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31/05/2012

Métal Mélodie (M. RIPPERT)

« Lorsque Luce descendit du train, la chaleur lui explosa au visage. »

La vie de Luce, une lycéenne de seize ans, gothique, bascule le jour où sa mère disparaît sans aucune explication. Enfin si : elle part en reportage en Australie. Sauf que le journal n’est pas au courant. Et si, au début, Luce profite de cette tranquillité inespérée, elle se rend vite compte que quelque chose cloche. Sans nouvelles de sa mère,  elle va enquêter auprès de proches et découvrir des secrets bien cachés et la véritable raison de son départ.

Maryvonne RIPPERT a réussi avec ce Métal Mélodie un magnifique roman sur les relations mère-fille. En choisissant d’entamer son roman sur l’absence, celle de la mère, presque indigne d’abandonner son « bébé » pour quelques mois avec les clefs de la maison et un compte en banque pourvu pour faire face aux dépenses du quotidien, elle nous place d’emblée du côté de l’héroïne. Malgré ses défauts, on ne peut s’empêcher d’éprouver de l’empathie pour la petite fille qui a perdu son papa à cinq, et a toujours vécu en cercle fermé avec sa mère qui essayait de la modeler à sa façon. Avec elle, on connaît les premiers émois amoureux, les premières désillusions.

Et puis, l’histoire progresse, et les faces obscures de chacun se dessinent. Les petites désillusions du quotidien, les souvenirs et les regrets. Si j’avais su que je l’aimais tant, je l’aurais aimé davantage, semble dire le texte à la manière de Frédéric DARD. Luce va s’enfonce un peu plus dans le passé de sa mère et découvrir ce qu’elle ne s’attendait absolument à découvrir, et, de là, le roman bascule encore dans une autre dimension, celle d’une résilience.

Le voyage en Espagne va prendre des allures de voyage à la fois picaresque et initiatique et c’est une renaissance que va connaître l’écorchée vive Luce, devenue Luz, toujours Lumière. Et l’écriture dit avec bonheur toute cette reconquête, de réapprentissage de la vie. Jusqu’à la révélation finale.

Roman sur les rapports mère-fille, sur la difficulté d’apprendre à dépasser son passé, sur la question de transmission, Métal Mélodie est un livre extraordinaire, à la fois pudique et audacieux, tendre et brutal, à lire absolument !

Tant que Luce était petite et docile, le système avait fonctionné. La fillette avait croulé sous les attentions, cadeaux, livres, disques, places de concert gratuites que la journaliste recevait au bureau. Et même à présent, sa mère continuait à lui beurrer ses tartines alors que Luce avait 16 ans et des poussières ! Le thermostat des sentiments déréglé, Inès se montrait teigneuse d’un côté, carpette de l’autre. Mais une carpette qui, depuis quelques temps, ne se privait pas de critiquer les goûts de sa fille. Rien ne trouvait grâce à ses yeux. Ni les vagues tentatives culinaires de Luce, ni sa façon de s’habiller, ni ses goûts, ni bien sûr ses amis. A la maison, Bach bataillait ferme avec les flots de musique métal qui s’échappaient de la chambre de l’adolescente. Et jusqu’à présent, personne n’avait gagné.

Luce n’arrivait plus à concevoir qu’elles aient pu partager, un jour, la douceur d’être ensemble, la complicité des sourires, la rondeur plumeuse d’un câlin. Elle avait oublié l’époque où la fillette admirait sa maman par-dessus tout, quand celle-ci opposait le rempart de ses bras en berceau à la dureté du monde, au chagrin, à la mort…

Maryvonne RIPPERT, Métal Mélodie

Macadam – Milan

212 pages – 9,50 €

Paru en 2010

Prix des Incorruptibles 2012 – catégorie 3ème- 2nde

L’auteur : Maryvonne RIPPERT est née en 1953 à Viviers, Ardèche. Elle est mère de deux enfants. Après des études à Montélimar, puis à Aix-en-Provence, en Lettres modernes, elle rejoint L'Express en 1979 comme documentaliste.
En 1994, elle est revenue dans sa région d'origine et s'est installée près de Lyon où elle consacre son temps à l'écriture, et travaille comme formatrice indépendante, animant notamment des ateliers d'écriture et des stages d'animation à la rédaction.

Site de l’auteur : http://rippert.blogspot.fr

Rappel : le magnifique texte de Geneviève BRISAC sur la maternité ici

27/05/2012

Le Journal de Katie Sutton (J. SMITH)

« Au cas où vous voudriez savoir quel génie méconnu écrit ce Guide d’utilisateur, c’est moi ! »

Katie Sutton a treize ans et s’est autoproclamée experte mondiale du comportement des Adultes. Ayant décidé d'écrire un guide qui permettra à tous les adolescents de faire fonctionner leur Adulte, elle est profite pour dérouler, au fil des jours, son journal intime. Là, elle raconte sa vie, celle de sa famille et, surtout, l’irruption dans la vie de sa mère d’un nouveau petit ami…

Ce Journal de Katie Sutton est un roman dans la plus pure tradition britannique du journal adolescent loufoque, comme Adrian Mole ou Georgia Nicholson. Il raconte la vie d’une adolescente de treize ans, avec ses hauts et ses bas, ses moments de fous-rires et… ceux de grande solitude ! Loufoque et farfelue, de nombreuses adolescentes s’y retrouveront.

L’originalité tient plutôt dans la mise en forme, puisque s’étant autoproclamée spécialiste de l’adulte, ce (faux) journal est entrecoupé de passages théoriques expliquant comment faire fonctionner son – ou ses – adulte sans encombres. S’y glisse des relations familiales aussi complexes qu’embrouillées, une mère qui retrouve l’amour, une grande sœur agaçante et un petit frère adorable, vous aurez une idée de la vie de Katie Sutton !

Le mode Compatissant

C’est un mode très rare. Les Adultes préfèrent généralement minimiser votre douleur avec des formules comme : « J’ai vu pire. »

« Une double pneumonie ? Je t’avais dit de mettre ta polaire. »

« Ca n’est pas la fin du monde. »

« Pense à autre chose. »

Ou ma préférée : « Tu t’en remettras. »

Le mode Compatissant se reconnaît au fait que l’Adulte nous accorde soudain toute son attention. Lorsque cela se produit, tirez-en le maximum sans attendre, parce que CA RISQUE DE NE PAS DURER LONGTEMPS.

-        Mon Dieu, qu’est-ce qui t’est arrivé ? s’est écriée maman en courant chercher un pack de glace dans le congélateur.

Je lui ai raconté que j’avais voulu essayer un coup difficile et que j’avais trébuché. J’ai préféré présenter ça comme un accident héroïque plutôt qu’une prise de risque inconsidérée.

 

Jenny SMITH, Le journal de Katie Sutton

Nathan

300 pages – 14,50 €

Titre original : Diary of a Parent Trainer – Paru en 2011 – Traduit en Français en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.nathan.fr/feuilletage/?isbn=9782092539170

L’auteur : Jenny SMITH est née à Glasgow, au Royaume-Uni.  Son enfance a été bercée par les histoires que racontait son père, un excellent conteur, qui lui a transmis sa passion pour le récit. Elle a étudié la littérature anglaise à l’université de Glasgow et vit aujourd’hui avec son mari et leurs deux fils dans un petit village du comté d’Oxford.

Le site de l’auteur (en anglais): http://www.jennysmithonline.com

18:28 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : nathan, smith, adolescente | |  Facebook | | |

22/05/2012

Venenum (C. BOUSQUET)

« Je me rappelle parfaitement de notre dernière entrevue, en ce lugubre mois de février. »

Février 1650,  René Descartes meurt, officiellement d’une pleurésie. Mais Jana, sa pupille, connaît la vérité : il a été empoisonné. Par qui ? Et surtout, pourquoi ? Y a-t-il un lien entre son assassinat et la mise à sac de l’imprimerie où ses derniers écrits devaient être imprimés ? Et que contiennent les lettres codées qu’il lui a confiées ? Poursuivie par d’implacables tueurs, Jana n’a d’autre solution que fuir et trouver au plus vite le destinataire de ces courriers. Escortée par Conrad van Vries, ancien soldat au service de la France, Jana se lance dans une course éperdue qui, d’Amsterdam à Paris, la mènera au plus près des cercles du pouvoir, au cœur d’un complot dont le cardinal Mazarin pourrait bien être l’instigateur !

Charlotte BOUSQUET propose à son lecteur un roman tout à fait passionnant, où histoire, littérature et philosophie se mêlent sans jamais lasser ou être pesantes. L’héroïne présente a priori toutes les caractéristiques du rôle : jeune, orpheline, au passé incertain, intelligente et débrouillarde, tête brûlée, elle affronte tous les obstacles sans férir, n’hésite pas à endosser des habits d’homme pour agir à sa guise et… se révèle petite âme sensible lorsqu’il s’agit d’échanger un premier baiser !

On lit ce Venenum avec jubilation, y croisant au fil des aventures le véritable Cyrano de Bergerac (qui parle comme son homonyme de chez Edmond ROSTAND) ou encore le Cardinal de Mazarin. Les personnages, outre celui de Jana, sont bien campés, depuis le mystérieux Espagnol jusqu’à l’apprentie comédienne, et le Paris du dix-septième siècle offre une toile de fond aussi sinistre que mal famée à l’intrigue.

Les références sont nombreuses, qu’elles soient littéraires, historiques ou philosophiques, et font que l’on prend beaucoup de plaisir à lire les aventures de Jana van D., anti-Agnès puisqu’élevée à l’égale des hommes et n’hésitant pas à les affronter sur leur terrain. Jusqu’en amour, et ce n’est pas la moindre malice de ce roman…

Roman picaresque, roman d’apprentissage, roman policier, Venenum se dévore avec bonheur, depuis sa fuligineuse couverture jusqu’à l’appareil documentaire qui vient enrichir encore l’histoire pour mieux la compléter.

« Quelle est, dites-moi, la différence entre cette malheureuse et un chien habitué à obéir ? Entre un être humain si maltraité qu’il en devient une machine, et ce même chien ? » « Vous ne comparez une femme, encore moins un homme, et une simple bête », rétorqua René, d’autant plus irrité qu’il venait d’ouvrir sa garde.  Je ne lui laissai pas le temps de la refermer. « Encore moins un homme ? Mon esprit serait-il, en dépit de tous vos soins, à jamais inférieur à celui de Georges de la Souche ? A quoi bon, alors, ces années durant lesquelles j’appris le latin, le français, le grec, la philosophie et tout ce que vous jugeâtes utile de m’enseigner ? » Il se défendit fort mal, peut-être parce qu’il ne parvenait pas à s’emporter contre moi, peut-être parce qu’il savait, au fond, que j’avais raison. Ce qui différenciait un homme d’une femme n’était point la raison mais le corps. Une mécanique sans importance. Quant à l’âme animale, il suffisait d’utiliser la méthode pour concevoir son existence : ce que je lui démontrai.

Charlotte BOUSQUET, Venenum

Gulf Stream – Courants noirs

288 pages – 13,90 €

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.gulfstream.fr/livre-189-venenum.html

L’auteur : Philosophe de formation, Charlotte BOUSQUET est l’auteure d'une quinzaine de romans, dont Cytheriae (Prix Elbakin 2010, Prix Imaginales 2011). Pour les adolescents et les jeunes adultes, elle a récemment publié Nuit tatouée et Nuit brûlée, les premiers tomes d’une pentalogie dystopique (Galapagos / L’Archipel). Aux éditions Gulf Stream, après deux polars historiques, Noire lagune (Juke Box ado 2010) et Princesses des os, elle a signé Précieuses, pas ridicules, un abécédaire décapant dans la collection « Et toc ! ».

Le site de l'auteur : http://www.charlottebousquet.com/Accueil.html

18/05/2012

Cachés (S. DOGAR)

« Je cours dans les rues ; c’est le petit matin et le soleil essaie de percer à travers la brume. »

Amsterdam, 1942. Peter a seize ans. Pour échapper aux persécutions nazies, ses parents et lui  rejoignent la famille Frank dans leur cachette. Mais comment s'habituer à vivre dans si peu d'espace ? Supporter la proximité des familles, des esprits, des corps ?

Sharon DOGAR nous propose un nouveau regard sur l’histoire d’Anne Frank : celui, totalement imaginaire, du jeune homme qui cohabita avec elle dans l’Annexe, sur les bords du Prinsengracht et dont Anne Frank s’éprit. Ce changement de perspective permet de considérer autrement cette histoire aujourd’hui universelle. Le lecteur du Journal y retrouve l’histoire qu’il connaît, mais vue non plus à travers les yeux d’une adolescente de treize ans, mais à travers ceux d’un adolescent de seize, timide et emprunté, complexant face à la culture des Frank et obsédé par l’idée de mourir sans jamais avoir fait l’amour à une fille.

La narration alterne deux temps : celui de l’enfermement dans l’Annexe et celui de la déportation à Auschwitz. Peter mourra apparemment en 1945, à l’infirmerie de Mauthausen, en Autriche. L’un et l’autre se répondent, pour mieux rappeler le destin inéluctable auquel sont promis les personnages et n’en rend que plus insupportable cette séquestration. Peter raconte les journées sans soleil, les cambriolages à l’Annexe, la peur d’être découverts, les difficultés de la cohabitation et l’instinct de survie, qui le pousse vers Anne, comme elle est poussée vers lui, afin d’expérimenter ce qu’ils ne connaîtront peut-être jamais : l’amour physique, que Peter devine derrière le mur de la pièce où dorment ses parents…

C’est une Anne Frank tour à tour agaçante, émouvante, égoïste et obsédée par l’idée de son œuvre qui est esquissée à travers ses pages. Le personnage d’Otto Frank est également très présent, puisqu’il restera le compagnon de Peter en déportation, même si l’on peut regretter l’effacement progressif de la sœur aînée d’Anne, dont elle était très proche, au fil des pages.

Parfois un peu long, comme l’étaient les journées qui s’égrenaient dans l’Annexe, puis terrible lorsqu’il évoque la vie à Auschwitz, Cachés se révèle un roman qui donne une autre densité encore à l’histoire d’Anne Frank.

- Tu crois qu’un jour on découvrira notre existence ?

Elle m’a posé la question très doucement. (On ne sait jamais, il y a toujours des oreilles qui trainent. A peine nos parents nous entendent-ils poser une question qu’ils se précipitent dessus, comme un chat sur un rat, avant de la déchiqueter jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien pour nous, rien auquel nous ayons même envie de penser.)

- Aucune idée, j’ai répondu en m’asseyant à côté d’elle. Qu’est-ce que tu voulais dire exactement ? Simplement nous, ici, ou tous les Juifs ?

- Nous, ici, dans l’Annexe. C’est trop déprimant de penser à tout ce qui doit se passer ailleurs.

Je n’avais jamais compris que chuchoter pouvait créer une telle intimité.

- Ca ne va pas durer éternellement. Faut espérer.

- Tu ne penses pas ?

(…) J’ai jeté un œil sur son cahier, mais elle l’a tout de suite refermé. « Ah, ça doit être son journal ! » Et naturellement j’ai ajouté :

- Quelquefois, je regarde un objet que j’ai fabriqué de mes mains et je me demande s’il sera toujours là quand j’aurai disparu.

- C’est différent, a-t-elle murmuré.

- Différent de quoi ?

- Des mots, des histoires, des idées.

Nos têtes se frôlaient. Doucement, j’ai passé la main sur son journal. Elle n’a pas bougé.

- Mais ça, c’est un objet que tu as fabriqué, non ? Ces mots, ils seront toujours là, tu ne crois pas, même si on… on n’est plus là, nous ?

Elle me dévorait des yeux et cela me faisait du bien. Comme si j’avais réussi à la surprendre.

- Ils brûlent des livres, a-t-elle ajouté tout bas. Par piles entières. Des tonnes de bouquins.

- Je sais, Anne, mais ton père  a raison, ils ne pourront jamais brûler les idées. En tout cas pas toutes.

 

Sharon DOGAR, Cachés

Nathan

300 pages – 15 €

Titre original : Annexed– Paru en 2010 – Traduit en Français en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.edenlivres.fr/p/11038

Une vidéo (en anglais): http://vimeo.com/15223605

L’auteur : Sharon Dogar est née en 1962. Elle vit à Oxford avec sa famille, et exerce comme psychothérapeute pour enfants. Enfant, elle a découvert Le Journal d'Anne Frank et s'est toujours demandé ce qui était arrivé ensuite aux habitants de l'Annexe. Voir sa propre fille le lire l'a poussée à écrire Cachés.

 

09/05/2012

Un soldat allemand dans la Résistance française (G. STREIFF)

« Le premier-maître Hans Heisel finit de se rhabiller ; il époussette d’un geste rapide ses bottes, se redresse, s’étire, enfile sa veste bleu sombre, celle des sous-officiers de la Kriegsmarine, la marine de guerre nazie. »

Lorsqu’à dix-huit ans, au début de la guerre, Hans Heisel a été incorporé dans la Wehrmacht et affecté à Paris, il jubile. Lui, le jeune provincial d’origine modeste, le voici dans la Ville Lumière. Nazi ou anti-nazi, il ne sait pas trop : il est allemand, son pays est en guerre, il fait donc la guerre. Pourtant, peu à peu, il va prendre conscience de certaines choses. Et une amitié avec un coiffeur alsacien va précipiter les choses…

Un soldat allemand dans la Résistance française est d’abord une histoire vraie : celle d’Hans Heisel, sous-officier allemand et membre de la Résistance. Une histoire peu connue que celle de ces soldats allemands qui ont choisi de désobéir et de se rallier à la cause française. Pourtant, un dossier à la fin de l’ouvrage l’explique, ils seraient plus de cent à avoir péri dans les rangs de la Résistance entre 1941 et 1944.

En quelques cents pages, Gérard STREIFF raconte l’itinéraire de Hans Heisel, et à sa suite de Kurt Hälker et Arthur Eberhard, depuis le soldat respectueux jusqu’au Résistant français. Il raconte la duplicité, la peur de se faire prendre, la distribution de tracts dans les endroits fréquentés par les nazis, les vols d’armes… Sans jamais être dans le sentimental ou le militant, l’auteur pose simplement la question de savoir, « face à un ordre injuste, une loi injuste, une institution injuste, on a le droit de s’opposer ? »

Un soldat allemand dans la Résistance française est sous-titré « Le Courage de désobéir » : il rend hommage à ces hommes qui ont fait passé leur idée de la liberté avant leur vie propre. Et qui n’en ont pas été remercié puisque lors du cinquantième anniversaire de la libération de Paris, en 1994, on lui a refusé de participer à cette manifestation au motif qu’il était « traître à l’armée allemande »selon le chancelier Kohl…

-       Je ne suis qu’un soldat, un rouage de la machine, je suis aux ordres, je n’ai rien demandé. Mais objectivement, je me sens complice d’un immense crime, je suis complice, tu comprends ce que je veux dire ? Cette guerre ressemble à un crime organisé par le régime nazi et moi j’y tiens ma place. Même s’il faut bien obéir, non ?

Il se tait, il espère peut-être un encouragement de l’artisan qui pourtant ne dit rien. Heisel reprend, la voix légèrement enrouée :

- Je ne veux pas jouer ce rôle, tu entends. Je ne veux plus ! Je ne sais pas comment te le dire mais je te le dis tout de même : il faut faire quelque chose. Il faut que je fasse quelque chose. Mais quoi ?

Gérard STREIFF, Un soldat allemand dans la Résistance française.

 Oskar - Histoire

125 pages – 9,95€

Paru en 2011

L’auteur : Gérard STREIFF est né en 1949 à Moyeuvre en Moselle et vit à Ivry dans le Val-de-Marne. Diplômé en Sciences Politiques, il est journaliste d’investigation, essayiste et romancier français. Il écrit surtout des romans policier et des biographies. Avec des romans engagés, documentés, et souvent en prise directe avec l’histoire, l’œuvre de Gérard STREIFF se situe dans la lignée de Didier DAENINCKX et Pierre BOURGEADE, deux auteurs qu’il vénère.

Site de l'auteur : http://www.gerardstreiff.fr