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27/07/2011

L'Île du sommeil (F. COLIN)

« Je me souviens très bien du jour où j’ai failli mourir. »

Les freins de son vélo n’ayant pas été vérifiés, Eelian a un accident qui l’emporte tout droit dans un monde étrange, celui de Noctance, peuplé de créatures extraordinaires et où le temps semble comme dissous. Là, il va vivre un certain nombre d’aventures, jusqu’à la rencontre avec le fameux docteur Mortès, qui va le confronter à un terrible choix…

« Ça parle de la mort, quand même, et c'est presque la matrice de Bal de givre à New York, maintenant que j'y pense », disait Fabrice COLIN il y a quelques temps sur son blog. En effet, L’Île du sommeil se présente comme un conte, mais un conte cruel, qui évoluerait dans un univers à l’anglo-saxonne, celui du Magicien d’oz ou de Tim Burton, avec ses personnages étranges, tout droit sortis d’un imaginaire un peu retors.

Comme dans Bal de givre à New York, l’auteur utilise l’état intermédiaire de coma pour dérouler une histoire à la fois fluide et mouvementée, où les péripéties surgissent dès la fin de la précédente.

La mort est omniprésente, Eelian voit sa famille à sa chevet et est tiraillé entre le désir de les retrouver et celui de rester dans le confortable monde de Noctance et c’est tout ce dilemme qui anime le roman. Destiné à de jeunes adolescents par la forme, L’Île du sommeil peut néanmoins nécessiter une lecture accompagnée.

En tombant dans le coma, j’étais arrivé ailleurs : à Noctance, l’île de mes rêves. Un endroit étrange, plein de dangers et de merveilles. C’est là qu’était ma vie désormais. C’est là qu’étaient mes amis.

Je les avais rencontrés le premier soir. Ils habitaient la forêt, dans une grande cabane perchée au creux des arbres. J’étais venu à eux au hasard, et ils m’avaient accueilli le plus naturellement du monde.

Il y avait le Picancroque, un épouvantail à tête de citrouille, avec un long manteau noir tout déchiré. Malgré ses griffes et son air renfrogné, c’était un ami très calme, pour qui la nature n’avait aucun secret.il savait même parler aux arbres. Il semblait toujours excessivement sérieux : ça devait être qui le rendait si drôle.

Il y avait Oloon : un grand homme-loup au torse velu, le protecteur du groupe. Il était doté d’une force impressionnante, mais c’était un ami avant tout sensible et courageux. Quand on l’embêtait, il retroussait ses babines et se mettait à grogner et à gonfler la poitrine. Habituellement, ça suffisait pour qu’on le laisse en paix.

Enfin, il y avait Marvelle : une grande fée habillée de feuilles, la personne la plus attentionnée et la plus gentille que j’aie jamais croisée. Elle é tait belle à tomber, et aussi fraîche qu’un vent d’été.

Souvent, il me semblait connaître ces trois-là depuis ma naissance. A dire vrai, c’était l’île toute entière qui me donnait cette sensation. Je savais qu’il y avait un volcan, je savais qu’il y avait des pirates, et les criques et les vallées m’étaient parfaitement familières.

Quant aux façons de quitter cet endroit, elles n’étaient pas non plus un mystère : soit je mourais pour de bon, soit…

Fabrice COLIN, L’Île du sommeil.

Castor Poche - Flammarion

160 pages – 6,50€

Paru en 2011

L’auteur : Né en 1972, Fabrice COLIN est un auteur prolifique et reconnu de Fantasy. Il a publié de nombreux romans, romans graphiques, BD et nouvelles en jeunesse et en adulte. Il a été primé pour : Le Cycle d'Arcadia : Vestiges d'Arcadia, prix Ozone 1999 (Meilleur roman de fantasy francophone). Dreamericana, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman français). CyberPan, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman jeunesse)

Site internet : http://fabrice-colin.over-blog.com

23:17 Publié dans Fantastique | Lien permanent | Tags : castor poche, flammarion, colin, mort, conte, enfant | |  Facebook | | |

Le Petit Sommeil (B. et J. GUERIF)

« J’ai envie de rester au lit. »

Pierre vit seul avec sa mère dans leur petit appartement. Lui dort dans la chambre, elle dans le salon où elle replie le lit tous les matins avant de partir travailler dans une maison de retraite. Il est discret, solitaire, effacé et ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Surtout que leur professeur d’économie vient de leur demander de se trouver un stage. Sans solution, en dernière limite, Pierre va le faire avec sa mère. Mais il va rencontrer un homme qui va changer sa vie…

Roman un peu dérangeant que ce Petit Sommeil. Traitant de l’influence, de la limite entre bien et mal, des rapports parent-enfant, de la transmission, d’héritage, il est à la fois lourd et léger. Lourd car tous ces thèmes ne sont pas anodins, et presque léger car l’ensemble est traité plutôt rapidement, sans appesantissement, en cent cinquante pages.

Choisissant de mettre au centre de l’histoire le narrateur, un adolescent qui se cherche, que ce soit dans sa relation aux autres ou en lui-même, les auteurs parviennent à nous faire entrer dans sa tête et l’on oscille avec lui entre la tentation du bien et celle du mal. Le personnage de Braun est vénéneux, diabolique presque, mais cependant il va être l’initiateur que Pierre attendait, la figure masculine qui va l’inciter à se révéler, à s’assumer, à affronter ses peurs… et l’initier à la littérature.

Le Petit Sommeil est à réserver plutôt à de grands adolescents qui se retrouveront dans nombre de réflexions du personnage principal.

- Tu sais, la plupart des gens qui bossent ici, je ne les aime pas. Ils me disent des choses gentilles et font semblant de des soucier de moi, mais je sais très bien qu’ils seront heureux de se débarrasser de ma vieille carcasse.

Là-dessus, t’as pas vraiment tort.

- Faut pas penser des choses comme ça, monsieur…

- Te fatigue pas, Pierre. Je n’ai que ce que je mérite. J’ai toujours fait ce que je voulais, toute ma vie, sans me soucier de personne. Quand j’avais envie de quelque chose, je m’arrangeais pour l’obtenir. C’était toujours moi qui passais en premier. Alors maintenant, ce n’est pas étonnant que je sois tout seul. C’est même normal, tu ne trouves pas ?

 

Benjamin et Julien GUERIF, Le Petit Sommeil.

Syros – Rat noir

150 pages – 11,90€

Paru en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=978274851...

Les auteurs : (source RICOCHET)

Julien GUERIF est titulaire d’un Master of Fine Arts de l’université de South California à Los Angeles. Cinéphile, il est l’auteur de plusieurs courts-métrages. Il est également monteur et professeur à l’Université américaine de Paris. Avec son frère Benjamin, il travaille depuis plusieurs années comme traducteur et scénariste. Ensemble, ils ont publié plusieurs romans.

Benjamin GUERIF est docteur en Histoire. Passionné par la Norvège, il est l’auteur de Pietro Querini (Rivages), roman d’aventure médiévale et maritime inspiré de faits réels et lauréat du prix Gens de mer 2007. Avec son frère Julien, il travaille depuis plusieurs années comme traducteur et scénariste. Ensemble, ils ont publié plusieurs romans.

14:52 Publié dans Policier | Lien permanent | Tags : rat noir, syros, guérif, initiation, adolescent, crime | |  Facebook | | |

Toi et moi à jamais (A. BRASHARES)

« Alice attendait Paul sur le quai. »

Il y a Riley et Paul, deux presque jumeaux tant ils sont similaires. Et puis il y a Alice, la petite sœur de Riley. Celle qui a toujours voulu suivre les autres, celle qui s’est toujours senti à la traîne, celle que l’on taquinait, celle que l’on feignait d’oublier, sauf que… Cet été, Paul est de retour, et les sentiments qu’il avait toujours tenté de contenir vont se libérer et que, cette fois, c’est Riley qui va se sentir exclue.

Ouvrant sur une citation extraite de Peter Pan, le roman d’Ann BRASHARES donne d’emblée le ton : il s’agira d’enfance, de passage, d’injustice, de destinée inéluctable. Ce qui commence comme une bluette sur des amours de vacances dans une station balnéaire où se retrouvent rituellement les mêmes gens d’une année sur l’autre va peu à peu glisser vers une histoire tragique, sombre et définitive comme la vie peut l’être.

Toi et moi à jamais sait brosser un tableau sensible et touchant d’une situation qui ne l’est pas moins : la construction d’un couple qui doit surmonter aléas de la vie et poids du passé. L’écriture d’Ann BRASHARES est toujours juste, d’une plume presque épidermique tant elle sait aller au plus près des sentiments et des âmes et on se laisse gagner par l’empathie à côtoyer ses personnages attachants.

Plus réfléchi, plus introspectif que ses précédents romans, Toi et moi à jamais saura séduire les lectrices à partir de quatorze-quinze ans.

Une pensée lancinante tournait en rond dans sa tête, comme un cauchemar éveillé qui se répète sans cesse. L’amour peut-il durer toute une vie ? Peut-il passer indemne de l’enfance à l’âge adulte en survivant aux écueils et aux tourments de l’adolescence ? Est-il toujours le même à l’arrivée, simplement exprimé de façon différente ? Ou ces deux formes d’amour sont-elles radicalement incompatibles ?

Peut-être n’était-ce pas la réponse qui était déroutante, mais la question qui était mal posée. Peut-être n’y avait-il pas deux sortes d’amour mais des milliards. Ou alors une seule.

Ann BRASHARES, Toi et moi à jamais.

Scripto – Gallimard

336 pages – 13€

Sorti en poche en 2010 – Pôle fiction – 7,60€

Titre original : The Last Summer (of you and me) – Paru en 2007 – Traduit en français en 2008

L’auteur : Ann BRASHARES a grandi dans le Maryland aux États-Unis, avec ses trois frères. Après des études de philosophie, elle travaille dans une maison d'édition à New York.
Le métier d'éditrice lui plaît tellement qu'elle ne le quitte plus. Très proche des auteurs, elle acquiert une solide expérience de l'écriture. En 2001, elle décide à son tour de s'y consacrer. C'est ainsi qu'est né « Quatre filles et un jean », son premier roman. Ann BRASHARES est âgée d'une trentaine d'années et vit à Brooklyn, New York, avec son mari et ses trois jeunes fils.

Site internet : http://annbrashares.com

16/07/2011

Aggie change de vie (M. FERDJOUKH)

« A droite, il y avait les éclats de voix qui venaient de l’auberge. »

Aggie a quatorze ans et vit de rapines, toujours flanquée de son fidèle ami Orin et de son chien, Mister Bone. A eux trois, ils ont un numéro d’escroquerie bien rôdé. Jusqu’à ce que les trois amis rencontrent Pemberton Rushworth, qui va proposer à Aggie de changer radicalement sa vie.

Drôle de roman que celui de Malika FERDJOUKH ! On y retrouve son univers et ses thèmes de prédilection favoris (l’amitié, l’entraide, la débrouillardise, la marginalité) mais mêlé à un réseau de références littéraires, très prégnant et cependant s’intégrant parfaitement à l’histoire. Il y a de l’Eliza Doolittle dans Aggie, même si l’histoire se déroule à Boston et non à Londres, que ce soit par son franc-parler ou par l’irruption d’un pygmalion…

Avec des personnages attachants, une intrigue joliment troussée, Malika FERDJOUKH  propose avec ce roman une lecture aisée et pleine de rebondissements. Et mention spéciale à la couverture, qui fleure bon l'enfance...

- Comment as-tu atterri chez les Hume ? interrogea-t-il à brûle-pourpoint.

Elle plissa le front avec un bref arrêt de mastication.

- Comment qu’vous savez que c’est pas eux, mes parents ?

- Je me suis renseigné.

Entre pain, jambon et bouillon, elle raconta :

- Ils m’ont gardée à ma naissance. Ma mère, Ginnie Barrie, était servante chez eux. Ils la faisaient bosser dur. C’est Poodlespring, le laitier, qui m’a raconté. Même enceinte, elle devait laver la maison de haut en bas,  les escaliers, la cour, porter les seaux… A l’accouchement, c’elle qui  était lessivée ! L’avait plus de forces. C’est c’qu’il m’a raconté, Poodlespring. Alors,elle est morte, juste quand moi j’suis née, elle avait plus d’souffle…

Malika FERDJOUKH, Quatre sœurs.

Neuf – Ecole des loisirs

95 pages – 8,50 €

Paru en 2010

L’auteur : Malika FERDJOUKH est née à Bougie, en Algérie, en 1957. Elle vit à Paris et a travaillé dans un hôpital d'enfants avant de se lancer dans l'écriture. Elle écrit des romans pour la jeunesse, ainsi que des scénarios pour la télévision.

11/07/2011

Les Bizarres (V. SIGWARD)

« Esméralda s’est sauvé et j’ai passé mon après-midi à lui cavaler après dans tout le lotissement. »

Un soir qu’il ne parvient pas à s’endormir, Thibault découvre que ses nouveaux voisins ont une fille de son âge. Mais lorsque le lendemain, il se présente à sa nouvelle voisine, elle lui assure n’avoir aucun enfant. Assistés de ses deux fidèles amis, Ginou et Dialo, Thibault va tâcher de comprendre : est-il fou ? somnambule ? ou bien les voisins cherchent-ils à cacher quelque chose ?

Les Bizarres est un roman policier qui cache bien son jeu. Sous ses dehors un peu loufoques, entre le caniche abricot géant de la tante, affublé d’un prénom féminin, le côté gaffeur de Thibault et la gouaille de Ginou, on sourit souvent, suivant presque mollement cette intrigue policière qui n’en est pas vraiment une. Et puis, insidieusement, le roman bascule vers un problème plus grave, qui va faire entrer les enfants dans le monde des adultes avant l’heure.

Thibault le narrateur est un personnage attachant, comme le sont ses camarades, débrouillard et inventif, et il plaira volontiers aux jeunes lecteurs. L’intrigue est facile à suivre, les rebondissements sont nombreux et l’humour est toujours présent, ce qui concourt à faire ces Bizarres un bon moment de lecture.

Il y avait des tas de choses qui clochaient dans cette histoire de fantômes.

Premièrement, les fantômes n’allument pas la lumière de leur chambre, ils n’en ont pas besoin, ils voient dans le noir, exactement comme les chats.

Deuxièmement, les fantômes ne dorment pas avec un tee shirt qui laisse voir leurs cuisses.

Troisièmement, les fantômes ne peuvent pas se servir des choses réelles et j’avais vu la fille ouvrir la fenêtre.

Quatrièmement, un fantôme c’est plus ou moins transparent, on voit au travers. Cette fille, je ne voyais pas au travers.

Cinquièmement, les fantômes, ça se traverse, on ne peut ni les toucher ni les attraper, et j’avais vu l voisin prendre la fille par le bras.

Sixièmement, et c’est le plus important, les fantômes n’existent pas, un point c’est tout.

En tout cas, personne n’a encore réussi à prouver scientifiquement le contraire.

Valérie SIGWARD, Les bizarres.

Souris noire - Syros

125 pages – 5,95€

Paru en 2007 – 2011

L’auteur : Née en 1966, Valérie SIGWARD écrit des romans depuis 1998 et a notamment publié pour la jeunesse Le secret de Phèdre et Médée la magicienne. Elle est également éclairagiste pour des compagnies de théâtre et de danse.

15:47 Publié dans Policier | Lien permanent | Tags : syros, souris noire, enfant, politique | |  Facebook | | |