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30/06/2016

La prochaine Fois, ce sera toi (V. VILLEMINOT)

« Ce mardi 22 juin, Anne-Cécile Archal (dite « Anne-Cé ») arriva beaucoup plus tôt que d’habitude au cabinet de psychologue où elle exerçait son art depuis dix ans. »

casterman,villeminot,adolescente,polarLa brigade de Léon Markowicz, ce sont six personnes mises au placard pour diverses raisons. Brigade à laquelle va venir s’ajouter au début du roman une nouvelle venue, Diane, dite « Diane de Moitié », car on aime les surnoms dans la brigade. Leur tâche : arrêter les goules, humains qui se transforment et qui tuent sans le moindre souvenir.  Autrefois blessé, Markowicz se déplace avec une canne. Il est divorcé mais toujours amoureux de son ex-femme, il l’a miseà l’abri à Rennes, avec leurs deux filles. pourtant, le danger est là.

On connait l’affection que porte Vincent VILLEMINOT pour les créatures de l’entre-deux, mi-hommes mi-animaux, sa trilogie Instinct ou ses romans graphiques nous l’ont montré. Là il a voulu, nous dit l’éditeur, faire une incursion dans le roman noir. Et je dois avoir que la lectrice qui avait adoré Instinct est restée sur sa fin. L’auteur aligne les clichés et les poncifs du genre sans parvenir à faire décoller son histoire. Les personnages sont déjà vus, les dialogues prévisibles, bref, cette lecture est une déception. Dommage.

Bosco lui donna des détails sur la situation maritale et paternelle de Markowitz. Le commissaire avait mis sa famille « à l’abri » il y a dix ans, alors qu’il travaillait en core à la Crim - il les avait installées, toutes les trois, à Rennes. A l’abri de quoi ? D’éventuelles vengeances de criminels, mais surtout à l’écart des violents et des pervers qu’il côtoyait tous les jours. dans une illusionne refuge. deux ans plus tard, le couple se séparait, alors que les filles avaient 9 et 2 ans. Depuis Markowitz ne les voyait plus que très épisodiquement, et sans grande satisfaction, d’un côté comme de l’autre.

— La façon dont Léon sait être père, c’est d’imaginer le pire pour ses filles et de les en protéger. Vaille que vaille. En l’occurrence, ce qui arrive ne le surprend pas, évidemment.

— Et son ex ? Elle est au courant ?

— Ne dites jamais « son ex », Diane. Pas devant lui. Pour lui, Anne-Cécile reste sa femme, à jamais.

Il se racla la gorge.

— Il est absolument fou d’elle. Excessivement. Dangereusement.

— Cela dit, ça m’étonnerait qu’il soit au courant de la situation. Ils ne s’adressent jamais la parole.

Vincent VILLEMINOT, La Prochaine Fois, ce sera toi

Casterman

 Paru en 2016 - 310 pages – 15,90 €

L’auteur : Vincent VILLEMINOT vit dans les Alpes françaises, sur les bords du Lac Léman. Ancien journaliste-reporter, ancien prof d'écriture, il a vécu auparavant à Paris et au Caire. Il se consacre désormais à l'écriture de romans pour les adolescents et les adultes. Il est notamment l'auteur de thrillers (la trilogie fantastique Instinct) et l'un des quatre créateurs de la série chorale U4 (Stéphane) chez Nathan. Il a également cosigné deux romans graphico-détonnants avec Yann Autret.

La Prochaine fois ce sera toi est sa première incursion dans le roman noir.

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07/06/2014

Là où naissent les nuages (A. HEURTIER)

« Je détestais ça.»

IMG_1170.JPGFille unique de parents très aimants, mais très occupés, Amélia, 16 ans, s'est réfugiée dans la gourmandise. Elle traîne son corps adolescent et ses kilos en trop comme une punition. Mais l'arrivée d'une lettre étrange venue de Mongolie va bouleverser la banalité un peu mélancolique de son quotidien...

Après Sweet Sixteen, magnifique roman sur la ségrégation dans les années cinquante aux Etats-Unis, Annelise HEURTIER retrouve un personnage d’adolescente entre deux univers pour s’attacher à dépeindre Amélia, fille de parents très aisés, évoluant dans un Paris bobo, mais aussi très seule, et qui va brutalement être confrontée à une autre réalité, celle d’un orphelinat d’Oulan-Bator et sa population.

Voyage initiatique, quête d’identité, Là où naissent les  nuages aborde tous ces thèmes et plus encore avec la subtilité (et le franc-parler) qui caractérise l’écriture d’Annelise HEURTIER. Ne manquez pas ce très beau roman !

Peut-être parce que ma perception était altérée par la particularité de ce voyage, le premier que je réalisais toute seule, le premier qui me demandait tant d’efforts. Peut-être tout simplement parce que je n'avais encore rien vu de tel.

Une impression d'ailleurs absolue.

Au premier plan, il y avait le parking, comme installé par erreur au milieu de la steppe qui s'étendait au-delà, à perte de vue. Les couleurs étaient franches, sans compromis. Le vert de la plaine, le bleu du ciel, la transparence du silence que l'on devinait déjà sans fin. Tout était plus vaste, plus grand, j'avais l'impression que mon champ de vision s'était élargi, que je pouvais voir en panoramique. J'avais déjà vu la lumière des Marquises, les fjords de Norvège ou le Duomo à Florence. Mais c'était la première fois que je ressentais ça. C'était… apothéoptique. La bouche sèche, le sang qui s’affolait derrière mes tempes. Syndrome de Stendhal, version Mongolie. J'ai inspiré une longue goulée de cet air si particulier.

Annelise HEURTIER, Là où naissent les nuages

Casterman

208 pages – 12 €

Paru en 2014

L’auteur : Anne-Lise HEURTIER est née en 1979, à Villefranche-sur-Saône. Aujourd’hui, elle  habite à Tahiti et a deux enfants. 

Quand elle n’est pas en train de plonger au milieu des requins et des baleines, de raconter des histoires à ses petits ou de mitonner un repas 4 étoiles à son homme, elle se précipite sur son clavier pour écrire. Des histoires pour les petits ou les plus grands, des tranches de vie quotidienne, des ados qui se cherchent ou se dévoilent, des adultes qui souffrent, des jeunes qui ont changé l'histoire, des princesses féministes et des ogres mélomanes... au Népal, aux Etats-Unis ou à Oulan-Bator... des récits drôles, tendres ou cruels… La vie, finalement. 

Le site de l’auteur : http://histoiresdelison.blogspot.fr

19:34 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : casterman, mongolie, adolescente, heurtier | |  Facebook | | |

15/07/2013

Sweet Sixteen (A. HEURTIER)

« Ms Carter jeta un regard circulaire dans la classe. »

IMG_0455.JPGMolly Costello est une jeune noire de quinze ans qui vit à Little Rock, en Arkansas. Comme huit autres jeunes gens, elle a accepté de participer au « processus d’intégration » qui vise à les faire entrer dans le prestigieux lycée central de Little Rock parmi deux mille cinq cents autres lycées. Tous blancs. Et bien peu disposés à abandonner leurs privilèges. Durant un an, elle va connaître le harcèlement, l’humiliation, la peur et la mise en danger permanente, malgré la surveillance de l’armée à l’intérieur du lycée. Ce sera une année d’une violence inouïe et où ces adolescents feront preuve d’un incroyable courage, reniés à la fois par « les blancs » mais aussi leur communauté, qui leur reproche de vouloir aller là où ils n’ont pas à être.

La plupart des événements retracés dans le roman d’Annelise HEURTIER sont fictionnels, néanmoins elle s’est inspirée de faits avérés et notamment du témoignage de Melba Patillo, qui poursuivit ses études en Californie et devint journaliste. En 1999, elle et les huit autres étudiants reçurent « the Congressionnal Gold Medal » et ils furent invités en décembre 2008 par Barack Obama afin d’assister à son investiture.

Sweet Sixteen  est un roman qui réussit parfaitement à nous faire entrer dans cette époque des Fifties, trop souvent idéalisée (les trente Glorieuses, le rock, etc…) alors qu’elle étaient aussi celle des préjugés presque médiévaux, d’une ségrégation raciale intolérable dans les états du sud des Etats-Unis et d’un Klan omniprésent. En nous faisant partager le quotidien de deux jeunes filles, l’une noire, l’autre blanche, elle nous confronte à cette double réalité dans laquelle vivait la population de l’époque et amène à la réflexion.

Inspiré de faits réels, plaisant à lire dans son style mais glaçant dans les faits, ce Sweet Sixteen est une vraie réussite.

Elle suivit le groupe dans le couloir de marbre. Les regards malveillants et les insultes s’abattirent autour d’eux :

- Ça pue !

– Dehors les nègres !

- Putain, vous n’allez pas laisser entrer ces ratons laveurs ici ?

Molly n’était pas tellement surprise. Elle savait pertinemment que la majorité des Blancs n’était pas favorable à la mixité. Mais elle avait pensé que des jeunes se montreraient plus ouverts d’esprit, plus… civilisés.

Ce n’est que dans le bureau de lire Leroy Thompson, le principal, que Molly put enfin souffler. Ses jambes tremblaient. Elle croisa son reflet dans une glace dorée et se trouva déjà un air lamentable.

– Voici vos emplois du temps, expliqua Thomson après des brèves salutations d’usage. J’ai chargé des professeurs de vous accompagner jusque dans vos classes.

Bien qu’il lui semblat aussi cordial qu’une lame de rasoir, Molly envie d’embrasser. Jamais elle n’aurait osé affronter seule ces centaines de Blancs remonté comme des pendules.

Les neufs étudiants examinèrent les documents qu’on leur avait remis. Molly fronça les sourcils :

– Pourquoi ne sommes-nous pas tous ensemble, dans la même classe ?

– Vous avez voulu l’intégration ? Vous l’avez, rétorqua le principal, la voix tranchante.

Annelise HEURTIER, Sweet Sixteen.

Casterman

224 pages – 12€

Paru en 2013

Blog de l’auteur : http://histoiresdelison.blogspot.fr

L’auteur : Annelise HEURTIER est l’auteure d’une dizaine d’ouvrages pour la jeunesse dont Le Carnet rouge et La Fille aux cheveux d’encre, chez Casterman.

10/03/2012

Le Carnet rouge (A. HEURTIER)

« Une sonnerie me vrille les tympans. »

Marie a seize ans. Elle vit dans la banlieue lilloise avec sa mère, Anne, qui travaille de nuit à l’hôpital. Leurs rapports n’ont pas toujours été faciles. Mère célibataire, Anne a toujours refusé sur sa famille et ses origines népalaises et c’est seule et malgré elle que Marie a tenté de se trouver une identité. Mais un jour, un mystérieux vieil homme va faire irruption dans sa vie et la bouleverser…

A travers un roman qui présente toutes les caractéristiques, à première vue, du roman pour adolescentes : une héroïne rebelle, amoureuse d’un bellâtre qui ne la voit pas tandis qu’elle s’épanche avec son meilleur ami, en conflit avec ses parents, Annelise HEURTIER a réussi un roman tout en chausse-trappe, qui nous fait voyager du nord de la France à Katmandou. En découvrant ce qu’elle a toujours rêvé de savoir, Marie va découvrir aussi ce qu’elle n’imaginait absolument et qui va bouleverser son petit univers douillet et bien rangé.

Le Carnet rouge est un roman qui dévoile un aspect des traditions népalaises tout à fait dérangeant pour nous, celui des Kumaris, ces petites filles choisies à trois ans et enlevées à leur famille afin d’incarner la déesse, traitées comme telle, puis abandonnée brutalement à l’apparition de leurs premières règles. « A la première goutte de sang versé, la déesse m’avait abandonnée pour s’incarner dans une autre petite fille qu’on adulerait à ma place ». Livrées à elles même, incapables de se prendre en charge, ce sont souvent des destinées tragiques. Et c’est ce que raconte ce roman, à travers deux voix, celle de Marie, l’adolescente d’aujourd’hui, et celle de Sajani, la narratrice du cahier rouge.

Cette alternance permet d’adhérer complètement au récit, de découvrir des coutumes et une civilisation inconnue – merci au lexique – et de suivre l’évolution de la jeune fille qui doit apprendre à vivre avec une réalité qui n’est pas celle qu’elle aurait souhaitée.

Vif, curieux, parfois insolent voire dérangeant, ce Carnet rouge est une lecture enrichissante à de nombreux points de vue.

- Pourquoi maintenant ? Pendant seize ans, je ne vous intéresse pas et puis, un matin, vous vous levez en vous disant : « Tiens, après les courses au supermarché, si on débarquait dans la vie de notre petite-fille ? » Et d’abord, comment saviez-vous que j’existais ?

- On ne savait pas, on espérait.

Il me tend un petit carnet rouge, recouvert de papier lokta.

- Prends. C’est pour toi.

Ses yeux se voilent. Je le regarde sans comprendre.

- Sajani est morte il y a quelques mois. Un cancer. Elle pensait que si elle avait des petits-enfants, ils voudraient peut-être en savoir plus sur leurs origines. Elle caressait l’idée de rester vivante dans la tête de quelqu’un d’autre. Comme… comme dans une vraie famille.

J’ouvre le cahier. Sur la première page, deux petites phrases écrites en lettres régulières sur du papier brun.

Je suis Sajany Shakya, douzième Kumari royale de Katmandou. Et, quoi qu’il se passe, je le resterai toute ma vie.

Annelise HEURTIER, Le Carnet rouge.

Feeling - Casterman

192 pages – 12€

Paru en 2011

L’auteur : Annelise HEURTIER est l’auteure d’une dizaine d’ouvrages pour la jeunesse dont Le Carnet rouge et La Fille aux cheveux d’encre, chez Casterman.

Blog de l'auteur : http://histoiresdelison.blogspot.com

27/11/2011

Penelope Green - La Chanson des enfants perdus (B. BOTTET)

« James Alec Green était mourant. »

Fille d’un fameux journaliste, c’est tout naturellement que Penelope se destine à la même carrière. C’est sans compter qu’elle vit à Londres, en 1880, et que l’émancipation des femmes n’est pas encore d’actualité. Surtout lorsqu’elle décide d’aller déterrer une vieille affaire de son père qui va la mener dans les bas-fonds mal famés de la ville…

Un autre roman sur le Londres de la fin du XIXème   siècle, une autre héroïne déterminée, vous penserez que les auteurs manquent un peu d’inspiration ces temps-ci. Cependant, le roman de Béatrice BOTTET n’est pas sans intérêt.

D’abord parce que sous ses dehors de roman historique, il nous offre un vrai roman policier, avec un dénouement complètement inattendu, ensuite parce que la demoiselle Green est une jeune fille qui n’a pas froid aux yeux et n’hésite pas à faire fi des conventions, un peu trop au goût de certains, enfin parce que le duo incongru qu’elle forme avec le jeune marin français mis sur son chemin n’est pas sans saveur.

Bien sûr, on pourra regretter certaines facilités du récit, des situations qui s’enchaînent un peu trop bien, au risque de rendre peu crédible certains moments, mais cette Chanson des enfants perdus se lit avec un certain plaisir. A réserver cependant à des adolescentes à partir de quatorze ans, l’histoire de fond étant finalement assez dure (trafic d’enfant, manipulation et cruauté mentale…).

Jusqu’où n’allait pas la mener son imagination délirante ? Sa mère ne l’avait-elle pas forcée à brûler dans sa cheminée, quand elle avait douze ou treize ans, des romans qui ne parlaient que de goules, de nonnes fantômes et de vampires ? Les romans pour jeunes filles n’étaient guère de son goût, mais là, vraiment, la digne et triste Mrs Green avait explosé devant la dépravation de sa fille. Ce qui n’avait pas empêché Penny de racheter en secret d’autres romans qu’elle dissimulait dans les endroits les plus improbables de la maison. Et puis, sa mère était morte – quelques jours après son petit frère – et son père se moquait complètement de ce qu’elle pouvait lire du moment qu’elle lisait, et beaucoup, et du moment qu’elle écrivait, et bien.

Béatrice BOTTET, Pénélope Green – La Chanson des enfants perdus.

Editions Casterman

315 pages – 15€

Paru en 2011

L’auteur : érudite, passionnée d’ésotérisme, Béatrice BOTTET est aussi une romancière de talent, à l’humour décapant. On lui doit, entre autres, Rififi sur le mont Olympe et Rififi pour Héraklès. Elle vit à Paris, dans le 19e arrondissement.