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31/10/2012

Nox – Ici-bas (Y. GREVET)

« Il est plus de trois heures. Des cris percent la nuit. »

Dans une ville basse enveloppée d’un brouillard opaque – la nox –, les hommes sont contraints de pédaler ou de marcher sans cesse pour produire leur lumière. Comme l’espérance de vie y est courte, la loi impose aux adolescents de se marier et d’avoir un enfant dès l’âge de dix-sept ans. Lucen a peur de perdre celle qu’il aime, la rebelle Firmie, qui refuse de se plier à la règle. Il sent aussi ses meilleurs amis s’éloigner de lui. L’un d’eux, Gerges, s’apprête à rejoindre la milice qui terrorise les habitants, un autre, Maurce, un groupe hors-la-loi. C’est l’heure pour Lucen de faire des choix qui détermineront toute son existence. Au même moment, dans des territoires épargnés par la nox, la jeune Ludmilla ne se résigne pas au départ forcé de Martha, la gouvernante qui l’a élevée, injustement renvoyée par son père. Elle décide de tout tenter pour la retrouver.

Roman sombre, roman qui offre une vision bien pessimiste de l’avenir, où l’égalité entre êtres humains n’est même plus une utopie, où les enfants sont contraints de pédaler pour éclairer la demeure familiale, Nox – Ici-bas est dur et sans concession. Comme dans L’Ecole est finie, Yves GREVET reprend le fil d’une société où seuls les nantis ont accès à la lumière et où les laissés-pour-compte n’ont que leurs yeux pour pleurer.

La narration peut paraître un peu complexe à appréhender puisqu’elle joue sur les points de vue de plusieurs personnages de l’histoire et l’on ne sait pas toujours d’emblée qui parle. Or comme l’auteur met en scène des univers et des conceptions différentes, ce parti-pris narratif pourra en dérouter certains.

Les personnages des adolescents sont habilement dépeints, déchirés entre leur fidélité à leur famille et leur désir d’émancipation et de libération et la fin du roman est suffisamment brutale pour donner envie de lire la suite…

- Ma maison d'autrefois se trouve dans cette direction.

– Mais personne n’habite sur les plaines mauves.

Elle éclata d’un rire nerveux. Je pris la mouche car j'avais vraiment l'impression qu'elle se fichait de moi.

– Les plaines mauves, répétait-elle en reprenant son souffle, les plaines mauves, mais…

Elle me rattrapa alors que je quittais la terrasse en boudant.

- Je ne me moque pas de vous, Ludmilla. Mais ce mensonge tellement gros qu’il me surprend toujours quand on l’évoque. Il n’y a pas de plaine mauve, ce sont des nuages de pollution si denses qu’ils empêchent toute lumière de les traverser. En dessous, c’est la nuit et des gens vivent là, dans la pénombre. Ce phénomène se nomme la Nox. Tous les matins, je rêve que le nuage s’est enfin dissipé et que je vais apercevoir la maison de mes parents.

– Des gens vivent là-dessous ? Des gens comme nous ?

– Oui, comme moi surtout.

Ce jour-là, je découvris que mon père, contrairement à ce qu'il m’avait affirmé après la mort de ma mère, était capable de mensonges. Que me cachait-il d’autre ?

Yves GREVET, Nox – Ici-bas (1).

Syros

358 pages – 16,90€

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=978274851...

L’auteur : Yves GREVET est né en 1961 à Paris. Marié et père de trois enfants, il habite dans la banlieue est de Paris, où il enseigne en classe de CM2. Il est l’auteur de romans ancrés dans la réalité sociale. Les thèmes qui traversent ses ouvrages sont les liens familiaux, la solidarité, l’apprentissage de la liberté et de l’autonomie. Tout en restant fidèle à ses sujets de prédilection, il s'essaie à tous les genres : récits de vie, romans d'enquête ou de politique-fiction. Nox marque son grand retour au roman d'aventure, genre qu'il avait déjà exploré avec Méto, une uchronie en trois tomes. Il nous emmène cette fois-ci explorer de bien sombres temps futurs.

Site de l’auteur : http://la-charte.fr/sites/yves-grevet

16:32 Publié dans Science-fiction | Lien permanent | Tags : syros, grevet, adolescent, futur, pollution | |  Facebook | | |

30/06/2012

Enterrement d'une vie de cancre (H. MESTRON)

« Avant je rendais des feuilles blanches avec juste mon nom marqué en haut à gauche. »

Bruno est le cancre de sa classe, le bouffon, l’amuseur public, le « glandu ». Celui qui n’a peur de rien et surtout pas des adultes. Avec ses parents, c’est l’indifférence – ou la cohabitation. Surtout l’incompréhension. Mais tout change le jour où Madeline arrive dans sa classe. Avec sa silhouette tout droit sortie d’un film de Tim Burton, ses niveaux scolaire hors norme, elle va exploser tous les repères de Bruno et changer sa vie à jamais…

Raconté à la première personne, comme Soupçons, son précédent roman, Enterrement d’une vie de cancre raconte une histoire tout à fait originale, celle d’un adolescent vivant dans « une banlieue pourrie » comme il le dit lui même et qui va découvrir un autre univers, dans tous les sens du terme. Une fois encore, Hervé MESTRON joue avec la narration et, donnant à voir à travers les yeux de Bruno, nous laisse d’abord entrevoir une vérité qui ne l’est pas, se contentant de laisser des signes.

Roman sur la différence, le handicap, le regard de l’autre et la difficulté à s’extraire de son milieu d’origine, roman sur les relations familiales, le non-dit et l’amour inconditionnel, Enterrement d’une vie de cancre raconte une histoire généreuse et rafraîchissante. Une jolie réussite.

Puis la cloche a sonné, les portes du bahut se sont ouvertes. J’ai observé ces élèves sur le trottoir, comment ils bougeaient, comment ils se parlaient, comment ils étaient sapés, comment ils mettaient leur casque sur leurs oreilles, bref tout ça, et j’ai eu l’impression de me retrouver devant la grille de Boris-Vian. C’était tout pareil. C’était comme des clones de ce qu’on était là-bas, de notre cité pourrie. La différence peut-être, c’est que nous les iPhone on les avait piqués et que pas eux qu’avaient de la thune plein les fouilles. Mais bon ça restait les mêmes iPhones de toute façon. Je m’attendais presque à voir surgir mes ex-potes d’enfance avec leur capuche et leur démarche de pingouin. Ils ont regardé de mon côté. Ils ont tout de suite vu que j’étais pas des leurs, je me suis senti scanné des pieds à la tête. Moi, j’étais un vrai, pas eux. C’était moi l’original et eux la copie de ce que je voulais plus voir. Je me suis dit, mais pourquoi ils essaient de nous ressembler ? Pourquoi dans ce bahut de bourges ils veulent se donner l’air de sortir des cités ? ça a été mon grand mystère de la journée. Une énorme déception aussi.

Hervé MESTRON, Enterrement d’une vie de cancre.

Tempo + - Syros

105 pages – 6€

Paru en 2012

L’auteur : Hervé MESTRON est né en 1963 à Valence. Lauréat du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, il devient très vite un auteur aux multiples facettes, passant indifféremment du polar à la comédie, de l’écriture de scénario au roman musicologique, de la fiction radiophonique à la littérature jeunesse. Certains de ses livres ont été traduits en plusieurs langues.

05/05/2012

Luz (M. LEDUN)

« Des éclats de rire et des bruits de pas résonnent quelque part dans la maison. »

C’est l’après-midi du premier dimanche des vacances d’été. Luz s’ennuit, lassée de ces adultes qui restent à table jusqu'au milieu de l'après-midi, qui rient et qui boivent trop. Elle finit par claquer la porte de chez elle et partir retrouver ses soeurs. Légèrement grisée par le soleil brûlant, l'adolescente gagne les rives de la Volte où se prélassent des groupes de baigneurs. Elle rencontre bientôt Thomas, un élève de troisième qu’elle connaît peu mais qui lui plaît, accompagné d’une amie. Tous trois décident de se rendre jusqu’à un point d’eau difficile d’accès, mais beaucoup moins fréquenté…

Luz est un roman qui pourra apparaître un peu agaçant, à tourner autour du pot sans vraiment entrer dans le vif du sujet. Mais d’ailleurs quel sujet ? Les descriptions des dimanches en famille sont réalistes, les réactions de l’adolescente, partagée entre moralisme et tentation, également, cependant, le roman tarde à prendre son envol.

La narration s’organise autour d’une attente : Luz a quatorze ans, veut jouer avec son corps mais ne sait trop comment s’y prendre, avance et recule en même temps, tout ceci contribue à créer une atmosphère irritante, où le lecteur ne cesse d’attendre quelque chose et est presque déçu de la chose lorsqu’elle arrive, s’attendant à plus. Ou à pire.

Reste un roman qui procède par petites touches, dépeint avec justesse les incertitudes adolescentes et brosse une peinture au vitriol de la famille !

Thomas se crispe. Luz lui adresse un clin d’œil dans le dos de Manon. Il lui répond par un sourire qui semble vouloir dire : « Merci de ne pas avoir insisté. » Le cœur de Luz fait un bond dans sa poitrine. Elle pense à la bouteille d’alcool dans son sac et à son nouveau maillot de bain. Elle se dit qu’elle a rudement bien fait de descendre se baigner aujourd’hui et aussi que, si Manon n’était pas là, les choses seraient plus simples. Un sentiment confus de liberté l’envahit. Son MP3 diffuse à présent la mélopée mielleuse d’un tube de Lady gaga. Elle enfouit la main dans la poche de son sac, presse un bouton jusqu’à ce que retentissent les premières notes de California Girls de Katy Perry et rajuste ses écouteurs. Puis elle rattrape ses compagnons.

Marin LEDUN, Luz.

 Rat noir - Syros

120 pages – 14€

Paru en 2012

L’auteur : Né à Aubenas le 07 mai 1975, Marin LEDUN a publié deux romans Au Diable Vauvert : Modus Operandi (Prix des lecteurs 2008 du Livre de Poche) et Marketing Viral (sélection pour le Prix d'adaptation cinématographique 2009 de la Région Rhône-Alpes) ainsi qu'un volet des épopées de la journaliste Mona Cabriole aux éditions La Tengo : Le Cinquième clandestin.

Adepte de l'ultra-marathon (une épopée au choix de cent kilomètres ou de 24 heures de course, dépourvue de l'esprit de compétition qui anime le marathon ou beaucoup d'autres sports), Marin LEDUN est avant tout un romancier héritier du néo-polar, du « roman noir violent ». Il pose la question des limites du progrès et de la maîtrise des corps dans la société industrielle. Car avant de donner libre court à sa vocation d'écritures, Marin LEDUN a obtenu un Doctorat en communication politique. Il est d'ailleurs l'auteur de La Démocratie assistée par ordinateur, et il poursuit ses recherches sur la thématique de la souffrance au travail. (Source Ricochet)

Site internet de l’auteur : http://www.pourpres.net/marin

14:39 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : syros, rat noir, ledun, alcool, adolescente | |  Facebook | | |

15/04/2012

En fuite (T. ROBBERECHT)

« Au moment précis où mon père m’a réveillé en me touchant l’épaule, mon rêve s’est envolé. »

Un divorce qui se passe mal et un père, désespéré de ne voir ses enfants qu’un week-end sur deux, qui les kidnappe. S’ensuit pour Mathieu, le narrateur, neuf ans à l’époque, et sa sœur Lucille, trois ans, une cavale de huit années à travers la France, faite de départs précipités, de rencontres fugaces et de précarité, à fuir les avis de recherche où leurs photos leur ressemblent de moins en moins en moins. Et, toujours, cette impression d’être déchirés, à devoir choisir entre l’un et l’autre des parents, à devoir trahir l’un ou l’autre…

En choisissant de s’inspirer d’un fait-divers marquant, Thierry ROBBERECHT raconte une histoire lourde, très lourde, celle de deux enfants sacrifiés sur l’autel de dissensions familiales et condamnés à l’errance, à la clandestinité et, surtout, au choix : trahir leur père ou rester à ses côtés.

La narration menée par le jeune garçon devenu adolescent, toute en subtilité et en retenue, souligne bien cet état de fait, mais on pourra regretter un fin un peu trop mélodramatique, en rupture avec le reste du roman. S’il s’adresse à des adolescents à partir de treize, certains pourront lui reprocher un « manque d’action », là où d’autres sauront apprécier l’accent mis sur les relations familiales, et le lien particulier avec Lucille, la petite sœur devenue étrangère au monde.

En fuite est un roman qui interroge, qui vient remuer le lecteur et le laisse avec une certaine amertume, celle de vies « restée[s] en suspens pendant huit ans ».

Je n’ai pas pris la peine de poursuivre la conversation et j’ai rassemblé mes affaires. Des livres, des cahiers, des carnets de notes et de dessins, voilà mes seuls trésors ?

J’ai profité de ce que Papa était en train de remplir le coffre pour griffonner quelques mots à Maman. Que lui ai-je écrit ? Que Lucille l’embrassait et qu’on ne l’oubliait pas… Jamais !

Je n’osais pas lui dire qu’on l’aimait. J’avais l’impression de ne pas être digne de ce mot. Quelque chose en moi savait bien que, par fidélité à Papa, je n’entreprenais pas tout ce qui était possible pour la revoir.

Après avoir caché le message sous des pieds de mon lit, je me suis rendus compte que Lucille ne s’était pas levée. Toujours couchée, elle pleurait en silence.

Quand j’ai soulevé la couette, j’ai découvert le visage de ma sœur baigné de larmes. Je lui ai caressé les cheveux. Je comprenais son désespoir et, pourtant, je ne pouvais rien faire pour elle.

- C’est pas juste, elle a chuchoté parce qu’elle craignait que Papa ne  l’entende.

S’il avait surpris ma sœur en pleurs, il ne se serait pas mis en colère, non, il se serait plutôt décomposé sous le choc. Depuis notre fuite, Lucille et moi, nous craignions surtout son désespoir à lui. Nous  préférions cacher notre douleur plutôt que d’affronter la sienne.

Thierry ROBBERECHT, En fuite.

Rat noir - Syros

144 pages – 12,50€

Paru en 2012

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748511840

L’auteur : Thierry ROBBERECHT est né à Bruxelles en 1960. Il a deux enfants très inspirants de onze et dix-sept ans. En 1993, il a gagné le prix de la communauté française dans le cadre de la Fureur de Lire, avec une nouvelle pour adultes. Depuis 1996, il est auteur jeunesse. Il a débuté avec des romans pour adolescents ou préadolescents. Il a poursuivi avec des textes illustrés, au fil de rencontres avec divers dessinateurs. Actuellement, il travaille sur un polar pour adultes.

07/04/2012

Un Cri dans la forêt (M. LEDUN)

« La forêt de pins s’étend à perte de vue. »

Partis cueillir des champignons dans la forêt interdite, Lucas et Antonin ont trouvé un trésor de cèpes et de bolets. À mesure que leurs paniers se remplissent, ils se sont enfoncés un peu plus profondément dans le bois, les yeux brillants d’excitation. Mais la nuit les ramène à la réalité. Les rouges-gorges ont disparu. Les cris du corbeau se sont tus. Les deux enfants perdus découvrent alors, au détour d’un bosquet, un lac et une île mystérieuse qui semble habitée…

Gentil roman destiné aux jeunes lecteurs d’une dizaine d’années, Un Cri dans la forêt joue avec les peurs enfantines : la désobéissance et ses conséquences, l’imagination qui déforme tout, une amitié indéfectible. L’histoire commence comme un Petit Chaperon rouge à la mode landaise et se termine aussi gentiment qu’elle avait commencée : dans les champignons !

- Ma mère va se faire du mauvais sang. Je n’aurais jamais dû te suivre. Si t’avais pas insisté, on ne se serait pas perdu en pleine forêt !

Les joues d’Antonin s’empourprent violemment.

- Tu oses dire que c’est de ma faute ?

- Parfaitement !

- T’es gonflé ! Si je me souviens bien, on avait tous les deux envie de remplir ce panier de champignons. J’ai forcé personne !

Lucas se mord la lèvre pour ne pas répondre à nouveau. S’énerver ne servirait à rien.

- Ecoute, c’est pas le moment de se disputer. Je…

- C’est toi qui m’accuses et c’est moi qui porte les sacs ! Je croyais que tu connaissais cette forêt.

Un silence coupable s’abat sur eux.

Marin LEDUN, Un Cri dans la forêt.

Souris noire - Syros

140 pages – 6€

Paru en 2010

L’auteur : Né à Aubenas le 07 mai 1975, Marin LEDUN a publié deux romans Au Diable Vauvert : Modus Operandi (Prix des lecteurs 2008 du Livre de Poche) et Marketing Viral (sélection pour le Prix d'adaptation cinématographique 2009 de la Région Rhône-Alpes) ainsi qu'un volet des épopées de la journaliste Mona Cabriole aux éditions La Tengo : Le Cinquième clandestin.

Adepte de l'ultra-marathon (une épopée au choix de cent kilomètres ou de 24 heures de course, dépourvue de l'esprit de compétition qui anime le marathon ou beaucoup d'autres sports), Marin LEDUN est avant tout un romancier héritier du néo-polar, du « roman noir violent ». Il pose la question des limites du progrès et de la maîtrise des corps dans la société industrielle. Car avant de donner libre court à sa vocation d'écritures, Marin LEDUN a obtenu un Doctorat en communication politique. Il est d'ailleurs l'auteur de La Démocratie assistée par ordinateur, et il poursuit ses recherches sur la thématique de la souffrance au travail. (Source Ricochet)

Site internet de l’auteur : http://www.pourpres.net/marin

18:11 Publié dans Vie quotidienne | Lien permanent | Tags : syros, souris noire, ledun, enfant, forêt | |  Facebook | | |