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10/07/2011

La Fille de mes rêves (C. LAMBERT - S. VANSTEEN)

« Pierre Morel – ou plutôt Sangoku-l’aventurier – a le cœur qui bat. »

Afin d’aider sa mère qui les élève seule, sa petite sœur et lui, dans leur HLM de banlieue, Kamel, lycéen banal, est veilleur de nuit dans une entreprise de haute technologie. Cette dernière commercialise Real Dream, un espace virtuel de rencontres auquel on accède par le rêve, grâce à un avatar. Ainsi, il va pouvoir entrer en contact avec sa nouvelle et sculpturale professeur de Français. Mais le problème, c’est que les choses vont se compliquer…

Roman tonique, au suspense haletant, à la fois drôle et profond, le roman à quatre mains de Christophe LAMBERT et Sam VANSTEEN est une vraie réussite. C’est davantage dans un univers fantastique que l’on pénètre avec cette Fille de mes rêves, en ce sens qu’on entre dans une réalité proche de la nôtre, très proche, mais où l’on a basculé dans un univers où l’argent et le virtuel sont partout. Les établissements scolaires sont gérés par de grands groupes privés (le collège s’appelle Francis Bouygues, le lycée Lagardère…) et l’on se réfugie dans le virtuel pour y rêver tranquille, parce « le réel, c’est la porte ouverte aux déceptions, aux visages cernés par une mauvaise nuit, sans compter les soucis et les contingences bassement matérielles ». Pour autant, on continue à rouler en scooter, même si on recourt plus souvent aux gélules alimentaires qu’à la cuisine mijotée…

La narration joue sur plusieurs niveaux, tantôt à la troisième personne pour raconter la trame de l’histoire, tantôt à travers la voix de Kamel pour apporter un contrepoint à la fois lucide et rafraîchissant sur cette société miroir de la nôtre. L’écriture est dynamique, les chapitres courts, et l’on suit sans difficulté les aventures des multiples personnages. L’intrigue policière apporte un surcroît d’intérêt à l’ensemble et fait de La Fille de mes rêves un roman que l’on dévore d’une traite, qui plaira à tous, filles et garçons.

L’unité Watchmen est un service ultra secret. Ses membres, les « veilleurs », ont pour mission de contrôler les rêves des abonnés. Ils travaillent dans une salle bardée d’écran. Chaque songe s’apparente à un programme télé, une chaîne différente. Les techniciens zappent sans relâche. Au moment de la mise en place de Watchmen, il s’agissait de répertorier et d’analyser les habitudes des consommateurs, leurs fantasmes, leurs déviances, pour mieux anticiper la demande et proposer un éventail de décors oniriques toujours plus attractifs. Puis, au fil des semaines, des incidents se sont multipliés. On peut les ranger en deux grandes catégories. Les incidents de type comportemental, tout d’abord. De temps en temps des gens – surtout des hommes – vont un peu trop loin. Un viol virtuel n’est pas un viol, mais quand même… Des clientes traumatisées, voilà une publicité dont la société tient à se dispenser. Quand une telle alerte se déclenche, les veilleurs doivent analyser la situation en quelques secondes et interrompre le rêve avant que l’irréparable ne soit commis. Un simple bouton et « clic », c’est fini.

Christophe LAMBERT-Sam VANSTEEN, La Fille de mes rêves.

Soon - Syros

330 pages – 15,90€

Paru en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748509854

Les auteurs :

Sam VANSTEEN : « Mon rêve, ce serait d’être écrivain »
« Et bien écris » m’a répondu tout naturellement un ami. C’était il y a dix-huit ans. Sous cette impulsion, j’ai donc rédigé mon premier roman. Un thriller policier. Resté depuis dans un carton. Mais après quelques années de persévérance Le Méli Mélo d’Alma et Léo est né aux éditions les Portes du Monde (2003), suivi par Le Guide des Tribus (2005, même éditeur) et par Le Courrier de Lollytop (Hachette jeunesse, 2005) version papier de la chronique que j’animais alors pour Canal j.
Car entre temps je m’étais faite littéralement happer par le monde de la jeunesse et celui de la télévision. Dix ans à Canal j en tant que journaliste et chroniqueuse, puis ensuite journaliste, présentatrice et réalisatrice d’émissions spéciales – notamment jeunesse – pour Equidia, la chaîne du cheval. D’où Acrobate, un roman situé dans le monde équestre et Dino (éd. Manuscrit.com). Enfin c’est un retour vers des strates plus obscures, un roman policier pour adultes, Mémoire Vive, qui a conduit Christophe Lambert à me contacter pour co-écrire avec lui La Fille de mes Rêves afin que je me consacre à la partie enquête.
Écrivain et comédienne, mon autre métier, je suis maintenant installée à San Francisco avec mon mari et ma fille Amy, 4 ans.

Christophe LAMBERT (non, pas l’acteur !) est né en 1969 en région parisienne. Il a suivi des études de cinéma, réalisé plusieurs courts-métrages, travaillé pour la télévision (M6) et dirigé des ateliers vidéo dans les collèges. Il vit actuellement de sa plume.
Dès son premier roman de science-fiction, La Nuit des mutants (1997), dont l’action a pour cadre un bagne orbital, il obtient le Prix Ozone. Depuis, il a publié une quarantaine de romans en littérature jeunesse, parmi lesquels un impressionnant roman-catastrophe, Titanic 2012 (1999), un roman historique sur la guerre de 14-18, L’Or et la boue (2002), Infaillible ! (2007), etc.
Son goût pour les romans d’anticipation sociale en a fait un pilier de la collection « Autres Mondes » chez Mango, avec des romans comme Clone connexion (2002), Petit Frère (2003) ou encore La Loi du plus beau (2004).
Il a récemment effectué une percée remarquée en littérature adulte avec Zoulou Kingdom (2007), Le Commando des Immortels (2008), Vegas Mytho (2010) et surtout La Brèche (2005), qui a remporté un beau succès, et en littérature pour young adults avec Le Dos au mur (2008).
La force de Christophe Lambert est d’intéresser tous les publics, les jeunes comme les moins jeunes, avec des romans à l’écriture cinématographique, dynamiques et intelligents.

10:42 Publié dans Science-fiction | Lien permanent | Tags : syros, soon, lambert, vansteen, adolescent, virtuel, rêve | |  Facebook | | |

03/07/2011

Taourama et le lagon bleu (J. TEISSON)

« La fête de Noël est terminée. »

Orphelin de mère, Taourama a été élevé par sa grand-mère en Polynésie. Jusqu’au jour où son père l’a fait venir en France afin qu’il vive avec lui. Il avait alors neuf ans. Trois ans ont passé, il est parfaitement heureux dans cette autre vie, s’entend à merveille avec sa belle-mère, sa demi-sœur et son demi-frère et vient de recevoir un magnifique cadeau de Noël : un billet d’avion pour aller passer ses vacances à Rangiroa, revoir sa grand-mère maternelle et tous ceux qu’il a laissés derrière lui. Vont alors remonter les souvenirs d’autrefois…

Construit en retour en arrière, Taourama et le lagon bleu raconte l’itinéraire d’un enfant à double culture, mi-européen mi-polynésien. Heureux dans sa vie, parfaitement intégré, le cadeau va permettre de faire émerger ce qu’il croyait enfoui au plus profond de lui et qui fait cependant son essence : son attachement à cet autre pays, à ces autres croyances, à cette autre culture.

C’est le récit d’une intégration qui a dû gommer une partie de certaines choses et qui resurgissent soudain. Narrateur de cette histoire, le jeune Taourama est un personnage attachant, soucieux de toujours trouver sa place, se sachant malhabile mais tentant néanmoins de bien faire. Janine TEISSON a su construire une galerie d’adultes autour de lui, souvent bienveillants, mais pas toujours, qui sauront le guider et l’aider dans son cheminement.

Roman d’odeurs, de saveurs, qui exalte la beauté des îles polynésiennes, sans toutefois masquer une certaine réalité, Taourama et le lagon bleu est un roman juste, optimiste et profond.

Mon copain Isidore m’a envoyé la même carte du lagon bleu chaque Noël, avec presque les mêmes mots : « bon Noël, bonjour de tous les amis, à bientôt j’espère. » Il n’a jamais été très bon pour écrire. A Rangiroa, le choix de cartes n’est pas très varié, et le lagon bleu, c’est ce qu’il y a de plus beau. La première fois, en ouvrant l’enveloppe, ça a été comme si on m’avait donné un coup de poing dans la poitrine. Ce bleu, je le reconnaîtrais entre cent mille. C’est dans ce bleu que je flotte quand je rêve de mon atoll. Même Véronique qui comprend tout ne peut imaginer ce que c’est que d’aller dans le lagon, là où on ne voit la terre que comme un fin trait de crayon au loin. On arrête le moteur du bateau. Le lagon est plat. Les nuages se reflètent dans l’eau. Le silence est total. On est suspendu dans le bleu. Le temps s’arrête. Rangiroa, dans notre langue, ça veut dire « Grand Ciel ». Peut-être qu’un jour mes parents, Eloïse et Benoît connaîtront ça. J’aimerais bien.

Janine TEISSON, Taourama et le lagon bleu.

Tempo - Syros

105 pages – 5,95€

Paru en 2011

L’auteur : Janine TEISSON a vécu son enfance au Maroc, sa jeunesse en Côte-d’Ivoire. Parvenue au milieu de sa vie (statistiquement), après avoir été enseignante, éducatrice, clown, couturière, elle s’est lancée dans l’écriture. Sans doute pour continuer à faire rire, réfléchir ou pleurer, à créer de la beauté, à faire des plans, à aller à l’essentiel ou à la fantaisie. Son goût de la diversité s’exprime dans ses livres qui s’adressent aux adultes, aux enfants, aux adolescents. Joie et gravité, cruauté et tendresse et par-dessus tout plaisir d’écrire pour tous publics se mêlent dans ses nouvelles, contes, récits autobiographiques, romans (contemporains, policiers, SF, romans historiques).

27/06/2011

Soupçons (H. MESTRON)

« Ma mère a trouvé du travail en province. »

Adolescent à l’allure un peu décalée (il porte de très longs cheveux jusqu’en bas du dos et collectionne les vingt sur vingt), James vient de débarquer à Valence où sa mère a trouvé du travail. Une belle maison, un nouveau collège, tout irait pour le mieux s’il ne se sentait pas étrange. Bizarre. Différent. Et quand de surcroît des événements inexpliqués se produisent, il commence vraiment à douter de lui…

Raconté à la première personne, Soupçons est le récit mené par un adolescent qui découvre un nouvel endroit et essaie de s’y intégrer, sans toutefois vouloir se renier. Hervé MESTRON a su jouer assez habilement avec les frontières : les événements étranges qui semblent s’y dérouler sont presque flous, comme si le narrateur n’arrivait pas vraiment à y croire lui même.

Court récit de moins de cent pages, c’est d’ailleurs le principal reproche que l’on pourrait faire à ce roman : tout paraît s’y précipiter sans qu’on ait vraiment eu le temps de réagir et la fin « tombe » sur le même rythme, très vite. C’est cependant un roman qui pourra plaire à des lecteurs peu chevronnés, les autres risquent de rester sur leur faim.

Puis c’est comme partout ailleurs, les choses finissent par se caler, les personnalités cohabitent, la terre continue de tourner. Faut dire que je ne suis pas particulièrement sauvage. Moi j’aime le collège parce qu’il y a du monde, tout le temps, et toutes sortes de gens, des bouilles, des pifs, des bides, des ongles rongés et de bananes première fraîcheur. La pire des maladies, c’est d’être seul. Parce que c’est à travers les autres qu’on arrive le mieux à exister. Prenez un exemple : jaloux tout seul, ça n’existe pas. La jalousie, c’est toujours quelque chose qui vous relie à l’autre. Comme l’amour ou le ping pong.

Hervé MESTRON, Soupçons.

Tempo + - Syros

91 pages – 5,95€

Paru en 2011

L’auteur : Hervé MESTRON est né en 1963 à Valence. Lauréat du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, il devient très vite un auteur aux multiples facettes, passant indifféremment du polar à la comédie, de l’écriture de scénario au roman musicologique, de la fiction radiophonique à la littérature jeunesse. Certains de ses livres ont été traduits en plusieurs langues.

23/06/2011

Tout près, le bout du monde (M. LETHIELLEUX)

« Le plus difficile, c’est de commencer.»

Ils sont trois « bras cassés » de la vie qui débarquent un beau jour de novembre dans la ferme de Marlène, le bout du monde. Placés par l’institution, c’est une reconstruction par le travail qu’on leur propose : Marlène retape une vieille grange et ils doivent l’aider. Il y a Malo, le plus jeune, Julie et Solam. La règle est de chaque soir écrire une page, thérapie par l’écriture. C’est ainsi que va se dérouler le roman, à travers les trois voix qui d’abord déraillent avant peu à peu de se mettre à l’unisson.

La force du roman est d’abord sa construction tout en subtilité : en faisant le choix de laisser la parole à ses personnages, Maud LETHIELLEUX leur donne vie, leur donne voix, les rend tour à tour attendrissants, agaçants ou amusants. Loin de dire tout tout de suite, elle laisse le lecteur lentement cheminer à travers l’histoire de chacun, sans jamais juger ou influer. Le personnage de Marlène n’existant qu’à travers les témoignages des trois est notamment peu à peu dessiné, émergeant petit à petit, en filigrane du texte.

Une fois de plus, Maud LETHIELLEUX laisse parler sa tendresse envers les laissés-pour-compte, les marginaux, ceux que la société condamne sans prendre le temps de comprendre et, si certains passages peuvent horripiler, comme horripilent certaines personnes, d’autres savent aller droit au but et l’on referme le livre avec beaucoup d’émotion. Tout près, le bout du monde est une belle réussite.

Évidemment j’y ai pensé mais j’avais trop envie d’une vraie bouffe, avec du gras, tu vois, de la crème fraîche et des lardons, pas avec ton huile d’olive bio et tes oignons coupés gros comme ça. Comme je me suis pas gêné et comment t’as rien dit quand je t’ai dit de t’arrêter devant la supérette !

Après tous les ordres que tu nous as donnés pour tes putains de travaux, je me suis bien défoulé : épluche les châtaignes ! Y reste de la mousse sous le bolet !

N’empêche, t’as tout fait comme il faut. T’es plus docile que j’aurais pensé.

Au moins maintenant tu sais que même dans ta cuisine de Cro-Magnon on peut faire de la vraie bouffe. T’as entendu qu’on entendait rien pendant tout le repas ? T’as vu comment l’anorexique était plus anorexique ?

Maud LETHIELLEUX, Tout près, le bout du monde.

Éditions Flammarion - Tribal

510 pages – 10 €

                                    Paru en 2010

L’auteur : Maud LETHIELLEUD est musicienne et metteur en scène. Elle a parcouru le monde, de l’Asie à la Nouvelle-Zélande. Elle a publié Dis oui, Ninon chez Stock en 2009, puis D’où je suis, je vois la lune, son deuxième roman. Après J’ai quinze ans et je ne l’ai jamais fait, Tout près, le bout du monde est son deuxième roman pour la jeunesse.

Site de l’auteur : http://maudetlesmots.free.fr

08/06/2011

Le Signe de K1 - Le Temps des Tsahdiks (C. GRATIAS)

« Notre frère Yehuya s’est « effacé » à son tour ce matin. »

An 2322, les hommes s’effacent peu à peu, sans explication. Jusqu’à la vérité : les « pionniers » ont été manipulés. Envoyés sur Terre en 2020 pour préserver la survie des peuples futurs, ils découvrent que le virus envoyé propage la violence et que le président Tubal-K ne cherche qu’une chose : se protéger, lui et sa caste, et tuer « l’Ancêtre », à l’origine de la lignée des K2 et K3.

Curieux résumé, à la limite de l’incompréhensible ainsi dit, Le Signe de K1 – Le Temps des Tsahdiks est la suite de Le Signe de K1 – Le Protocole de Nod et la plupart des personnages du premier volume se retrouvent dans le second. Il est néanmoins tout à fait possible le second sans avoir pris connaissance du premier, chaque livre formant un tout et le second explicitant les développements du premier.

Claire GRATIAS a écrit un roman tout à fait passionnant, à la fois complexe et limpide. Complexe car sa construction est extrêmement subtile, jouant sur la chronologie, les allers-et-venues dans le temps, et ménageant à chaque chapitre ou presque un rebondissement inattendu. Et limpide cependant car la narration déroule son fil avec fluidité, les personnages sont extrêmement bien construits, avec beaucoup de finesse, et l’on s’attache à leur destin avec une angoisse mêlée d’espoir.

Le Signe de K1 – Le Temps des Tsahdiks ouvre une réflexion particulièrement intéressante sur notre société actuelle, ses dérives et ses limites. Roman de science-fiction, roman fantastique, avec ses voyages dans le temps et autres pouvoirs paranormaux, mais aussi roman de société, avec les thèmes de la manipulation politique des populations laissées dans l’ignorance par ses dirigeants, et roman d’amour enfin, Le Signe de K1 – Le Temps des Tsahdiks a tout pour plaire à différents publics.

- Mes jours sont désormais comptés, Menadel.

Le vieil homme ressentit une vive émotion. Cependant, pas un trait de son visage ne tressaillit.

- Que cherchaient-ils ? demanda-t-il calmement.

- Ils ont réussi à décoder l’iris de mes yeux, puis à partir de là, grâce à leurs connaissances extrêmement poussées en biométrie, ils sont remontés dix générations en arrière et ont reconstituer la signature iridienne de mon ancêtre. Celui qui vivait au XXIème  siècle…

- Vous voulez dire… l’Ancêtre ?

Oui. Grâce à son IrisCode, ils sont désormais en mesure de l’identifier. (…)

- Que comptez-vous faire, Commandeur ? demanda-t-il en rouvrant les paupières.

- Nous n’avons pas le choix : nous devons le trouver avant eux. Nous devons sauver l’Ancêtre.

Claire GRATIAS, Imago.

Soon - Syros

336 pages – 15,90€

Paru en 2011

Feuilleter un extrait : http://www.syros.fr/feuilletage/viewer.php?isbn=9782748510614

L’auteur : Née un an après "Les Tontons flingueurs", Claire GRATIAS ignorait alors que ce chef-d'œuvre deviendrait un jour son film culte. À cette époque, la télévision était en noir et blanc et ne proposait que deux chaînes. Restait la lecture. Elle s'y adonna avec ferveur. Sa deuxième grande passion était le cirque. C'est probablement ce qui la conduisit à rejoindre pour un temps le grand corps malade de l'Instruction Publique alors rebaptisée Nationale Éducation, où elle exerça durant quinze patientes années au cœur même de la cage aux fauves, sous les regards admiratifs de spectateurs frémissants d'angoisse et de compassion. Jusqu'au jour où elle se rappela cette sage maxime de l'oncle Fernand : « Quand la protection de l'enfance coïncide avec la crise du personnel, faut plus comprendre, faut prier… » Et elle s'enfuit nuitamment avec un trapéziste volant. Après un atterrissage forcé sur le toit d'une maison d'édition, elle décida de se reconvertir dans l'écriture (« Ah ! si c'est une œuvre… »). Depuis, elle rencontre régulièrement de gentils lionceaux gavés de télévision pour parler avec eux de livres noirs et blancs…