Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/05/2012

Venenum (C. BOUSQUET)

« Je me rappelle parfaitement de notre dernière entrevue, en ce lugubre mois de février. »

Février 1650,  René Descartes meurt, officiellement d’une pleurésie. Mais Jana, sa pupille, connaît la vérité : il a été empoisonné. Par qui ? Et surtout, pourquoi ? Y a-t-il un lien entre son assassinat et la mise à sac de l’imprimerie où ses derniers écrits devaient être imprimés ? Et que contiennent les lettres codées qu’il lui a confiées ? Poursuivie par d’implacables tueurs, Jana n’a d’autre solution que fuir et trouver au plus vite le destinataire de ces courriers. Escortée par Conrad van Vries, ancien soldat au service de la France, Jana se lance dans une course éperdue qui, d’Amsterdam à Paris, la mènera au plus près des cercles du pouvoir, au cœur d’un complot dont le cardinal Mazarin pourrait bien être l’instigateur !

Charlotte BOUSQUET propose à son lecteur un roman tout à fait passionnant, où histoire, littérature et philosophie se mêlent sans jamais lasser ou être pesantes. L’héroïne présente a priori toutes les caractéristiques du rôle : jeune, orpheline, au passé incertain, intelligente et débrouillarde, tête brûlée, elle affronte tous les obstacles sans férir, n’hésite pas à endosser des habits d’homme pour agir à sa guise et… se révèle petite âme sensible lorsqu’il s’agit d’échanger un premier baiser !

On lit ce Venenum avec jubilation, y croisant au fil des aventures le véritable Cyrano de Bergerac (qui parle comme son homonyme de chez Edmond ROSTAND) ou encore le Cardinal de Mazarin. Les personnages, outre celui de Jana, sont bien campés, depuis le mystérieux Espagnol jusqu’à l’apprentie comédienne, et le Paris du dix-septième siècle offre une toile de fond aussi sinistre que mal famée à l’intrigue.

Les références sont nombreuses, qu’elles soient littéraires, historiques ou philosophiques, et font que l’on prend beaucoup de plaisir à lire les aventures de Jana van D., anti-Agnès puisqu’élevée à l’égale des hommes et n’hésitant pas à les affronter sur leur terrain. Jusqu’en amour, et ce n’est pas la moindre malice de ce roman…

Roman picaresque, roman d’apprentissage, roman policier, Venenum se dévore avec bonheur, depuis sa fuligineuse couverture jusqu’à l’appareil documentaire qui vient enrichir encore l’histoire pour mieux la compléter.

« Quelle est, dites-moi, la différence entre cette malheureuse et un chien habitué à obéir ? Entre un être humain si maltraité qu’il en devient une machine, et ce même chien ? » « Vous ne comparez une femme, encore moins un homme, et une simple bête », rétorqua René, d’autant plus irrité qu’il venait d’ouvrir sa garde.  Je ne lui laissai pas le temps de la refermer. « Encore moins un homme ? Mon esprit serait-il, en dépit de tous vos soins, à jamais inférieur à celui de Georges de la Souche ? A quoi bon, alors, ces années durant lesquelles j’appris le latin, le français, le grec, la philosophie et tout ce que vous jugeâtes utile de m’enseigner ? » Il se défendit fort mal, peut-être parce qu’il ne parvenait pas à s’emporter contre moi, peut-être parce qu’il savait, au fond, que j’avais raison. Ce qui différenciait un homme d’une femme n’était point la raison mais le corps. Une mécanique sans importance. Quant à l’âme animale, il suffisait d’utiliser la méthode pour concevoir son existence : ce que je lui démontrai.

Charlotte BOUSQUET, Venenum

Gulf Stream – Courants noirs

288 pages – 13,90 €

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.gulfstream.fr/livre-189-venenum.html

L’auteur : Philosophe de formation, Charlotte BOUSQUET est l’auteure d'une quinzaine de romans, dont Cytheriae (Prix Elbakin 2010, Prix Imaginales 2011). Pour les adolescents et les jeunes adultes, elle a récemment publié Nuit tatouée et Nuit brûlée, les premiers tomes d’une pentalogie dystopique (Galapagos / L’Archipel). Aux éditions Gulf Stream, après deux polars historiques, Noire lagune (Juke Box ado 2010) et Princesses des os, elle a signé Précieuses, pas ridicules, un abécédaire décapant dans la collection « Et toc ! ».

Le site de l'auteur : http://www.charlottebousquet.com/Accueil.html

06/01/2011

Les Demoiselles de la Louisiane (J-E. SINGER)

« Sur un brick naviguant vers les rivages de Louisiane, comment une demoiselle peut-elle occuper les heures et les jours ? »

Les demoiselles touchent au but : elles ont accosté en Louisiane. C’est la découverte des plantations, du Mississipi et des « indigènes ». Mandaté par le régent, le duc de Gaumont doit surveiller le gouverneur, M. de Bienville, soupçonné de complots, et ses filles et nièces vont le seconder habilement, tout en découvrant les coutumes locales et nouant des amitiés avec la population locale.

Après un début un peu lent, car ressassant les événements passés, la seconde partie du roman devient tout à fait intéressante car elle propose une excursion dans les terres indiennes : nouveaux paysages, nouveaux comportements, dénonciation encore d’un certain esprit de colonisation, ce troisième volume propose une fois de plus un regard intelligent sur une période historique mal connue.

Blanche avait répliqué avait une violence qui ne lui était pas coutumière :

- Nous aussi nous avons été contraintes de quitter Paris, sans qu’on nous demande notre avis ! La Louisiane a beau être française, or je crains fort qu’elle ne soit surtout le pays des Indiens et que nous n’y ayons pas vraiment notre place. D’après ce que m’a raconté Sophie, nous avons fait beaucoup de mal aux Indiens… Je me souviens d’un poème de Dumont de Montigny : « Qui donc habitait ici avant la colonie ? C’étaient des habitants qui passaient leur vie à vivre de la chasse, et passaient tout leur temps sans envies ni chagrins, étaient tout contents. »

Je trouve que ces vers résument parfaitement la situation.

J. Esther SINGER, Les Demoiselles de la Louisiane.

Seuil

250 pages – 12€

Paru en 2010

Rappel : le tome 1 Les demoiselles du Palais-Royal ; le tome 2 : Les demoiselles de la Nouvelle-France ; le tome 3 Les demoiselles de la Louisiane

10:09 Publié dans Historique | Lien permanent | Tags : louisiane, singer, seuil jeunesse, indien, régence | |  Facebook | | |

20/04/2010

Les demoiselles de la Nouvelle-France (J. E. SINGER)

« Réveille-toi, Henriette ! Comment peux-tu dormir alors que nous avons tant de préparatifs à régler avant notre départ de demain ? »

Les demoiselles sont de retour ! Après avoir déjoué un complot contre Louis XV, le Régent, à leur demande et afin de ne pas les séparer de leurs cousines, les envoie en Nouvelle-France, autrement dit la colonie américaine de la France, qui allait du Saint-Laurent à l'embouchure du Mississipi, du Québec à la Louisiane. Le périple va se dérouler en bateau, où elles croiseront nombre de passagers imprévus et même, pour le plus grand plaisir d'Henriette, un corsaire anglais !

Une escale à Saint-Domingue va, encore une fois, leur faire connaître de nouvelles aventures...

Plus intéressant que le premier volume, plus rythmé, avec une plus grande richesse de personnages, ce deuxième épisode est tout à fait réussi : on s'éloigne de la Cour pour découvrir une autre réalité, plus voltairienne (« C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe », expliquait le nègre de Surinam), celle de l'esclavage, de la spoliation des terres par les Européens avides d'enrichissement. La réflexion s'élargit et c'est tout à l'honneur de cette série.

Sa voix avait pris un accent passionné qui prouvait son attachement à La Rochelle. D'ailleurs, elle renchérit :

- Je ne quitterai jamais la ville où je suis née, et où je me marierai dans deux mois...

La jeune fille remarqua le sursaut d'Henriette et éclata d'un nouveau rire :

- Je me marie avec un armateur, of course ! [...] En ce qui concerne mon futur époux, sachez qu'il m'adore et qu'il ne me refuse jamais rien. Il m'a d'ores et déjà promis qu'il ne commercera jamais de nègres, qu'il se contentera d'eau-de-vie, de peaux de castors et autres marchandises. Car, ajouta-elle soudain d'une voix grave, jamais je ne tolérerai que des êtres humains puissent être considérés comme des objets à acheter et à vendre, et soient malheureux par ma faute. Et que, pire encore, je puisse m'enrichir avec leur sueur, leur sang et leurs larmes. Mon père, conclut-elle avec une grimace, ne s'en prive pas, et ne veut pas m'écouter. Il est mon père, mais ce n'est pas un homme bon.

J. Esther SINGER, Les Demoiselles de Nouvelle-France.

Seuil

282 pages - 12 €

Paru en 2010

Rappel : le tome 1 Les demoiselles du Palais-Royal ; le tome 2 : Les demoiselles de la Nouvelle-France ; le tome 3 Les demoiselles de la Louisiane

13:56 Publié dans Historique | Lien permanent | Tags : louis xv, nouvelle-france, noblesse, régence, seuil | |  Facebook | | |

19/04/2010

Les demoiselles du Palais-Royal (J. E. SINGER)

« En ce 25 août 1718, jour de la Saint-Louis, le peuple de Paris était venu proclamer son affection pour son petit roi. »

Paris, août 1718. Le jeune Louis XV, arrière-petit-fils de Louis XIV, est encore trop jeune pour régner. C'est Philippe d'Orléans qui assure la Régence. Mais les complots menacent la vie du « petit Roi » bien-aimé des Français. A la suite d'un ensemble de coïncidences, deux jeunes filles de la haute noblesse, Héloïse et Henriette de Grammont vont se trouver mêler à un complot d'État et s'employer à le déjouer. Tout en songeant à leur cœur...

Gentille série que celle des « Demoiselles » : deux autres volumes sont à venir, qui expatrieront les filles du duc de Grammont et leurs cousines de Pontivy en Nouvelle-France puis en Louisiane.

La narration est alerte, les jeunes filles à la fois belles et déterminées, l'Histoire est présente sans être trop pesante, et les demoiselles à partir de onze ans suivront avec plaisir les mésaventures de ces jolies nobles.

- Le régent a purement et simplement enlevé au duc du Maine la surintendance de l'éducation du roi et l'a offerte à son cousin, M. le duc... Mais il ne s'en est pas tenu là : il lui a aussi ôté son rang de prince de sang que lui avait fait donner son père, le Roi-Soleil ! il est vrai que la mère du duc du Maine n'était que marquise de Montespan et non reine de France, et qu'un bâtard ne peut être prince du sang et prétendre au trône ! N'oublions pas que le roi n'a que huit ans et qu'il est de santé fragile...

- Et un poison est vite avalé... murmura Bleue. Cette mort arrangerait bien le Régent qui se retrouverait roi. Je l'ai toujours pensé : cet homme est capable du pire. D'ailleurs, n'a-t-on pas dit qu'il a empoisonné toute la famille ?

J. Esther SINGER, Les Demoiselles du Palais-Royal.

Seuil

282 pages - 12 €

Paru en 2010

Rappel : le tome 1 Les demoiselles du Palais-Royal ; le tome 2 : Les demoiselles de la Nouvelle-France ; le tome 3 Les demoiselles de la Louisiane