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19/07/2012

Marre de l'amour (M. LETHIELLEUX)

« Comme chaque soir, j’attends derrière la grille de l’école et je regarde les copains s’en aller.»

Chacun rêve d’avoir une famille unie, des parents qui s’aiment… Sauf Pierrot, qui, lui, ne voit que des inconvénients à l’amour que ses parents éprouvent l’un pour l’autre. Ils sont toujours d’accord sur tout, roucoulent les yeux dans les yeux, alors que les familles recomposées de ses copains offrent pas mal d’avantages en fait (non pas pour les cadeaux, ça ne marche plus). Avec eux, Pierrot va tenter de faire « désaimer » ses parents. Pour le meilleur et pour le pire…

Une fois de plus, Maud LETHIELLEUD fait mouche avec cette jolie histoire presque incongrue de parents qui s’aiment trop dans une société où c’est devenu presque l’exception. Entouré de camarades à foyers multiples, lassé des cajoleries en tous genres de ses parents, Pierrot aspire à plus de normalité : des parents qui se disputent, des parents qui ont un travail normal, qui rentrent fatigués, énervés, bref, des gens comme tout le monde ! Bien sûr, Pierrot va très vite être tiraillé par le doute, mais néanmoins, aidé de ses amis, il va tâcher de mener ce projet jusqu’au bout.

Sous ses dehors humoristiques, Marre de l’amour distille, à travers la voix de Pierrot un certain nombre de vérités sur le couple et l’usure de la vie quotidienne, ces petits riens qui érodent l’air de rien la belle histoire. La fausse naïveté du narrateur fait sourire, bien sûr, tout en proposant nombre de pistes de réflexion et de miroir à chacun, petits comme grands.

Joli roman destiné aux dix-onze ans, ce Marre de l’amour pourra être lui sans déplaisir par les plus grands, voire leurs parents, quitte à ouvrir une grande discussion familiale !

COMMENT FAIRE DIVORCER SES PARENTS

Idée de Lou : Il faut qu’ils s’engueulent le plus souvent possible pour rien du tout, par exemple : les miettes sur la table, ou l’eau qui coule trop fort quand mon père fait la vaisselle, ou le fromage coupé n’importe comment.

Idée de Tom : Il faut qu’ils ne se voient plus et trouver un travail ou des activités à chaque fois que l’autre est à la maison et surtout, il faut qu’ils se croisent vite fait juste avant d’y aller pour avoir le temps de s’énerver en silence.

Idée de Dorothy : Il faut trouver une baby-sitter pour que mon père tombe amoureux d’elle.

Je note leurs idées même si ça me paraît complètement impossible. Ma mère, elle s’en fout quand il y a des miettes sur la table, elle les ramasse et elle le pose sur le rebord de la fenêtre pour les oiseaux. (…)

L’idée de Tom avec les activités ou le travail, ça sera difficile vu qu’ils n’ont plus de travail et qu’il faut du travail pour payer les activités. Mais ça, je n’ai pas trop envie de leur dire, c’est des histoires personnelles.

Et puis ma baby-sitter c’est Josette la voisine. Mon père n’est jamais tombé amoureux d’elle.

Maud LETHIELLEUX, Marre de l’amour.

Edition Thierry Magnier

140 pages – 9 €

                                    Paru en 2011

L’auteur : Maud LETHIELLEUD est musicienne et metteur en scène. Elle a parcouru le monde, de l’Asie à la Nouvelle-Zélande. Elle a publié Dis oui, Ninon chez Stock en 2009, puis D’où je suis, je vois la lune, son deuxième roman. Après J’ai quinze ans et je ne l’ai jamais fait, Tout près, le bout du monde, Marre de l’amour est son nouveau roman pour la jeunesse.

Site de l’auteur : http://maudetlesmots.free.fr

15/04/2012

En fuite (T. ROBBERECHT)

« Au moment précis où mon père m’a réveillé en me touchant l’épaule, mon rêve s’est envolé. »

Un divorce qui se passe mal et un père, désespéré de ne voir ses enfants qu’un week-end sur deux, qui les kidnappe. S’ensuit pour Mathieu, le narrateur, neuf ans à l’époque, et sa sœur Lucille, trois ans, une cavale de huit années à travers la France, faite de départs précipités, de rencontres fugaces et de précarité, à fuir les avis de recherche où leurs photos leur ressemblent de moins en moins en moins. Et, toujours, cette impression d’être déchirés, à devoir choisir entre l’un et l’autre des parents, à devoir trahir l’un ou l’autre…

En choisissant de s’inspirer d’un fait-divers marquant, Thierry ROBBERECHT raconte une histoire lourde, très lourde, celle de deux enfants sacrifiés sur l’autel de dissensions familiales et condamnés à l’errance, à la clandestinité et, surtout, au choix : trahir leur père ou rester à ses côtés.

La narration menée par le jeune garçon devenu adolescent, toute en subtilité et en retenue, souligne bien cet état de fait, mais on pourra regretter un fin un peu trop mélodramatique, en rupture avec le reste du roman. S’il s’adresse à des adolescents à partir de treize, certains pourront lui reprocher un « manque d’action », là où d’autres sauront apprécier l’accent mis sur les relations familiales, et le lien particulier avec Lucille, la petite sœur devenue étrangère au monde.

En fuite est un roman qui interroge, qui vient remuer le lecteur et le laisse avec une certaine amertume, celle de vies « restée[s] en suspens pendant huit ans ».

Je n’ai pas pris la peine de poursuivre la conversation et j’ai rassemblé mes affaires. Des livres, des cahiers, des carnets de notes et de dessins, voilà mes seuls trésors ?

J’ai profité de ce que Papa était en train de remplir le coffre pour griffonner quelques mots à Maman. Que lui ai-je écrit ? Que Lucille l’embrassait et qu’on ne l’oubliait pas… Jamais !

Je n’osais pas lui dire qu’on l’aimait. J’avais l’impression de ne pas être digne de ce mot. Quelque chose en moi savait bien que, par fidélité à Papa, je n’entreprenais pas tout ce qui était possible pour la revoir.

Après avoir caché le message sous des pieds de mon lit, je me suis rendus compte que Lucille ne s’était pas levée. Toujours couchée, elle pleurait en silence.

Quand j’ai soulevé la couette, j’ai découvert le visage de ma sœur baigné de larmes. Je lui ai caressé les cheveux. Je comprenais son désespoir et, pourtant, je ne pouvais rien faire pour elle.

- C’est pas juste, elle a chuchoté parce qu’elle craignait que Papa ne  l’entende.

S’il avait surpris ma sœur en pleurs, il ne se serait pas mis en colère, non, il se serait plutôt décomposé sous le choc. Depuis notre fuite, Lucille et moi, nous craignions surtout son désespoir à lui. Nous  préférions cacher notre douleur plutôt que d’affronter la sienne.

Thierry ROBBERECHT, En fuite.

Rat noir - Syros

144 pages – 12,50€

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748511840

L’auteur : Thierry ROBBERECHT est né à Bruxelles en 1960. Il a deux enfants très inspirants de onze et dix-sept ans. En 1993, il a gagné le prix de la communauté française dans le cadre de la Fureur de Lire, avec une nouvelle pour adultes. Depuis 1996, il est auteur jeunesse. Il a débuté avec des romans pour adolescents ou préadolescents. Il a poursuivi avec des textes illustrés, au fil de rencontres avec divers dessinateurs. Actuellement, il travaille sur un polar pour adultes.

30/01/2012

Dear George Clooney tu veux pas épouser ma mère ? (S. NIELSEN)

images.jpg« QUE LES CHOSES SOIENT BIEN CLAIRES : je n’ai pas fait exprès d’expédier mes deux demi-sœurs aux urgences. »

Rien n’est plus pareil depuis que le père de Violette et Rosie a quitté leur mère pour aller s’installer en Californie avec l’Epouse n°2. Depuis, leur mère enchaîne les petits amis loosers, depuis le monosourcil jusqu’au crypto-marié. Sauf que cette fois, cela semble différent. Il porte des pulls atroces, a un sens de l’humour ringard et des seins de graisse, mais elle semble très attachée à Dudley Wiener, dit « Dudley la Saucisse »…

Sur un thème a priori archi rebattu, celui de la vie de famille après un divorce, Susin NIELSEN a composé un roman à la fois drôle et émouvant, sensible et qui touche juste. A travers son personnage d’adolescente persuadée qu’elle sait mieux que personne ce qui conviendrait à sa mère, elle dépeint le quotidien d’adolescentes d’aujourd’hui, entre le collège, les deux Noëls et les beau-parents à gérer.

La narration est pleine de fantaisie, la petite sœur aussi pittoresque que la grande, et le personnage de la mère, passée par toutes les étapes de la déprime avant de refaire surface, très réaliste. Roman féminin – plein de sœurs et de copines – actuel – on y cause Facebook, il évoque également les fins de mois difficiles des familles monoparentales et la difficulté pour les enfants de s’engager dans une relation, après avoir constaté l’échec de celle de leur parents.

Avec ses situations-catastrophe parfois, son héroïne un peu frappadingue et son humour, ce Dear George Clooney… est un excellent moment de lecture.

Le problème, George, c’est qu’elle a des goûts catastrophiques en matière d’hommes. Si bien que j’ai pris l’initiative de me mettre en quête de quelqu’un qui lui convienne mieux. Et vous, je vous sens très bien. Je suis certaine que ma mère et vous, ça marcherait du tonnerre. (…)

Je sais que vous avez beaucoup de fiancées (…) Eh bien, avez-vous déjà réfléchi au fait que vous n’aviez peut-être pas fait la bonne rencontre ? J’espère que vous ne vous vexerez pas si je vous dis que, peut-être, certains de ces mannequins si glamour avec qui vous êtes sortis ne faisaient que vous utilisez pour votre célébrité et votre argent. (…)

Ma mère, elle, ne se servirait jamais de vous. C’est une coiffeuse de grand talent qui n’attendrait pas que vous la gâtiez comme une enfant (même si je suis sûre qu’elle ne cracherait pas sur un petit voyage de temps en temps dans votre château en Italie). Ma mère a toujours cru à l’indépendance dans la vie, et où que vous choisissiez d’habiter, elle se trouverait un travail (mais si je peux faire une recommandation, peut-être pourrait-elle travailler à temps partiel, ce qui lui laisserait le temps d’aller à la salle de sport raffermir un peu sa taille, et d’être à la maison quand ma sœur et moi rentrerions de l’école).

Susin NIELSEN, Dear George Clooney tu veux pas épouser ma mère ?

Hélium

200 pages – 13,90€

Titre original : Dear George Clooney Please Marry My Mum  – Paru en 2010– Traduit en Français en 2011

L’auteur : Susin NIELSEN fait partie de la nouvelle génération d'auteurs canadiens pour la jeunesse. Elle a écrit plusieurs romans et travaille aussi pour la télévision. Elle vit Vancouver.

Site de l’auteur : http://www.susinnielsen.com

11/06/2011

Coeur cerise (C. CASSIDY)

« Il y a des choses qui vont me manquer, quand j’aurai quitté la Clyde Academy… comme les macaronis au fromage, les frites, le pudding au sirop et à la crème anglaise, ou contempler la nuque de Ryan Clegg en cours de dessin."

Depuis l’âge de quatre ans, Cherry vit seule avec son père à Glasgow, dans leur petit appartement. Mais voilà que tout va changer en cette fin d’année scolaire : Paddy a retrouvé une ancienne amie et lui et sa fille partent s’installer chez elle, dans le sud de l’Angleterre où elle possède une vaste bâtisse qu’elle a transformé en bed and breakfast. Là, Cherry va faire la connaissance de ses futures demi-sœurs, Coco, la benjamine, les jumelles Skye et Summer et surtout Honey, de quelques mois plus âgée qu’elle, qui n’a jamais accepté le divorce de ses parents et refuse de faire bonne figure aux nouveaux venus…

Cœur cerise est le premier volume d’une série, les Filles au chocolat, qui devrait en compter cinq. Dans celui-ci, on découvre la narratrice, Cherry Costello, adolescente rêveuse qui a tendance à se réfugier dans l’imaginaire pour pallier une réalité qui est loin de lui être favorable. Jamais intégrée dans aucun groupe, maladroite, un peu menteuse, elle va essayer de trouver sa place dans la nouvelle famille que son père et Charlotte veulent recomposer. Le problème, c’est qu’elle est attirée par Shay, le petit copain d’Honey. Et que c’est réciproque.

A première vue, qu’il s’agisse de la quatrième de couverture ou de la couverture elle même, tout sent le roman girly à souhait. Ce qu’il est. Mais il est cependant un peu plus profond qu’il n’en a l’air, abordant la question des relations familiales dans un sens large, du décès d’un proche à la difficulté de s’intégrer au sein d’une fratrie déjà constituée lorsqu’on est une enfant unique et solitaire par la force des choses. De surcroît, Cœur cerise a le mérite de poser également le problème des relations amoureuses lorsqu’on se trouve être des filles du même âge et, donc, en rivalité…

Les personnages adolescents sont attachants, même si l’accent dans ce volume est davantage mis sur les quatre aînées, au détriment de la plus jeune et des adultes, un peu effacés, malgré la création de leur entreprise chocolatière qui va constituer un des éléments de l’action. Le ton est un peu naïf, mais les situations s’enchaînent sans discontinuer et le tout est tout à fait plaisant à découvrir.

Effectivement, je revois très bien le visage fatigué et soucieux de Charlotte qui nous faisait signe de sortir, le téléphone à la main.

- C’est pour ça que Honey est sur les nerfs. Il n’y a vraiment qu’elle pour ne pas se rendre compte que papa est nul…

- Ah, d’accord. Je suis désolée…

- Pas la peine, répond Skye en haussant les épaules. Il n’a jamais vraiment assuré, comme père. Il fait de son mieux, mais je crois qu’il est trop égoïste, au fond. Et il était odieux avec maman. Il n’est jamais revenu nous voir. Une fois, il devait venir passer le week-end avec nous, quand maman était à Glasgow avec Paddy et toi, mais il a annulé au dernier moment et c’est une copine de maman qui a dû nous garder.

J’ouvre et referme la bouche sans réussir à dire un mot.

- Tu vois, quand tu disais le premier jour que était parfait ici, bah pas vraiment. Honey est en colère contre tout le monde. Par moments, on a l’impression de vivre avec une tornade. Et on dirait que maman a peur de lui dire quoique ce soit. Maintenant que vous êtes là, Paddy et toi, il va bien falloir que ça change.

Cathy CASSIDY, Coeur cerise.

Nathan

300 pages – 13,90 €

Titre  original : Cherry Crush – Paru en 2010 – Traduit en français en 2011

L’auteur : Cathy CASSIDY a écrit son premier livre à l’âge de huit ou neuf ans, pour son petit frère, et elle ne s’est pas arrêtée depuis.

Elle a souvent entendu dire que le mieux, c’est d’écrire sur ce qu’on aime. Comme il n’y a pas grand-chose qu’elle aime plus que le chocolat… ce sujet lui a longtemps trotté en tête. Puis, quand une amie lui a parlé de sa mère qui avait travaillé dans une fabrique de chocolat, l’idée de la série « les Filles au chocolat » est née !

Cathy vit en Ecosse avec sa famille. Elle a exercé beaucoup de métiers, mais celui d’écrivain est de loin son préféré, car c’est le seul qui lui donne une bonne excuse pour rêver !

Site de l’auteur (en anglais) : http://www.cathycassidy.com

22/01/2011

Arno et le voleur de coeur (D. NIELANDT)

« Arno n’est toujours pas habitué. Ni à la cuisine de Papa, ou à son manque absolu de compétences en la matière. Ni aux crises de larmes de Maman, ni à ses crises en général. »

Arno a douze ans. Depuis quelques mois, il a deux maisons : celle qu’il a toujours connu, où sa maman est restée, et un appartement dans une cité, où son père s’est installé après leur séparation. Pas facile pour un garçon qui a une fâcheuse tendance à l’étourderie et qui se fait voler régulièrement son vélo… quand il ne perd pas son cartable ! Mais depuis quelques temps, un mystérieux voleur sévit dans la ville : le Voleur de Cœur. Sa particularité : voler puis déposer ses larcins dans des endroits inattendus. La Police est ridiculisée ! Or la Police, c’est le père d’Arno…

Sympathique, loufoque, facile à lire, Arno et le voleur de cœur raconte une histoire à la fois ordinaire et extraordinaire. Ordinaire car la situation d’Arno est celle de beaucoup d’enfants de son âge, partagé entre deux maisons, extraordinaire car le traitement de cette situation ne manque pas d’originalité. Sous couvert d’une intrigue policière, les histoires vont s’imbriquer et produire un récit tout à fait surprenant.

Raconté à la troisième personne, c’est cependant Arno le fil conducteur de cette histoire et c’est de lui dont on partage les pensées au fil du roman. Les dialogues sont alertes, les péripéties multiples, c’est un bon moment de lecture qu’offre ici Dirk NIELANDT.

Dans sa classe, les enfants de parents divorcés ont moins de mal à accepter la situation. Mais eux, ils ont un frère ou une sœur. Ou ils s’en trouvent un ou une parce que le nouveau conjoint de leur papa ou de leur maman a des enfants. Arno, lui, est fils unique. Et ni sa mère ni son père n’a refait sa vie avec quelqu’un qui pourrait mettre un peu d’ambiance dans ce monde de déprimés.

La moitié de la semaine, il vit avec une mère tombée dans le trente-sixième dessous au moment de la séparation et qui n’est jamais remontée d’un étage. L’autre moitié, il la passe avec son père qui ne jure que par son journal et sa série télé. Il n’y a qu’un mot pour décrire la nouvelle vie d’Arno : RASOIR !

Dirk NIELANDT, Arno et le voleur de cœur.

Mijade – Zone J

220 pages – 7 €

Titre original : Over Arne – Paru en 2008 – Traduit en français en 2011

L’auteur : Dirk Nielandt est né le 5 août 1964. Auteur de romans pour la jeunesse et d’albums pour enfants‚ il rencontre beaucoup de succès en Flandre. Ses illustrateurs de prédilection sont Marjolein Pottie et An Candaele‚ avec lesquelles il collabore régulièrement.

Site de l’auteur (en flamand) : http://www.dirknielandt.be

17:18 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : mijade, zone j, nielandt, divorce, enfant | |  Facebook | | |