26/02/2013
Café givré (S. SELFORS)
« Quand je l’ai aperçu pour la première fois, il dormait dans l’arrière-cour de notre café. »
« Vous croyez aux signes ? La foudre qui frappe une voiture dont vous sortez à l'instant, un chat noir qui traverse votre chemin... Vous voyez ce que je veux dire ? Le hasard, peut-être. Moi, je n'y ai jamais cru, à ce genre de trucs. Avant de le rencontrer, lui. » Chez Anna est un petit café où le temps s'est arrêté. Katrina y vit paisiblement avec sa grand-mère. Jusqu'au jour où la magie et la poésie s'immiscent dans sa vie...
Joli roman un peu à contretemps, Café givré est une drôle d’histoire, celle d’une jeune fille qui aime regarder la vie passer en restant un peu en retrait, s’abritant derrière ceux qu’elle aime et qui l’aiment, formant autour d’elle un cocon protecteur. L’histoire est un peu languissante parfois, mais l’irruption de cet ange qui tombe du ciel pour venir changer la vie est une plaisante idée…
– Au fait, quelle option vas-tu choisir pour l'examen de fin d'études ?
– Euh… Je devrais le savoir ?
Il fait la grimace. C'est clair, il pense « Celle-ci est vraiment trop gourde, pauvre fille » mais il se reprend vite.
– Il n'est jamais trop tôt, tu sais. Dans quelle matière es-tu bonne ?
Je sais faire le café. Nettoyer les tables. Attirer des types bizarres en kilt.
– Aucune, en réalité.
– Tout le monde excelle dans un domaine en moins.
– Je n’en suis pas si sûre.
– Mais bien sûr que si !
Il montre une affiche représentant un groupe de gens, chacun portant un uniforme différent. Le texte proclame : nous avons tous un talent.
Suzanne SELFORS, Café givré.
Flammarion
400 pages – 11,50€
Titre original : Coffehouse Angel – Paru en 2012 – Traduit en Français en 2012
L’auteur : Suzanne SELFORS est américaine et vit près de Seattle. C’est à la naissance de son fils qu’elle a commencé à écrire et c’est tout naturellement qu’elle s’est tournée vers les romans pour enfants et adolescents. Ses livres ont tous un point commun : une petite touche de magie qui change tout.
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12/02/2013
Dans la nuit blanche et rouge (JM. PAYET)
« Dix fois elle avait essayé, et dix fois elle avait renoncé. »
Pétrograd, février 1917. Dans une Russie épuisée par des années de guerre, où grondent la famine et le mécontentement, où sévit la police secrète du tsar, la comtesse Tsvetana Kolipova, dix-sept ans, rêve d’un monde qu’elle voudrait plus juste et moins arbitraire. Contribuant à une revue clandestine, la jeune fille découvre bientôt un secret familial qui va balayer ses repères et, avec eux, les vestiges d’un empire qui vit ses derniers instants. Des contreforts de l’Oural à la Sibérie Occidentale, des premières émeutes populaires à l’exécution sommaire des Romanov, Tsvetana cherchera ainsi à retrouver la trace de sa demi-sœur, Natacha, dont tout la sépare, à mettre la main sur un étrange bijou aux vertus surnaturelles pour lequel certains seraient capables de tuer et, surtout, à rejoindre Roman Vrabec, ce jeune homme sans âge dont le destin semble irrémédiablement lié au sien…
Traversé de part en part par un souffle épique, le roman de Jean-Michel PAYET est absolument captivant : qu’il s’agisse de la reconstitution historique, aussi pointue que fidèle, des personnages, humains, très humains, trop humains, ou encore de cette intrigue tout à fait particulière, aux frontières du fantastique, le lecteur est emporté dans un tourbillon dont il ne pourra s’arracher qu’une fois tournée la dernière page. Et encore, car on ne peut qu’implorer de connaître la suite…
Son héroïne est aussi jolie qu’audacieuse, intelligente et pleine d’empathie pour les autres, militante sans être manichéenne, et c’est à sa suite que l’on s’engouffre dans cette révolution russe, en priant pour qu’elle retrouve son bel inconnu, voleur à ses heures, danseur à d’autres, mais toujours mystérieux, et le fameux bijou...
Il y a du Maurice LEBLANC chez Jean-Michel PAYET, dans cette manière de mêler la petite et la grande histoire, l’humour et la noirceur humaine, le romantisme et la nécessité, souhaitons-lui donc qu’à la manière de ce dernier, il nous réserve de nouvelles aventures de cette jolie comtesse Tsvetana Kolipova. En attendant, cette saga romanesque époustouflante est à lire absolument !
Tandis que la comtesse retouchait son maquillage et que Katia avait retrouvé une amie, Tsvetana éprouva un brusque sentiment de solitude. Elle se dévisagea dans un miroir, comme surprise de se découvrir entourée de ces femmes qui représentait tout ce contre quoi elle luttait. Cependant, presque malgré elle, elle contemplait les fourreaux, les diadèmes, les rangées de diamant, et toutes ces tenues audacieuses qu'on avait réussi à faire venir de Paris malgré la guerre qui paralysait l'Europe. En comparaison, elle mesurait encore combien sa robe paraissait datée.(…) Comprimée par son corset, la jeune fille ne se reconnaissait pas dans cette silhouette élégante, cette taille affinée et ce buste épanoui. D’étudiante en uniforme, elle se découvrait jeune aristocrate et cela la troublait. Ce n'était pas seulement la robe qui la faisait comtesse, mais surtout dix-sept années d’éducation et d’évolution dans ce monde privilégié. Elle imaginait qu’une paysanne de son âge, parée de la même tenue, n’aurait peut-être pas eu les mêmes gestes et le port qui vont avec. C’était d’ailleurs pour cela aussi qu’elle se battait. Pour que tous ceux qui mettaient pied sur cette terre aient les mêmes chances de goûter au plaisir de la vie. Comtesse, l’était-elle? Le serait-elle réellement un jour ? Elle l’ignorait et, surtout, elle ne savait pas si elle le souhaitait.
Jean-Michel PAYET, Dans la nuit blanche et rouge.
Editions Les Grandes Personnes
512 pages – 18€
Paru en 2012
L’auteur : JEAN-MICHEL PAYET est né en 1955 et vit tout près de Paris. Architecte, illustrateur et écrivain, il est notamment l’auteur de Ærkaos et de Mademoiselle Scaramouche aux Éditions des Grandes Personnes, et des séries Blue Cerises et 2065, parues chez Milan.
Blog de l’auteur : http://jean-michelpayet.hautetfort.com
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29/01/2013
Une vie ailleurs (G. ZEVIN)
« La fin a été rapide, et elle n’a pas souffert. »
Liz Hall, quinze ans, vient de mourir dans un accident de vélo. Elle se retrouve sur Ailleurs, un lieu où les défunts rajeunissent jusqu'à redevenir bébés avant de repartir dans le grand cycle de l'humanité... Pour Liz, qui rêvait d'atteindre enfin ses seize ans, le choc est brutal. Car elle n'a aucune envie de rajeunir. Ce qu'elle voulait, c'était décrocher son permis de conduire. Entrer à la fac. Connaître le grand amour. Il va pourtant lui falloir faire le deuil de son ancienne vie sur Terre avant de trouver un sens à cette nouvelle existence...
Étonnant roman que cette Vie ailleurs : sur un sujet a priori abracadabrantesque, un bateau qui emmène les morts sur une île, les fait rajeunir, avant de les renvoyer sur terre se réincarner, Gabrielle ZEVIN produit un roman plein de charme, de tendresse et de poésie. Son héroïne, quoique morte, est restée l’adolescente un peu butée qu’elle était ante mortem et en fait voir de toutes les couleurs à ceux qui l’accueillent dans ce nouvel « ailleurs » où elle n’a pas demandé à venir.
Il lui faudra faire le deuil des choses qu’elle ne connaîtra jamais vivante, mais accepter de les découvrir une fois morte, avec cet angle un peu biaisé de passer sur des traces qui ont déjà été faites. Les relations humaines ne sont pas moins complexes parce qu’on est passé de l’autre côté et il faut apprendre à vivre (!) avec la souffrance d’avoir laissé ceux que l’on aimait dans la douleur, renoncer à vouloir les consoler (au risque de tout empirer…) et accepter de les voir continuer leur vie sans nous.
Regorgeant de jolies trouvailles, ainsi, sur Ailleurs, on n’exerce pas de métier mais on a une « vocation », on parle avec les chiens, présentant des personnages secondaires aussi attachants que l’héroïne, Une vie ailleurs est un très joli roman.
Lise avait été heureuse. C'était extraordinaire… Pendant tout son séjour sur terre, elle ne s'était pas considérée comme quelqu'un de particulièrement heureux. Comme beaucoup de gens de son âge, elle avait été sujette à des sautes d’humeur et à des coups de cafard dont elle trouve aujourd’hui les raisons totalement stupides : elle n’avait pas été la coqueluche du lycée, elle n’avait pas de petit ami, son frère lui tapait parfois sur le système, et elle avait des taches de rousseur. A de multiples égards, elle avait vécu comme si elle attendait que toutes les choses bien arrivent : habiter seule, aller à la fac, conduire une voiture. Aujourd’hui, Liz voir enfin la réalité en face. Elle avait été heureuse. Heureuse, heureuse, heureuse. Ses parents l’avaient aimée ; sa meilleure amie avait été la fille la plus compréhensible et la plus merveilleuse du monde ; le lycée avait été facile ; son frère n’avait pas été si abominable que ça ; son carlin s’était plu à dormir à côté d’elle dans le lit ; et puis, oui, elle était même passé pour jolie. Jusqu’à une semaine plus tôt, sa vie s’était déroulée sans la moindre anicroche. Son existence avait été heureuse et simple, et maintenant cette existence était terminée.
Gabrielle ZEVIN, Une vie ailleurs
Albin Michel - Wiz
320 pages – 14,20 €
Paru en 2012 en poche – 6,90 €
L’auteur : Gabrielle ZEVIN vit à New York. Elle a travaillé comme scénariste. Elle est l'auteure de et Je ne sais pas pourquoi je t'aime (Wiz, 2009) et La Mafia du chocolat (Wiz, 2012).
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30/12/2012
Théa pour l'éternité (F. HINCKEL)
« Je n’avais pas encore seize ans. »
Théa est secrètement amoureuse de Théo, son voisin et meilleur ami d’enfance, qui lui préfère la pom-pom girl du lycée. Elle vit seule avec sa mère, une ancienne présentatrice de télévision obnubilée par le souci de paraître jeune, et elle a l’impression que le temps passe trop vite et que les promesses de l’enfance sont déjà loin. Alors, quand le professeur Jones lui propose d’être le plus jeune cobaye d'un programme visant à stopper le vieillissement, Théa se dit que c’est une chance unique qui s’offre à elle...
A travers son roman, Florence HINCKEL aborde la question au centre de notre société : l’apparence. Paradoxalement, dans un monde où l’on veut le plus rapidement être autorisé à tout, à aller toujours plus vite, on veut aussi arrêter le temps, le figer, et que tout soit aussi beau que dans l’enfance.
Car il y a de l’Antigone chez Théa, ce « je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ». Elle veut que le temps s’arrête à ses seize ans, même si elle n’a pas encore eu le temps d’apprécier cette « fleur » de l’âge et qu’elle est déjà dans le regret de l’enfance dont elle n’est pas sortie, dans cette relation fusionnelle avec sa mère qui va malgré elle l’entraîner vers l’opération fatidique.
Narratrice de sa propre histoire, Théa nous détaille ses actions et ses comportements, davantage que ses pensées qu’elle esquisse plus qu’elle ne les dépeint, et c’est ce qui lui donne une certaine superficialité, malgré la profondeur du sujet.
- Et si ton père avait raison ? Et si nous étions plus nombreux que tu ne le crois penser comme ton père ?
J'en fus estomaqué. Je mis plusieurs secondes, peut-être une minute entière, avant d'oser lui demander :
– Tu veux dire que… que toi tu choisirais de ne pas prendre le traitement ?
– Bien sûr, Théa ! Bien sûr que je refuserais de prendre cette saloperie ! Qu’est-ce que tu crois ? Qu’est-ce qui donne de la beauté aux choses ? C’est le fait qu’elles changent et qu’elles meurent, Théa, c’est parce qu’elles meurent qu’elles sont belles ! Pourquoi tu crois que je fais de la photo ? Pour saisir des instants qui ne reviendront jamais, et c’est ce que j’aime. Fixer ces choses-là, furtives, mais les fixer sur une image, pas en vrai. Sinon, quel intérêt ?
Florence HINCKEL, Théa pour l’éternité
Syros - Soon
224 pages – 15,50 €
Paru en 2012
L’auteur : Florence HINCKEL est née en 1973, dans le nord-est de la France, dans la région des hauts fourneaux. Pour cause de fermeture d'usine, ses parents ont choisi de déménager en Provence quand elle avait trois ans, pour y trouver du travail... et du soleil. Toute petite, elle rêvait d'être écrivain, ou bien ingénieur en aéronautique. Elle a écrit son premier roman à onze ans. C'était un roman d'aventures, qui menait ses héros en plein cœur de la forêt amazonienne. Elle adorait aussi les mathématiques et les nouvelles technologies. Ses goûts éclectiques lui ont posé de sérieux problèmes d'orientation ! Elle a choisi de suivre des études d'informatique, mais elle est finalement devenue professeure des écoles. Elle a enseigné principalement à Marseille, mais aussi en Guadeloupe et en Guyane. Après la naissance de sa fille, elle a renoué avec l'écriture, et a publié son premier roman pour enfants, un polar, en 2003. Depuis, elle a eu un petit garçon, et a écrit de nombreux romans jeunesse (dont L’été où je suis né, en 2011, dans la collection « Scripto » chez Gallimard). Aujourd'hui, elle écrit à plein temps.
Blog de l’auteur : http://florencehinckel.com
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Victoria rêve (T. DE FOMBELLE)
« Victoria se retourna vers celui qui la suivait dans l’ombre. »
Victoria veut une vie d'aventures, une vie folle, une vie plus grande qu'elle. Autour d'elle, on dit : « Victoria rêve ». Sauf que, depuis quelque temps, un monde imaginaire débarque dans son existence : l'impression qu'une foule de personnages descend de sa bibliothèque en rappel pour venir semer la pagaille. Y a-t-il un lien avec les livres qui disparaissent de sa chambre ?
Court récit d’un peu moins de cent vingt pages, joliment illustré par François PLACE, ce Victoria rêve a des allures de conte presque philosophique, à la manière du Petit Prince. La jolie rêveuse, pourtant bien ancrée dans la réalité, a des idées bien arrêtées sur tout et surtout ce qu’elle ne veut pas. Elle évolue dans un univers qu’elle poétise en y posant son regard un peu décalé, empreint de ses lectures, et le transfigure, sans jamais oublier cependant qu’il y a la vie réelle.
Annoncé pour lecteurs à partir de neuf ans, Victoria rêve risque cependant de dérouter les jeunes lecteurs, qui chercheront vainement l’action et l’aventure promises. Les autres, les plus grands ou les plus rêveurs, sauront apprécier la douceur de cette bulle littéraire, légère et fragile.
Victoria s’engouffra dans la nuit. Depuis quelques temps, un monde imaginaire débarquait dans son existence. Elle avait l'impression d'une foule de personnages qui descendait de sa bibliothèque en rappel pour venir semer la pagaille. Victoria voulait savoir ce qui lui arrivait. Y avait-il un lien avec les livres qui disparaissaient de sa chambre ? Toutes ces pages étaient-elles en train de se glisser à l’intérieur de sa vie ?
Cela devenait sérieux, étourdissant, comme une invasion.
Timothée de FONTBELLE, Victoria rêve.
Gallimard Jeunesse
112 pages – 13,50€
Paru en 2012
L’auteur : Timothée de FOMBELLE est né en 1973. D'abord professeur de lettres, il se tourne tôt vers le théâtre. En 1990, il crée une troupe pour laquelle il écrit des pièces qu'il mettra lui-même en scène. Depuis, il n'a cessé d'écrire pour le théâtre.
Sa pièce Le phare, écrite à dix-huit ans, est traduite et jouée en Russie, Lituanie, Pologne et au Canada. Son texte Je danse toujours (Actes Sud) a été lu à l'ouverture du festival d'Avignon, en 2002. Tobie Lolness a été traduit en 28 langues et a reçu de nombreuses distinctions dont le prix Andersen (Italie), le Marsh Award, le prix Tam-Tam et le prix Sorcières. En 2010, paraît Vango (Prix Livre entête - roman Ado 2011 ; Prix "Les mordus du polar" 2011 ; Prix jeunesse 2011 des libraires du Québec), une histoire en deux volumes, dont le tome 2 est publié en 2011.
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