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28/08/2011

L'Héritage Jenna Fox (M. E. PEARSON)

« Mes mains se serrent sur le lourd rideau et le tordent pour former un cordon épais. »

Locke, Jenna et Kara étaient trois adolescents inséparables jusqu’à l’accident de voiture qui les a détruit. C’était il y a deux cent soixante ans. Si Jenna a été « reconstruite » par son père, car elle n’était détruite « qu’à » dix pour cent, les autres n’ont pas eu cette chance. Jusqu’à ce qu’un étrange individu, moitié savant fou moitié démiurge décide les faire revenir, le docteur Gatsbro. Mais les deux nouveaux « revenus » ont décidé de retrouver Jenna pour lui faire payer toutes ces années à errer dans leur prison virtuelle…

Manipulations génétiques, décors futuristes, réflexions sur l’identité, la reconstruction et le libre-arbitre, L’Héritage Jenna Fox soulève toutes ces questions à travers un roman mené tambour battant. Les deux adolescents, âgés désormais de deux cent soixante-dix sept ans, reconstruits plus grands, plus beaux, plus forts qu’ils ne l’étaient à l’origine, ne cessent de s’interroger sur ce qu’ils sont devenus : est-ce vraiment eux ? Jusqu’à quel point ?

Mary E. PEARSON a réussi ici un roman tout à fait passionnant, car à la fois subtil, sensible et… effrayant ! Le narrateur, Locke, seul garçon de la bande, ne cesse de plonger aux tréfonds de lui-même pour essayer d’entrevoir la lumière, de trouver des bribes de son passé véritable afin de s’y raccrocher et échapper à sa « programmation », ou celle qui croit être. Autour de lui gravitent des personnages tour à tour inquiétants et attachants, depuis sa compagne dans le malheur, Kara, jusqu’à Dot, le robot aux rêves de voyage.

Loin d’être un simple roman de science-fiction, l’auteur propose ici une histoire d’amis, d’amour, de mort et de résurrection et nous plonge dans des abîmes d’interrogations.

A une époque, je souhaitais par-dessus tout que ma vie soit différente ; à présent, tout ce que je voudrais, c’est la retrouver telle qu’elle était. Autant réclamer une machine à remonter le temps. Tout a disparu. Ma maison. Ma famille. Mon quartier entier. Même le petit pont de pierre, à quelques rues de chez moi, que je croyais immuable. C’était un de mes endroits préférés, et quand j’ai rencontré Kara et Jenna, je les y ai emmenées. Assis sur le parapet, les jambes pendant dans le vide, nous lancions des pensées profondes et refaisions le monde.

Kara et Jenna. Nos pensées. Mes pensées.

Au moins ai-je encore ça.

Mary E. PEARSON, L’Héritage Jenna Fox.

Editions des Grandes Personnes

400 pages – 18€

Titre original : The Fox Inheritance  – Paru en 2011– Traduit en français en 2011

Note : Un premier volume, Jenna Fox pour toujours, a été publié aux Editions des Grandes Personnes en 2010

L’auteur : Mary E. PEARSON est née en 1955 et vit en Californie, où elle se consacre à l’écriture.
L'Héritage Jenna Fox fait suite au premier roman de l'auteur Jenna Fox, pour toujours.

Site internet des livres : http://www.whoisjennafox.com

Site internet de l’auteur: http://www.marypearson.com

14/08/2011

Ma rencontre avec Violet Park (J. VALENTINE)

« Le bureau de la compagnie de taxis se trouvait en haut d’une ruelle pavée, bordée de part et d’autre de rangées de maisons basses. »

Lucas SWAIN est un adolescent de quinze ans qui vit à Londres avec sa mère, sa grande sœur et son petit frère. Leur père, Pete, brillant journaliste, a disparu un beau jour avant la naissance de Jed, le petit dernier, les laissant dans le doute, l’expectative, l’angoisse et la colère. Lucas avait dix ans à l’époque,  il se souvient de bribes de son père, qu’il tente de faire revivre en portant ses vêtements et affectant son allure.

Mais une rencontre va tout changer : celle de Violet Park. Ou plus exactement de l’urne contenant ses cendres, abandonnées dans un taxi. De fil en aiguille, cette Violet va mener Lucas beaucoup plus loin qu’il ne l’aurait cru…

Ce premier roman de Jenny VALENTINE est une petite merveille de subtilité. A travers un fil conducteur presque farfelu, il nous amène à explorer la psychologie adolescente, les rapports parents-enfants, la relation à la mort, tout en conservant fantaisie et humour.

Ma rencontre avec Violet Park évoque presque avec légèreté des faits graves, lourds, et plonge dans les secrets de famille absolument inattendus. Roman d’apprentissage qui voit le héros devenir (presque) adulte et apprenant à vivre avec les failles et les parts d’ombres des siens, roman d’amour aussi puisque Lucas va vivre sa première vraie histoire, roman familial enfin, car Jenny VALENTINE dépeint avec beaucoup de sensibilité les rapports entre petits-enfants et grands-parents.

Écrit à la première personne, Ma rencontre avec Violet Park saura toucher filles et garçons par ses préoccupations et sa manière de traiter les choses et les gens.

Il y a une minute encore, ces pensées ne m’étaient jamais venues à l’esprit, et maintenant, j’étais vraiment et sincèrement préoccupé par ce que pouvait être la vieillesse, quand on est coincé à Londres, où tout le monde bouge plus vite que vous, et où la chose la plus simple peut vous prendre toute la journée.

C’était à cause d’elle. Je sais que c’était à cause d’elle, de ma vieille dame, de celle qui était morte et qui se trouvait dans l’urne.

Je me revois assis là, sur la colline, tandis que les cerfs-volants traversaient l’air avec un bruit cinglant derrière moi, me demandant soudain si nous n’étions pas en train d’avoir une sorte de conversation, elle et moi. Une vieille dame morte, du haut de son étagère, essayait de m’apprendre qui étaient les gens de plus de soixante ans. C’était une sensation agréable, à fleur de peau, comme celle qu’on ressent lorsqu’on écoute un super morceau de musique, qu’on plane un peu et qu’on est assis à côté de quelqu’un de très attirant.

Jenny VALENTINE, Ma rencontre avec Violet Park.

Ecole des Loisirs - Médium

231 pages – 11€

Titre original : Finding Violet Park  – Paru en 2007 – Traduit en français en 2010

L’auteur : Pour rien au monde, Jenny VALENTINE ne renoncerait à l’une de ses activités. Le jour, elle vend des produits bio dans le  magasin d’alimentation qu’elle vient d’ouvrir dans une bourgade du Pays de Galles. Le soir, une fois ses enfants couchés, cette jeune auteur, épouse du musicien Alex VALENTINE, écrit des romans. Et cela lui réussit plutôt bien.
Son premier livre, Ma rencontre avec Violet Park, s’est vu décerner en 2007 le Guardian Children’s Fiction Price.

10/08/2011

Apparitions - Un Pied dans la tombe (N. M. ZIMMERMANN)

« Peter ferma les yeux et pressa le Livre contre sa poitrine. »

Peter Klast a quinze ans. Depuis dix ans, il vit avec le fantôme de Maya, sa sœur jumelle, morte dans un accident qu’il a plus ou moins provoqué. Car Peter est médium ; il communique avec les morts et sa vie n’en est que plus difficile. Enfin intégré pour la première fois, dans le pensionnat St Gabriel, il va à nouveau être confronté à une situation qui risque de menacer le nouvel équilibre qu’il a tenté de se construire.

Une première partie assez lente, qui part dans tous les sens et où le lecteur peine un peu à se retrouver, puis une seconde partie menée tambour battant, tels sont les ingrédients du roman de N. M. ZIMMERMANN. Son héros, à la manière de celui de Sixième Sens, voit les morts et, d’une certaine manière, prévoit les drames à venir. Faire reposer cette situation sur un adolescent de quinze ans, complexé depuis toujours par sa sœur décédée, plus brillante, plus intelligente que lui, permet de mener une intrigue pleine de rebondissements, où les individus ne sont pas ce qu’ils devraient – ou paraissent – être.

Le fouillis des histoires multiples, des voix différentes qui interviennent dans Apparitions – Un  Pied dans la tombe s’organise peu à peu et compose une histoire qui tient en haleine le lecteur jusqu’au bout, le laissant pantelant, et avide de connaître la suite, la fin étant (très) ouverte.

Jouant avec les peurs ancestrales, la notion de remords, le rapport ambigu que chacun entretient avec la mort, N. M. ZIMMERMANN propose une histoire à la fois violente et sensible, très fine dans l’observation des rapports familiaux et leur dégradation quand survient l’irréparable. A réserver aux adolescents à partir de treize ans, cependant.

- S’il trouvait un jour le moyen de vivre normalement, qui lui en voudrait d’essayer ?

Elle tourna le dos à Caelan, faisant mine d’examiner un livre.

- Mais je ne le laisserai pas faire, ajouta-t-elle d’une voix sourde. Je l’empêcherai de m’abandonner. Il se sentirait trop coupable de ne pas avoir réussi à me sauver pour me désobéir.

- Coupable ? répéta Caelan. Tu veux dire, pour ton accident ?

- Je m’en souviens bien, tu sais. Je n’avais que six ans, mais c’est comme si ça s’était passé hier.

Elle se tut un instant et ferma les yeux. Peter était demeuré là si longtemps, immobile au bord du lac, avant de partir en courant chercher de l’aide.

- Si Peter ne m’avait pas obligée à sortir, je ne serais pas tombée dans le lac, et si je n’étais pas restée tout ce temps dans l’eau, je ne serais pas morte. Je le sais et Peter le sait. Alors même s’il déteste ce don  et qu’il ne peut supporter ma vue, il continuera de vivre avec jusqu’à la fin de ses jours.

N. M. ZIMMERMANN, Apparitions – Un Pied dans la tombe.

Nathan

435 pages – 13,50€

Paru en 2011

Note : Un premier volume, Apparitions – Le Couloir aux esprits, a été publié chez Nathan en 2010

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092525852

L’auteur : Corrompue dès son plus jeune âge par la lecture de Dracula, N. M. ZIMMERMANN s’engagea rapidement dans l’étude poussée des sciences criminelles et des créatures étranges. Ayant cohabité quelques temps avec les vampires qui lui inspirèrent la série Edencity, parue aux éditions Milan, elle ne passionna ensuite pour les fantômes qui hantent son appartement .

Elle vit actuellement avec trois trolls, deux lapins-garous, et une vicieuse colonie de Code pénal. Très occupée par l’étude des techniques ancestrales lui évitant de se faire dévorer pendant la nuit par ses nouveaux amis, elle continue cependant d’écrire pendant son temps libre – pas qu’elle ait du temps libre, mais elle fait comme si.

Site internet : http://fr-fr.facebook.com/pages/Apparitions/397331955638

23:47 Publié dans Fantastique | Lien permanent | Tags : nathan, adolescent, médium, mort, collège, crime | |  Facebook | | |

27/07/2011

L'Île du sommeil (F. COLIN)

« Je me souviens très bien du jour où j’ai failli mourir. »

Les freins de son vélo n’ayant pas été vérifiés, Eelian a un accident qui l’emporte tout droit dans un monde étrange, celui de Noctance, peuplé de créatures extraordinaires et où le temps semble comme dissous. Là, il va vivre un certain nombre d’aventures, jusqu’à la rencontre avec le fameux docteur Mortès, qui va le confronter à un terrible choix…

« Ça parle de la mort, quand même, et c'est presque la matrice de Bal de givre à New York, maintenant que j'y pense », disait Fabrice COLIN il y a quelques temps sur son blog. En effet, L’Île du sommeil se présente comme un conte, mais un conte cruel, qui évoluerait dans un univers à l’anglo-saxonne, celui du Magicien d’oz ou de Tim Burton, avec ses personnages étranges, tout droit sortis d’un imaginaire un peu retors.

Comme dans Bal de givre à New York, l’auteur utilise l’état intermédiaire de coma pour dérouler une histoire à la fois fluide et mouvementée, où les péripéties surgissent dès la fin de la précédente.

La mort est omniprésente, Eelian voit sa famille à sa chevet et est tiraillé entre le désir de les retrouver et celui de rester dans le confortable monde de Noctance et c’est tout ce dilemme qui anime le roman. Destiné à de jeunes adolescents par la forme, L’Île du sommeil peut néanmoins nécessiter une lecture accompagnée.

En tombant dans le coma, j’étais arrivé ailleurs : à Noctance, l’île de mes rêves. Un endroit étrange, plein de dangers et de merveilles. C’est là qu’était ma vie désormais. C’est là qu’étaient mes amis.

Je les avais rencontrés le premier soir. Ils habitaient la forêt, dans une grande cabane perchée au creux des arbres. J’étais venu à eux au hasard, et ils m’avaient accueilli le plus naturellement du monde.

Il y avait le Picancroque, un épouvantail à tête de citrouille, avec un long manteau noir tout déchiré. Malgré ses griffes et son air renfrogné, c’était un ami très calme, pour qui la nature n’avait aucun secret.il savait même parler aux arbres. Il semblait toujours excessivement sérieux : ça devait être qui le rendait si drôle.

Il y avait Oloon : un grand homme-loup au torse velu, le protecteur du groupe. Il était doté d’une force impressionnante, mais c’était un ami avant tout sensible et courageux. Quand on l’embêtait, il retroussait ses babines et se mettait à grogner et à gonfler la poitrine. Habituellement, ça suffisait pour qu’on le laisse en paix.

Enfin, il y avait Marvelle : une grande fée habillée de feuilles, la personne la plus attentionnée et la plus gentille que j’aie jamais croisée. Elle é tait belle à tomber, et aussi fraîche qu’un vent d’été.

Souvent, il me semblait connaître ces trois-là depuis ma naissance. A dire vrai, c’était l’île toute entière qui me donnait cette sensation. Je savais qu’il y avait un volcan, je savais qu’il y avait des pirates, et les criques et les vallées m’étaient parfaitement familières.

Quant aux façons de quitter cet endroit, elles n’étaient pas non plus un mystère : soit je mourais pour de bon, soit…

Fabrice COLIN, L’Île du sommeil.

Castor Poche - Flammarion

160 pages – 6,50€

Paru en 2011

L’auteur : Né en 1972, Fabrice COLIN est un auteur prolifique et reconnu de Fantasy. Il a publié de nombreux romans, romans graphiques, BD et nouvelles en jeunesse et en adulte. Il a été primé pour : Le Cycle d'Arcadia : Vestiges d'Arcadia, prix Ozone 1999 (Meilleur roman de fantasy francophone). Dreamericana, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman français). CyberPan, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman jeunesse)

Site internet : http://fabrice-colin.over-blog.com

23:17 Publié dans Fantastique | Lien permanent | Tags : castor poche, flammarion, colin, mort, conte, enfant | |  Facebook | | |

Toi et moi à jamais (A. BRASHARES)

« Alice attendait Paul sur le quai. »

Il y a Riley et Paul, deux presque jumeaux tant ils sont similaires. Et puis il y a Alice, la petite sœur de Riley. Celle qui a toujours voulu suivre les autres, celle qui s’est toujours senti à la traîne, celle que l’on taquinait, celle que l’on feignait d’oublier, sauf que… Cet été, Paul est de retour, et les sentiments qu’il avait toujours tenté de contenir vont se libérer et que, cette fois, c’est Riley qui va se sentir exclue.

Ouvrant sur une citation extraite de Peter Pan, le roman d’Ann BRASHARES donne d’emblée le ton : il s’agira d’enfance, de passage, d’injustice, de destinée inéluctable. Ce qui commence comme une bluette sur des amours de vacances dans une station balnéaire où se retrouvent rituellement les mêmes gens d’une année sur l’autre va peu à peu glisser vers une histoire tragique, sombre et définitive comme la vie peut l’être.

Toi et moi à jamais sait brosser un tableau sensible et touchant d’une situation qui ne l’est pas moins : la construction d’un couple qui doit surmonter aléas de la vie et poids du passé. L’écriture d’Ann BRASHARES est toujours juste, d’une plume presque épidermique tant elle sait aller au plus près des sentiments et des âmes et on se laisse gagner par l’empathie à côtoyer ses personnages attachants.

Plus réfléchi, plus introspectif que ses précédents romans, Toi et moi à jamais saura séduire les lectrices à partir de quatorze-quinze ans.

Une pensée lancinante tournait en rond dans sa tête, comme un cauchemar éveillé qui se répète sans cesse. L’amour peut-il durer toute une vie ? Peut-il passer indemne de l’enfance à l’âge adulte en survivant aux écueils et aux tourments de l’adolescence ? Est-il toujours le même à l’arrivée, simplement exprimé de façon différente ? Ou ces deux formes d’amour sont-elles radicalement incompatibles ?

Peut-être n’était-ce pas la réponse qui était déroutante, mais la question qui était mal posée. Peut-être n’y avait-il pas deux sortes d’amour mais des milliards. Ou alors une seule.

Ann BRASHARES, Toi et moi à jamais.

Scripto – Gallimard

336 pages – 13€

Sorti en poche en 2010 – Pôle fiction – 7,60€

Titre original : The Last Summer (of you and me) – Paru en 2007 – Traduit en français en 2008

L’auteur : Ann BRASHARES a grandi dans le Maryland aux États-Unis, avec ses trois frères. Après des études de philosophie, elle travaille dans une maison d'édition à New York.
Le métier d'éditrice lui plaît tellement qu'elle ne le quitte plus. Très proche des auteurs, elle acquiert une solide expérience de l'écriture. En 2001, elle décide à son tour de s'y consacrer. C'est ainsi qu'est né « Quatre filles et un jean », son premier roman. Ann BRASHARES est âgée d'une trentaine d'années et vit à Brooklyn, New York, avec son mari et ses trois jeunes fils.

Site internet : http://annbrashares.com