consciente des dangers qui les attendent…

« Spécialiste » des journaux historiques, Paule du BOUCHET nous livre ici le journal d’une Elisa imaginaire, qui aurait côtoyé la jeune résistante Sophie Scholl. L’histoire se déroule en quatre mois, de février à mai 1943, et cette concentration permet de dire l’essentiel sans s’encombrer de fioritures.

Au combat politique s’ajoute une dimension familiale et amoureuse : car les opinions d’Elisa et de son frère sont loin de plaire à leurs parents, farouches partisans d’Hitler, et que, de surcroît, Elisa est amoureuse de Léo, un jeune Juif en fuite pour échapper au sort qui lui est réservé.

Déchirée entre ses devoirs de fille, son cœur d’amoureuse et sa conscience politique, Elisa nous livre le dilemme tout à fait réaliste qui  pu être celui de nombreux jeunes gens à cette époque.

- L’homme est décidément un animal très adaptable. Et vous allez voir que nous allons nous réhabituer très vite à notre vie de Munich. C’est bien cela le danger : les hommes sont capables de s’adapter à des situations que toute la morale humaine, toute la conscience, devrait interdire. Cette faculté-là, d’anesthésie générale, c’est là-dessus que comptent les nazis ! C’est contre cela qu’il faut lutter, garder les yeux ouverts, rester en éveil ! C’est cela le plus difficile… Rester en éveil !

Pour l’heure, ce qui me gardait en éveil, c’était l’amour de Léo. J’adhérais à tout ce que disait Hans. Mais pour l’amour de Léo. (…)

Tout cet été-là 1939 qui me paraît une vie entière parce que j’aimais Léo et que le temps s’était arrêté. Ensuite, il y a eu la guerre et cela m’a paru incongru, inadapté, sans rapport avec l’essentiel. Absurde, mesquin. Et puis terrible, déchirant. Mais nous n’y croyions pas.

Paule Du BOUCHET, Mon amie Sophie Scholl

Scripto – Gallimard

140 pages – 7,50 €

Paru en 2009

L’auteur : Passionnée de musique, pianiste, Paule du BOUCHET a enseigné la philosophie avant de s’orienter vers l’édition et la littérature de jeunesse.
Elle est actuellement responsable du département Musique de Gallimard Jeunesse et de la collection de livres lus «Écoutez lire».
Elle est auteur de plusieurs ouvrages pour la jeunesse.

21/03/2012

Instinct 3 (V. VILLEMINOT)

« Tim sut précisément à quel moment ils entrèrent clandestinement sur le territoire des Etats-Unis. »

Cinq mois après le tragique dénouement de Lausanne, les enfants de McIntyre se sont réfugiés dans la maison de Tim à Missoula, Etats-Unis. Ils sont recherchés par la police et tentent de retrouver la paix dans la clandestinité pendant qu’en Europe, des morts étranges se produisent dans les Alpes. Dépressif depuis la mort de son père adoptif, Shariff va les entraîner à nouveau en enfer…

Troisième et dernier opus de la trilogie, Instinct 3 renoue avec ce qui a fait le succès du premier (et que le deuxième avait un peu perdu) : suspense implacable, violence bestiale et réflexion sur nature et culture. Ce sont désormais deux conceptions  qui s’opposent : ceux qui laissent libre cours à leur instinct de sauvagerie et ceux qui tentent de le museler. Plus question d’expériences, les fauves sont lâchés. Et cela saigne. Beaucoup.

Le couple formé par Flora et Tim se précise et s’installe, il mûrit, ayant désormais un rôle de presque adultes et donc de parents face à Shariff, l’adolescent éternel. C’est donc sur eux qu’il reportera ses souffrances et sa rébellion, les amenant une fois de plus à agir contre leur nature. Pour le reste, Flora est toujours la catwoman-hacker de génie, Tim celui qui cherche à en savoir plus sur les circonstances de la mort de ses parents  et de son frère et Shariff mettra beaucoup de temps avant de revenir le brillant samouraï qu’il a été.

Ce troisième volume approfondit le personnage de Tim, celui par qui tout avait commencé, en l’emmenant à la recherche de lui même dans les tentes de sudation d’Amérique du Nord, et il est à noter que l’auteur propose deux fins : la première, refusée par l’éditeur, est consultable sur Facebook, et elle offre une perspective tout à faite différente du roman, le rendant plus puissant encore. On quitte finalement cette trilogie avec une impression de mains qui se croisent enfin, apaisées, et presque à s’ouvrir sur autre chose…

Il s’était perdu, parce qu’il n’était rien sans eux. Les livres.

Les livres étaient sa famille, son autre famille, plus ancienne, plus précise, plus patiente et exigeante encore que Ronald McIntyre, bien davantage que Flora et Tim, quoiqu’il pût aimer quelqu’un plus que Flora et Tim. La Bibliothèque était son milieu, son biotope, dont il avait besoin et le nourrissait, l’oxygénait, étanchait sa soif, l’abritait, de même qu’il avait besoin d’un aquarium d’eau salée l’autre moitié de son temps. Il avait quitté cette bibliothèque le jour du conseil élargi lorsque le samouraï, armé de son pistolet automatique, avait retourné la situation à lui tout seul. Depuis, Paul avait consommé sa trahison, Matthew était mort, son père était mort, Kate était morte, la Bibliothèque de l’Institut avait brûlé, avec, dérisoires,  fichées dans son plafond calciné, effondré, quelque part parmi les poutres enchevêtrées, trois balles qui avaient sans doute fondu et dont le métal témoignait qu’un gamin avait tenu tête, le dernier, aux prédateurs.

Vincent VILLEMINOT, Instinct 3.

Blast - Nathan

350 pages – 15,50€

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092528372

rappel : Instinct 1 et Instinct 2

Page Facebook du roman : http://fr-fr.facebook.com/pages/Instinct-par-Vincent-Vill...

Interview de l’auteur : http://blog.nathan/jeunesse

L’auteur : Vincent VILLEMINOT a une quarantaine d’années et vit dans les Alpes françaises où il a d’ailleurs situé l’action de son roman. Ancien professeur d’écriture au Caire et ancien journaliste, il est désormais écrivain à plein temps.

18/01/2012

A comme Association (E. L'HOMME, P. BOTTERO)

« Je m’appelle Jasper. »

Jasper vit à Paris, va au lycée et joue de la cornemuse dans un groupe de rock médiéval. Ombe arrive du Québec, est lycéenne à Paris et adore la moto. Depuis peu, ils fréquentent aussi le 13, rue du Horla, l'adresse ultra secrète de L'Association. L'organisation a repéré chez Jasper certaines aptitudes pour la magie et chez Ombe son incroyable pouvoir : être incassable ou presque. L'Association leur a proposés de devenir agents stagiaires. Trafic de drogue chez les vampires pour lui, explosion d’une bande de gobelins devant tous ses camarades de classe pour elle, le travail ne manque pas. Le problème? La discrétion est une obligation absolue au sein de L'Association…

Menée tambour battant, cette série offre la particularité d’être écrite à quatre mains, Erik L’HOMME prenant en charge Jasper, Pierre BOTTERO Ombe. Les deux premiers tomes nous font découvrir ces deux adolescents pas comme les autres, aux prises avec un monde parallèle qui les dépasse souvent et les amène à des réactions… typiquement adolescentes !

L’écriture est efficace, les péripéties abondent, cette série plaira à bon nombre de lecteurs à partir du collège, même si on peut regretter quelques facilités.

- Bref, l’Association contribue à l’harmonie entre communautés. Par la force s’il le faut. Grâce à nos Agents, parfaitement formés, nous parvenons à maintenir l’équilibre. Nous gérons l’Anormal, turbulent par nature, avec le Paranormal !

J’ai alors posé la question qui me brûlait les lèvres.

- Si vous me dites ça, c’est que vous pensez que… que j’ai des pouvoirs ?

- L’Association a des recruteurs qui sillonnent lieux et manifestations où les talents, je préfère ce terme, sont plus facilement détectables : stades, rencontres sportives, églises, communautés mystiques, tournois et autres cercles de jeux.

- Le maître de plateau, l’autre jour, il travaille pour l’Association ?

- Oui. Il a senti l’énergie que tu dégageais en manipulant ta figurine de sorcier. Il a compris qu’en t’identifiant à ce personnage tu révélais une part cachée de toi-même.

Erik L’HOMME, La Pâle Lumière des ténèbres.

Gallimard Jeunesse – Grand Format Littérature

160 pages – 9,90€

Pierre BOTTERO, Les Limites obscures de la magie.

Gallimard Jeunesse – Grand Format Littérature

160 pages

192 pages – 9,90€

Parus en 2010

Le site : http://www.acommeassociation-leslivres.fr

Les auteurs : Pierre BOTTERO est né en 1964. Il habite en Provence avec sa femme et ses deux filles et, pendant longtemps, il a exercé le métier d'instituteur. Grand amateur de littérature fantastique, convaincu du pouvoir de l'Imagination et des Mots, il a toujours rêvé d'univers différents, de dragons et de magie.

Pierre nous a quittés un soir de novembre 2009. Il nous laisse les clés de ses portes et de ses mondes.

Erik L'HOMME passe son enfance à Dieulefit, dont la branche maternelle de sa famille est originaire. Ayant peu d'amour pour l'école (sauf pour les matières littéraires), il se délecte surtout de ses activités parascolaires (piano, rugby) au rang desquelles de grandes promenades dans la nature en compagnie de son père et de ses frères.

En 2009 ses livres jeunesse publiés sont au nombre de dix : la trilogie Le Livre des étoiles, celle des Maîtres des brisants (un space opera dont le troisième opus, Seigneurs de guerre, vient de sortir), l'album des Contes d'un royaume perdu (illustré par François Place) et Phænomen, thriller fantastique en trois tomes également qui commence à avoir du succès à l'étranger.

11/01/2012

L'Etang aux libellules (E. IBBOTSON)

« - Pleurer à ton âge ! s’exclama Tante Hester d’un ton de reproche. Tout de même, à cinquante-deux ans, on ne pleure pas. »

Londres, 1939. La jeune Tally, onze ans, a obtenu une bourse pour intégrer une école dans le Devon. D’abord paniquée à l’idée de quitter son père et ses tantes aimantes, elle va découvrir Delderton, un établissement plutôt progressiste pour son temps qui vise en premier lieu l'épanouissement des élèves. A l’occasion d’un voyage d'échange scolaire avec le petit pays de Berganie, en Europe centrale, l’Histoire va soudain s’accélérer : le roi qui s'oppose à Hitler est assassiné. Son fils est en danger. Menés par Tally, tous vont s’unir pour lui permettre de quitter le continent.

Uchronie sur le principe (un état imaginaire, une situation qui pourrait être), cet Étang aux libellules est un très beau roman humaniste et optimiste, qui évoque la question de la résistance face à l’oppression : c’est parce qu’elle a vu un reportage sur la Berganie, petit pays qui refuse de plier face à Hitler, quand tous les grands d’Europe l’ont fait que Tally a voulu que son école participe au festival organisé là-bas, malgré les dangers encourus. L’attitude des enfants tout au long du livre s’oppose à celle des adultes, faite de concessions, de renoncements et de rigidité au nom d’une tradition qui n’a plus lieu d’être.

On ne peut qu’être touchés par chacun des personnages, depuis ceux des enfants, bien sûr, que ce soit la petite fille de célébrité abandonnée dans son pensionnat au jeune garçon qui aurait voulu « être dans une école normale » et jouer au cricket, jusqu’aux adultes, avec notamment le mystérieux Matteo. Quant à Tally et Karil, ils révèlent chacun à leur manière une maturité impressionnante et pourraient en remontrer à bien des adultes.

L’Etang aux libellules est un récit initiatique, la chronique d’une résistance et la conquête d’une liberté, à la fois individuelle et collective.

- Je ne veux critiquer personne, mais qu’est-ce que cette école exactement ? On parle d’une école progressiste, et je connais le sens du mot progresser – du moins, je pense. Ça veut dire aller d’un endroit à l’autre. Mais où ?

- Ah, c’est une bonne question, répondit le directeur, l’air soudain pensif. Eh bien, nous voulons que les enfants prennent leur vie en main. Qu’ils choisissent ce qui est bon pour eux plutôt qu’on le leur impose.

- Oui, je vois. Mais pour ça, il faut savoir ce qui est bon.

- Et tu ne crois pas que chacun le sait ?

- Si, en général. Mais est-ce que… l’école dans son ensemble ne devrait pas aller d’un endroit à un autre ? Vers un endroit meilleur… puisqu’elle est progressiste ? Enfin, le monde n’est pas très bon, n’est-ce pas, avec la guerre qui arrive et tout ça ?

Daley resta silencieux. L’enfant avait certainement raison en ce qui concernait l’état du monde. Pendant un instant, il vit ce qu’elle voyait : toute l’école s’avançant comme une armée vengeresse du côté du Bien.

Eva IBBOTSON, L’Etang aux libellules.

Nathan

460 pages – 17€

Titre original : The Dragonfly Pool  – Paru en 2008– Traduit en Français en 2011

L’auteur : Née à Vienne en 1925, Eva IBBOTSON a vécu en Angleterre, où elle a rencontré un très grand succès. Elle est célèbre pour ses romans jeunesse, notamment Reine du fleuve et L’Étoile de Kazan, publiés en France. Avec L’Étang aux libellules, elle a remporté le School Library Journal Best Book of the Year 2008. Récemment disparue – en octobre 2010 –, Eva IBBOTSON a reçu un hommage unanime de l’ensemble de la presse anglaise.

30/12/2011

Time Riders (A. SCARROW)

« Il reste quelqu’un sur le pont E ? cria Liam O’Connor. »

Steward sur le Titanic,  Liam O’Connor aurait dû mourir en mer en 1912. Sauf que… une mystérieuse agence l’a sauvé pour lui proposer une curieuse alternative : mourir ou intégrer leur agence. Désormais, il est Time Rider. Comme Maddy Carter, qui aurait dû mourir en avion en 2010 ou Sal Vikram, jeune indienne qui aurait dû périr avec ses parents en 2026.  Leur mission : empêcher que les voyages dans le temps ne changent l’Histoire. Et leur première mission est de taille…

A quoi ressemblerait notre monde si les Nazis avaient gagné la Seconde Guerre Mondiale et envahi les Etats-Unis ? Tel est le postulat posé par ce passionnant roman mené à un train d’enfer. Time Riders ravira les amateurs de romans d’aventures autant que les passionnés d’histoire. Choisissant de faire retraverser les moments les plus marquants de l’histoire du vingtième, Alex SCARROW propose une réflexion sur notre époque et ses dérives. Car c’est pour sauver un monde moribond, détruit par la pollution et ses excès au milieu du vint-et-unième siècle, qu’un individu est parti changer l’Histoire. Pour le pire.

Les personnages des trois adolescents sont plaisants et attachants, et les faire venir de différentes époques permet de « balayer » largement le spectre du vingtième siècle (Liam ignore que le Première Guerre Mondiale a eu lieu, ne connaît pas le téléphone portable ou les ordinateurs…) et de faire prendre conscience aux lecteurs de toutes les innovations qui font partie de son quotidien.

Les chapitres sont courts, alternant les époques et les lieux, et donnent un rythme soutenu à une intrigue parfois complexe, mais toujours passionnante. La documentation est précise et réussir à donner vie à des faits qui pourraient paraître lointain et abstraits. Ce premier volume est une réussite et l’on attend avec impatience les deux suivant, prévus en juin 2012 pour Le Jour du Prédateur  et septembre 2012 pour Code Apocalypse.

Il prit une grande inspiration.

- Le voyage dans le temps existe, les enfants.

Il marqua une longue pause après cette affirmation, laissant ses paroles flotter dans l’air.

- Un rapport de physique théorique a démontré en 2029 que c’était possible. Le premier prototype a été construit en 2044. (Il poussa un soupir.) La boîte de pandore est ouverte, et on ne peut plus la refermer.

La mine grave, il examina les jeunes gens. Son visage, strié de rides, présentait un teint cireux.

- Les hommes n’auraient jamais dû jouer avec le temps, jamais ! Seulement, maintenant que nous savons comment le modifier, il est nécessaire de veiller à ce que personne n’y touche plus. Et si un inconscient décide de remonter le cours de l’Histoire, alors quelqu’un doit réparer les dégâts au plus vite.

Sa voix rauque de vieillard trembla légèrement.

- Voyager dans le temps est une arme redoutable, bien plus puissante que tout ce qu’on a inverté auparavant. L’humanité n’est pas préparée à un tel savoir. Elle est pareille à un enfant qui jouerait innocemment à la balle avec une bombe atomique.

Alex SCARROW, Time Riders.

Nathan

428 pages – 15,50€

Titre original : Time Riders  – Paru en 2010– Traduit en Français en 2012

Découvrir un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092536865

L’auteur : Alex SCARROW a été guitariste de rock. Puis graphiste. Puis concepteur de jeux vidéo. Puis auteur. Il a ainsi écrit plusieurs thrillers pour adultes et des scénarios. Time Riders est sa première série de romans pour jeunes adultes. Pour son plus grand plaisir, il y explore les idées et concepts avec lesquels il travaillait déjà dans l’univers des jeux ;

Il vit à Norwich, en Angleterre, avec son fils Jacob, sa femme Frances, un chien très méchant et un énorme rat.

Site de l’auteur : http://www.scarrow.co.uk