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14/04/2010

Les Vampires de Londres (F. COLIN)

Les étranges soeurs Wilcox.jpg« A la seconde où Amber ouvrit les yeux, elle ne vit d'abord que les ténèbres. »

Londres, 1888. Deux très jeunes filles errent dans les rues de Londres. Elles viennent d'émerger d'un sommeil lourd et sans rêves, pleines de questions : pourquoi étaient-elles enterrées dans ce cimetière ? Comment ont-elles pu en sortir ? Et où est leur père ? Autant de questions dont elles vont chercher les réponses, rencontrant au passage nombre de personnages à la fois mystérieux et connus...

Premier volume d'une série intitulée « Les étranges sœurs Wilcox », Fabrice COLIN a choisi de mettre  en scène Amber et Luna Wilcox, deux sœurs vivant à Londres à l'époque victorienne. Et il a choisi de convoquer toutes les références culturelles - et surtout littéraires - de l'époque : on croise un certain Abraham Stoker, très intéressé par les « draculs », Sherlock Holmes retiré des affaires mais néanmoins toujours flanqué de son sempiternel Watson et même, au croisement d'un souterrain... la Reine Victoria ! L'Empire est menacé, les sociétés secrètes sont partout et c'est des sœurs Wilcox que l'on attend le salut...

Ces « étranges sœurs » vont se trouver entraînées dans un dédale de mystères, de personnages plus ou moins connus et plus ou moins retors et l'on ne peut que saluer l'hommage que rend ici Fabrice COLIN à ceux qui furent sûrement les maîtres de ses lectures de jeunesse...

- Mm, marmotta le docteur en noircissant une nouvelle page de son carnet. Amber, ainsi que je te l'ai expliqué, je ne suis ici que pour vous aider.

- Alors pourquoi n'avons-nous pas le droit de sortir ? Pourquoi sommes-nous emprisonnées ?

Vous n'êtes pas emprisonnées. Je vous le répète, vous êtes en observation,  et c'est une période qui s'achèvera bientôt. Je dois simplement m'assurer que vous allez bien.

Que nous allons bien ! Voyons, docteur, ça me paraît évident ! Nous dormons le jour parce que nous ne supportons pas la lumière du soleil. Nous sommes incapables d'avaler quelque aliment que ce soit à part du sang d'animal, et nous tordons des barres de fer comme s'il s'agissait de bâtons de guimauve. Qu'est-ce qui vous fait penser que nous avons un problème !

Le docteur Hoaxley posa sa plume et entortilla sa moustache autour de son index.

Je te demande seulement un peu de patience.

Fabrice COLIN, Les Vampires de Londres.

Gallimard jeunesse

284 pages - 13,50€

Paru en 2009

L'auteur : Né en 1972, Fabrice COLIN est un auteur prolifique et reconnu de Fantasy. Il a publié de nombreux romans, romans graphiques, BD et nouvelles en jeunesse et en adulte. Il a été primé pour : Le Cycle d'Arcadia : Vestiges d'Arcadia, prix Ozone 1999 (Meilleur roman de fantasy francophone). Dreamericana, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman français). CyberPan, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman jeunesse)

Site internet : http://dreamericana.free.fr/fabricecolin.htm

Un autre extrait : "black pudding"

08/04/2010

Le Maître des dragons

Le Maitre des dragons.jpg« Approche, lecteur. La nuit est noire comme l'âme d'un mort et la lune glisse derrière des nuages de cendres. »

La Malédiction d'Old Haven se terminait sur ces mots de Thomas Goodwill : « Mon histoire est différente et, pourtant, elle raconte la même chose. » La parole est donc donnée cette fois-ci au pirate Thomas Goodwill, celui que Mary a rencontré durant ses aventures. Sauf que l'homme ne se résume pas au pirate : ses vies sont aussi multiples que ses reflets dans le miroir qu'il refuse d'affronter. Tour à tour enfant abandonné sur un navire pirate, disciple d'un savant, vagabond et bandit, Thomas va nous faire partager sa quête intime, jusqu'à sa rédemption...

Fascinante expérience que cette lecture du Maître des dragons : lire un livre en sachant ce que l'on va y trouver, parce que l'exact pendant d'un autre : La Malédiction d'Old Haven. Thomas Goodwill l'avait d'ailleurs annoncé à la fin du premier : il allait raconter son histoire, à la fois la même et une autre. Et le lecteur ne peut qu'éprouver une intense jubilation à relire des faits qu'il a déjà lus, à re-dévorer une histoire dont il connaît la fin.

Ce second opus est plus riche encore que le premier en péripéties : à l'histoire d'une jeune femme se substitue celle d'un jeune homme. Mais l'action est davantage centrée sur l'itinéraire d'un homme à la recherche de lui-même que sur la mission d'une héroïne, comme on le voyait avec l'histoire de Mary Wickford. Le roman de Fabrice Colin est riche en péripéties, traverse nombre d'univers et permet de rencontrer une foule de personnages plus différents les uns que les autres. Et l'on se surprend à attendre à la suite...

Ce matin, j'ai enfin pris ma décision : je vais écrire l'histoire de mes débuts. Je vais l'écrire, ajoutant à mes pages le récit de mon enfance rédigé à l'époque - ce que j'appelais le Conte de ma jeunesse -, parce que je veux que l'on sache ce que devenir un homme signifie.

Des mois durant, il m'a semblé que je ne devais ces chroniques qu'à une personne. Une femme a partagé mes aventures. Elle m'a sauvé la vie, et j'ai sauvé la sienne. Nous sommes aussi liés que deux êtres peuvent l'être. Pour autant, elle ne sait pas tout.

Il y a quelques jours, alors que nous discutions elle et moi, je me suis rappelé une ancienne promesse : « Jamais de secrets l'un pour l'autre. »

Fabrice COLIN, Le Maître des dragons.

Wiz - Albin Michel

624 pages - 17€

Paru en 2008

L'auteur : Né en 1972, Fabrice COLIN est un auteur prolifique et reconnu de Fantasy. Il a publié de nombreux romans, romans graphiques, BD et nouvelles en jeunesse et en adulte. Il a été primé pour : Le Cycle d'Arcadia : Vestiges d'Arcadia, prix Ozone 1999 (Meilleur roman de fantasy francophone). Dreamericana, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman français). CyberPan, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman jeunesse)

Site internet : http://dreamericana.free.fr/fabricecolin.htm

 

05/04/2010

Quand le coeur s'arrête (A. LISBOA)

Quand le coeur s'arrête.jpg« Avant tout, j'avais envie de parler de la mer. Qui est au commencement de tant de choses. »

C'est un adolescent brésilien qui vient d'avoir quinze ans qui se réfugie chez sa petite amie ce matin-là, à l'aube. Quelque chose vient de se produire, qui bouleverse ce qui était son univers jusque là.

Assis devant l'ordinateur de la chambre, il va se mettre à écrire, pour essayer de comprendre ce qui s'est passé et comment il en est arrivé à ce moment-là.

Très court roman d'une centaine de pages, le récit se déroule sans fil conducteur apparent. Les pensées du narrateur s'égrènent au fil de la plume : il y est question d'amour, d'amitié, de famille, de relation aux autres. L'adolescent se souvient de son arrivée à Rio, de ses enseignants, des rapports avec ses parents...

C'est pourtant un vrai roman d'initiation qu'a écrit Adriana LISBOA, celui de l'entrée dans l'âge adulte d'un ado apparemment comme les autres qui nous propose un instantané de sa vie, une lettre lancée comme une bouteille à la mer.

En ce moment, au moment précis où je t'écris cette lettre, je sais qu'il y a trois choses que j'aime : d'abord, il y a Paloma.

Ensuite, le skate, et la vitesse différente à laquelle le monde se met à tourner quand je monte sur ma planche.

Enfin, la troisième chose que j'aime, je crois, c'est essayer de comprendre. Comprendre pourquoi les choses arrivent d'une certaine manière et pas autrement. Comprendre s'il existe un élément moteur dans notre vie, qui oriente les événements dans un sens plutôt que dans un autre. S'il existe un plan tracé d'avance (ce qui ferait, par conséquent, que ça n'avancerait pas à grand-chose de penser à l'avenir). Ou si, ce plan, c'est nous qui le traçons. Si c'est moi qui choisis les chemins que je veux emprunter. Ou si ce sont les chemins qui me choisissent.

Adriana LISBOA, Quand le cœur s'arrête.

La Joie de lire

101 pages - 13 €

Titre original : O coraçao às vezes apra de bater - Paru en 2007 - Traduit en français en 2009

L'auteur : Adriana LISBOA est née à Rio de Janeiro en 1970. Elle a vécu en France, au Japon et habite aujourd'hui les États-Unis. Elle a publié son premier roman en 1999. Son roman, Des Roses rouge vif, faisait partie de la Sélection du Grand Prix des Lectrices de ELLE en 2007.

Site internet : http://www.adrianalisboa.com.br

 

02/04/2010

La Malédiction d'Old Haven (F. COLIN)

La Malédiction d'Old haven.jpg« Le monde est vaste, Mary, et nous ne pouvons pas tout savoir. »

1723, Amérique du Nord : Mary Wickford a dix-sept ans. Pour la première fois, elle quitte l'orphelinat de la Sainte-Charité et les sœurs qui l'ont recueillie alors qu'elle n'avait que quelques mois.  Pour tout bagage, sa beauté, son intelligence et une toile représentant une scène de mer.

En chemin pour Boston, elle a cependant décidé de s'arrêter, mue par on ne sait quel instinct, à Old Haven, petite ville qu'elle croit reconnaître. Là, elle semble être presque attendue. Au fil des mois, elle va découvrir les secrets que cachent cette ville et sa population : une femme, brûlée vive une quarantaine d'années auparavant pour sorcellerie, un pasteur énigmatique.

Mary Wickford va se trouver entraîner dans une fantastique histoire : il y sera question d'inquisition, de sorcellerie, de dragon et... d'un beau pirate, Thomas Goodwill.

Si Fabrice COLIN avait publié son livre aux USA, dans une maison d'édition réputée, gageons que très vite, son roman serait devenu une superproduction hollywoodienne. Car tout concourt : une intrigue haletante, des personnages fascinants, un univers cruel,  étrange, onirique et inquiétant, La Malédiction d'Old Haven se dévore d'une traite et ne laisse qu'un désir, une fois terminé : retrouver très vite les personnages !

Alternant les points de vue à la troisième personne, le récit de Mary Wickford, l'héroïne de cette histoire, et celui de sa grand-mère maternelle, Lisbeth , Fabrice COLIN a produit un roman dense (635 pages tout de même), qui traverse les époques et mêle les sources, qu'elles soient littéraires, historiques ou mythologiques...

- Il existe deux sortes de personnes, dit Rip Van Winckle. Celles qui savent et celles qui ne savent pas. Considère une sorcière de campagne. [...] Les villageois se méfient de cette femme ; on raconte tellement de choses au sujet des sorcières ! Un homme est jaloux, ou mécontent. Il la dénonce aux prélats de Gotham. La Sainte Inquisition  entre en scène.  Elle entre chez la sorcière, confisque ses poudres et ses herbes, ses fioles et ses cornues, puis la soumet à la question. Fais-tu commerce avec le diable ? Pratiques-tu le sabbat ? Enfourches-tu un balai, voles-tu au dessus des campagnes ? T'accouples-tu avec des incubes ? A chaque « non », le bourreau approche un fer chauffé à blanc. On menace la femme de lui brûler les yeux, de lui arracher les membres, de la plonger dans un bain d'huile bouillante. Bientôt, elle répond « oui » - on lui promet que sa franchise la sauvera du bûcher - elle répond « oui », et confesse même ce qu'on ne lui demande pas : que Sa Majesté le roi Satan dort dans son lit ; qu'elle égorge des poulets, des porcs, des chats noirs ; qu'elle danse nue sur la colline avec ses sœurs lorsque la lune est pleine. L'inquisiteur est satisfait. La sorcière sera brûlée. Les villageois dormiront mieux.

- En vérité...

- En vérité, cette sorcière-là ne sait pas et ne saura jamais. Ta grand-mère, elle, est certes montée sur le bûcher. Mais elle e été brûlée pour de mauvaises raisons, si j'ose dire. Les inquisiteurs qui se sont chargés d'elle ne soupçonnaient rien de ses pouvoirs. C'est là l'effroyable paradoxe : l'Inquisition est persuadée de l'innocence de ceux qu'elle envoie sur le bûcher. Elle le nomme sorciers ou sorcières parce qu'elle a besoin de boucs émissaires. En définitive, son objectif est double : faire régner la terreur, car celui qui est craint est aussi respecté ; et décourager les « honnêtes gens » de s'intéresser à la connaissance véritable.

- Je comprends.

Fabrice  COLIN, La Malédiction d'Old Haven.

Wiz - Albin Michel

635 pages - 17€

Paru en 2007

Fabrice COLIN a publié en 2008 Le Maître des dragons, la même histoire racontée cette fois-ci par Thomas Goodwill.

L'auteur : né en 1972, Fabrice COLIN est un auteur prolifique et reconnu de Fantasy. Il a publié de nombreux romans, romans graphiques, BD et nouvelles en jeunesse et en adulte. Il a été primé pour : Le Cycle d'Arcadia : Vestiges d'Arcadia, prix Ozone 1999 (Meilleur roman de fantasy francophone). Dreamericana, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman français). CyberPan, Grand Prix de l'Imaginaire 2004 (catégorie Roman jeunesse)

Site internet : http://dreamericana.free.fr/fabricecolin.htm

30/03/2010

Uglies (S. WESTERFELD)

Uglies.jpgTally Youngblood a quinze ans. Depuis qu'elle est adolescente, elle vit à Uglyville, la ville des « mochetés », ne retrouvant ses parents qu'au moment des vacances. Elle attend avec impatience le jour de ses seize ans, car elle pourra enfin subir l'opération qui va changer sa vie et faire d'elle une « Pretty », une de ces filles magnifiques, aux traits réguliers, aux yeux pailletés et au corps parfait. Elle n'aura plus qu'à songer qu'au bonheur de savourer cette existence.

Sauf que... Tally va faire la connaissance, à quelques jours de son anniversaire, d'une autre Uglie, comme elle destinée à être opérée. Et que Shay va lui ouvrir les yeux sur une autre vérité...

Le roman de Scott WESTERFELD réussit la prouesse d'être à la fois passionnant et réflexif. Il propose une histoire bien menée, avec des personnages attachants, et dresse un tableau qui est un miroir de notre société en même temps qu'une vision d'anticipation. Car on ne peut que reconnaître notre société dans cet univers futuriste qui combat la laideur, vise à l'uniformisation dans l'harmonie  et rejette la vieillesse. Et on ne peut que frémir à la perspective de ce qui nous attend : un monde aseptisé, respectueux de la nature, ne désirant que notre bonheur mais sans nous en laisser le choix.

A l'école, on apprenait qu'il existait un certain genre de beauté que chacun était en mesure de constater. De grands yeux et des lèvres pleines comme chez un enfant ; une peau claire et lisse ; des traits symétriques ; ainsi que mille autres petits détails. Des éléments caractéristiques très recherchés, qu'on ne pouvait s'empêcher de voir. Au terme d'un million d'années d'évolution, le cerveau humain les avaient assimilés en tant que normes esthétiques.

Les grands yeux et les lèvres pleines proclamaient : Je suis jeune et vulnérable, il n'y a rien à craindre de moi et vous avez envie de me protéger. Le reste du corps disait : Je suis sain, je ne risque pas de vous transmettre une maladie. Et quels que soient les sentiments n ressentis à l'égard d'un Pretty, une part de chacun pensait toujours : Si nous avions des enfants, eux aussi seraient sains. Je veux cette belle personne...

C'était biologique, assurait-on à l'école. On ne pouvait qu'y croire lorsqu'on voyait un visage comme celui-là. Un beau visage.

Scott WESTERFELD, Uglies.

Pocket Jeunesse

432 pages - 13,50€

Titre original : Uglies - Paru en 2005 - Traduit en français en 2007

L'auteur : Scott WESTERFELD est né au Texas. Compositeur de musique électronique pour la scène, concepteur multimédia et critique littéraire, il vit entre New York et Sidney.

Il est l'auteur de cinq romans de SF pour adultes, dont L'I.A. et son double, déjà paru en France, et le space opera en deux parties paru aux éditions Pocket : Les Légions immortelles et Le Secret de l'Empire.

Scott WESTERFELD écrit également pour les jeunes adultes : Uglies (suivi de Pretties, Specials et Extras), Midnighters et Peeps, roman sur les vampires.

Un autre extrait : "Spagbol"