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18/01/2012

A comme Association (E. L'HOMME, P. BOTTERO)

« Je m’appelle Jasper. »

Jasper vit à Paris, va au lycée et joue de la cornemuse dans un groupe de rock médiéval. Ombe arrive du Québec, est lycéenne à Paris et adore la moto. Depuis peu, ils fréquentent aussi le 13, rue du Horla, l'adresse ultra secrète de L'Association. L'organisation a repéré chez Jasper certaines aptitudes pour la magie et chez Ombe son incroyable pouvoir : être incassable ou presque. L'Association leur a proposés de devenir agents stagiaires. Trafic de drogue chez les vampires pour lui, explosion d’une bande de gobelins devant tous ses camarades de classe pour elle, le travail ne manque pas. Le problème? La discrétion est une obligation absolue au sein de L'Association…

Menée tambour battant, cette série offre la particularité d’être écrite à quatre mains, Erik L’HOMME prenant en charge Jasper, Pierre BOTTERO Ombe. Les deux premiers tomes nous font découvrir ces deux adolescents pas comme les autres, aux prises avec un monde parallèle qui les dépasse souvent et les amène à des réactions… typiquement adolescentes !

L’écriture est efficace, les péripéties abondent, cette série plaira à bon nombre de lecteurs à partir du collège, même si on peut regretter quelques facilités.

- Bref, l’Association contribue à l’harmonie entre communautés. Par la force s’il le faut. Grâce à nos Agents, parfaitement formés, nous parvenons à maintenir l’équilibre. Nous gérons l’Anormal, turbulent par nature, avec le Paranormal !

J’ai alors posé la question qui me brûlait les lèvres.

- Si vous me dites ça, c’est que vous pensez que… que j’ai des pouvoirs ?

- L’Association a des recruteurs qui sillonnent lieux et manifestations où les talents, je préfère ce terme, sont plus facilement détectables : stades, rencontres sportives, églises, communautés mystiques, tournois et autres cercles de jeux.

- Le maître de plateau, l’autre jour, il travaille pour l’Association ?

- Oui. Il a senti l’énergie que tu dégageais en manipulant ta figurine de sorcier. Il a compris qu’en t’identifiant à ce personnage tu révélais une part cachée de toi-même.

Erik L’HOMME, La Pâle Lumière des ténèbres.

Gallimard Jeunesse – Grand Format Littérature

160 pages – 9,90€

Pierre BOTTERO, Les Limites obscures de la magie.

Gallimard Jeunesse – Grand Format Littérature

160 pages

192 pages – 9,90€

Parus en 2010

Le site : http://www.acommeassociation-leslivres.fr

Les auteurs : Pierre BOTTERO est né en 1964. Il habite en Provence avec sa femme et ses deux filles et, pendant longtemps, il a exercé le métier d'instituteur. Grand amateur de littérature fantastique, convaincu du pouvoir de l'Imagination et des Mots, il a toujours rêvé d'univers différents, de dragons et de magie.

Pierre nous a quittés un soir de novembre 2009. Il nous laisse les clés de ses portes et de ses mondes.

Erik L'HOMME passe son enfance à Dieulefit, dont la branche maternelle de sa famille est originaire. Ayant peu d'amour pour l'école (sauf pour les matières littéraires), il se délecte surtout de ses activités parascolaires (piano, rugby) au rang desquelles de grandes promenades dans la nature en compagnie de son père et de ses frères.

En 2009 ses livres jeunesse publiés sont au nombre de dix : la trilogie Le Livre des étoiles, celle des Maîtres des brisants (un space opera dont le troisième opus, Seigneurs de guerre, vient de sortir), l'album des Contes d'un royaume perdu (illustré par François Place) et Phænomen, thriller fantastique en trois tomes également qui commence à avoir du succès à l'étranger.

11/01/2012

L'Etang aux libellules (E. IBBOTSON)

« - Pleurer à ton âge ! s’exclama Tante Hester d’un ton de reproche. Tout de même, à cinquante-deux ans, on ne pleure pas. »

Londres, 1939. La jeune Tally, onze ans, a obtenu une bourse pour intégrer une école dans le Devon. D’abord paniquée à l’idée de quitter son père et ses tantes aimantes, elle va découvrir Delderton, un établissement plutôt progressiste pour son temps qui vise en premier lieu l'épanouissement des élèves. A l’occasion d’un voyage d'échange scolaire avec le petit pays de Berganie, en Europe centrale, l’Histoire va soudain s’accélérer : le roi qui s'oppose à Hitler est assassiné. Son fils est en danger. Menés par Tally, tous vont s’unir pour lui permettre de quitter le continent.

Uchronie sur le principe (un état imaginaire, une situation qui pourrait être), cet Étang aux libellules est un très beau roman humaniste et optimiste, qui évoque la question de la résistance face à l’oppression : c’est parce qu’elle a vu un reportage sur la Berganie, petit pays qui refuse de plier face à Hitler, quand tous les grands d’Europe l’ont fait que Tally a voulu que son école participe au festival organisé là-bas, malgré les dangers encourus. L’attitude des enfants tout au long du livre s’oppose à celle des adultes, faite de concessions, de renoncements et de rigidité au nom d’une tradition qui n’a plus lieu d’être.

On ne peut qu’être touchés par chacun des personnages, depuis ceux des enfants, bien sûr, que ce soit la petite fille de célébrité abandonnée dans son pensionnat au jeune garçon qui aurait voulu « être dans une école normale » et jouer au cricket, jusqu’aux adultes, avec notamment le mystérieux Matteo. Quant à Tally et Karil, ils révèlent chacun à leur manière une maturité impressionnante et pourraient en remontrer à bien des adultes.

L’Etang aux libellules est un récit initiatique, la chronique d’une résistance et la conquête d’une liberté, à la fois individuelle et collective.

- Je ne veux critiquer personne, mais qu’est-ce que cette école exactement ? On parle d’une école progressiste, et je connais le sens du mot progresser – du moins, je pense. Ça veut dire aller d’un endroit à l’autre. Mais où ?

- Ah, c’est une bonne question, répondit le directeur, l’air soudain pensif. Eh bien, nous voulons que les enfants prennent leur vie en main. Qu’ils choisissent ce qui est bon pour eux plutôt qu’on le leur impose.

- Oui, je vois. Mais pour ça, il faut savoir ce qui est bon.

- Et tu ne crois pas que chacun le sait ?

- Si, en général. Mais est-ce que… l’école dans son ensemble ne devrait pas aller d’un endroit à un autre ? Vers un endroit meilleur… puisqu’elle est progressiste ? Enfin, le monde n’est pas très bon, n’est-ce pas, avec la guerre qui arrive et tout ça ?

Daley resta silencieux. L’enfant avait certainement raison en ce qui concernait l’état du monde. Pendant un instant, il vit ce qu’elle voyait : toute l’école s’avançant comme une armée vengeresse du côté du Bien.

Eva IBBOTSON, L’Etang aux libellules.

Nathan

460 pages – 17€

Titre original : The Dragonfly Pool  – Paru en 2008– Traduit en Français en 2011

L’auteur : Née à Vienne en 1925, Eva IBBOTSON a vécu en Angleterre, où elle a rencontré un très grand succès. Elle est célèbre pour ses romans jeunesse, notamment Reine du fleuve et L’Étoile de Kazan, publiés en France. Avec L’Étang aux libellules, elle a remporté le School Library Journal Best Book of the Year 2008. Récemment disparue – en octobre 2010 –, Eva IBBOTSON a reçu un hommage unanime de l’ensemble de la presse anglaise.

08/01/2012

L'Enfant du fantôme (S. HARTNETT)

« Par une après-midi humide et argentée, une vieille dame, qui rentrait chez elle après avoir promené son chien, découvrit un garçon assis dans la bergère fleurie de son salon. »

Parce qu’un jour en rentrant de promenade, Maddy va découvrir un jeune adolescent blond qui s’est invité dans son salon, elle va redérouler pour lui le fil de sa vie, un cheminement vers l’émancipation et la liberté. Vers la solitude aussi.

Matilda Victoria Adelaide a un nom trop grand pour elle. Solitaire, fille unique d’une famille aisée, elle est née en Australie au début du XXème siècle et rêve d’une vie pleine de mystères. De retour d’un voyage initiatique avec son père afin de découvrir « la plus belle chose du monde », elle va croiser la route de Plume, mystérieux homme-oiseau, dont elle va tomber éperdument amoureuse. Mais peut-on mettre en cage ceux que l’on aime ?

Roman étonnant que cet Enfant du fantôme, qui commence sur une rencontre et finit sur un départ inattendu. Court, plein de finesse, à la fois sensible et désenchanté, ce récit brosse un magnifique portrait de femme, depuis la jeune fille effarouchée ayant peur de se tromper à la vieille dame avec son « odeur de vieille personne ». Sonya HARTNETT décrit avec subtilité la difficulté de la relation amoureuse, le fragile équilibre entre égoïsme et don de soi, les sacrifices, l’abandon.

Situé aux antipodes, l’écriture convoque les mythes ancestraux de l’Australie et reprend à son compte la confrontation entre nature et culture, tout en adoptant un ton qui frise l’onirisme. L’Enfant du fantôme est un très beau roman, dont la petite musique mélancolique continue de vous hanter longtemps après l’avoir fini.

- Alors, après avoir étudié durant toutes ces années l’histoire, la géographie, la diction et le point de croix, connais-tu la réponse ?

Maddy battit des paupières.

- Quelle réponse, papa ?

Son père vida le reste de la bouteille de vin dans son verre et fit signe à la domestique d’apporter le porto.

- La réponse à la seule question qui importe, bien sûr : Quelle est la plus belle chose du monde ? (…)

La chose la plus belle du monde : son père était-il sérieux, existait-il vraiment une chose pareille ? Elle savait que l’homme de fer n’était pas homme à plaisanter, ni à dire ou faire quelque chose d’insensé. Le moment était crucial, à n’en pas douter, et il attendait pour le moins qu’elle plonge au plus profond d’elle même afin de lui donner la réponse. Celle-ci lui permettrait d’évaluer sa fille, il ne l’oublierait jamais.

Sonya HARTNETT, L’Enfant du fantôme.

Les Grandes Personnes

160 pages – 13€

Titre original : The Ghost’s Child  – Paru en 2007– Traduit en Français en 2010

L’auteur : Née en 1968, Sonya HARTNETT est une auteure australienne qui a publié son premier roman à quinze ans. Elle a été récompensée par le prestigieux prix Astrid Lindgren. Elle vit à Melbourne, Australie.

30/12/2011

Time Riders (A. SCARROW)

« Il reste quelqu’un sur le pont E ? cria Liam O’Connor. »

Steward sur le Titanic,  Liam O’Connor aurait dû mourir en mer en 1912. Sauf que… une mystérieuse agence l’a sauvé pour lui proposer une curieuse alternative : mourir ou intégrer leur agence. Désormais, il est Time Rider. Comme Maddy Carter, qui aurait dû mourir en avion en 2010 ou Sal Vikram, jeune indienne qui aurait dû périr avec ses parents en 2026.  Leur mission : empêcher que les voyages dans le temps ne changent l’Histoire. Et leur première mission est de taille…

A quoi ressemblerait notre monde si les Nazis avaient gagné la Seconde Guerre Mondiale et envahi les Etats-Unis ? Tel est le postulat posé par ce passionnant roman mené à un train d’enfer. Time Riders ravira les amateurs de romans d’aventures autant que les passionnés d’histoire. Choisissant de faire retraverser les moments les plus marquants de l’histoire du vingtième, Alex SCARROW propose une réflexion sur notre époque et ses dérives. Car c’est pour sauver un monde moribond, détruit par la pollution et ses excès au milieu du vint-et-unième siècle, qu’un individu est parti changer l’Histoire. Pour le pire.

Les personnages des trois adolescents sont plaisants et attachants, et les faire venir de différentes époques permet de « balayer » largement le spectre du vingtième siècle (Liam ignore que le Première Guerre Mondiale a eu lieu, ne connaît pas le téléphone portable ou les ordinateurs…) et de faire prendre conscience aux lecteurs de toutes les innovations qui font partie de son quotidien.

Les chapitres sont courts, alternant les époques et les lieux, et donnent un rythme soutenu à une intrigue parfois complexe, mais toujours passionnante. La documentation est précise et réussir à donner vie à des faits qui pourraient paraître lointain et abstraits. Ce premier volume est une réussite et l’on attend avec impatience les deux suivant, prévus en juin 2012 pour Le Jour du Prédateur  et septembre 2012 pour Code Apocalypse.

Il prit une grande inspiration.

- Le voyage dans le temps existe, les enfants.

Il marqua une longue pause après cette affirmation, laissant ses paroles flotter dans l’air.

- Un rapport de physique théorique a démontré en 2029 que c’était possible. Le premier prototype a été construit en 2044. (Il poussa un soupir.) La boîte de pandore est ouverte, et on ne peut plus la refermer.

La mine grave, il examina les jeunes gens. Son visage, strié de rides, présentait un teint cireux.

- Les hommes n’auraient jamais dû jouer avec le temps, jamais ! Seulement, maintenant que nous savons comment le modifier, il est nécessaire de veiller à ce que personne n’y touche plus. Et si un inconscient décide de remonter le cours de l’Histoire, alors quelqu’un doit réparer les dégâts au plus vite.

Sa voix rauque de vieillard trembla légèrement.

- Voyager dans le temps est une arme redoutable, bien plus puissante que tout ce qu’on a inverté auparavant. L’humanité n’est pas préparée à un tel savoir. Elle est pareille à un enfant qui jouerait innocemment à la balle avec une bombe atomique.

Alex SCARROW, Time Riders.

Nathan

428 pages – 15,50€

Titre original : Time Riders  – Paru en 2010– Traduit en Français en 2012

Découvrir un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092536865

L’auteur : Alex SCARROW a été guitariste de rock. Puis graphiste. Puis concepteur de jeux vidéo. Puis auteur. Il a ainsi écrit plusieurs thrillers pour adultes et des scénarios. Time Riders est sa première série de romans pour jeunes adultes. Pour son plus grand plaisir, il y explore les idées et concepts avec lesquels il travaillait déjà dans l’univers des jeux ;

Il vit à Norwich, en Angleterre, avec son fils Jacob, sa femme Frances, un chien très méchant et un énorme rat.

Site de l’auteur : http://www.scarrow.co.uk

22/12/2011

La Fourmilière (J. VALENTINE)

« J’ai aperçu une fille, une gamine. »

Sam a dix-sept ans. Il a fui sa petite ville de la province anglaise pour faire table rase d’un passé dont il n’est pas fier et est en rupture. Arrivant à Londres, il v s’installer au 33, Georgiana Street. Un immeuble délabré, un quartier peu engageant et un propriétaire peu regardant sur le choix de ses locataires, du moment qu’ils règlent leur électricité et leur loyer chaque semaine.

Chacun a sa vie, mais c’est ici qu’elles vont se croiser, s’emmêler et s’immiscer les unes dans les autres…

Avec ce deuxième roman après Ma Rencontre avec Violet Park, Jenny VALENTINE poursuit sa veine presque « gavaldesque » et enrichit sa galerie de portraits un peu fêlés de l’intérieur, un peu différents, un peu à part. Dans cette « fourmilière », se croisent une vieille dame un peu trop envahissante, une petite fille perdue par une mère qui refuse d’en être une, deux ou trois individus un peu louches, et ce garçon venu de la campagne.

Alternant les points de vue de Sam et de Bohémia, l’auteur nous offre une jolie galerie de portraits et les regards tour à tour naïfs et lucides de deux narrateurs ajoutent au charme de l’ensemble. On pourra regretter une narration un peu lente, des situations un peu tirées par les cheveux parfois, mais La Fourmilière a le charme un peu bringueballant des vieilles guimbardes, qui vont leur chemin sans se soucier du regard des autres.

A Londres, j’aimais les choses qu’ils auraient voulu que j’aime. J’aimais le fait que tout aille vite, que tout change.

J’aimais les inconnus, et particulièrement l’idée d’en être un.

J’aimais que tout ce dont on a besoin se trouve à portée de main, au bout de la rue, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

J’aimais qu’on puisse se rendre presque partout à pied.

J’aimais les graffitis, les poubelles et les odeurs de huit différents fast-foods qui se mélangent dans chaque rue. (…)

J’aimais le fait de ne pas avoir à penser à ce que j’avais laissé derrière moi et dans quel pétrin je m’étais fichu.

Et pourtant, si j’avais eu le courage d’appeler, si j’avais pu partager mes impressions sur cette idée de venir d’un endroit et de vivre dans un autre, ce n’est pas ce que je leur aurais dit.

Jenny VALENTINE, La Fourmilière.

École des Loisirs - Médium

231 pages – 11€

Titre original : The Ant Colony  – Paru en 2009 – Traduit en français en 2011

L’auteur : Pour rien au monde, Jenny VALENTINE ne renoncerait à l’une de ses activités. Le jour, elle vend des produits bio dans le  magasin d’alimentation qu’elle vient d’ouvrir dans une bourgade du Pays de Galles. Le soir, une fois ses enfants couchés, cette jeune auteur, épouse du musicien Alex Valentine, écrit des romans. Et cela lui réussit plutôt bien.
Son premier livre, Ma rencontre avec Violet Park, s’est vu décerner en 2007 le Guardian Children’s Fiction Price.