01/11/2011
Loin de la ville en flammes (M. MORPURGO)
« A vrai dire, je ne pense pas que Lizzie nous aurait jamais raconté son histoire d’éléphant, si Karl ne s’était pas appelé Karl. »
Lizzie est une vieille dame placée dans une maison de retraite où travaille la narratrice de l’histoire. Élevant seule son fils, elle l’emmène parfois avec elle, pour le plus grand plaisir des pensionnaires, heureux de voir des enfants jouer. Lizzie va se prendre d’affection pour Karl, qui lui rappelle son petit frère, et elle va lui raconter son histoire étonnante. Sceptique, la narratrice va peu à peu se laisser emporter elle aussi par cette histoire de fuite à travers l’Allemagne nazie en pleine débâcle, escortés d’une éléphante…
Une fois de plus, Michael MORPURGO offre un de ces romans dont il a le secret : empreint d’humour et d’humanité, de fantaisie et de tendresse. Il choisir d’abord d’offrir un point de vue différent : se plaçant du côté des vaincus, il met en scène une famille allemande pacifiste dont le père se retrouve soldat sur le front russe et qui doit apprendre à vivre avec la menace imminente de la défaite. Et c’est une des forces de ce roman que de confronter chacun à ses différences et ses similitudes.
La rencontre avec le soldat allié va faire basculer le récit, dévoilant les personnalités de chacun et révélant ce qui était au plus profond d’eux. Et c’est l’humain qui gagne, dans cette histoire de violence et de folie humaine, c’est l’amour qui dépasse tout, même si les choix ne sont pas toujours faciles à faire.
La réussite de Michael MORPURGO tient à sa manière si particulière de tout faire tenir en un livre : le chagrin et la douceur, le bonheur et la difficulté de faire des choix. S’y ajoute sa confiance absolue en la bonté de l’homme, sa force de résilience et cette petite touche de loufoquerie qui peut rendre absurde les choses les plus graves.
Il y avait une éléphante dans le jardin, vous savez. Si, si, vraiment, il y en avait une. Et elle aimait manger des pommes de terre, des monceaux de pommes de terre. (Mon sourire ironique dut me trahir.) Vous ne me croyez toujours pas, n’est-ce pas ? Je ne peux pas vous en vouloir, bien sûr. Je suppose que, comme les autres infirmières, vous pensez que je ne suis qu’une vieille chouette à moitié dingue, que j’ai perdu la boule, comme vous dites. C’est vrai que la mécanique ne fonctionne plus aussi bien, ce qui explique ma présence ici, je suppose. Mes jambes ne m’obéissent plus toujours, et même mon cœur ne bat pas comme il le devrait. Il bondit ; il palpite. Il invente son propre rythme au fur et à mesure, ce qui me donne des vertiges, et ne me simplifie pas du tout la vie. Mais s’il est une chose sûre et certaine, c’est que j’ai la tête en excellent état, et l’esprit aussi affûté qu’un rasoir. Alors, quand je dis qu’il y avait une éléphante dans le jardin, c’est qu’il y en avait une. Je n’ai aucun problème de mémoire, absolument aucun.
Michael MORPURGO, Loin de la ville en flammes.
Titre original : An Elephant in the Garden – Paru en 2010– Traduit en Français en 2011
Gallimard Jeunesse
340 pages – 13,50€
Paru en 2010
L’auteur : Michael MORPURGO est né en 1943, à St-Albans, près de Londres.
Enfant, il n’aimait pas lire et préférait le sport. D’ailleurs il travaillait très mal à l’école. Malgré les conseils de son beau-père qui l’encourageait à lire des livres sérieux comme ceux de Charles Dickens, il préférait les bandes dessinées comme Tintin ou Lucky Luke.
Il a suivi un itinéraire peu banal. Après avoir opté d’abord pour le métier des armes (à 18 ans, il obtient une bourse pour entrer à la «Sandhurst Military Academy»), il choisit d’enseigner l’anglais, à Londres.
Il invente sans cesse des histoires qu’il raconte à ses élèves car il a l’impression que les livres qu’il leur lit les ennuient. Chaque jour, ceux-ci écoutent comme un feuilleton la suite de l’histoire. Encouragé par la directrice de l’établissement, Michael propose ses textes aux éditeurs.
En 1978, lui et sa femme, Clare, abandonnent la vie citadine et ouvrent une ferme dans le Devon pour accueillir des enfants de quartiers urbains défavorisés et leur faire découvrir la campagne et les animaux.
Michael Morpurgo explique : «À la ferme, ils travaillent et se sentent utiles, ils vivent de grandes émotions avec les animaux. J’essaie aussi de leur lire des histoires. Parmi « mes » premiers enfants, certains sont devenus professeurs et reviennent me voir avec leur classe ! » Ces enfants travaillent non pas pour jouer mais pour découvrir un autre monde et pour les sensibiliser aux animaux.
C’est la publication de Cheval de guerre, en 1982, qui lance véritablement la carrière d’écrivain de Michael MORPURGO. Il se consacre alors à l’écriture et aux enfants en difficulté. Il est aujourd’hui l’auteur de près d'une centaine de livres, traduits dans le monde entier et couronnés par de nombreux prix littéraires.
Pour chaque roman, il fait un travail d’enquête afin d’être le plus juste et le plus authentique possible.
Michael et Clare dirigent aujourd’hui trois fermes, une dans le Devon, la deuxième au Pays de Galles et la troisième dans le Gloucestershire où ils reçoivent chaque année plus de 3000 enfants. Ils ont été décorés par la reine de l’ordre du « British Empire », en reconnaissance de leurs actions destinées à l’enfance.
Michael MORPURGO partage désormais son temps entre l’écriture, les enfants en difficulté et les îles Scilly où il passe en général ses vacances.
Généreux, chaleureux, il n’hésite pas à aller à la rencontre de son public, fût-il outre-manche : il est souvent accueilli dans les écoles et les bibliothèques françaises et c’est aussi en France que ce père de trois enfants, heureux grand-père de deux petites-filles franco-britanniques, se rend pour de rares vacances.
Site de l’auteur : http://www.michaelmorpurgo.org
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23/10/2011
L'Agence Pinkerton - Le Châtiment des hommes-tonnerres (M. HONAKER)
« Quand les trois hommes montèrent à bord du Transcontinental pour Sacramento, le moins prévenu des observateurs aurait immédiatement deviné qu’ils appartenaient à « l’Agence ». »
Jeune homme de vingt ans aux multiples talents, ayant été successivement serveur, palefrenier, marchand d’armes itinérant, Neil GALORE est joueur de poker professionnel. Il vit d’expédients, a fui son St Louis natal et se dirige toujours plus à l’ouest. Avec trois autres individus aussi marginaux que lui, il va être recruté par la prestigieuse Agence Pinkerton afin de mettre sous les verrous un voleur opérant sur la ligne Transcontinental qui a déjà tué plusieurs agents…
Dès les premières lignes, le ton est donné : un personnage attachant, des aventures à la lisière entre policier et fantastique, un style très littéraire, la « patte » HONAKER est là. Et si le roman débute un peu laborieusement, le temps de s’ancrer dans cet Ouest américain de la fin du dix-neuvième siècle, il creuse petit à petit son sillon pour entraîner le lecteur à sa suite, dans une histoire pleine de rebondissements, d’événements incroyables et de rencontres plus étonnantes les unes que les autres.
Le narrateur, Neil Galore, nous offre son point de vue à la fois naïf et un peu madré, celui du « gambler » qui refuse de se laisser impressionner mais qui se trouve dérouté par l’irruption de l’irrationnel dans son univers où c’est lui qui, d’habitude, maîtrisait le hasard. Son personnage est aussi agaçant qu’il peut être attendrissant.
A son habitude, Michel HONAKER joue des frontières, faisant doucement glisser son histoire vers un fantastique historique, et n’oubliant pas la dimension humaine, attirant notamment l’attention sur les hommes qui construisirent les kilomètres de voie ferrées au risque de leur vie, sans y gagner la reconnaissance qu’ils méritaient. Récit de vengeance, récit de justice, L’Agence Pinkerton – Le châtiment des hommes-tonnerres est tout à fait passionnant.
- La devise de l’Agence est celle-ci : « Nous ne dormons jamais. » Si tu portes l’insigne, tu devras ouvrir l’œil à chaque heure du jour et de la nuit. L’Agence sera ton foyer, l’Agence sera ton église. Si tu as des dettes, paie-les. Des comptes à régler ? Efface-les. Une petite amie ? Quitte-la. Car celui qui devient un Pinkerton ne peut avoir d’attaches d’aucune sorte. Il devient un bouclier pour ses concitoyens et, à ce titre, doit être irréprochable. Le Président des États-Unis a l’œil sur nous, mais c’est d’abord à notre directeur que nous devons allégeance car il a le pouvoir de briser toutes les juridictions, civiles ou militaires. Je suis clair, jusque là ?
Michael HONAKER, L’Agence Pinkerton – Le Châtiment des hommes-tonnerres.
Flammarion
241 pages – 13€
Paru en 2011
L’auteur : Michel HONAKER est né en 1958 à Mont-de-Marsan, dans les Landes. Il écrit depuis l'âge de neuf ans et est publié à dix-neuf ans. Il est l'auteur de nombreux récits d'aventures ou fantastiques. Il a déjà écrit une soixantaine d'ouvrages. Michel HONAKER a reçu le Prix Totem 1993 pour Croisière en meurtre majeur.
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19/10/2011
Monsieur Stan n'a qu'à bien se tenir (C. AUBRUN-D. PERRET)
« Mon cœur bat à dix mille tours minute. »
Antoine n’a vraiment pas de chance : il vit avec le chien le plus horripilant du monde. Stan sait toujours tout sur tout, monopolise l’attention de tout le monde et excelle dans les coups en douce. Heureusement, Antoine tient sa revanche : il vient d’obtenir un rôle dans le spectacle de l’école. Sauf que Stan, lui, va faire du cinéma…
Roman graphique, ce Stan n’a qu’à bien se tenir fait suite aux premières aventures dudit chien, Oust ou l’insupportable Monsieur Stan. La narration de Claudine AUBRUN, vive et pleine d’acuité, s’associe à merveille aux dessins malicieux de Delphine PERRET et le tout produit un roman qui séduira petits et grands.
A travers le biais du chien, c’est la question des relations au sein de la famille, et plus précisément à l’intérieur de la fratrie, qui est mise en lumière et le livre le fait avec beaucoup de justesse et de sensibilité. A travers la voix d’Antoine, le narrateur, c’est toute notre société qui est mise en lumière, avec ses excès, ses petitesses et ses injustices. Et la célébrité fugace n’en est pas la moindre…
Papa applaudit, Stan monte sur s chaise, pousse des petits cris idiots et fait tourner sa serviette au-dessus de sa tête. Mon estomac se noue, je serre les poings, mes yeux sont comme des aquariums trop pleins. Mais je ne veux pas pleurer devant eux, je me concentre sur la quiche, je le fixe. Au bout d’un moment, maman s’aperçoit que je boude :
- Antoine, pourquoi tu fais la tête ? C’est génial, non ? Stan, notre Stan, va devenir une star !
- Nous allons avoir une vedette sous notre toit ! insiste papa. Tu ne devrais pas être jaloux, Antoine, mais au contraire t’en réjouir.
Je ne dis rien. Je ne réponds pas. Enfin Stan se calme et s’approche de moi. Sous les yeux attendris de mes parents, il me tapote la main :
- Si tu veux, je te donnerai des conseils pour ton petit rôle dans ton petit spectacle, me propose-t-il sur un ton doucereux.
Les lèvres serrées, je m’agrippe à la table. Je me tais. J’écoute. J’écoute l’appel de la quiche. Elle me dit : »Ecrabouille-moi sur Stan, il le mérite. »
Claudine AUBRUN – Delphine PERRET, Monsieur Stan n’a qu’à bien se tenir.
Syros
96 pages – 13,50€
L’auteur : Claudine Aubrun est née dans le Sud-Ouest de la France, dans l’Ariège précisément. Après des études aux Beaux-Arts de Toulouse, elle travaille dans la communication et l’édition de livres sur le patrimoine historique. Aujourd’hui, elle vit à Paris. Depuis 2000, elle écrit, essentiellement pour la jeunesse, des romans, des nouvelles, des scénarios et anime ateliers d’écriture et rencontres. Ses deux domaines de prédilection sont le roman noir et l’humour. Elle trousse des histoires drôles et jubilatoires aux touches grinçantes et fait pointer l’espoir dans des romans sombres qu’elle assaisonne d’une bonne dose d’humanité. Auteur de la série « Les aventures d’Emma la poule », histoires désopilantes d’une poule dans un poulailler déjanté, Claudine Aubrun a publié plusieurs policiers pour la jeunesse et un épisode du Poulpe.
Site internet de l’auteur : http://claudine-aubrun.fr
L’illustratrice : Delphine Perret est diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg. Elle est l'auteur de plusieurs albums à l'Atelier du Poisson Soluble et aux éditions Thierry Magnier.
Site internet de l’auteur : http://www.chezdelphine.net
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12/10/2011
Chaque soir à 11 heures (M. FERDJOUKH)
« Jusqu’à un certain jour de mes onze ans, tout le monde m’appelait Wilhemina. »
Willa Ayre est en première, dans un établissement privé très huppé. C’est ainsi qu’elle a fait la connaissance de Fran, une riche héritière qui vit dans un palace, et de son frère, le beau Iago. Elle n’en revient toujours pas d’avoir été remarquée et choisie par lui, qui fait rêver toutes les jeunes filles. Mais c’est à l’occasion de l’anniversaire de Fran qu’elle va faire la connaissance du mystérieux Edern et de sa non moins mystérieuse famille…
Classé dans la catégorie « Amour » de cette nouvelle collection Flammarion, le roman de Malika FERDJOUKH pourrait tout aussi bien se ranger dans la catégorie « Fantastique – mais juste un peu », si elle existait… Car ce gros livre un peu fourre-tout mêle premiers émois adolescents, dramatique histoire familiale, petits soucis de la vie quotidienne, intrigue policière et grande demeure mystérieuse. Le rythme est inégal, le ton aussi : on oscille entre langage ado branché et expressions plus subtiles, ce qui pourra dérouter certains lecteurs (lectrices ?).
L’héroïne est un mélange de fleur bleue et d’intellectuelle aux goûts décalés, passionnée de jazz et de vieux films, avec une mère qui gère des Miss et un père artiste, les personnages qui gravitent autour d’elle sont un peu creux, et c’est seulement lorsque l’on entre chez les Fils-Alberne que les choses s’emballent un peu et que l’on retrouve le goût de Malika FERDJOUKH pour les grandes maisonnées, les fratries décalées et les promenades à la lisière de l’étrange.
Chaque soir à 11 heures est un drôle de roman, que l’on aurait aimé aimer mais qui ne parvient pas vraiment à séduire.
Elle a attendu un moment avant de se décider à parler.
- C’est… cette maison, articula-t-elle dans un souffle quasi inaudible. La nuit, elle… elle me fait peur.
Ses doigts effleurèrent le clavier d’Alice, comme pour étouffer l’écho de ce qu’elle venait de dire.
- Peur ? Pourquoi ?
In petto j’étais d’accord. Cette baraque aurait fichu la trouille à n’importe qui de la vraie vie. Mais était-on dans la vraie vie, ici ? Marni avança plus près, en tenant son tabouret.
- Le soir, il y a ces bruits… Chaque soir. A la même heure. Vers onze heures.
- Des bruits ? ai-je répété sottement.
- Ça me réveille. Enfin, j’ai l’impression que ça me réveille. Je sais qu’il est 11 heures parce que la grande pendule du palier sonne onze coups.
- Celle dont les aiguilles ont du mal à dépasser 11 heures ?
- Roch les remet à l’heure… Mais une fois qu’elle a sonné les onze coups, elle ne sonne plus. Et après… j’entends les bruits.
Malika FERDJOUKH, Chaque soir à 11 heures.
Flammarion
402 pages – 13€
Paru en 2011
L’auteur : Malika FERDJOUKH est née en 1957 à Bougie en Algérie. Ce qui explique le « h » final à son nom (quand on l'oublie, elle a horreur de ça!), et sa collection de chandelles. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance. Elle a séché quelques films à la Cinémathèque pour suivre des cours à la Sorbonne. On peut dire qu'elle est incollable sur le cinéma américain, ses dialogues fameux et ses distributions pléthoriques, du western au polar noir, mais son genre adoré reste la comédie musicale dont elle est capable de chanter à tue-tête les airs les plus improbables. Elle écrit des séries pour la télévision. Elle a publié plusieurs romans pour la jeunesse.
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08/10/2011
Une Robe couleur du temps (B. TURETSKY)
« L’invitation arriva un jeudi d’avril comme les autres. »
Louise a douze ans et adore la mode. Mais pas celle des grands magasins, où son amie Brooke et elle déambulent pendant leur temps libre, non, celle des friperies et autres boutiques d’occasion : elle adore le vintage et est incollable sur les anciens créateurs. Ce penchant va la mener dans une étrange boutique pour « fashionistas voyageuses » : là, elle va avoir le coup de foudre pour une somptueuse robe de soirée… qui sent le sel et l’humidité. En l’essayant, elle va s’évanouir et se réveiller presque cent ans auparavant, dans la peau de Louise Baxter, jeune actrice anglaise en route pour New York à bord du Titanic…
Voyage dans le temps, belles robes (et ravissantes illustrations pour appuyer le propos), adolescente maladroite dans son nouveau corps qui change, mais pas toujours assez vite ni assez bien, Une Robe couleur de temps se révèle le roman idéal pour les (très) jeunes filles : l’héroïne, Louise, est vive, un peu délurée mais pas trop, pleine de doutes et d’angoisses sur elle et les autres, et nombre de demoiselles pourront s’y identifier.
Néanmoins, et même si le roman de Bianca TURETSKY se révèle « facile » pour toutes ces raisons, il est bien mené, avec des personnages attachants et une histoire dans laquelle on se laisse volontiers entraîner. Reprenant le thème bien connu du voyage dans le temps, l’auteur utilise malicieusement le vecteur de la robe vintage pour le réaliser, ce qui offre – on le devine – une multitude de perspectives pour de prochaines aventures.
Même si on peut regretter que la description de la vie sur le Titanic s’en soit tenue à celle des premières classes, on appréciera la relation qui se noue entre Louise et sa femme de chambre, jeune fille de son âge, qui confronte l’adolescente américaine du vingt-et-unième siècle à une société plus rigide et plus dure, et cependant pas si éloignée de la sienne. Pour cette raison-là aussi, Une Robe couleur du temps est une lecture tout à fait plaisante !
Louise retira sa veste, fit passer sa robe bain de soleil à pois par-dessus sa tête et se retrouva en dessous et chaussettes sur le parquet froid. Elle retira avec précaution la robe de son cintre en bois et la tint devant elle, contemplant son reflet dans le miroir poussiéreux et craquelé.
La robe était d’un rose parfait : couleur barbe à papa, chewing gum et Marylin Monroe. Louise avait l’impression d’être vraiment belle grâce à elle ! Elle se fit un énorme sourire. Le miroir lui renvoya l’image d’une pauvre fille à la bouche bourrée de bagues hyper voyantes. Déprimée, elle revint vite à la réalité.
Soupirant, Louise s’empara de la robe rose, glissa ses bras dans les emmanchures et la laissa tomber le long de son corps comme un rideau. Elle entendit le frou-frou du tissu qui se coulait autour d’elle, la soie fluide et le taffetas qui grattait sur sa peau. Dès que la robe fut en place, sa tête se mit à tourner… et tout devint noir. Louise s’effondra inconsciente sur le sol, dans un nuage de soie rosée.
Bianca TURETSKY, Une robe couleur du temps.
Hachette
278 pages – 13,90€
Titre original : The Time-travelling Fashionista – Paru en 2011– Traduit en Français en 2011
Feuilleter un extrait : http://fr.calameo.com/read/000000046977247238bef
L’auteur : Bianca TURETSKY est une jeune Américaine qui se définit comme auteur, exploratrice, rêveuse et obsédée de mode vintage. Une Robe couleur du temps est son premier roman.
Site internet de l’auteur (en anglais): http://timetravelingfashionista.com
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