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11/12/2011

L'Héritage des Fels (S. KNIGHT)

« Je m’appelle Toby Walsgrove, mais avant de commencer à vous raconter mon histoire, il vaudrait mieux que je vous explique rapidement qui je suis.»

Toby a quatorze ans et demi. Depuis sa naissance, dans un hôpital de Londres, il vit dans un couvent de carmélites. Car Toby est différent. Toby souffre « d’encéphalopathie statique », c’est-à-dire que rien ne marche chez lui et qu’il est entièrement paralysé. En revanche, son imagination fonctionne à plein, « j’étais un athlète de l’imagination » explique-t-il alors qu’il commence à raconter son histoire. Or un soir, Shipley, son chat, se métamorphose en drôle d’individu qui lui annonce que son destin l’attend, là-bas, au pays des Fels, et qu’il n'a qu’à se lever pour l’accompagner…

Drôle d’histoire que cet Héritage des Fels ! Une histoire ancrée dans une réalité tout ce qu’il y a de plus concrète  et qui s’en échappe soudain pour partir vers le Grand Nord, dans un pays où l'or remplace le fer, où la lave coule au creux des rues, où les gens ont le pouvoir de se métamorphoser en faucon ou en léopard des neiges. Mais n’est-ce pas là la définition du fantastique ? A ce titre-là, le roman est extrêmement bien fait puisque l’on adhère sans réserve à ce conte : le royaume des Fels  menacé, un sinistre Helva Gullkin qui est sur le point de s'emparer du trône, laissé vacant après la mort du grand roi Will Wolfkin, deux héritiers mi-fels mi-humains pour le sauver.

S’ajoute la rencontre de deux adolescents, Toby et sa sœur Emma, aux origines bien différentes, puisque face à l’orphelin anglais handicapé se dresse la jeune Soudanaise qui a connu la famine, la guerre et la barbarie des hommes, et qui devront unir leurs pouvoirs pour, ensemble, combattre Helva Gullkin.

Mêlant habilement  mythologie nordique, magie universelle et bons sentiments, L’Héritage des Fels pourra séduire les jeunes adolescents à partir de dix-onze ans, bons lecteurs qui sauront trouver leur chemin dans cette histoire foisonnante.

- Qu’est-ce que tu as contre le mot magique ? me demanda-t-il.

Egil lisait dans mes pensées. S’il commençait à me parler de vêtements magiques ou de quoi que ce soit de magique, je penserais forcément que j’étais en train de vivre un nouveau rêve, ce que je redoutais par-dessus tout. Je voulais que ce soit vrai parce que, même si cela faisait moins d’une heure que j’étais sorti de mon fauteuil, j’avais déjà plus que tout au monde envie de courir et de faire la course et de sentir l’air froid dans mes narines.

- Si tu n’aimes pas le mot magique, dit doucement Egil, je vais employer le mot juste : ce sont des habits féliens. Et pour que tu marches et que tu parles, je me suis servi du pouvoir félien. Toby, est-ce que ce mot-là te convient mieux ?

Steven KNIGHT, L’Héritage des Fels.

Nathan

384 pages – 14,90€

Titre original : The Last Words of Will Wolfkin  – Paru en 2010 – Traduit en Français en 2012

L’auteur : Steven KNIGHT est un scénariste reconnu, nommé aux Oscars. L’Héritage des Fels est son premier roman pour la jeunesse. Il vit en Angleterre avec sa famille.

05/10/2011

Divergent (V. ROTH)

« Chez moi, il y a un miroir. »

Beatrice vient d’avoir seize ans. Elle vit avec ses parents et son frère, Caleb. Pour eux deux, la Cérémonie du Choix approche. Dans cette société futuriste, divisée en cinq castes, on choisit d’appartenir aux Altruistes, aux Sincères, aux Érudits, aux Fraternels ou aux Sincères. Chacun s’habille en fonction (bleu, gris ou noir) et exerce une tâche en rapport avec ses qualités, évaluées lors d’un test, déterminant le Choix. Les Altruistes fournissent des responsables politiques dévoués, les Sincères fournissent les responsables juridiques honnêtes, les Érudits donnent les enseignants et les chercheurs de haut niveau, les Fraternels procurent des conseillers et des soignants compréhensifs et les Audacieux protègent des menaces venant de l’intérieur comme de l’extérieur.

Sauf que le test de Beatrice pose problème à l’évaluateur : ni vraiment altruiste, ni tout à fait érudite, ni complètement audacieuse, elle est… divergente. Une faction rebelle au classement unique, et surtout résistante à l’embrigadement. Un problème, en somme. Donc un danger pour la collectivité…

D’un bout à l’autre, Divergent se révèle un roman passionnant, proposant une réflexion sur une société en apparence égalitaire et où tout irait pour le mieux si certains n’essayaient pas de manipuler la situation à leur avantage. Mais le talent de Véronica ROTH a consisté à faire passer cette réflexion à travers le prisme de son héroïne, Tris, qui fait ici son initiation à la vie adulte. Elle apprend le choix, la difficulté à échapper à son milieu, le conditionnement qu’il a pu induire (Audacieuse, elle se surprend souvent à penser en Altruiste), certaines vérités sur sa famille et va découvrir l’amour.

Avec beaucoup de sensibilité et de sensualité, l’auteur sait faire partager les émotions adolescentes, l’ambivalence entre le désir d’aller vers l’autre et la peur de l’intimité, sans toutefois sombrer dans le sentimentalisme et la bluette. On se bat, on est violent les uns envers les autres, on tue dans Divergent, mais on partage aussi un certain nombre de valeurs, comme l’amitié, la communion vers un même but, et l’amour. Le tout mené à un train d’enfer, sans jamais laisser de répit au lecteur. Divergent est un premier roman qui se révèle une réussite !

Elle soupire.

- Le fait que tu n’aies pas fui devant le chien suggérerait Audacieux. Mais, logiquement, un Audacieux aurait pris le couteau. Ta réaction réfléchie devant le chien serait plutôt celle d’un Érudit. Je ne sais pas du tout comment interpréter ton indécision dans la première étape mais…

Je l’interromps :

- Attendez, ça veut dire que vous n’avez aucune idée de mes aptitudes ?

- Oui et non. Ma conclusion est que tu manifestes des aptitudes à part égales pour Altruistes, Audacieux et Érudits. On appelle ceux qui obtiennent ce type de résultat… - Elle jette un coup d’œil par-dessus son épaule, comme si elle craignait que quelqu’un n’arrive - … des Divergents.

Elle a prononcé ce dernier mot si bas que j’ai eu du mal à l’entendre. Elle a de nouveau son air tendu, inquiet. Elle fait le tour du fauteuil et se penche vers moi.

- Beatrice, me dit-elle, tu ne dois en aucun cas faire part de cette information à qui que ce soit. C’est très important.

Je hoche la tête.

- Je sais. On n’a pas le droit d’annoncer nos résultats.

Tori s’agenouille à côté de moi et pose les bras sur les accoudoirs, le visage à quelques centimètres du mien.

- Non. Là, c’est différent. Je ne veux pas dire que tu ne peux pas en parler tout de suite. Mais tu ne devras jamais en parler à personne, jamais, quoi qu’il arrive, tu m’entends ? La divergence est quelque chose d’extrêmement dangereux. Tu comprends ?

Véronica ROTH, Divergent.

Blast - Nathan

444 pages – 15,90€

Titre original : Divergent  – Paru en 2011– Traduit en français en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092532300

L’auteur : Veronica ROTH, l’auteur, a 22 ans et vit à Chicago. Divergent est son premier roman.

Blog Nathan Jeunesse : http://blog.nathan.fr/jeunesse/2011/08/divergent/#more-1915

Site internet de l’auteur (en anglais): http://veronicarothbooks.blogspot.com

10/09/2011

Instinct 2 (V. VILLEMINOT)

« Le halètement de sa respiration emplissait son crâne, comme un beat. »

La « bande des quatre » est désormais bien soudée : Tim, Flora, Shariff et le Professeur Mc Intyre, le père de substitution. Le carnage du bunker (voir Instinct 1) a cependant laissé des traces : personnelles d’abord, puisque les relations entre Tim et Flora ont changé, et sur la vie de l’Institut de Lycanthropie enfin, puisque désormais deux camps s’affrontent à l’intérieur même de l’Institut, ceux qui veulent vivre leur instinct animal jusqu’au meurtre et ceux qui cherchent à le maîtriser. La lutte sera fratricide et sans merci…

Si Instinct 1 était un roman qui se dévorait d’une traite et vous laissait impatient de connaître la suite, le deuxième volume est un peu moins réussi. Certes les personnages sont toujours aussi attachants et la narration s’attache à en creuser plus encore les motivations, mais la construction, point fort du premier volume, semble ici moins maîtrisée. Là où la multiplicité des chapitres apportait dynamisme et suspense à la narration, l’auteur se perd à travers trop de points de vue et perd le lecteur à sa suite.

Il faut attendre presque la moitié du livre pour comprendre qui parle et cet éclatement des narrations casse le rythme. Le lecteur en est réduit finalement à se concentrer sur ce qu’il connaît, à savoir les trois personnages adolescents, seul point de repère stable pour lui, et Instinct 2 devient davantage un roman sur les amours adolescentes, l’apprentissage de la trahison et la découverte de la filiation sur fond de métamorphoses, que le thriller haletant que le premier volume nous avait offert.

Ne reste qu’à souhaiter que le troisième volume, dont la sortie est prévue au printemps 2012, retrouve la veine initiale.

La fureur et l’ivresse de l’assaut coulaient encore dans les veines du prédateur, comme de l’adrénaline. De la chimie organique. C’était une grande imprudence que d’avoir suscité une nouvelle métamorphose dans ce contexte, mais le chasseur en avait besoin pour retrouver les sensations de l’affût, les secondes délicieuses qui avaient précédé le meurtre.

Et cependant, il devait rester lucide ; le moment d’une deuxième attaque n’était pas venu. Il devait guider les autres, ceux de l’Alpage. Si Timothy Blackhills l’avait identifié, il faudrait l’éliminer, très vite. On lui règlerait son compte. Il n’y avait plus d’obstacle à cela, plus rien qui l’en empêche : il avait atteint un stade supérieur d’évolution ; il était désormais parfaitement libre, dominant, dans une guilde gouvernée par les espèces supérieures.

Vincent VILLEMINOT, Instinct 2.

Blast - Nathan

330 pages – 13,90€

Paru en 2011

 

 

 

Feuilleter un extrait : (lien invalide pour l’instant)

Page Facebook du roman : http://fr-fr.facebook.com/pages/Instinct-par-Vincent-Vill...

Interview de l’auteur : http://blog.nathan/jeunesse

L’auteur : Vincent VILLEMINOT a 39 ans et vit dans les Alpes françaises où il a d’ailleurs situé l’action de son roman. Ancien professeur d’écriture au Caire et ancien journaliste, il est désormais écrivain à plein temps.

31/08/2011

De l'autre côté du soleil (P. DAVY)

« Traoré sait qu’il commet une imprudence en permettant à son troupeau de chèvres d’aller s’abreuver à la source d’Aïn Kala. »

Afrique, dix-huitième siècle. Traoré, un jeune berger peuhl, croise un jour sur sa route Vanidia, une femme d’une autre ethnie. Leur amour étant condamné, ils décident de s’enfuir tous les deux mais seront capturés et vendus comme esclaves, avant d’être envoyés en Guadeloupe. Et séparés.

A travers son roman, Pierre DAVY choisit de raconter la traite des noirs, ce commerce florissant qui dura de la fin du seizième siècle au début du dix-neuvième. Son héros, Traoré, est un jeune homme respectueux de chacun et qui ne parvient pas à se résigner à devenir moins qu’un homme, un animal, une marchandise. Celle qu’il aime, Vanidia, est son guide dans le malheur, ayant déjà connu l’expérience de l’esclavage en Afrique. A travers ces deux individus, Pierre DAVY nous montre la difficulté à choisir son destin : se résigner ou mourir.

La narration est habilement menée en faisant alterner l’histoire de Traoré et le journal de bord d’Yvon de Kerven, nobliau breton parti chercher l’aventure de l’autre côté de l’océan et passager du bateau qui transporte les esclaves. Ses réflexions sont révélatrices de l’époque et elles permettent également de souligner plus effacement la dénonciation de l’esclavage. « J’ai été un moment désorienté, car sans conteste, il s’agit bien d’êtres humains. »

Facile à lire, poignant et sans concession, De l’autre côté du soleil saura frapper les esprits des jeunes lecteurs et ouvrir la réflexion. De surcroît, le livre propose un dossier très intéressant sur la traite, l’esclavage et la culture créole.

- Ne bouge plus. Ferme les yeux et essaie de dormir. Une seule chose compte désormais : il faut survivre et être fort. Ceux qui faiblissent sont condamnés. Que faisais-tu quand une de tes chèvres s’était brisé une patte ?

- Je la tuais.

- Voilà. Nous n’avons qu’un seul espoir : avoir un prix, être une bonne marchandise. Car maintenant, nous sommes une marchandise, que ces hommes ont achetée pour la revendre.

- Comment sais-tu cela ?

- Tu oublies que ça m’est déjà arrivé. J’étais petite, mais je me souviens. Il faut dormir, Traoré, pour ne plus penser.

Pierre DAVY, De l’autre côté du soleil.

Nathan Poche Histoire

220 pages – 5,50€

Paru en 2011

L’auteur : Pierre DAVY a vécu dix ans aux Antilles. C'est insuffisant pour se dire Antillais, mais c'est assez pour comprendre ce que cela veut dire. L'histoire parle, à condition de lui donner la parole. Ce livre n'a pas d'autre but. La traite a été une tragédie, l'esclavage a été un crime. Quand on vit aux Antilles, il ne s'agit pas de se lamenter, de se repentir ou de se révolter ; mais il faut savoir. Pierre DAVY n'est pas arrière-petit-fils d'esclave, il n'est pas noir : il lui arrive de le regretter.

11:55 Publié dans Historique | Lien permanent | Tags : davy, nathan, histoire, esclavage, afrique, noir, traite, antilles | |  Facebook | | |

24/08/2011

Le Sourire de ma mère (M. SELLIER)

« La Loire coule en bouillonnant dans son lit de sable trop grand, charriant des eaux couleur de ciel, de fiel et de foin, ses eaux vives de printemps, entre les berges crayeuses, entre les îlets où se nichent les oiseaux, à l’aplomb du château d’Amboise puissamment ancré sur son éperon rocheux. »

Catarina a quinze ans. Pour tous, elle est « la simple », parce qu’elle ne parle pas, ne semble pas toujours comprendre ce qu’on lui dit et que tout semble glisser sur elle. Mais voilà que le destin va la faire entrer comme servante au château de Cloux, dernière demeure de Léonard de Vinci. Et qu’elle va vivre la dernière année du vieil homme fatigué mais néanmoins toujours clairvoyant.

Très joli roman, Le Sourire de ma mère – Une année avec Léonard de Vinci met en scène le Génie et une jeune fille un peu différente qui va, grâce à l’artiste, se découvrir et trouver sa place. Roman historique, roman intimiste, Marie SELLIER raconte à la fois l’histoire d’une jeune fille à la Renaissance et l’histoire d’une œuvre d’art, en filigrane, cette Joconde dont elle aborde le mystère sans toutefois trop en dire.

Des chapitres courts, une narration aisée, des personnages bien campés, ce Sourire de ma mère saura séduire les amateurs d’art comme les amateurs d’Histoire, et tous ceux qui auront d’en savoir plus sur cette jeune fille qui croit reconnaître sa mère dans « la dame » assise et imperturbable. Alternant les points de vue des différents personnages, chacun se glissera aisément dans l’histoire et y trouvera son bonheur.

Elle a toujours été différente, Caterina. Lorsque sa mère était vivante, on l’entendait parfois proférer quelques paroles de ce souffle rauque qui ne semble pas lui appartenir. Mais à sa mort, elle s’était tue. Plus un mot, tout au plus un chantonnement. Alors, on avait pris l’habitude de faire comme si elle n’existait pas.

Qu’importe ce qu’elle ressent – fatigue, douleur, gaieté ou tristesse ! Caterina est celle qui est toujours là, qui ne rechigne pas à la besogne et obéit aux ordres qu’on lui lance à voix trop forte : « Va ! Lave ! Coupe ! Tranche ! Balaie ! » L’impératif régit sa vie sans qu’aucune ombre ne vienne jamais troubler ses traits réguliers.

Marie SELLIER, Le Sourire de ma mère.

Nathan Poche Histoire

150 pages – 4,90€

Paru en 2011

L’auteur : Marie SELLIER a été journaliste pendant plusieurs années, dont dix ans chez Bayard Presse jeune, avant de passer du côté de l'édition. Voilà maintenant plus de quinze ans qu'elle explore, en direction des enfants, un champ vaste comme le monde, l’ART sous toutes ses formes, avec un enthousiasme qui ne se dément pas.Cela se traduit par plus de quarante livres, quatre collections (L’Enfance de l’Art et Mon petit musée aux éditions de la Réunion des musées nationaux, Des mains pour créer aux éditions Paris-musées et Entrée libre aux éditions Nathan) et cinq films pour la télévision.

Un entretien chez Ricochet : http://www.ricochet-jeunes.org/invites/invite/43-marie-se...

Site de l’auteur : http://www.la-charte.fr/sites/marie-sellier