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02/07/2012

Goodbye Berlin (W. HERRNDORF)

« La première chose, c’est l’odeur de sang et de café. »

Parce qu'ils sont les seuls de la classe à ne pas avoir été invités à l'anniversaire de la sublime Tatiana, Maik et Tschick, quatorze ans, se font la belle, destination la Valachie. C'est le début des vacances d'été, le père de Maik l'a abandonné pour deux semaines dans leur villa avec piscine au motif d'un voyage d'affaires avec sa secrétaire de dix-neuf ans bien roulée, tandis que sa mère subit une énième cure de désintoxication à « la ferme de beauté », comme elle l’appelle entre eux. Quant à Tschick, l'émigré russe « qui a la tête de l'invasion mongole », il est livré à lui-même comme toujours. Ce dernier vole une Lada abandonnée et embarque Maik pour le plus déroutant des road trips. Sans permis, deux cents euros en liquide laissé par le père de Maik, les voilà en partance vers le sud …

Un roman tonique, c’est le premier qualificatif que l’on pourrait attribuer à ce Goodbye Berlin. Tonique et décoiffant.  Car l’amitié entre ce fils de bonne famille, à la mère alcoolique et au père au bord de la ruine, et le jeune émigré sans racines va se révéler aussi surprenante que décoiffante. Avec un ton unique, à la fois provocateur et faussement naïf, Wolfgang HERRENDORF réussit ici un livre compétemment original, qui se démarque nettement des habituelles productions de littérature jeunesse.

Ici, les deux laissés-pour-compte vont prendre leur revanche et larguer les amarres, laissant s’amonceler derrière eux des tonnes de dégâts et d’incompréhension. Les personnages rencontrés sont tout aussi incongrus, depuis la routarde épidermique jusqu’à l’orthophoniste obèse, et les situations abracadabrantes n’empêcheront pas le retour – brutal – à la réalité. A travers la voix de Maik passent à la fois les émotions de la jeunesse et les promesses déjà bien entamées d’une autre vie.

« Le monde est mauvais et l'homme n'est pas bon. Ne te fie à personne, ne va pas avec des étrangers, et tout le bazar. Mes parents m'ont dit ça, mes profs, la télé. Et peut-être c'est vrai à quatre-vingt-dix-neuf pour cent, d'ailleurs. Mais ce qui est fou, c'est que pendant notre voyage, Tschick et moi n'avons croisé que le un pour cent restant. » Goodbye Berlin est une grande bouffée de fraicheur.

Dix minutes plus tard, on chargeait la Lada à fond. De notre garage, on a accès direct à la maison. On a  transbahuté tous les trucs qui nous paraissaient utiles d’une manière ou d’une autre. D’abord du pain, des biscottes, et de la confiture, puis des boîtes de conserve, au cas où. (…)

On a foutu le bazar grave. On s’est par exemple disputés pour savoir si on avait besoin ou non de rollers. Tschick argumentait qu’en cas de panne d’essence, l’un de nous pouvait aller à la prochaine station service avec, mais moi je disais que puisqu’on y était, on pouvait tout aussi bien emporter le vélo pliable. Ou aller directement en Valachie à vélo, d’ailleurs. Tout à la fin, on a eu l’idée d’emporter un bac d’eau, et ça, ça s’est avérée la meilleure de nos idées. Ou plutôt la seule bonne idée. Parce que tout le reste, c’était de la pure débilité mentale. Des raquettes de badminton, un énorme tas de mangas, quatre paires de chaussures, la boîte à outils démon père, six pizzas surgelés. Le truc qu’on a pas emporté, en tout cas, c’était nos portables.

Wolfgang HERRNDORF, Goodbye Berlin.

Thierry Magnier

330 pages – 14,50€

Titre original : Tschick – Paru en 2010 – Traduit en Français en 2012

L’auteur : Wolfgang HERNNDORF, né en 1965 à Hambourg, a fait des études de peinture et a notamment dessiné pour le mensuel satirique Titanic. Depuis sa parution en septembre dernier, Tschick a déjà fait l’objet de critiques extrêmement favorables dans les plus prestigieux journaux d’Allemagne.

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30/06/2012

Enterrement d'une vie de cancre (H. MESTRON)

« Avant je rendais des feuilles blanches avec juste mon nom marqué en haut à gauche. »

Bruno est le cancre de sa classe, le bouffon, l’amuseur public, le « glandu ». Celui qui n’a peur de rien et surtout pas des adultes. Avec ses parents, c’est l’indifférence – ou la cohabitation. Surtout l’incompréhension. Mais tout change le jour où Madeline arrive dans sa classe. Avec sa silhouette tout droit sortie d’un film de Tim Burton, ses niveaux scolaire hors norme, elle va exploser tous les repères de Bruno et changer sa vie à jamais…

Raconté à la première personne, comme Soupçons, son précédent roman, Enterrement d’une vie de cancre raconte une histoire tout à fait originale, celle d’un adolescent vivant dans « une banlieue pourrie » comme il le dit lui même et qui va découvrir un autre univers, dans tous les sens du terme. Une fois encore, Hervé MESTRON joue avec la narration et, donnant à voir à travers les yeux de Bruno, nous laisse d’abord entrevoir une vérité qui ne l’est pas, se contentant de laisser des signes.

Roman sur la différence, le handicap, le regard de l’autre et la difficulté à s’extraire de son milieu d’origine, roman sur les relations familiales, le non-dit et l’amour inconditionnel, Enterrement d’une vie de cancre raconte une histoire généreuse et rafraîchissante. Une jolie réussite.

Puis la cloche a sonné, les portes du bahut se sont ouvertes. J’ai observé ces élèves sur le trottoir, comment ils bougeaient, comment ils se parlaient, comment ils étaient sapés, comment ils mettaient leur casque sur leurs oreilles, bref tout ça, et j’ai eu l’impression de me retrouver devant la grille de Boris-Vian. C’était tout pareil. C’était comme des clones de ce qu’on était là-bas, de notre cité pourrie. La différence peut-être, c’est que nous les iPhone on les avait piqués et que pas eux qu’avaient de la thune plein les fouilles. Mais bon ça restait les mêmes iPhones de toute façon. Je m’attendais presque à voir surgir mes ex-potes d’enfance avec leur capuche et leur démarche de pingouin. Ils ont regardé de mon côté. Ils ont tout de suite vu que j’étais pas des leurs, je me suis senti scanné des pieds à la tête. Moi, j’étais un vrai, pas eux. C’était moi l’original et eux la copie de ce que je voulais plus voir. Je me suis dit, mais pourquoi ils essaient de nous ressembler ? Pourquoi dans ce bahut de bourges ils veulent se donner l’air de sortir des cités ? ça a été mon grand mystère de la journée. Une énorme déception aussi.

Hervé MESTRON, Enterrement d’une vie de cancre.

Tempo + - Syros

105 pages – 6€

Paru en 2012

L’auteur : Hervé MESTRON est né en 1963 à Valence. Lauréat du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, il devient très vite un auteur aux multiples facettes, passant indifféremment du polar à la comédie, de l’écriture de scénario au roman musicologique, de la fiction radiophonique à la littérature jeunesse. Certains de ses livres ont été traduits en plusieurs langues.

27/06/2012

Moi, Ambrose, roi du scrabble (S. NIELSEN)

« Le jour où j’ai failli mourir, le ciel était d’un bleu vif et lumineux – ce qui nous changeait agréablement de la pluie, si fréquente ici, à Vancouver. »

Ambrose passe auprès de tous pour le looser complet : allergique aux cacahuètes, il est surprotégé par sa mère qui l’élève seule, le père d’Ambrose étant décédé quelques mois avant sa naissance. Depuis, Irène se consacre à son fils, l’étouffant de son amour et le coupant du reste du monde. Après un incident au collège, elle décide de le déscolariser, pour son plus grand désespoir. Jusqu’à ce qu’il fasse la connaissance du fils de leurs voisins, un jeune homme bien peu fréquentable…

Une fois encore (après Dear George Clooney, tu veux pas épouser ma mère ?) Susin NIELSEN aborde le sujet des relations familiales, et une fois encore elle fait mouche. Cette histoire d’amitié entre un adolescent asocial et un ex-taulard toxico est attachante, amusante et pleine de confiance en l’humanité. Avec Cosmo, Ambroise va se dégager peu à peu de l’emprise maternelle qui, si aimante qu’elle soit n’en est pas moins étouffante, et être enfin confronté à une figure masculine qu’il va pouvoir superposer à celle de ce père idéalisé, dont Ambrose chérit l’unique photo.

Ambrose est le narrateur de cette histoire et lui apporte un ton naïf et rafraîchissant, sans toutefois sombrer dans l’angélisme. C’est très drôle – qu’il s’agisse des vêtements d’Ambrose comme des répliques de Cosmo –, souvent bien vu – la difficulté pour une mère célibataire d’élever un fils tout en travaillant et cherchant à retrouver une vie sociale –, et plein de chaleur humaine – car la famille Economopoulos est d’une générosité à toute épreuve.

Original, touchant, amusant, on passe un excellent moment de lecture avec ce Moi, Ambrose, roi du scrabble. Ah, au fait, pourquoi le scrabble ? Parce que c’est par lui que tout va changer…

Nous avons contourné la maison pour ne pas tomber nez à nez avec maman. Mais alors que nous étions dans le jardin de derrière, je l’ai vue qui entrait chez nous.

- Oh, non, j’ai gémi. Il ne faut pas qu’elle me voie comme ça, elle flipperait trop.

Cosmo n’a pas dit un mot. Il m’a simplement fait entrer chez lui. Ses parents étant absents, je suis allé dans leur salle de bains me débarbouiller et retire la terre de mes coudes écorchés. Cosmo est même retourné au collège chercher mon pull afin que je puisse le remettre sur le tee-shirt et que maman ne se rende compte de rien. Je lui ai tu qu’il avait appartenu à mon père, et que si je l’avais perdu, je m’en serai voulu toute ma vie.

Quand je suis sorti de la salle de bain, Cosmo était au salon, devant la télé.

- Encore merci, lui ai-je dit.

Il n’a pas levé les yeux de l’écran.

- Tu devrais apprendre à te défendre.

Là, je n’ai pas su quoi répondre. Comment apprend-on à se défendre ? Ma mère ne pouvait pas me payer des cours de karaté, de boxe ni de quoi que ce soit du même genre, et même si elle avait pu, elle ne m’aurait jamais laissé y aller, de peur que je prenne un coup. Ce qui est légèrement paradoxal, quand on y pense. (…)

C’est seulement plus tard que j’ai pris conscience que je n’avais pas du tout eu peur de Cosmo. Je n’avais pas songé un seul instant qu’il allait me tuer, que j’étais seul en haut avec lui, et il n’avait pas tenté de faire les choses dégoutantes contre lesquelles ma mère me mettait en garde depuis es années, à savoir : a) toucher mon pénis, ou b) me faire toucher le sien.

A vrai dire, pour un criminel, il avait l’air plutôt sympa.

Susin NIELSEN, Moi, Ambrose, roi du scrabble

Hélium

200 pages – 13,90€

Titre original : Word Nerd  – Paru en 2008

Traduit en Français en 2012

L’auteur : Susin NIELSEN fait partie de la nouvelle génération d'auteurs canadiens pour la jeunesse. Elle a écrit plusieurs romans et travaille aussi pour la télévision. Elle vit à Vancouver.

Site de l’auteur : http://www.susinnielsen.com

11/06/2012

Rock Addict (C.J. SKUSE)

« Pour notre journal local, la mort de mon grand-père a été un « tragique accident qui a tétanisé le centre-ville de Bristol ».

Jody est folle de la rock star Jackson Gatlin, le chanteur des Regulators. À leur concert, elle est au premier rang. Mais quand, prise dans la cohue, elle se retrouve nez à nez avec son dieu dans les coulisses, les événements prennent un tour pour le moins inattendu. Habituée à agir sur des coups de tête irrépressibles (et souvent lourds de conséquence), Jody va kidnapper sa star et avoir ainsi tout le loisir d'observer de très près l'objet de ses fantasmes. Passer de l’autre côté du miroir, en quelque sorte. Et quel miroir…

A la manière de son précédent roman, Mauvais plans, mené tambour battant, C. J. SKUSE reprend les mêmes ficelles mais « délocalise » son histoire dans une petite ville du pays de Galles : reste toujours une héroïne gaffeuse qui n’a pas froid aux yeux et un garçon qui joue les modérateurs, amis n’hésite pas à suivre dans les pires situations. Ici Jody est une jeune écervelée de seize ans qui ne vit que pour sa rock star, oubliant ceux qui l’entourent, et notamment Mac, son meilleur ami, toujours là pour elle. Et pour la fameuse rock star qui va débarquer dans leur vie, auréolée de sa réputation, végétarien (du coup Jody l’est aussi), non fumeur, ayant décroché de la drogue… et qui se révèle drogué jusqu’à l’os !

Cure de désintoxication « à la dure », gestion de l’animal malgré la famille et les journalistes mal intentionnés, Jody va faire l’expérience de la dure réalité. Sans toutefois perdre complètement ses illusions… Car c’est de quoi se moque – gentiment – ce roman : la naïveté de certains fans, la dureté du « star system », le décalage entre paillettes et réalité.

Si le roman se révèle moins réussi que le précédent, plus long et plus répétitif, il offre cependant cette intéressante facette d’un milieu qui continue de faire fantasmer.

- Les paparazzis sont à mes trousses. Il va y avoir des photos.

- Je suis désolée de t’avoir fait endurer tout ça. Je m’étais cogné la tête. Je n’avais pas franchement les idées claires. Je voulais juste passer du temps avec toi. Je pensais que ce serait, je ne sais pas, marrant… ou quelque chose comme ça.

- MARRANT ? Tu sais ce que tu as fait ? Pour qui tu te PRENDS, putain ?

- Je suis juste… une fan.

- Une fan ? Ne me parle pas des fans ! Ces stupides connasses. Je les vois à la sortie des concerts, toutes ces grosses lesbiennes moches qui s’imaginent qu’elles ont envie de moi…

- Hein ? Tu ne sais pas ce que tu dis.

- … qui s’imaginent que si elles mettent assez d’eye-liner, je les remarquerai dans la foule et j’aurai envie d’elles. « Oh, Jackson, moi aussi, je suis une âme en peine. » Conneries. Elles me parlent comme si elles me connaissaient depuis toujours, tout ça parce qu’elles ont lu un livre que j’ai lu. Putain, waouh !

Des larmes roulent sur mes joues. Sa voix se répercute dans ma tête comme une bille à roulettes. Je suis immobile, comme une éponge qui absorbe chaque insulte pour chaque fan qui a attendu toute la journée ou toute la nuit dans le froid. Qui a économisé tout son argent de poche pour acheter son album. Qui a embrassé des affiches de lui le soir. Qui a fugué à cause d’un de ses concerts. Il continue à éructer, à m’asséner coup après coup, à faire voler en éclats la petite bulle d’amour idéal qu’on a toutes bâties.

- … Tout ça parce qu’elles croient que si elles achètent ce porte-clé ou ce cendrier ou ce bonnet des Regulators, elles auront un petit morceau de Jackson à montrer à toutes leurs copines.

C.J. SKUSE, Rock Addict.

Scripto - Gallimard

440 pages – 14,90 €

Titre  original : Rockoholic – Paru en 2011 – Traduit en français en 2012

L’auteur : C. J. SKUSE est née en 1980 à Weston-super-Mare en Angleterre. Elle est éditrice junior chez Chicken House et se consacre à l’écriture de romans pour adolescents. Après Mauvais plans, elle publie son deuxième roman, Rock Addict.

Site de l’auteur (en anglais) : http://ceejaytheauthor.tumblr.com

07/06/2012

En avant les filles ! (S. MIRZA)

"Naître fille... pas toujours facile !"

C'est ce que nous explique ce livre de Sandrine MIRZA, illustré par Isabelle MAROGER. Son objectif ? nous faire comprendre l'histoire des femmes et les enjeux du féminisme, et inviter les adolescentes à devenir des femmes avec fierté, enthousiasme et ambition.

A travers des dossiers sur les grands moments qui ponctuent la vie des femmes ainsi que des portraits de grandes figures féminines, on peut aussi aborder la question de la naissance, l'éducation, le corps, l'apparence, le travail, le couple, la politique, et d'autres encore...

L'ouvrage est très agréable à feuilleter...

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tout à fait instructif...

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et peut être lu aussi bien par des filles que des garçons. A travers des portraits, des analyses, des chiffres, toute la condition fémine est passée en revue et l'ensemble se révèle captivant !

Sandrine MIRAZ, En Avant les filles !

Nathan

96 pages -16,90 €

Paru en 2012

L'auteur : Sandrine MIRZA est historienne. Elle est titulaire d’une maîtrise d’Histoire de l’université Paris I - Panthéon-Sorbonne et d’un Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées (DESS) en Histoire de l’université Paris VII – Jussieu. Elle est diplômée de l’Institut Français de Presse. Elle a travaillé six ans aux éditions La Découverte – Syros. Elle se consacre aujourd’hui entièrement à son activité d’auteur, spécialisé en Histoire.

L'illustratrice : Diplômée de l'école Emile-Cohl, Isabelle MAROGER travaille depuis régulièrement pour la presse et l'édition jeunesse (Milan, Lito, Hatier...). Ce qu'elle aime, c'est créer des images et des bandes dessinées qui font sourire. Parallèlement, elle donne des cours de bande dessinée à des enfants entre 8 et 15 ans à Lyon où elle vit actuellement.